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l'ouïe sont de trois ordres, consistant: 1o en la sensation auditive qui nous donne les caractères généraux du son; 2o en la perception du son en tant que son spécial, éveillant l'idée d'un objet donné (c'est là l'audition dite des objets ou des choses); et 3° en la perception de ces sons spéciaux, les mots, que nous avons appris à associer aux idées des objets et qui les éveillent immédiatement dans notre esprit. Prenons l'exemple de la cloche qui résonne: nous entendons des vibrations, nous distinguons des sons; c'est l'audition brute. Mais nous percevons aussi ces sons comme spéciaux, produits, non pas par un corps quelconque, mais par un objet que nous avons appris à reconnaître comme étant une cloche, et même souvent telle ou telle cloche; c'est là l'audition de choses ou d'objets. Enfin cette idée de cloche peut être éveillée dans notre esprit non plus par le son de l'objet, mais par celui du mot conventionnel que nous avons appris à associer à l'idée de l'objet; et c'est là l'audition des mols ou verbale.

Dans la surdité verbale, la lésion se trouve à la partie postérieure des première et deuxième circonvolutions temporales gauches. Là est donc localisé le centre des images auditives des mots ou centre de Wernicke. Chez le gaucher, ce centre est situé à droite.

La surdité verbale est une des formes de l'aphasie, ou perte du langage ou, plus exactement, perte de la mémoire des signes au moyen desquels les hommes communiquent les uns avec les autres. <«< Comme la faculté d'échanger nos idées avec nos semblables suppose deux actes: l'acte de comprendre ces idées et celui de les exprimer, on peut d'emblée diviser les aphasies en deux grandes classes : les aphasies de compréhension ou aphasies sensorielles et les aphasies d'expression ou aphasies motrices » (J. Dejerine, loc. cit., p. 391). C'est au célèbre neuropathologiste allemand Wernicke (1874) que l'on doit cette distinction; et l'on voit que la surdité verbale est une aphasie sensorielle. C'est Kussmaul1 qui, en 1876, l'a séparée de la cécité verbale que nous décrirons plus loin et lui a donné son nom.

On a vu que les centres de la sensibilité cutanée sont en même temps des centres moteurs. Il en va de même pour la zone auditive.

L'excitation électrique de l'écorce temporale, chez les animaux, donne lieu à des mouvements associés des oreilles, des yeux et de la tête, tels que redressement du pavillon, ouverture des yeux, dilatation de la pupille, rotation de la tête. Ce sont exactement les mouvements qui se produisent quand l'animal se dispose à écouter (mouvements d'attention), mouvements adaptés et liés à la fonction sensorielle 2 (voy. p. 825 et 837).

1. A. Kussmaul (1822-1902), médecin allemand très connu.

2. Il serait intéressant de savoir si l'excitation de la sphère auditive provoque aussi des mouvements des muscles de l'oreille moyenne, muscle interne du

A coup sûr, puisqu'il en est ainsi, il existe des relations entre la zone auditive et les noyaux des nerfs moteurs des muscles servant à ces mouvements. Ces relations sont établies, en effet, grâce à des fibres qui, parties des circonvolutions temporales, passent au-dessous du noyau lenticulaire, gagnent la capsule interne dans la région sousoptique, se continuent dans le segment externe du pied du pédoncule cérébral et aboutissent aux tubercules quadrijumeaux ou à des noyaux protubérantiels. Ces noyaux sont eux-mêmes en rapport avec les noyaux bulbaires et médullaires supérieurs où prennent naissance les nerfs de l'oreille externe et moyenne (facial et trijumeau) et les nerfs rotateurs de la tête et du cou.

3.

La transmission des impressions gustatives.

Les cellules d'origine des nerfs gustatifs (protoneurones gustatifs) appartiennent au ganglion géniculé et au ganglion d'Andersch. Les prolongements cellulifuges de ces ganglions aboutissent à deux noyaux bulbaires, le noyau dorsal ou de l'aile grise et le noyau du faisceau solitaire (voy. fig. 240). De là partent des fibres constituant ce que l'on pourrait appeler le nerf gustatif intra-encéphalique (fig. 240), fibres qui se joignent au ruban de Reil et gagnent l'écorce cérébrale.

C'est la partie antérieure ou moyenne de la circonvolution de l'hippocampe qui représenterait le centre gustatif.

Il y a quelques observations de lésions bulbaires ou protubérantielles avec perte du goût.

La destruction, chez les animaux, des fibres les plus postérieures de la couronne rayonnante amènerait l'abolition des sensations gustatives.

Quant à la localisation du centre gustatif dans la circonvolution de l'hippocampe, elle n'est pas établie d'une façon absolument certaine, en raison de la pauvreté des documents.

4.

La transmission des impressions olfactives.

Les fibres du nerf olfactif ont leurs cellules d'origine dans les cellules bipolaires olfactives situées dans la pituitaire [voy. p. 795 (fig. 177), p. 851 et p. 853 (fig. 196)]. Les prolongements cylindre-axiles de ces cellules se terminent dans un premier neurone de relais, con

marteau, muscle de l'étrier (voy. p. 828), dont le rôle est important dans l'accommodation auditive.

1. Parmi ceux-ci, il ne faut pas oublier les oculo-moteurs, car aux mouvements de rotation de la tête sont associés des mouvements du globe oculaire (voy. p. 920 et 922).

stitué par les cellules mitrales du bulbe olfactif. De là part la bandelette olfactive, à l'extrémité de laquelle se trouve le tubercule olfactif, deuxième neurone de relais. Par les prolongements cylindreaxiles de ce deuxième neurone sont formés les faisceaux qui relient le bulbe et le tubercule olfactif (lobe olfactif) aux centres hémisphé

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riques, c'est-à-dire la racine blanche externe qui aboutit à la circonvolution de l'hippocampe (dans sa partie antéro-externe), la racine blanche interne qui aboutit à la circonvolution du corps calleux, la racine moyenne qui se perd dans la tête du corps strié et dans la commissure blanche antérieure du cerveau et enfin la racine grise qui se rend à la partie postérieure des deux circonvolutions orbitaires.

neurone

cortical

Il y aurait ainsi quatre centres olfactifs (voy. fig. 236, p. 996): un externe, dans la circonvolution de l'hippocampe, auquel on rattache la corne d'Ammon; un interne, dans la circonvolution du corps calleux; un antérieur dans le lobule orbitaire et un postérieur dans une partie non encore déterminée du lobe occipital, où se termineraient les fibres de cette racine moyenne qui, après avoir pénétré dans la commissure blanche antérieure, passeraient du côté opposé et suivraient avec les autres voies sensorielles le segment postérieur de la capsule interne, d'où elles gagneraient l'écorce du cerveau postérieur. Une partie de la voie olfactive s'entre-croise donc dans la commissure antérieure 1.

Les lésions de la muqueuse pituitaire intéressant le protoneurone olfactif déterminent, chez l'homme, l'anosmie. Cette perte de l'odorat a été également constatée dans quelques cas connus d'absence congénitale des bandelettes et des bulbes olfactifs.

Chez des animaux osmatiques (chat, chien, cobaye, lapin), la destruction du lobe olfactif amène la dégénérescence secondaire de la racine blanche externe.

Dans diverses lésions cérébrales qui atteignaient la corne d'Ammon et la circonvolution hippocampique, on a constaté l'anosmie durant la vie. Mais ces faits ne sont ni assez nombreux, ni assez nets pour que les limites de la sphère olfactive puissent être considérées comme bien établies.

5. La transmission des impressions rétiniennes.

La question du trajet des fibres optiques depuis la rétine jusqu'à l'écorce cérébrale a été surtout élucidée par des recherches physiologiques et anatomo-cliniques.

1o Les voies optiques de la rétine à l'écorce cérébrale.

Le protoneurone optique est représenté par les cellules ganglionnaires de la couche profonde de la rétine. Les nerfs optiques formés par les prolongements cylindre-axiles de ces neurones s'entre-croisent

1. Le cerveau olfactif ou rhinencéphale présente cette particularité, à savoir que son développement varie considérablement suivant les espèces animales; il est très développé chez les Carnassiers, chez les Rongeurs; il fait défaut chez beaucoup de Cétacés; il est très réduit chez l'homme. Aussi Broca avait-il, non sans raison, divisé les Mammifères en deux grandes classes, les osmatiques, à rhinencéphale volumineux, et les anosmatiques, chez lesquels la partie olfactive du cerveau est très peu développée ou même est absente. En étudiant les sensations olfactives, nous avons eu d'ailleurs l'occasion de signaler leur importance dans la vie d'un grand nombre d'animaux (voy. p. 856 et 859).

1

incomplètement dans le chiasma (fig. 241). Cet entre-croisement incomplet est en rapport avec la vision simple au moyen des deux yeux; en effet, cette disposition est telle que la bandelette optique gauche par exemple (on sait que des angles postérieurs du chiasma partent les deux faisceaux plats qu'on appelle bandelettes optiques) (B, fig. 241) contient des

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fibres venues du nerf optique droit et du nerf optique gauche, de telle sorte qu'elle reçoit les fibres des moitiés gauches des deux rétines (la moitié externe de la rétine gauche et la moitié interne de la rétine droite). Ainsi se forme ce que Grasset a appelé le nerf hémioptique, c'est-à-dire un nerf qui

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contient les fibres de la moitié homonyme des deux rétines. Ce nerf hémioptique constitue la branche externe 2 de la bandelette optique qui aboutit au tubercule quadrijumeau antérieur, au corps genouillé externe et à l'extrémité postérieure de la couche optique ou pulvinar (voy. fig. 242), toutes parties qui forment les centres optiques primaires.

Les fibres émanant de ces neurones de relais, à l'exception des tubercules quadrijumeaux (voy. p. 1008), et auxquelles peut-être sont jointes des fibres longues qui viennent directement des bandelettes optiques sans passer par ces noyaux intermédiaires, se réunissent au ruban de Reil et vont se terminer dans l'écorce du lobe occipital. Ce centre visuel comprend le territoire de la scissure calcarine et les deux circonvolutions adjacentes, cunéus et lobe lingual (voy. fig. 236); peut-être même est-il plus étendu.

Voyons les preuves qui établissent la réalité de tout ce parcours : 1. Les fibres optiques sont partiellement entre-croisées dans le chiasma. L'expérience suivante en est la démonstration certaine sur de jeunes

1. L'entre-croisement est complet chezles Poissons, les Oiseaux et en général chez les animaux dont les yeux sont placés latéralement et qui, par suite, ne paraissent pas avoir la vision binoculaire (vision d'un même objet simultanément avec les deux yeux); mais chez l'Homme et quelques Mammifères, tels que le singe, le chat, dont les deux yeux sont dirigés en avant et qui ont par suite la vision binoculaire, il n'y a que les parties internes des bandelettes optiques qui sont entre-croisées.

2. La branche interne, qui est la continuation de la partie postérieure du chiasma (commissure postérieure de Gudden), va au tubercule quadrijumeau postérieur et ne contient pas de fibres cptiques.

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