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chats, on fait une section sagittale du chiasma sur la ligne médiane et on constate que par la suite ces animaux continuent à se conduire sûrement et donnent les preuves les plus diverses de la persistance de la vision. Ce qui serait inexplicable si l'entre-croisement dans le chiasma était total.

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Fig. 242. n. o., nerf optique avec ses deux faisceaux, direct et croisé, qui s'entre-croisent au niveau du chiasma ch., puis passent dans la bandelette optique b. o. et vont se terminer dans les centres optiques primaires (tuberc. quadrij. antérieurs, t. qu. a., corps genouillé externe, c. g. ext. et pulvinar, pul.); - III, noyau du moteur oculaire commun avec les fibres motrices qui en émanent et dont une partie va au ganglion ciliaire, g. cil., d'où partent les nerfs ciliaires, nerfs du muscle ciliaire et du sphincter pupillaire.

Schéma du trajet des voies optiques (F. Terrien).

Les fibres représentées sur cette figure et unissant les tuberc. quadrij. antérieurs à l'écorce cérébrale n'existent probablement pas (voy. ci-dessous p. 1008).

Autre expérience, non moins convaincante. Si on enlève un œil à un chat ou à un chien nouveau-né (méthode de Gudden, voy. p. 965), les fibres optiques correspondant à cet œil ne se développent pas; or, l'atrophie ne porte que sur une partie des deux bandelettes optiques. Chez l'homme même, à la suite de la perte d'un œil, on a pu constater, après des années, et surtout si l'œil avait été perdu dans le bas âge, l'atrophie

des nerfs optiques et que le volume des deux bandelettes était diminué. Chez l'homme, on a observé plusieurs cas d'hémiopie ou hémianopsie 2 à la suite de destruction d'une seule bandelette optique. Dans ces hémianopsies, les deux moitiés homonymes (les deux droites ou les deux gauches) des deux rétines ne fonctionnent plus (fig. 243); la vision est perdue pour la moitié externe de la rétine du même côté et la moitié interne de l'autre rétine. La lésion d'une bandelette intéresse donc des fibres des deux nerfs optiques; par conséquent l'entre-croisement n'est que partiel dans le chiasma.

Il y a donc dans le chiasma un faisceau croisé qui va d'un nerf optique à la bandelette opposée et un faisceau direct qui suit la

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La vision est perdue dans la moitié du champ visuel (partie entourée d'un gros trait noir).

bandelette du même côté (bandelette homonyme). Chez l'homme, le volume de ce dernier est évalué au tiers du volume du faisceau 'croisé. Celui-ci vient de la portion interne ou nasale de la rétine, et le faisceau direct vient de la portion externe ou temporale de la rétine.

2. Les fibres optiques passent bien par les centres primaires que nous avons indiqués.

Soit un lapin adulte auquel on a enlevé dès la naissance un œil ou les deux yeux; on le sacrifie et l'on trouve que l'atrophie des voies optiques ne se borne pas aux nerfs, au chiasma et aux bandelettes optiques; elle s'étend aux corps genouillés externes, aux tubercules quadrijumeaux antérieurs et au pulvinar. Inversement, l'extirpation de la sphère visuelle de Munk, lieu de terminaison des prolongements des neurones optiques de relais, amène l'atrophie du corps genouillé externe et de la partie postérieure de la couche optique. Chez l'homme aussi, le ramollissement

1. De tous, à moitié, et ☺, nó, regard.

2. Deus, à moitié. & privatif, et is, vue.

de l'écorce du lobe occipital est suivi de l'atrophie des voies optiques. La destruction d'un corps genouillé externe donne lieu à de l'hémianopsie, exactement comme la destruction d'une bandelette optique. Chez l'homme les lésions destructives du pulvinar ont aussi l'hémianopsie pour conséquence.

3. Les fibres qui relient les masses grises du mésocéphale à la sphère visuelle ne viennent que du corps genouillé externe et de la couche optique. Le tubercule quadrijumeau ne donne, en effet, origine à aucune fibre ascendante à terminaison corticale; nous reviendrons tout à l'heure sur la signification de ce fait.

Les fibres qui aboutissent au centre visuel supérieur font partie du segment postérieur de la capsule interne. Les troubles oculaires résultant des lésions capsulaires n'ont pas encore reçu une explication entièrement satisfaisante, j'entends qui ne soit pas entachée de quelque hypothèse.

2o Rôle des tubercules quadrijumeaux comme centre optique réflexe (neurones optiques de relais).

Du fait que des fibres optiques se terminent dans les tubercules quadrijumeaux antérieurs et qu'il n'en sort point de fibres centripètes se rendant à l'écorce visuelle, on peut inférer que celles qui y aboutissent représentent des voies courtes servant aux mouvements réflexes en rapport avec la vision. Et c'est ce qui explique, remarque avec raison Van Gehuchten, la persistance du réflexe pupillaire à la lumière chez des malades atteints de cécité corticale complète par lésion des deux sphères visuelles. Du reste, après la destruction des tubercules quadrijumeaux antérieurs, on voit dégénérer deux faisceaux de fibres descendantes que l'on a pu suivre jusque dans le bulbe, où ils entrent en rapport avec les noyaux moteurs, en particulier celui du nerf moteur oculaire commun. Quelques expériences paraissent établir le rôle des tubercules quadrijumeaux comme centres réflexes.

On a réussi à maintenir en vie pendant quelque temps des lapins auxquels on avait enlevé les hémisphères cérébraux au delà des tubercules quadrijumeaux; ces animaux présentaient encore les réflexes pupillaires (resserrement de la pupille à la lumière). Au contraire, ces réflexes sont supprimés après la destruction des tubercules quadrijumeaux antérieurs (voy. ce qui a été déjà dit à ce sujet, p. 881).

Quant aux troubles de la vision même, signalés à la suite des lésions des tubercules, ils sont dus à coup sûr aux lésions, si difficiles à éviter, des parties voisines, de la couche optique, de la capsule interne, c'est-à-dire des radiations optiques qui du corps genouillé externe se rendent à l'écorce occipitale.

3o La terminaison des voies optiques dans l'écorce cérébrale.

Nous avons dit que les fibres optiques aboutissent aux cellules de l'écorce occipitale, dans une région assez étendue.

Déjà Flourens avait remarqué, en 1842, que l'ablation des parties supérieures d'un hémisphère rend un pigeon aveugle. Mais cette expérience passa inaperçue. C'est surtout aux recherches de H. Munk, à partir de 1877, que l'on doit la détermination de la sphère visuelle.

L'ablation de l'écorce occipitale chez les Mammifères à décussation partielle des nerfs optiques (singe, chien) abolit la vision dans la moitié des deux rétines correspondant au côté lésé (hémianopsie bilatérale homonyme). C'est le même trouble que nous avons noté à la suite de l'interruption, en un point quelconque, du trajet mésocéphalique des voies optiques.

L'ablation de parties limitées et diverses de l'écorce visuelle produit des lacunes dans le champ visuel de l'œil du côté opposé, lacunes d'autant plus étendues que l'opération a été plus large, et ce sont toujours les mêmes régions qui présentent ces lacunes quand les régions occipitales enlevées sont les mêmes. De sorte qu'il semble que chaque rétine se projette géométriquement sur l'écorce cérébrale du même côté (pour ses fibres directes) et du côté opposé (pour ses fibres croisées), chaque fibre optique aboutissant à un point cortical déterminé. Aussi a-t-on dit qu'il existe deux rétines, l'une oculaire et l'autre cérébrale, produit de la projection de la première sur l'écorce occipitale.

L'ablation de l'écorce occipitale des deux côtés produit la cécité complète, et, si l'opération a été largement pratiquée, la perte de la vue est définitive. Il n'y a de restauration fonctionnelle que si l'ablation a été incomplète; encore faut-il que l'animal apprenne à utiliser la portion du champ visuel qui lui reste.

Chez l'homme on a décrit un assez bon nombre de cas d'hémianopsie avec autopsie, la lésion se trouvant dans le lobe occipital du côté opposé à la moitié perdue du champ visuel. On a décrit aussi des cas de destruction partielle de l'écorce avec perte de la vision dans une partie seulement du champ visuel. Ainsi, dans l'affection oculaire dite scotome central, la partie périphérique des deux rétines voit normalement, mais la fovea est insensible; le malade ne voit plus les objets un peu petits, ne reconnaît plus les personnes à la vue, ne peut plus lire, etc., tandis qu'il se meut parfaitement au milieu de tous les obstacles. Le fonctionnement de la seule partie centrale de la rétine, c'est-à-dire de la zone de la vision distincte, est aboli.

Ici se pose une question importante de quelle nature sont les troubles visuels résultant de la destruction des deux sphères visuelles? L'animal paraît être aveugle. Mais cette cécité est-elle la même que celle qui résulte de la perte des organes périphériques de la vision, de la perte des deux yeux?

1. De exóto, obscurité. Un scotome est une tache sombre qui masque une partie du champ visuel. 64

GLEY.

Physiol.

De l'analyse minutieuse à laquelle H. Munk a soumis les animaux en expérience, il semble résulter que ceux-ci voient encore, mais ne reconnaissent plus les objets; ils se meuvent sans se heurter aux obstacles placés sur leur chemin, mais ils ne remarquent rien; ils sont devenus insensibles aux êtres et aux choses qui, avant l'opération, les émouvaient; la nourriture même placée devant eux, ils ne la distinguent pas et ne la

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centres optiques
(sensoriels)

Schéma du trajet du nerf hémioptique. Réflexes iridiens et palpébraux (J. Grasset).

prennent que s'ils la sentent. Ce sont, dit Munk, comme des nouveau-nés qui doivent apprendre à reconnaître toutes choses à la vue. En somme, ces animaux auraient perdu les images visuelles des objets, les représentations optiques. Ils sont frappés de cécité psychique.

Chez l'homme, on retrouve pour les troubles de la fonction visuelle les distinctions établies dans ceux de la fonction auditive. En outre de la cécité corticale, qui est la perte de la perception des impressions rétiniennes, il faut en effet distinguer la cécité psychique, qui est la perte des images des objets ou représentations optiques, avec conservation, au moins partielle, des impressions lumineuses; le malade, dans ces cas, voit les objets, mais sans les reconnaître ; et la cécité verbale, qui est la perte de la vision des mots; c'est par suite l'impossibilité de la lecture; le malade est comme un individu ne sachant pas lire; il a

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