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La section intracranienne du trijumeau trouble tous ces actes et amène l'anesthésie de la face. De plus, les muscles de la face restent sans mouvement; ils ne sont point paralysés pourtant, puisque leur nerf moteur est le facial; mais ce trouble de la motricité résulte de la perte de la sensibilité de la région (voy. p. 1022). Enfin il se produit des troubles trophiques de l'œil (voy. p. 966).

6° Nerf moteur oculaire externe.

C'est le troisième des muscles moteurs du globe oculaire. Il innerve le seul muscle droit externe. De là son nom de nervus abducens.

79 Nerf facial.

Le facial est un nerf essentiellement centrifuge.

Par ses rameaux terminaux, il préside aux mouvements de tous les muscles peauciers de la tête, depuis le frontal et l'occipital, y compris le buccinateur, jusqu'au muscle peaucier du cou. Il innerve aussi les muscles qui agissent dans le premier temps de la déglutition (voile du palais, muscles styliens, ventre postérieur du digastrique) et, dans l'oreille, le muscle de l'étrier (voy. p. 829). Par suite, les paralysies du facial de causes superficielles ne sont caractérisées que par la déviation des traits de la peau (la moitié de la peau paralysée est immobile et les traits sont déviés du côté sain), tandis que les paralysies de cause profonde amènent de plus de la gêne dans la déglutition (déviation de la luette, etc.) et dans l'audition. Parce qu'il commande aux mouvements de la face, le facial est le nerf de l'expression. Dans la paralysie du facial, l'œil ne peut se fermer, par défaut de contraction de l'orbiculaire des paupières; les lèvres et les joues sont flasques et se soulèvent à chaque expiration (on dit que le malade << fume la pipe »); le visage est sans expression.

Le facial contient d'autres fibres centrifuges : les fibres vaso-dilatatrices de la partie antérieure de la langue (voy. p. 469) et de la glande sousmaxillaire (voy. p. 177) et les fibres sécrétoires de la même glande (voy. p. 175) et de la glande sublinguale (voy. p. 178) et enfin celles de la glande lacrymale (voy. p. 924).

Dès sa sortie du tronc stylo-mastoïdien, le nerf facial devient sensible en raison des fibres qu'il reçoit du trijumeau et du pneumogastrique.

Le nerf de Wrisberg, qui accompagne le facial à son origine, est un nerf centripète. Est-ce la racine sensible du facial, comme beaucoup le soutiennent? En tout cas, c'est de ce nerf que proviennent les fibres gustatives de la corde du tympan (voy. p. 844).

8° Nerf acoustique.

Le nerf de la VIIIe paire, exclusivement centripète, est composé de deux branches à fonctions absolument distinctes, la branche

GLEY. — Physiologie.

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auditive ou cochléaire (voy. p. 821, 835 et 998) et la branche vestibulaire ou ampullaire (voy. p. 821, 932-933 et 1015).

9° Nerf glosso-pharyngien.

La IX paire est mixte dès son origine.

Ce nerf commande aux mouvements du pharynx [avec le facial, le pneumogastrique et le spinal (voy. p. 193)]. En tant que nerf centrifuge, il fournit encore les fibres vaso-dilatatrices de la glande parotide (voy. p. 173) et celles de la partie postérieure de la langue (voy. p. 469) et les fibres sécrétoires des glandes des joues et des lèvres (voy. p. 178).

La glosso-pharyngien donne, d'autre part, la sensibilité à la base de la langue et à l'isthme du gosier et aussi à la trompe d'Eustache et à la caisse du tympan (par le rameau de Jacobson). Les excitations des filets de l'isthme du gosier provoquent, suivant leur nature, soit la déglutition, soit des nausées et le vomissement. Les filets gustatifs de la base de la langue sont fournis par le glosso-pharyngien (voy. p. 839 et 844), qui est le nerf du goût le plus important.

10° Nerf pneumogastrique.

Le nerf de la Xe paire est un nerf mixte, dit trisplanchnique, parce qu'il donne la sensibilité et le mouvement aux trois grands organes splanchniques, cœur, poumons et estomac (avec l'intestin) et à leurs dépendances. Il faut remarquer que les impressions sensibles qu'il transmet sont obtuses, nullement ou rarement localisées et n'engendrent que des sensations vagues; elles ne donnent lieu d'ailleurs qu'à des réflexes le plus souvent inconscients. De mème, les mouvements auxquels commande ce nerf sont presque tous réflexes.

A l'appareil digestif le pneumogastrique donne des fibres sensibles: au pharynx (voy. p. 192), à l'œsophage (p. 193), à l'estomac, à l'intestin grêle (voy. p. 269). Il innerve aussi les muscles du pharynx (p. 193), de l'œsophage (p. 193), de l'estomac (p. 226), de l'intestin grêle (p. 269) et de la partie supérieure du gros intestin (p. 275). Mais il n'est pas seulement moteur, il contient aussi des fibres inhibitrices pour l'estomac (voy. p. 226). Enfin il fournit les nerfs sécréteurs de l'estomac (voy. p. 201) et du pancréas (p. 232.

Au cœur il donne ses nerfs sensibles (nerf dépresseur, voy. p. 458) et ses nerfs modérateurs ou inhibiteurs, nerfs centrifuges (voy. p. 454), et quelques filets accélérateurs (p. 451 et fig. 105, p. 452).

A l'appareil de la respiration le pneumogastrique donne la sensibilité à la glotte, à la trachée, aux poumons (voy. p. 566 et suiv.) et le mouvement aux muscles du larynx (par les récurrents, voy. p. 521 et 570). Il innerve aussi les fibres musculaires lisses des bronches (voy. p. 520) et il fournit à la muqueuse du larynx (par le laryngé supérieur) ses fibres vaso-dilatatrices (voy. 470). Enfin il est le nerf sécréteur des glandes de la trachée.

Encore que la sensibilité des organes que les pneumogastriques innervent soit obtuse, les fonctions centripètes de ces nerfs sont importantes, en raison particulièrement des actions réflexes que déterminent les excitations qu'ils transmettent déglutition (voy. p. 192), vomissement (p. 227), hoquet (par excitation de la muqueuse gastrique), variations de la pression artérielle (excitations du nerf dépresseur, voy. p. 458), toux (voy. p. 566 et 972), variations du rythme respiratoire (voy. p. 566), etc.

En tant que nerf centrifuge, on peut dire que le pneumogastrique est un nerf type, en ce sens qu'il contient toutes les espèces possibles de fibres centrifuges motrices, motrices de muscles lisses, inhibitrices, sécrétoires.

La question a été très discutée de savoir si les fibres centrifuges du pneumogastrique appartiennent bien à ce nerf ou si elles ne viennent pas de la branche interne du spinal. Celle-ci se jette tout entière dans le nerf vague. Elle n'est constituée que par les fibres bulbaires du spinal. Or, ces fibres, après la section intracranienne du nerf, peuvent être suivies par la dégénérescence secondaire dans le trone du pneumogastrique et dans ses branches; il a été reconnu qu'elles pénètrent toutes dans le nerf laryngé inférieur et vont innerver uniquement le muscle thyro-aryténoïdien (Van Gehuchten et Bochenek, 1900-1901), tous les autres muscles du larynx étant innervés par le pneumogastrique; elles ne se rendent donc ni à l'appareil digestif ni au cœur; en ce qui concerne ce dernier organe, nous avons en effet montré déjà (voy. p. 455) que ses nerfs d'arrêt proviennent du nerf vague. Aussi a-t-on pensé que les fibres bulbaires du spinal, dont l'origine se trouve dans une longue colonne grise qui appartient sûrement au pneumogastrique, doivent être rattachées à celui-ci; indépendantes du spinal, elles ne s'y accoleraient que momentanément, en passant à travers le trou déchiré postérieur, pour revenir ensuite dans leur tronc originel.

Des expériences récentes paraissent d'abord contraires à cette manière de voir. Ces expériences ont été faites sur le porc; sur cet animal, la branche interne du spinal, au lieu de se jeter tout de suite dans le pneumogastrique, dès la sortie du trou déchiré postérieur, ne se réunit à ce nerf que derrière le larynx, où se trouve le ganglion plexiforme. C'est là une disposition très favorable à l'excitation et à la section isolée de cette branche interne (Lesbre et Maignon). Or, des recherches de ces deux physiologistes il résulte que la branche interne du spinal est, chez le porc, le nerf moteur essentiel de tout le tube digestif, depuis le pharynx jusqu'au rectum, qu'il est également le nerf moteur du larynx et des bronches, le nerf sécréteur de l'estomac et du pancréas et enfin le nerf modérateur du cœur. Par suite, le nerf pneumogastrique est, chez cet animal, purement sensitif1.

Malgré ces résultats, le fond de la question n'a pas changé. On peut en

1. F.-X. Lesbre et F. Maignon, Journ. de physiol. et de pathol. générale, X, p. 377-391, 415-429, 828-843; 1908.

effet toujours considérer cette branche interne du spinal du porc, dont l'individualité anatomique est seulement plus grande chez cet animal, comme étant la racine motrice de la Xe paire.

11° Nerf spinal.

C'est un nerf exclusivement moteur, par sa branche externe, comme par sa branche interne, dont nous venons de parler à propos de la physiologie du pneumogastrique.

La branche externe innerve les muscles sterno-cléido-mastoidien et trapèze, lesquels reçoivent en outre des nerfs du plexus cervical; ces derniers sont purement sensitifs, toute l'innervation motrice dépendant du spinal.

12° Nerf grand hypoglosse.

Le nerf de la Xlle paire est exclusivement moteur pour la langue et pour les muscles sus et sous-hyoïdiens. Quand le grand hypoglosse a été coupé, chez un chien par exemple, l'animal ne peut plus mouvoir sa langue, qui pend entre les dents; il la mord dans les mouvements des mâchoires; il sent douloureusement ces morsures, puisque les nerfs sensibles (lingual, glosso-pharyngien sont intacts, mais il est impuissant à retirer sa langue derrière les arcades dentaires, à cause de la paralysie des muscles.

L'hypoglosse contient aussi les nerfs vaso-constricteurs de la langue (voy. p. 465).

CHAPITRE IV

FONCTIONS DU SYSTÈME NERVEUX SYMPATHIQUE

Le grand sympathique se compose : 1o d'une série de ganglions disposés le long de la colonne vertébrale, un pour chaque vertèbre (excepté à la région cervicale, où il y a fusion en trois gros ganglions) et reliés entre eux par des cordons intermédiaires; 2o des rameaux communicants qui relient ces ganglions à la moelle; 3° et enfin des nerfs issus des ganglions et qui se rendent aux viscères et aux vaisseaux.

A diverses distances de la chaîne du grand sympathique, sur le trajet des rameaux qui en partent pour aller à ces viscères, se trouvent de nouvelles masses ganglionnaires; ce sont de nombreux amas de cellules nerveuses échelonnés sur les nerfs du grand sympathique; le plus remarquable de ces amas est le ganglion semi-lunaire, que Bichat appelait le cerveau abdominal; enfin, encore plus loin sur le trajet des nerfs viscéraux, au moment où ceux-ci se distribuent dans les organes, on trouve une nouvelle série de ganglions disséminés dans l'épaisseur des parois de ces organes, et d'ordinaire de dimensions microscopiques; tels sont ceux que l'on trouve dans l'épaisseur des parois intestinales, dans la charpente musculaire du cœur, sur les bronches, etc. (ganglions viscéraux ou parenchymateux).

Le système nerveux grand sympathique ainsi constitué représente-t-il un système nerveux indépendant du système céphalorachidien? C'est ce que l'on a cru longtemps; c'est ce que pensait Bichat, pour qui les rameaux sympathiques prenaient leur origine dans la substance grise des ganglions, exactement comme les nerfs cérébro-spinaux sortent de la substance grise encéphalo-médullaire. Cette conception a été abandonnée parce que l'on a reconnu que le grand sympathique n'est nullement un système à part, qu'il a ses origines dans le mésocéphale et dans la moelle, que ses fibres centripetes et centrifuges sont en rapport avec l'axe cérébro-spinal. Il reste néanmoins que les nerfs sympathiques, qui commandent aux actions de la vie organique, sont tous soustraits à l'action de la volonté ; en ce sens ils forment un système autonome, suivant le mot de Langley (1898).

Quelles sont les fonctions des parties constitutives de ce système, ganglions et cordons nerveux ?

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