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les antagonistes, ceux-ci se relâchent toujours (G. Demeny ', 1890); le mouvement s'en trouve donc singulièrement facilité.

Les mouvements des muscles sont régis par le système nerveux. Nous avons montré le rôle de la sensibilité dans la régulation motrice (coordination et précision des mouvements) (voy. p. 1022-23). Mais en quoi consiste l'acte appelé volontaire qui commande le mouvement lui-même? Il faut bien remarquer à ce sujet que l'on ne peut pas vouloir et, d'ailleurs, que l'on ne veut jamais la contraction de tel ou tel muscle; nous n'avons aucune conscience des muscles qui entrent en jeu pour produire un mouvement déterminé, et les anatomistes eux-mêmes ne prennent point cette conscience. « La plupart des gens ignorent qu'ils ont un muscle brachial. Si donc on dit qu'on innerve « volontairement » ce muscle, cela doit être entendu cum grano salis..... » Sous le nom de volonté, le physiologiste doit comprendre les innervations cérébrales qui sont accompagnées de l'état psychique appelé volonté. Ces innervations, mises en jeu d'une manière réflexe ou automatique, « sont la cause physiologique des mouvements volontaires 2 ».

2. Station et locomotion.

Les notions précédentes permettent de comprendre comment les muscles, seuls agents de la locomotion, assurent tous les déplacements du corps.

Dans tous ces mouvements, et d'abord dans toutes ses attitudes, le corps doit être en équilibre. C'est aussi l'office des muscles, prenant leurs points d'appui sur les os.

A. Station verticale.

D

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P

P

1° Station.

La station debout dépend de conditions complexes. Nous avons vu quelles sont essentiellement ces conditions (p. 1138).

L'équilibre du corps dans cette position est obtenu quand la verticale, passant par le centre de gravité du corps qui se trouve au niveau de la deuxième vertèbre lombaire, tombe dans le polygone de sustentation ABCD circonscrit aux deux pieds P1 et P2 (fig. 290). Le maintien de cette

Fig. 290.

Polygone de sustentation dans la station debout (André Broca).

1. Physiologiste français contemporain.

2. L. Fredericq et J.-P. Nuel, Eléments de physiol. humaine, 5e édit, Gand et Paris, 1904, p. 402.

position exige: 1o des contractions des muscles de la nuque, car la tête a une tendance à tomber en avant, la verticale menée par son centre de gravité passant au-devant de l'articulation occipito-atloïdienne (voy. fig. 286, p. 1138). - 2o des contractions des muscles spinaux pour assurer la direction rectiligne de la colonne vertébrale; -3° des contractions des muscles antérieurs de la cuisse pour empêcher le tronc de tomber en arrière (voy. p. 1138); Au moyen d'un dispositif spécial, on a d'ailleurs pu enregistrer les oscillations constantes de la station debout, dues aux contractions musculaires (Bergonié).

B. Station assise et station couchée. Les conditions d'équilibre sont dans ces deux positions beaucoup plus simples.

Dans la station assise, les contractions des muscles dorsaux et de ceux des gouttières vertébrales sont nécessaires si la tête et le dos ne sont pas appuyés; elles deviennent inutiles quand la tête et le dos se trouvent convenablement appuyés.

La station couchée se réalise tout naturellement, sans le concours d'aucun muscie; tous les muscles peuvent être dans cette position en résolution complète.

2o Locomotion.

Nous avons étudié les conditions générales des mouvements accomplis par les muscles et des déplacements (locomotion en général) que ces mouvements effectuent (p. 1138 et suiv).

Parmi ces déplacements, un des plus importants est celui du corps en entier, c'est-à-dire la marche.

A. Marche. Dans la marche, le corps ne quitte jamais le sol, mais repose tantôt sur un pied (temps de simple appui), tantôt sur les deux pieds (temps de double appui). Chaque jambe lui communique tour à tour la force vive nécessaire à la progression; le moteur est le muscle soléaire, le point d'appui est le pied.

Soit le moment où les deux pieds touchent le sol et soit le pied gauche en avant du droit; les muscles de la jambe droite se tendent, de sorte que cette jambe se place plus ou moins dans le prolongement de la cuisse et le pied dans le prolongement de la jambe; ainsi le corps se trouve poussé en avant, ne portant plus que sur le pied gauche; cependant il ne tombe pas, parce que la jambe droite, ayant fini de pousser, pivote autour de la tête du fémur et vient appliquer le pied droit sur le sol; le mouvement en avant est donc arrêté, en même temps que s'est accompli le premier pas; un autre y succède, la jambe gauche prenant à son tour le rôle de propulseur. Le pied qui arrive à l'appui touche le sol d'abord par le talon, puis par toute la surface plantaire et se soulève sur la pointe. La pression du pied qui se pose sur le sol est plus forte que cette même pression dans la station verticale, car à la pression due au poids

même du corps s'ajoute celle qui tient soit au travail d'impulsion de la masse du corps, soit à la perte de force vive lors du choc du talon sur le sol.

Outre l'action du soléaire pendant l'appui, les principales actions muslaires en jeu dans la marche sont celles qui se passent dans la jambe oscillante (flexion de la cuisse sur le bassin, puis de ia jambe sur la cuisse, puis, quand la jambe oscillante a croisé la jambe restée à l'appui, extension de la première et extension du pied).

Toutes ces données résultent principalement d'expériences faites à l'aide des méthodes graphique et surtout chronophotographique (Marey) (voy. fig. 291), grace auxquelles on a pu fixer les déplacements des divers segments du corps humain pendant la marche.

B. Course. - Dans la course les phénomènes mécaniques sont les mêmes, mais, outre que les mouvements sont plus rapides, il n'y a plus de double appui; au contraire, il y a un temps de suspension pendant lequel, entre deux appuis des pieds, le corps reste en l'air un instant. La durée de ce temps de suspension paraît peu varier d'une manière absolue; mais si on l'apprécie relativement à la durée d'un pas de course, on voit la valeur relative de cette suspension croitre avec la vitesse de la course, car avec cette vitesse diminue la durée de chacun des appuis. Mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est la manière dont se produit, d'après Marey, ce temps de suspension; on pourrait croire, au premier abord, que c'est l'effet d'une sorte de saut, dans lequel le corps serait projeté en haut, de manière à décrire en l'air une courbe au milieu de laquelle il serait à son maximum d'éloignement du sol. Il n'en est rien; le temps de suspension correspond au moment où le corps est à son minimum d'élévation; ce temps de suspension ne tient donc pas à ce que le corps est projeté en l'air, mais à ce que les jambes se sont retirées du sol par l'effet de leur flexion (Marey).

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Fig. 291. Coureur de Marey.

Le sujet a un vêtement noir, sur lequel des lignes et des points blancs jalonnent la position des divers articles mobiles. Grâce à cet artifice, les images successives du marcheur ou du coureur restent distinctes les unes des autres, ré duites qu'elles sont à des lignes (chronophotographie sur plaque fixe).

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Le conduit aérifère de la respiration présente au niveau de la partie supérieure du cou une disposition spéciale, qui constitue le larynx. Le larynx est l'un des organes les plus importants servant aux fonctions de relation, car il assure notre principal moyen de communication ou d'expression avec nos semblables; il est l'organe essentiel de la phonation.

1o Le larynx et ses muscles.

Le larynx n'est qu'une portion de la trachée modifiée dans sa forme et un peu dans sa structure.

Sous le rapport de la forme, la trachée présente à ce niveau un rétrécissement, une espèce de défilé, dont les dimensions peuvent être diminuées ou, au contraire, agrandies de façon à rendre presque à la trachée son calibre primitif. Ce rétrécissement, ce défilé laryngien n'est pas simple, comme le montre un schéma (fig. 292) de la coupe verticale du larynx. Il y a trois rétrécissements qui sont circonscrits, le premier (en allant de haut en bas) par les replis aryténo-épiglotliques, le second par les prétendues cordes vocales supérieures (simple repli de la muqueuse), le troisième par les vraies cordes vocales; c'est ce dernier seul qui constitue la véritable glotte, le véritable orifice phonateur.

T

Fig. 292.- Coupe verticale schematique du larynx (à Mathias Duval).

circonscrits:

--

On voit que la partie laryngienne du conduit aérifère présente trois rétrécissements 1, par les replis aryténo-épiglottiques; - 2, par les cordes vocales supérieures ; 3. par les cordes vocales inférieures ; - V, V, ventricules du larynx; T, trachée.

Sous le rapport de la structure, la glotte présente les mêmes éléments que la trachée, mais modifiés aussi dans un but spécial. Ainsi, tandis que l'épithélium est cylindrique et vibratile dans toute l'étendue de l'arbre aérien, au niveau de l'éperon formé par la glotte proprement dite le revêtement épithélial prend la forme pavimenteuse, plus appropriée aux fonctions des cordes vocales. Cet épithélium, en couches plus nombreuses que l'épithélium vibratile, est en même temps plus apte à prévenir le desséchement des lèvres d'un orifice où le courant d'air se fait avec le plus de violence. Au-dessous de la muqueuse se trouve le tissu élastique, qui existe tout le long de la trachée, mais il forme ici une couche plus épaisse, qu'on a considérée comme un ligament sous-jacent à la muqueuse; c'est ce qu'en anatomie on appelle la corde vocale. Au-dessous de ce tissu élastique, le tissu musculaire, comme dans tout l'arbre aérien; mais au niveau du larynx, ce n'est plus le muscle lisse, c'est le muscle strié que

l'on rencontre; il y forme, comme dans tous les appareils de la vie de relation, des corps musculaires nettement délimités et à fonctions bien

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Fig. 293. Orifice glottique observé sur le vivant au moyen du laryn goscope (Mandl).

ri, cordes

déterminées (muscles crico-aryténoïdiens postérieurs, crico-aryténoïdiens latéraux, aryténoïdiens, thyro-aryténoïdiens, etc.). Enfin les anneaux cartilagineux de la trachée se modifient également pour former des pièces spéciales et caractéristiques (cartilages thyroïde, cricoïde, aryténoïdes).

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A. Orifice glottique. Action des muscles laryngés. Le rétrécissement laryngien inférieur ou glotte proprement dite présente, quand on le regarde par en haut, la forme d'une fente triangulaire ou d'un fer de lance dont le sommet est en avant et la base en arrière. Cette base est formée par les muscles aryténoïdiens. Les

or, orifice glottique; vocales inférieures; rs, cordes vocales supérieures; ar, cartilage aryténoïde; - rap, replis aryténo-épiglottiques; b, bourrelet de l'épiglotte.

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Fig. 294.
Forme losangique de la glotte par l'action
des muscles crico-aryténoïdiens postérieurs (d'après
J. Béclard).

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bords du triangle sont constitués dans les 3/5 antérieurs par les cordes vocales, et dans les 2/5 postérieurs par les bords des cartilages aryténoïdes (fig. 293).

Si l'angle antérieur du cartilage aryténoïde se porte en dehors, la glotte se dilate et prend une forme losangique (fig. 294). Cet effet est produit par la contraction du muscle cricoarylénoïdien postérieur, qui va s'insérer à l'angle externe de l'aryténoïde et imprime à ce cartilage un mouvement de bascule dit mouvement de sonnelle.

Si l'angle antérieur du cartilage aryténoïde se porte en dedans, la partie

antérieure de la glotte prend la forme d'une fente qui reste ouverte en arrière en une petite ouverture triangulaire interaryténoïdienne (fig. 295).

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