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Il se produit aussi des adaptations fonctionnelles. Telles sont les hypertrophies dites compensatrices, l'hypertrophie du cœur forcé de s'adapter à une augmentation de travail, ou celle du rein restant après extirpation de l'autre, etc. Telle est l'immunité contre les maladies infectieuses ou contre les venins, le plus remarquable cas qui soit d'adaptation physiologique (voy. p. 97).

Reste toute une catégorie d'adaptations fonctionnelles, sans lesquelles la vie, dans les organismes pluricellulaires, ne serait pas plus possible que sans les adaptations au milieu extérieur. Chez ces êtres en effet, à l'harmonie entre l'organisme et le milieu doit s'ajouter l'harmonie entre les divers organes dont l'association constitue un individu. Cette condition interne, nécessaire à la vie, c'est la corrélation mutuelle des fonctions. Nous en parlerons un peu plus loin.

CHAPITRE III

MÉCANISMES GÉNÉRAUX DE LA VIE

Les mécanismes suivant lesquels s'accomplissent les actions vitales sont des mécanismes physico-chimiques qui ont été antérieurement exposés (voy. p. 49-96). On a vu en particulier combien de ces actions sont dues à des processus diastasiques (p. 79 et suiv.).

Le rôle des ferments s'est encore agrandi depuis la découverte d'une nouvelle catégorie de ces agents, les ferments intracellulaires. L'étude de ces derniers, qui se poursuit présentement (voy. p. 95), tend à montrer que la plupart des phénomènes chimiques intracellulaires sont attribuables à des diastases.

Il ressort de là que, dans toutes les cellules vivantes, se produisent diverses actions chimiques, dédoublements, oxydations, réductions, synthèses, qui paraissent se faire par des ferments. De l'ensemble de ces actions résultent les désintégrations et intégrations qui constituent les phénomènes de désassimilation et d'assimilation. On est en droit de se demander si le mécanisme de ces deux grands actes en lesquels consiste l'échange de matières caractéristiques de la vie n'est pas un mécanisme diastasique, si le travail de l'assimilation comme celui de la désassimilation ne se ramène pas à l'activité de ferments intracellulaires.

CHAPITRE IV

RÉSULTATS GÉNÉRAUX DE LA VIE

Tout le travail fourni par l'organisme vivant provient de l'énergie chimique des aliments (voy. p. 117 et 148).

Celle-ci se transforme en différentes autres modalités d'énergie, mouvement (voy. p. 117 et 1075), chaleur (p. 124, 766 et 782), électricité (p. 124) et même lumière (p. 125).

Chez presque tous les animaux, c'est le dégagement de chaleur et la production de travail mécanique qui représentent la totalité de la consommation énergétique. On a montré (expériences de Rubner, 1893-94, voy. p. 781) que toute l'énergie chimique des aliments, en un temps donné, se retrouve dans la quantité de chaleur produite dans le même temps par l'animal au repos. La loi de la conservation de l'énergie s'applique donc à la matière vivante.

CHAPITRE V

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INTERDÉPENDANCE DES CELLULES. CORRÉLATIONS FONCTIONNELLES

A mesure que les organismes se compliquent, qu'ils sont formés d'un plus grand nombre de cellules de diverses sortes associées en des organes différents, des relations étroites s'établissent entre tous ces groupes cellulaires (voy. p. 114); la vie commune ne serait pas possible, si les fonctions des espèces cellulaires dont la réunion constitue l'individu n'étaient pas en rapport les unes avec les autres.

MÉCANISME DES CORRÉLATIONS FONCTIONNELLES.

L'adaptation réciproque des fonctionnements organiques n'a été longtemps considérée comme possible que par l'action du système nerveux; on ne concevait pas que la relation entre deux organes pût s'établir autrement que par cet intermédiaire. Tout un ordre de faits souveaux a été découvert, d'où il ressort que de telles coordinations ésultent aussi d'actions purement chimiques.

Il y a lieu par conséquent de distinguer, à côté des corrélations fonctionnelles dues à l'action du système nerveux, celles qui dépendent d'une action chimique.

1.

Corrélations d'origine nerveuse.

Celles-ci sont connues depuis longtemps. Un des principaux types en est dans la régulation de diverses fonctions organiques par des phénomènes de sensibilité des excitations sensibles provoquent la mise en jeu d'appareils nerveux qui déterminent un acte fonctionnel complexe.

Ainsi s'établissent, par exemple, les rapports entre la circulation artérielle et le cœur, par l'intermédiaire de l'excitation du nerf dépresseur (voy. p. 459); ainsi se règle la thermogenèse (voy. p. 784); ainsi se fait la régulation thermique (voy. p. 781-790).

Les appareils nerveux qui déterminent le fonctionnement des organes peuvent être mis en jeu, non plus par des excitations sen

sibles, mais par des substances chimiques produites en quelque partie de l'organisme. Ce mécanisme, grâce auquel s'établissent des relations fonctionnelles, est donc mixte, à la fois nerveux et chimique. On peut appeler neuro-chimiques les corrélations qui en dépendent 1.

En voici quelques remarquables exemples: le mode d'évacuation de l'estomac, par lequel on voit qu'un phénomène de sécrétion (sécrétion de l'acide chlorhydrique par les glandes gastriques) règle deux actes moteurs antagonistes, le relâchement ou la contraction du pylore (ouverture ou fermeture du passage gastro-duodénal) (voy.p. 225); c'est par la même sécrétion qu'est encore commandée la fermeture du cardia (p. 226); le mécanisme réflexe de la sécrétion pancréatique (voy. p. 235); — la régulation des mouvements respiratoires sous l'influence de faibles variations dans la tension de l'acide carbonique du sang artériel, ce corps, produit de l'activité commune à tous les tissus et que ceux-ci doivent éliminer sous peine de déchéance fonctionnelle, étant particulièrement apte à exciter les centres bulbaires qui commandent aux mouvements de l'appareil excréteur de ce corps même (voy. p. 562).

2. Corrélations d'origine chimique.

Nombre d'organes glandulaires peuvent agir à distance sur d'autres organes, non plus par l'intermédiaire du système nerveux, mais par l'intermédiaire de substances qu'ils sécrètent et qu'ils déversent ensuite dans le sang. On peut penser que ces substances ont des propriétés chimiques telles qu'elles réagissent sur des matières constitutives d'autres éléments anatomiques de façon à provoquer le fonctionnement de ces derniers; de là un de leurs caractères essentiels, leur spécificité d'action. Ces substances, directement excitantes de fonctions, ou hormones (de ópμáw, j'excite), comme on les a appelées (Starling), proviennent des glandes à sécrétion interne (voy. p. 585 et 588). On peut les répartir en deux grandes

1. Les précédentes sont d'origine neuro-directe.

2. La notion des substances glandulaires à action chimique élective ou, comme on pourrait dire en deux mots qui expriment et l'idée d'association fonctionnelle et le mécanisme de cette association, la notion des symbioses humorales, dépasse la doctrine des sécrétions internes. Celle-ci, comme je l'ai montré ailleurs, a été introduite dans la science par Claude Bernard avec la découverte de la fonction glycogénique du foie; mais, dans tout ce que Bernard a écrit à ce sujet, on ne trouve pas autre chose que la constatation de ce fait qu'il est des glandes, dont le foie, qui versent leur sécrétion dans le sang et contribuent ainsi à déterminer la composition du milieu intérieur. Brown-Séquard reprit cette conception, mais, sans compter qu'il l'imposa à l'attention générale et qu'il en fit voir les *Voy. E. Gley, L'Année biologique, t. I, p. 313-330, 1897, et Essais de philosophie el d'histoire de la biologie, Paris, 1900, p. 148 et 234 et suiv.

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