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tinue, les fonctions nutritives, que Bichat appelait fonctions de la vie organique ou végétative, avec leurs divisions: digestion, absorption, circulation, respiration, sécrétions, assimilation et désassimilation; nous y rattacherons les fonctions de reproduction, pour les raisons déjà indiquées plus haut (p. 113). C'est là l'ensemble des faits qui ont été distingués dans la Physiologie cellulaire sous le nom d'échanges de matières ou métabolisme matériel (voy. p. 104). Ainsi sera formé le livre I.

Le livre II comprendra les fonctions de la vie de relation (vie animale de Bichat), c'est-à-dire l'étude des sensations par lesquelles l'animal est mis en relations avec le milieu extérieur, celle des réactions motrices consécutives à ces sensations et celle du système nerveux qui commande à ces réactions et les règle. C'est l'ensemble des faits considérés en Physiologie cellulaire sous la dénomination de transformations d'énergie (voy. p. 117) avec, en plus, les actions nerveuses, qui, chez les animaux supérieurs, déterminent et dirigent ces phénomènes.

La physiologie spéciale sera donc divisée en deux grandes parties ou livres.

LIVRE PREMIER

FONCTIONS DE NUTRITION

Tout étre vivant, par sa vie même, s'use et a besoin de se réparer; pour cela il se nourrit. Étudier la nutrition, c'est étudier les phénomènes d'usure et de réparation de l'organisme.

B

Dans cet ensemble de questions complexes, les premières qui se présentent ont trait à la réception, à la transformation et à l'utilisation des substances alimentaires. Celles-ci pénètrent dans des cavités spéciales où elles subissent presque toutes des modifications profondes; les produits de ces modifications sont absorbés, c'est-à-dire passent à travers la couche épithéliale de l'estomac et de l'intestin et pénètrent dans le milieu sanguin (milieu intérieur); c'est alors seulement qu'ils entrent aisément dans l'organisme et peuvent être assimilés par les différents éléments cellulaires; tant que les aliments et leurs produits Fig. 12. de transformation restent dans le tube digestif, ils sont en dehors de l'organisme (voy. fig. 12). Il en est de même des médicaments; tant qu'ils n'ont pas passé dans la circulation, ils sont aussi extérieurs à l'organisme que s'ils se trouvaient simplement sur la peau. Ainsi «< on peut concevoir la digestion comme une sorte d'élaboration des aliments pratiquée dans un tube à analyse chimique, extérieur à l'édifice organique » 2.

Représentation très schématique de l'orga nisme (Lauder Brunton)'..

tissus. B, boite intérieure représentant le tube digestif. Tout ce qui est dans cette boite intérieure est évidemment au dehors de la boîte A; de même tout ce qui se est en réalité en dehors du trouve dans le tube digestif corps.

A, boîte représentant les

Nous avons déjà indiqué plus haut l'ordre dans lequel nous étudierons les fonctions de nutrition.

1. Lauder Brunton, Traité de pharmacologie, de thérapeutique et de matière médicale, traduit par L. Deniau et E. Lauwers, Bruxelles, 1888, p. 52.

L. Brunton, médecin et pharmacologue anglais contemporain très connu. 2. Claude Bernard, Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aur végétaux, t. II, p. 243, Paris, 1879.

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CHAPITRE PREMIER

DIGESTION

Le but des fonctions digestives est de transformer les matières empruntées à l'extérieur, de façon à les rendre aptes à passer dans l'économie, à être absorbées et portées dans le torrent de la circulation, pour réparer les organes et entretenir les fonctions (production de chaleur et d'énergie), en d'autres termes, pour le maintien du stalu quo de l'organisme développé et l'accroissement de cet organisme tant que son développement est incomplet.

Ces matériaux reconstitutifs ou producteurs d'énergie sont les aliments.

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L'expérience a appris qu'un homme adulte, en fonctionnement normal, perd tous les jours:

Environ 2500 grammes d eau.

1300 à 1400 par les urines,
600
par la sueur,
400 à 500 par les poumons,
par les fèces;

100

25 grammes au moins de sels minéraux (par les urines, les fèces, la sueur) ; 280 grammes de carbone (par l'air expiré [sous forme de CO2], par les urines C de l'urée et C sous d'autres formes], par les fèces, etc.); 18 grammes environ d'azote (sous forme de l'urée, de l'acide urique, etc., des urines); et qu'il consomme une quantité d'énergie qui, calculée en chaleur, s'élève à 2600 calories environ.

Il faut réparer toutes ces pertes. C'est l'alimentation qui doit y subvenir. L'alimentation consiste donc dans l'ingestion des maté riaux qui, dans l'organisme, constituent ou réparent les tissus et produisent de l'énergie.

On a pendant longtemps considéré comme aliment toute substance qui sert à la réparation de nos tissus. Cette définition a justement vieilli, elle est trop étroite, car l'alimentation ne consiste pas seulement en un apport de matière, mais aussi en un apport d'énergie. De ce point de vue, la classification des aliments proposée par Bunge paraît rationnelle; elle distingue en effet : 1° fes aliments qui

servent à la fois à la réparation des tissus et à la production d'énergie: albumines, graisses;

2o Les aliments qui fournissent seulement de l'énergie: hydrates de carbone, oxygène ;

3o Les aliments qui servent seulement à la réparation des tissus : eau et sels.

Il faut remarquer que cette classification n'est pas tout à fait exacte, puisque les corps gras peuvent brûler seulement, donnant ainsi de l'énergie et que, parmi les sels, il en est, les sels d'acides organiques, comme les acides citrique, malique, tartrique, qui, décomposés dans l'organisme en CO2 et H2O, sont brûlés, étant donc producteurs d'énergie.

Quoi qu'il en soit, on considère actuellement comme substances alimentaires: 1° celles qui servent à l'édification des tissus ou à la réparation de l'usure qu'ils subissent de par leur fonctionnement même, et 2o celles qui, en se combinant avec l'oxygène, produisent l'énergie nécessaire à l'entretien de la vie.

Un autre caractère distinctif, essentiel, de ces substances consisterait en ceci que les véritables aliments servent à la formation de réserves que l'organisme utilise à plus ou moins longue échéance. Ce n'est en effet pas aux dépens des aliments qui viennent d'être ingérés que vit l'animal, c'est sur des substances déposées dans ses tissus (réserves) ou sur des matières constitutives des tissus. Ce fait important ressort de tout ce que l'on sait de la digestion proprement dite et de l'assimilation. Les aliments, tels qu'ils sont ingérés, ne sont pas, en effet, transportés en cet état dans les organes qui en ont besoin pour rétablir leur constitution ou pour la consommation d'énergie que nécessite leur fonctionnement. Mais ils ont préalablement subi des modifications dans l'appareil digestif, souvent aussi dans le foie et enfin dans les divers organes eux-mêmes qui, de la substance alimentaire modifiée, font leur propre substance. A la suite de cette assimilation (voy. p. 107) l'aliment a cessé d'ètre tel; il est devenu partie constitutive d'un tissu ou il y est incorporé sous forme de dépôt, de matière de réserve; c'est l'énergie chimique de ces substances que les organes dépensent, et non l'énergie chimique potentielle des aliments. On pourrait donc juger de la valeur des aliments par leur capacité à former des réserves. De là, pour plusieurs physiologistes, parmi lesquels Chauveau, l'importance de ce troisième caractère des substances alimentaires, telle que l'on ne doit pas considérer comme aliment un composé qui ne le possède point. C'est une des raisons pour lesquelles Chauveau ne reconnaît point à l'alcool, par exemple (voy. plus loin, p. 144), de véritable valeur alimentaire.

Nous nous contenterons de diviser les aliments en organiques et inorganiques.

1. Aliments inorganiques.

A. Oxygène. - L'homme prend par vingt-quatre heures dans l'air atmosphérique environ 700 grammes d'oxygène, c'est-dire la quantité nécessaire pour brûler sa ration alimentaire.

L'oxygène de l'air est donc le premier de tous les aliments, puisqu'il est indispensable au maintien et au fonctionnement de l'organisme. Mais l'étude de l'absorption et de la consommation de l'oxygène sera faite avec la respiration.

B. Eau. On a indiqué plus haut la grandeur de la perte journalière d'eau par l'organisme humain. On a aussi indiqué déjà (p. 46) la quantité d'eau de l'organisme.

Les pertes en eau sont couvertes par l'eau que l'on boit, soit en nature, soit dans les diverses boissons usuelles, et par l'eau des substances alimentaires. Celles-ci sont en effet riches en eau, comme le montrent les quelques chiffres ci-dessous:

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Le pain, d'après Armand Gautier, ne doit pas contenir plus de 34 p. 100 d'eau. La viande contient 55 à 75 p. 100 d'eau, suivant les espèces animales et suivant la teneur en graisse.

C. Substances minérales. Que les substances minérales soient nécessaires à l'édification du corps de l'animal nouveau-né, cela résulte des constatations chimiques relatives à la composition du squelette et à la teneur du sang en fer. Chez le nourrisson, les os s'accroissent rapidement et la quantité du sang augmente; il faut que l'alimentation apporte les sels calcaires et le fer sans lesquels cet accroissement ne se ferait pas.

La nature et la quantité des substances minérales qu'exige la croissance des nourrissons sont clairement indiquées par la composition du lait; l'analyse comparative des cendres du lait et de celles qui résultent de l'incinération du nouveau-né a montré qu'il existe

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