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tion des cellules hépatiques et des glandes des conduits biliaires ainsi que de celles qui se trouvent dans la muqueuse de la vésicule. C'est un liquide visqueux et filant, de couleur jaune orangé ou jaune brun, vert foncé ou bleu verdâtre, suivant les espèces animales (jaune chez

l'homme bile de la vésicule chez les suppliciés, examinée tout de suite après la mort), d'une odeur particulière chez quelques animaux, d'une saveur amère.

Sa densité (bile humaine) est de 1,01 à 1,04; son point de congélation oscille entre 0°,54 et 0°,58; il est donc à peu près identique à celui du

sérum sanguin (voy. p. 75).

B

Р

Fig. 28.

Canule à fistule biliaire (A. Dastre).

P, pavillon que l'on introduit dans la vésicule et qui presse

la paroi de celle-ci contre la paroi interne de l'abdomen;
v, tube à pas de vis qui porte le pavillon; -p, pointe qui
s'adapte à l'extrémité du tube à pas de vis.

On ouvre l'abdomen le long de la ligne blanche, puis on
incise la vésicule biliaire; on y introduit le pavillon P; par
suite la canule est placée de dedans en dehors, la pointe p tra-
blanche. On referme la plaie abdominale.
versant les tissus en dehors de l'incision faite à la ligne

Une fois la canule en place, on visse le pavillon A à la hauteur voulue et on le fixe au moyen du contre-écrou E. On enlève alors la pointe p qu'on remplace par le bouchon B.

Sa réaction est alcaline au papier de tournesol. Elle ne coagule pas par la chaleur (absence de matières albuminoïdes). L'alcool et l'acide acétique la précipitent (mucine ou pseudo-mucine).

Ce sont celle des acides biliaires ou

Deux réactions caractéristiques. de Pettenkoffer et celle des pigments biliaires ou de Gmelin,2. Dans une petite capsule de porcelaine, on met un peu de bile diluée, une trace de sucre et quelques gouttes d'acide sulfurique concentré; on chauffe au bain-marie à 60°-70° (il ne faut pas que la température dépasse 70°), il se produit une belle coloration rouge-pourpre. - Par l'action de l'acide sulfurique sur le sucre de canne, il se forme une aldehyde, le furfurol; c'est à l'action du furfurol sur les acides biliaires qu'est due la coloration dont il s'agit. - Cette réaction n'est pas très sensible; elle commence à se produire dans les liquides (urine par exemple) contenant 3 à 4 p. 100 de sels biliaires.

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1. Max von Pettenkoffer (1818-1901), physiologiste et hygiéniste allemand, célèbre par ses travaux sur la respiration (en commun avec son collègue F. Voit), sur les urines, sur l'étiologie du choléra et de la fièvre typhoïde, etc., fut professeur d'hygiène à l'Université de Munich.

2. Léopold G. Gmelin (1788-1853), célèbre par ses recherches sur la digestion (en collaboration avec Fr. Tiedemann), ancien professeur à l'Université de Heidelberg. Ces recherches ont été traduites en français par A.-J.-L. Jourdan sous le titre de Recherches expérimentales, physiologiques el chimiques, sur la digestion, 2 vol. in-8, Paris, 1827.

La réaction de Gmelin tient à la propriété des matières colorantes de la bile de donner, sous l'influence des oxydants, une série de produits d'oxydation vivement et diversement colorés. Dans un verre à réaction on verse doucement une solution étendue de pigments biliaires (urine bilieuse, solution étendue de bilirubinate alcalin) sur de l'acide azotique (contenant des vapeurs nitreuses [acide azotique légèrement jaunâtre]), de façon que la solution ne se mêle pas à l'acide; on voit se produire rapidement entre les deux liquides, de bas en haut, c'est-à-dire de la surface de l'acide à celle de la bile, une série d'anneaux colorés, jaune, rouge, violet, bleu et vert. A chacun de ces anneaux correspond un terme d'oxydation du pigment biliaire.

Autre réaction, réaction de Hay2. C'est une réaction très sensible et très simple de la bile par laquelle on décèle dans un liquide comme l'urine la présence des acides biliaires. A la surface de l'urine contenue dans un verre à expérience on verse de la fleur de soufre; s'il y a des acides biliaires dans cette urine, le soufre tombe très rapidement au fond du verre; sinon, il reste à la surface. La réaction est sensible à 1 p. 100 000. Elle n'est pas spécifique, car l'acide acétique, l'acétone, l'alcool, l'éther, le phénol, etc., ajoutés à une urine, ont aussi la propriété de laisser tomber le soufre. La réaction de Hay est due à l'abaissement de la tension superficielle des urines par les acides biliaires.

On peut diviser les substances qui composent la bile en deux groupes, les substances spécifiques ou éléments essentiels, et les substances annexes ou secondaires.

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Acides biliaires.

a. SUBSTANCES SPÉCIFIQUES. Il a été déjà remarqué (p. 244) que les acides biliaires n'existent pas à l'état libre dans la bile, mais sous forme de sels alcalins. Le glycocholate et le taurocholate de soude, sels biliaires, sont caractéristiques de la bile humaine, puisqu'ils ne se trouvent que dans ce liquide organique, et s'y trouvent toujours. Dans la bile du chien, il n'y a que du taurocholate de soude. Dans la bile humaine le glycocholate de soude est en plus grande quantité que le taurocholate (3/4 pour 1/4).

L'acide cholalique qui, en s'unissant au glycocolle ou à la taurine (voy. p. 244), donne les acides glycocholique et taurocholique, n'existe pas dans la bile fraîche; il prend naissance dans le dédoublement des acides biliaires. Il présente la réaction de Pettenkoffer.

Les sels biliaires, solubles dans l'eau et dans l'alcool, sont insolubles dans l'éther. On utilise cette propriété pour préparer ce que l'on appelle la bile cristallisée de Plattner (précipitation des sels biliaires, au moyen

1. Avec la bile en nature la réaction n'est pas nette à cause du précipité (précipité d'acide glycocholique) qui se produit au contact de l'acide et de la bile et qui trouble la zone des anneaux colorés.

2. Matthews Hay, médecin anglais contemporain, professeur de médecine légale et hygiène publique à l'Université d'Aberdeen.

de l'éther, de leur solution alcoolique sous forme de faisceaux de longues aiguilles soyeuses).

Pigments biliaires. La bile fraiche, venant du foie, ne contient qu'un pigment jaune rouge, la bilirubine, C32H3Az 06, substance mère de tous les autres pigments biliaires. Cette substance se comporte comme un acide faible et se combine aux alcalis. C'est à l'état de bilirubinate alcalin, ayant d'ailleurs la même couleur que la bilirubine, que celle-ci se trouve dans la bile. Plus une bile est alcaline, plus elle peut dissoudre de bilirubine ainsi que de biliverdine.

La biliverdine, C32H36Az O8, que l'on trouve souvent dans la bile de la vésicule, diffère de la matière précédente par deux atomes d'oxygène; c'en est un produit d'oxydation; il suffit du contact de l'air pour que cette transformation ait lieu; sous l'influence des oxydants ou des oxydases, elle est beaucoup plus rapide. Ce n'est pas en réalité la bilirubine qui se transforme en biliverdine, ce sont les hilirubinates qui deviennent des biliverdinates, dont la couleur est la même que celle de la biliverdine.

Dastre et Floresco ont décrit dans la bile de la vésicule deux autres pigments intermédiaires aux deux précédents, le biliprazinate de soude et la biliprazine, le premier jaune brun, le second vert, le premier étant un sel alcalin du second. L'oxydation ménagée de la bile donne lieu à de la biliprazine avant que se forme la biliverdine; par exemple, l'oxydation par l'exposition prolongée à l'air et à la lumière suffit pour cela.

La bilifuscine est un autre pigment, de couleur brune, qui a été rencontré dans des calculs biliaires, chez l'homme, et qui résulte de l'hydratation de la bilirubine.

Matières minérales. Les sels de la

b. SUBSTANCES ANNEXES. bile sont des chlorures et des phosphates, de soude, de potasse, de chaux et de magnésie; la bile contient souvent des traces de cuivre.

La présence constante de phosphate de fer est d'un grand intérêt, quoique la quantité en soit très variable (de 1 à 6 milligrammes pour 100 centimètres cubes). Ce fer provient en partie de l'hématine qui a servi à la formation de la bilirubine (voy. p. 245); et il provient peut-être aussi pour une autre part des mutations propres auxquelles cet élément est soumis dans le tissu hépatique; c'est un point que nous examinerons quand nous étudierons l'ensemble des fonctions du foie.

Gaz. La bile contient très peu d'oxygène et très peu d'azote, mais une assez grande quantité d'acide carbonique libre, environ 5 à 15 centimètres cubes pour 100; l'acide carbonique en combinaison (carbonates) est encore plus abondant. On a inféré de là que,

les gaz étant << en quelque sorte les témoins des phénomènes de la formation biliaire1», la bile doit se produire dans des conditions correspondant à des oxydations qui consommeraient l'oxygène et donneraient de l'acide carbonique.

Matières organiques. La cholesterine (voy. p. 44) est un alcool que l'on trouve dans la bile (1 à 2 grammes pour 1000 environ). La bile de la vésicule est plus riche en ce corps que celle qui vient directement du foie. Cependant il s'en forme dans le foie, car on en a trouvé dans le tissu même de l'organe. Mais la plus grande partie vient du sang. Elle ne représente dans la bile qu'un produit de désassimilation.

La bile contient des corps gras, graisses neutres, savons et lécithine, en petite quantité.

Elle contient aussi des traces d'urée.

La bile humaine contient de la mucine et celle de plusieurs espèces animales une pseudo-mucine (voy. p. 37). C'est ce corps qui la rend visqueuse.

C. COMPOSITION QUANTITATIVE DE LA BILE. Cette composition a été déterminée plusieurs fois pour l'homme sur de la bile de vésicule et sur de la bile des canaux, venue directement du foie. En prenant les moyennes de ces diverses analyses, on a les chiffres suivants pour 100:

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bile tient à ce que ce liquide renforce l'action des ferments pancréatiques; la valeur de l'amylase et celle de la trypsine sont à peu près doublées de ce chef et celle de la lipase est encore beaucoup plus augmentée 2. De plus, la bile, par ses alcalis, émulsionne les graisses.

On peut prouver in vivo l'importance de la bile dans la digestion des graisses, au moyen d'une expérience qui forme la contre-partie, chez le chien, de l'observation de Claude Bernard sur le lapin qui

1. A. Dastre, article Bile du Dictionn. de physiol., t. II, p. 161, 1896.

2. Nous avons mentionné, p. 230, l'action de la bile sur le zymogène supposé de la lipase.

a été rapportée p. 239. Après avoir lié et réséqué le canal cholédoque sur un chien, on abouche la vésicule biliaire dans l'intestin, à environ 1 mètre au-dessous du canal pancréatique (fistule cholecystointestinale [A. Dastre], voy. fig. 29), et l'on constate que, quand on a fait ingérer des graisses à l'animal,

ses chylifères ne deviennent laclescents qu'à partir du point où la bile se déverse dans l'intestin. D'autre part, chez les animaux à fistule biliaire complète, l'absorption des graisses est notablement entravée (voy. ci-dessous).

In vitro, l'action lipolytique du suc pancréatique est considérablement renforcée si on ajoute de la bile. La bile chauffée a le même pouvoir.

v.b.

Fig. 29.

Fistule cholecysto-intestinale (A. Dastre).

V. b, vésicule biliaire; i, intestin.

Du rapprochement de ces observations et de celle de Cl. Bernard, il résulte que les deux liquides, la bile et le suc pancréatique, coopèrent à la digestion des graisses. Au rôle digestif de la bile on peut rattacher son rôle dans l'absorption. L'expérience de Cl. Bernard et celle de Dastre rapportées cidessus et les observations faites sur les animaux porteurs d'une fistule biliaire, que l'on trouvera résumées un peu plus bas, démontrent suffisamment cette influence. Celle-ci ne tient pas à la propriété que présente la bile d'émulsionner les graisses; les graisses ne paraissent pas être absorbées à l'état d'émulsion. Mais la bile a la propriété de dissoudre les acides gras, non seulement par ses sels spéciaux, mais aussi par les colloïdes qu'elle contient et tout particulièrement par sa pseudo-mucine ; d'ailleurs les dilutions colloïdales autres que la bile, présentes dans le liquide intestinal, ont aussi le pouvoir de dissoudre les acides gras (expériences de G. Rossi, 1907); et la dissolution de ces corps rend possibles entre eux et les cellules intestinales des échanges qui, hors de cette condition, ne s'accompliraient point. De même, la bile dissout facilement les savons. b. ACTION ANTISEPTIQUE. Si la bile se putréfie aisément, toujours est-il qu'en milieu acide elle résiste, au contraire, à la putréfaction; bien plus, elle empêche celle-ci. Or, le contenu du duodénum et de près de la moitié de l'intestin grêle présente une réaction acide

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1. En débarrassant la bile de sa pseudo-mucine on voit diminuer son pouvoir dissolvant pour les acides gras (expériences de Moore et Rockwood, 1897 et de G. Rossi, 1907).

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