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ce que l'on sait de la nature des hématolysines qu'ils contiennent; on a eu soin de remarquer (p. 100) qu'il y a des hématolysines sans doute moins complexes, agissant indépendamment de toute sensibilisatrice; il y a même des sérums directement hématolytiques.

C. COMPOSITION DES GLOBULES ROUGES. Le tableau de la page 296 indique cette composition en général.

Quelques particularités sont à signaler: d'abord la pauvreté des globules en eau; le tissu musculaire contient 75 p: 100 d'eau et le tissu nerveux 78 p. 100; il y a là un indice de la faible activité des échanges dans les globules rouges, l'activité des échanges étant en rapport avec la richesse en eau des éléments anatomiques; ensuite ce fait intéressant, que la matière minérale caractéristique de l'hématie est le potassium (environ 08,3 p. 100 sous forme de phosphate de potasse), tandis que le plasma contient surtout des sels de soude (environ 08г,4 p. 100); en troisième lieu, la présence du fer; cet élément se trouve exclusivement lié à la miatière albuminoïde spéciale dont nous allons parler, à l'hémoglobine. — Ajoutons que les acides dosés dans les cendres des hématies ne suffisent pas à saturer les bases; on doit penser qu'une partie de celles-ci est combinée à l'acide carbonique et aux substances protéiques.

Au point de vue de sa constitution chimique, le globule rouge est formé d'une globuline ou plus probablement d'une nucléoprotéide (avec de la lécithine et de la cholestérine) et d'une matière protéique du groupe des chromoprotéides (voy. p. 40), l'hémoglobine, à laquelle il doit sa couleur. Par l'action de l'eau, les globules se décolorent ; puis on dirait qu'ils disparaissent; en réalité, la matière colorante s'est dissoute, comme on l'a dit plus haut, et le corps même de l'élément est incolore. Le globule est donc composé d'un stroma (réticulum protoplasmique) chargé de matière colorante. Celle-ci, qui constitue, somme toute, une substance élaborée par l'hématie, s'y trouve très probablement à l'état dissous entre les mailles du réseau protoplasmique (stroma). Le stroma est à la matière colorante comme 1 est à 10-12.

Cette dernière se présente sous deux formes, l'une, de couleur rouge vif, très abondante dans le sang artériel, l'oxyhemoglobine, l'autre, l'hémoglobine, de couleur rouge foncé, qui se trouve mélangée à la première dans le sang veineux et qui existe seule dans le sang asphyxique. L'oxyhémoglobine résulte de l'union de l'oxy gène avec l'hémoglobine.

d. OXYHEMOGLOBINE ET HEMOGLOBINE1.

C'est le constituant princi

1. C'est le chimiste allemand Hünefeld qui, en 1840, a aperçu le premier les cristaux du sang, c'est-à-dire l'oxyhemoglobine cristallisée, fortuitement il est vrai. Ce n'est que depuis les travaux de Hoppe-Seyler (1866-1871) que l'oxyhemoglobine et l'hémoglobine ont commencé d'être bien connues; ces noms mêmes sont dus à Hoppe-Seyler.

pal, spécifique, des hématies. Ce n'est cependant pas un principe immédiat, ce n'est qu'un produit du globule. Elle se trouve dans le sang de tous les Vertébrés et chez quelques Invertébrés.

La quantité est variable suivant les espèces. Les globules à noyaux en contiennent moins que les globules anucléés. Les globules des petits animaux en ont davantage, sans doute parce que ces animaux, en raison de leur plus grande surface relative (voy. p. 156), ont à produire plus de chaleur et par conséquent doivent avoir des oxydations plus actives. 100 grammes de sang d'homme contiennent 138,6 d'hémoglobine'; d'où il suit que, pour les 5 litres de sang d'un homme de poids moyen, il y en a 680 grammes.

Préparation de l'oxyhemoglobine. On prépare l'oxyhemoglobine en séparant les globules du plasma ou du sérum par la centrifugation, les lavant avec une solution de chlorure de sodium, puis les laquant par addition d'eau et d'éther. L'oxyhemoglobine cristallise de la solution ainsi obtenue. Il faut que le traitement par l'eau et l'éther et la cristallisation, qui est longue à se faire, s'opèrent à froid, car l'oxyhemoglobine s'altère à l'air au-dessus de 0°.

Composition de l'oxyhemoglobine. On a déterminé la composition de la substance ainsi préparée, c'est-à-dire pure.

C'est une matière albuminoïde très complexe, cristallisable (voy. p. 34), à molécule énorme, la formule la plus plausible de l'oxyhemoglobine du cheval, par exemple, étant actuellement C712H1130 Az214S2FeO245 et celle de l'oxyhemoglobine du chien C758H1203 Az195S3 Fe0218. Elle résulte de l'union d'une matière colorante brune, azotée, ferrugineuse, l'hématine, C2H32Az O Fe, avec une substance albuminoïde, la globine (voy. p. 36 et 40). En effet, sous l'influence de divers agents, en particulier des acides minéraux, même étendus, ou des alcalis, l'oxyhemoglobine se décompose en ces deux corps. La globine, considérée d'abord comme une globuline, appartiendrait au groupe des histones (Fr. Schulz, 1898). On trouvera plus loin quelques indications sur l'hématine.

Le fer est l'élément caractéristique de la matière colorante du sang 2; celle-ci en contient 0,29 0,33 p. 100. Il y a à peine 3 grammes de fer dans la masse entière du sang. La signification physiologique de cet élément est très importante; c'est un puissant agent d'oxydation; on sait par exemple que l'oxyde ferrique Fe2O3, en pré

1. 100 grammes de sang de femme en contiennent un peu moins, 13 grammes environ.

2. Dans le sang de plusieurs Crustacés et Mollusques gastéropodes et céphalopodes, le cuivre (voy. p. 15) remplace le fer dans une substance analogue à Themoglobine, de couleur bleue, cristallisable et qui forme une combinaison lâche avec l'oxygène (oxyhémocyanine de L. Fredericq). 1 gramme d'hémocyanine ne fixe que o d'oxygène, quatre fois moins que l'hémoglobine (voy. p. 311).

sence de matières organiques, les oxyde lentement il abandonne ainsi une partie de son oxygène et passe à l'état d'oxyde ferreux Fe0; au contact de l'air l'oxyde ferreux s'oxyde et le ferrique est régénéré. Le fer, dans la molécule d'hémoglobine, joue sans doute ce rôle de fixateur de l'oxygène; en effet, la partie ferrugineuse de l'hémoglobine, transformée en hématoporphyrine (voy. plus loin), c'està-dire privée de fer, ne peut

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Fig. 34.

b

Cristaux d'oxyhemoglobine (d'après l'histologiste allemand Frey) :

d

a et b, de l'homme; e, du chat; d, du cochon d'Inde; e, du hamster; f, de l'écureuil.

plus se combiner à l'oxy-
gène.

Propriétés de l'oxyhemoglo-
L'oxyhemoglobine

bine.

du sang de l'homme cristallise en prismes du système orthorombique (fig. 34).

Suivant les espèces animales la cristallisation se fait plus ou moins facilement et la forme des cristaux diffère (fig. 34). D'où l'on a justement inféré qu'il existe des oxyhémoglobines diverses, quoique très voisines les unes des autres. Ce qui prouve en effet leur étroite parenté, c'est qu'un de leurs caractères essentiels, leur spectre d'absorption, que nous allons étudier, est le même pour toutes et, d'autre part, que par leur décomposition elles donnent toutes la même substance ferrugineuse, l'hématine.

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L'oxyhemoglobine présente un spectre d'absorption caractéristique. Hoppe-Seyler, le premier (1862), appliquant à l'étude du sang le procédé de l'analyse spectrale découvert par les physiciens allemands Kirchhoff et Bunsen, a démontré que, lorsqu'on regarde à travers un prisme (spectroscope), sous une faible épaisseur (1ce), une solution de sang artériel très étendue (contenant 1 p. 1000 d'oxyhémoglobine), éclairée par la lumière solaire ou par la flamme d'une lampe, au lieu d'observer le spectre lumineux ordinaire, on voit ce spectre interrompu par deux larges bandes obscures placées comme

l'indique la figure 35. C'est ce qu'on appelle le spectre d'absorption du sang oxygéné; il est constitué essentiellement par deux bandes très sombres et très nettes dans la partie jaune vert (B, fig. 35), dont l'une est un peu plus large et un peu moins sombre (c'est celle qui est au voisinage de la raie E). Lorsque la teneur de la solution en oxyhémoglobine augmente, l'épaisseur sous laquelle on l'examine restant constante (1), toute la région indigo et bleue du spectre est absorbée et les deux bandes d'absorption, devenant plus larges, se rapprochent

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Fig. 35.

Absorption de certaines régions du spectre par des dissolutions sanguines.

A, B, C, etc., raies de Fraunhofer.

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B, sang artériel oxygéné (deux bandes d'absorption entre les raies D' et E de Fraunhofer, c'est-à-dire dans le jaune du spectre). C, sang artériel en dissolution plus concentrée (absorption de tous les rayons à partir de la raie F, c'est-à-dire du bleu). D, dissolution plus concentrée encore.

E, sang veineux, sang réduit; raie de réduction près de la raie D de Fraunhofer (c'est-àdire dans le jaune).

l'une de l'autre et en même temps des raies D et E. Lorsque la quantité d'oxyhemoglobine dissoute est d'environ 6,5 p. 1 000, il se produit une extinction à peu près complète de tous les rayons les plus réfrangibles à partir du bleu ou de l'indigo (depuis la raie F) et les deux bandes d'absorption se confondent en une bande unique (C, fig. 34). Lorsque la quantité d'oxyhemoglobine s'élève à environ 8,5 p. 1000, toujours sous la même épaisseur, alors il y a absorption totale du spectre, de l'orangé au violet, le rouge et le rouge orangé seuls n'étant point absorbés (D, fig. 35). Le spectre à deux bandes comprises entre les raies D et E du spectre solaire n'est donc caractéristique que des solutions d'oxyhémoglobine convenablement diluées. Le sang en nature, convenablement étendu d'eau, présente le

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même spectre. La sensibilité de cette méthode est très grande. L'oxyhemoglobine est soluble dans l'eau et dans les alcalis très dilués; sa solubilité est différente suivant sa provenance (suivant l'espèce animale qui l'a fournie). Cette solution s'altère très aisément; abandonnée à l'air, à la température ordinaire, elle s'altère, comme on l'a dit (p. 307) et se transforme lentement en hémoglobine (voy. plus loin). Les substances réductrices, en solution neutre ou légèrement alcaline, comme le sulfure d'ammonium, transforment l'oxyhemoglobine en hémoglobine (oxyhemoglobine réduite).

Procédés de dosage de l'oxyhemoglobine. Ils sont fondés soit sur ses propriétés (procédés physiques), soit sur des particularités de sa composition (procédés chimiques). Procédés physiques: 1o en se dissolvant, l'oxyhemoglobine donne à l'eau une couleur plus ou moins vive suivant sa concentration dans ce liquide; par l'intensité de cette coloration, par comparaison avec celle d'une solution d'hémoglobine, on peut mesurer la quantité d'oxyhemoglobine (méthode colorimétrique de Hoppe-Seyler) ; 2o d'après la quantité de lumière absorbée dans une région déterminée du spectre et d'après les rapports qui existent entre cette absorption et la concentration de la solution colorée absorbante, on calcule la quantité d'oxyhemoglobine de la solution; il existe en effet une loi reliant l'absorption de la lumière par les solutions colorées à la concentration de ces solutions; les appareils qui permettent de déterminer la quantité de lumière absorbée s'appellent des spectrophotomètres. La méthode spectrophotométrique substitue à l'analyse spectrale qualitative une analyse spectrale quantitative; c'est la seule méthode qui permette le dosage simultané de l'oxyhemoglobine et de l'hémoglobine. Procédés chimiques: 1o comme l'oxyhemoglobine est la seule matière ferrugineuse du sang, d'après la quantité de fer (dosage du fer) contenue dans un volume donné de sang. on peut calculer la quantité d'oxyhemoglobine de ce même volume de sang; - 20 on peut extraire et doser tout l'oxygène fixé par une quantité de sang donnée, fortement agitée au contact de l'air (la matière colorante du sang fixe dans ces conditions le maximum d'oxygène; c'est ce que l'on a appelé la capacité respiratoire du sang), et, d'après cette quantité, on calcule la quantité d'oxyhémoglobine; 1 gramme d'oxyhémoglobine abandonne 4cc,34 d'oxygène (à 0o et à 760 millimètres de pression).

L'hémoglobine est la matière colorante du sang, avec de l'oxygène en moins. Nous avons vu en effet que les agents réducteurs transforment l'oxyhemoglobine en hémoglobine. Inversement, celleci se transforme avec les plus grandes facilité et rapidité en oxyhémoglobine au contact de l'air (par fixation de l'oxygène de l'air).

Fixation de l'oxygène par l'hémoglobine et dissociation de l'oxyhémoglobine. C'est là le caractère essentiel et la propriété fondamentale de l'hémoglobine. On s'est efforcé de déterminer la quantité d'oxygène qu'absorbe 1 gramme d'hémoglobine pour donner l'oxy

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