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Le refroidissement à 26o-24° a pour effet de ralentir le rythme du cœur et de faciliter par cela même l'observation.

a. MOUVEMENT D'ENSEMBLE DU COEUR. Pendant la systole ventriculaire, le cœur, dans son ensemble, subit un mouvement de torsion autour de son axe vertical, torsion de gauche à droite et d'arrière en avant. Cette torsion a comme conséquence directe de découvrir davantage le ventricule gauche et d'amener sa surface en avant. La pointe du cœur se trouve elle-mème, par le fait de ce mouvement, légèrement redressée et poussée contre la paroi thoracique. Ce n'est pourtant point là la cause effective de la pulsation cardiaque, comme on le verra plus loin.

b. CHANGEMENTS D'ASPECT. Les modifications d'aspect des cavités cardiaques, au cours de leur systole et de leur diastole, ne peuvent S'observer que sur les animaux à sang froid.

Si l'on met à nu le cœur d'une grenouille, on voit le ventricule prendre une couleur rouge foncé, au fur et à mesure de sa réplétion progressive, c'est-à-dire pendant sa diastole. Pendant sa systole, au fur et à mesure de l'évacuation sanguine, le ventricule perd sa coloration vive et devient de plus en plus pâle. Chez les Mammifères ces phénomènes ne se produisent pas parce que le cœur est irrigué par des vaisseaux (artères coronaires) qui ne se vident pas pendant la systole.

C. CHANGEMENTS DE FORME. — Les modifications de forme des ventricules, au cours de la révolution cardiaque, présentent un grand intérêt. Les cavités ventriculaires, pendant leur diastole, ont une forme générale conique qui devient, pendant leur systole, exactement globuleuse.

Tandis que, pendant la diastole, la coupe de la base des ventricules est elliptique, cette même coupe prend une forme circulaire pendant la systole, comme le montre la figure 52.

La transformation des cavités ventriculaires en sphères creuses pendant leur activité a un effet mécanique, qui doit être mis en évidence. La théorie démontre et l'expérimentation mécanique prouve que, de deux cavités de même volume, la cavité de forme sphérique, qui a une plus petite surface, aura le moins d'efforts à produire pour vaincre une même résistance. La forme prise par les ventricules en activité est donc une adaptation à leur travail dans les conditions de rendement les plus favorables.

Ces modifications de forme entrainent nécessairement des modifications corrélatives des diamètres des ventricules. Les diamètres vertical et transverse (de droite à gauche) se trouvent diminués, le premier par le fait mème du raccourcissement, des fibres ventri

culaires contractées, le second par suite de la forme globuleuse prise pendant leur systole par les ventricules. Le diamètre antéro-posté

a b

Fig. 52. Coupe schématique du ventricule (d'après Longet 1): a, en diastole; b, en systole.

rieur est au contraire augmenté, en raison même de la forme globuleuse qu'a prise le ventricule. Une conséquence importante dérive immédiatement de ce dernier fait, et c'est le contact plus intime avec la paroi thoracique de la masse ventriculaire pendant sa systole. Cette particularitéjoue un grand rôle dans le mécanisme de la pulsation cardiaque.

Les

d. CHANGEMENTS DE VOLUME. modifications de volume du cœur sont nettement saisissables à l'œil sur les animaux à sang froid.

Sur le cœur de tortue ou de grenouille on voit très bien l'augmentation de volume des oreillettes et celle des ventricules pendant leur diastole, leur diminution de volume pendant la systole. Chez les Mammifères (cobayes, lapins, chiens), sujets ordinaires des expériences, les modifications volumétriques des cavités cardiaques sont moins nettement visibles à l'observation directe, mais peuvent être facilement étudiées par la méthode graphique.

Cette étude constitue la plethysmographie2 cardiaque ou inscription des changements de volume du cœur. Sur les tracés obtenus les lignes ascendantes traduisent les augmentations de volume du cœur (diastoles) et les lignes descendantes les phases d'évacuation cardiaque (systoles ventriculaires). Ce sont donc des tracés inverses de ceux que donnent les sondes cardiaques (voy. p. 359) ou les cardiographes (voy. plus loin).

Les modifications volumétriques du cœur, et surtout sa diminution de volume pendant la systole ventriculaire, ont un retentissement sur le poumon, intéressant à connaître pour le médecin. En effet, toute diminution volumétrique du coeur devient une force d'aspiration vis-à-vis de la paroi de la lame pulmonaire immédiatement en contact avec le cœur, ou la plus voisine de lui. Il en résulte secondairement une entrée d'air dans cette lame pulmonaire subitement distendue, et le courant d'air intra-alvéolaire peut être assez intense pour donner lieu à la production d'un souffle. Ces souffles, qui n'ont en rien affaire avec des lésions du cœur, sont dits pour cette raison ea tracardiaques.

Les mouvements d'expansion pulmonaire qui leur donnent naissance sont appelés cardio-pneumiques, pour bien marquer leur origine cardiaque. Ils

1. F.-A. Longet (1811-1871), connu surtout par ses recherches sur le système nerveux central et sur les nerfs craniens, fut professeur de physiologie à la Faculté de médecine de Paris. Son Traité de physiologie (3 vol. in-8o, 3o édition, Paris, 1873 est encore très utile à consulter.

2. De marbusuig, accroissement, augmentation de volume, et rape, j'écris.

sont assez importants pour pouvoir être enregistrés à l'état normal. Pour cela, chez un individu qui maintient la glotte ouverte, en même temps qu'il prend soin de ne faire aucun mouvement respiratoire, on introduit par l'une des narines (l'autre étant exactement fermée) ou par la bouche (les deux narines alors fermées) une canule reliée par un tube de conduction assez court à un tambour à levier inscripteur. On obtient alors des tracés comme celui de la figure 53. La ligne verticale, brusquement descendante, dénote l'aspiration créée dans le poumon par la systole ventriculaire; la pulsation cardiaque se trouve ainsi traduite par un tracé négatif. Les parties ascendantes

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du tracé marquent la réplétion cardiaque progressive. Pour bien réussir ces expériences, il est nécessaire toutefois de tenir nettement et largement la glotte ouverte, sinon le tracé obtenu (en cas de glotte fermée, par exemple) n'a plus aucun rapport avec les mouvements cardio-pneumiques et devient la simple traduction du pouls des artères nasales ou buccales

e. CHANGEMENTS DE CONSISTANCE. - Les modifications de consistance du cœur, au cours

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Fig. 53. Disposition de l'expérience cardiopneumographique destinée à enregistrer les variations de pression intrapulmonaire dues aux variations de volume du cœur (pendant la suspension de la respiration). Tracé négatif de la pulsation cardiaque (L. Fredericq).

de sa révolution, se rapportent essentiellement au jeu des ventricules. Comme tout muscle qui se contracte (le biceps brachial, par exemple, dont tout le monde connait le changement de consistance), les ventricules se durcissent au moment de leur systole. Ce fait, nettement observé par Harvey, se constate très bien par le toucher, sur le cœur de l'animal vivant, soit de la grenouille ou de la tortue, soit plutôt du cobaye, du lapin, ou surtout du chien. Les parois ventriculaires, molles et dépressibles pendant la diastole, deviennent dures et fermes pendant la systole. « Il suffit d'avoir pu toucher le cœur d'un animal vivant pour avoir une idée de l'énergie de sa contraction >> (Magendie). Le durcissement du cœur pendant la systole ventriculaire est de la plus grande importance pour l'explication de la pulsation cardiaque.

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C. Signes extérieurs de la révolution cardiaque. révolution cardiaque se traduit extérieurement par deux ordres de phénomènes apparents, donc directement observables, et que, pour cette raison, le médecin met à contribution constante pour l'exploration fonctionnelle du cœur. Le premier de ces phénomènes

est la pulsation cardiaque; les bruits du cœur constituent le second. Il y a un choc et deux bruits pour chaque révolution cardiaque.

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a. PULSATION CARDIAQUE (CHOC DU COEUR). Le terme pulsation cardiaque doit être exclusivement employé, de préférence à celui de choc du cœur, qui traduit d'une façon vicieuse la nature du phénomène dont il s'agit; il n'y a pas de choc dans le sens propre du mot, puisque la pointe du cœur est en contact permanent avec la paroi thoracique. Quand avec le doigt on déprime le thorax, dans la région du quatrième ou du cinquième espace intercostal1, au niveau où, à l'inspection directe, on aperçoit quelquefois un léger soulèvement thoracique, le doigt sent un battement périodique; ce battement se reproduit, en effet, suivant un rythme régulier de 70 à 75 en moyenne, à la minute, chez l'homme adulte. C'est le battement cardiaque.

Deux problèmes se posent à quel moment précis de la révolution cardiaque correspond ce battement? Et quel est son mécanisme? Moment de la pulsation cardiaque. La méthode graphique, par les expériences fondamentales de Chauveau et Marey (1860-1863), a donné la solution du problème.

On a cette solution en reprenant et complétant l'expérience classique de cardiographie intracardiaque représentée par la figure 47.

On enregistre simultanément les variations de pression de l'oreillette droite et du ventricule droit au cours de la révolution cardiaque et, de plus, grâce à un appareil explorateur (cardiographe; voy. plus loin, p. 376) appliqué au niveau du point où l'on sent le battement cardiaque, on inserit cette pulsation en même temps que les divers phénomènes précédents. On obtient, dans ce cas, un ensemble de tracés du type de ceux représentés par la figure 54.

Dans ces conditions, on voit nettement, sur le cheval, que la pulsation cardiaque correspond à la phase active du ventricule; elle est isochrone avec la systole. C'est là ce qu'avait soutenu Harvey dans ses études sur le mouvement du cœur.

Ce n'est pas à dire que la systole auriculaire qui, pour divers cliniciens, fait partie intégrante de la pulsation cardiaque, ne se traduise sur le cardiogramme extracardiaque. Elle y retentit, comme elle retentit sur le tracé de pression intraventriculaire. De même que sur ce dernier, la systole de l'oreillette se signale sur le tracé de la pulsation cardiaque par l'ondulation so qui précède le battement. ventriculaire proprement dit. Il est à remarquer en effet, dès maintenant, que les accidents du tracé de la pulsation cardiaque reproduisent ceux du tracé de pression intraventriculaire.

1. On a trouvé (Mariannini et Namias, 1883) que le cœur, chez l'homme, bat 67 fois sur 100 dans le 4 espace et 33 fois sur 100 dans le 5, et, chez la femme. So fois sur 100 dans le 4 et 20 fois seulement dans le 5o.

Mécanisme de la pulsation cardiaque.

- A quoi tient la pulsation cardiaque? Le seul mouvement du cœur, au moment de sa systole, est un mouvement de torsion autour de son axe vertical, d'où résulte pour la pointe un léger redressement qui la porte à droite et en avant. Aussi bien, pas n'est besoin d'un mouvement proprement dit de projection du cœur contre le thorax et indirectement contre la

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1

Fig. 54. Pulsation cardiaque; graphiques obtenus au moyen de la sonde cardiaque et d'un appareil enregistrant la pulsation cardiaque (cardiographe) (expérience sur le cheval, d'après Chauveau et Marey).

O, tracé de l'oreillette droite; SO, systole auriculaire; V, tracé du ventricule droit ; P, tracé de la pulsation cardiaque.

main qui l'explore, pour expliquer la sensation de choc que donne chaque battement cardiaque.

Sur un animal (chien), dont on a ouvert la poitrine et qu'on maintient en vie par la respiration artificielle, si l'on vient à saisir le cœur dans la main ou à le déprimer simplement avec le doigt pendant le relâchement ventriculaire, on sent un brusque choc contre le doigt explorateur, au moment de la systole des ventricules. L'expérience est tout aussi nette, les phénomènes sont seulement moins intenses, sur le coeur à nu de grenouille ou de tortue.

Comme Marey l'a montré, deux conditions, qui se reproduisent justement à chaque systole ventriculaire, suffisent à expliquer la pulsation cardiaque. Ces deux conditions sont, d'une part, le contact intime qui s'établit entre le cœur et la paroi thoracique, sous l'influence de l'augmentation du diamètre antéro-postérieur de la masse des ventricules au moment de leur systole, et, d'autre part, le durcis

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