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de deux forces qui s'équilibrent, les termes par lesquels on les désigne représentent une même valeur et peuvent s'employer l'un pour l'autre.

Le premier, St. Hales 1, dès 1733, a donné de la pression intra-artérielle une détermination expérimentale en mettant directement en rapport l'artère carotide ou fémorale d'un chien avec un tube de verre, de fin calibre (non capillaire toutefois) et long de 3 mètres, maintenu verticalement; le sang s'élève dans le tube à une hauteur moyenne de 2 m. 50 et s'y maintient en présentant des oscillations; c'est donc une colonne sanguine de cette hauteur qui fait équilibre à la tension artérielle et qui par conséquent la mesure. La coagulation du sang qui se produit inévitablement dans le tube 2 limite le temps de l'expérience.

La mesure de la tension artérielle se fait actuellement dans des conditions très différentes et bien meilleures.

A. Sphygmomanométrie chez les animaux ; ses résultats. La pression artérielle est évaluée et enregistrée chez l'animal au moyen d'un manomètre inscripteur, à mercure ou élastique, mis en communication directe avec une artère (qui est d'ordinaire une carotide ou une fémorale).

a. MANOMÈTRES A MERCURE ET MANOMETRES ÉLASTIQUES. Dans l'emploi de ces appareils le premier écueil à éviter est la formation de caillots entre l'artère et le manomètre, empêchant la transmission des oscillations de la pression. On interpose dans ce but, entre le sang et l'appareil, une couche de liquide retardant la coagulation (solutions saturées de sulfate de soude ou de magnésie, par exemple).

Le type des manomètres inscripteurs à mercure 3 est le kymographe de Ludwig. Cet appareil n'est pas seulement intéressant par lui-même, mais aussi parce qu'il marque une date, celle de l'introduction en physiologie de la méthode graphique (1847). C'est le manomètre à mercure en U des phy. siciens, mais muni d'un flotteur portant une tige à l'extrémité de laquelle est fixé un style inscripteur (fig. 69). D'après ce premier type beaucoup de physiologistes ont imaginé des appareils qui l'ont plus ou moins modifié.

1. Stephen Hales (1677-1761), physicien et naturaliste anglais, s'est occupé de la circulation des sucs dans les végétaux non moins que de celle du sang chez les animaux.

2. Pour retarder la coagulation, on a soin d'introduire dans la partie inférieure du tube, celle qui est mise en rapport avec l'artère, un peu d'une solution anticoagulante (solution saturée de sulfate de soude ou de sulfate de magnésie).

3. C'est le physicien français Poiseuille qui, le premier, mit une artère en rapport avec un manomètre à mercure (1829); il donna à son instrument le nom d'hémodynamomètre (de alpa, sang, da, force, et airpov mesure); il notait la hauteur à laquelle s'élève le mercure dans la branche libre du manomètre. Le physiologiste allemand K. Ludwig eut l'idée d'inscrire les oscillations de la colonne mercurielle.

4. De xos, onde, et rpaço, j'écris.

GLEY.

Physiologic.

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Tous ces appareils ont l'avantage de fournir des graphiques qui représentent directement en centimètres de mercure la valeur absolue de la pression, à chaque moment de l'expérience.

Les manomètres élastiques sont plus maniables que les manomètres à

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mercure, et surtout plus exacts, puisque, n'ayant pas l'inertie d'une masse de mercure en mouvement, ils peuvent suivre et inscrire fidèlement les variations de la pression artérielle. Il faut seulement les graduer au préalable, ce que l'on fait en les conjuguant et les comparant, dans des conditions de fonctionnement statique, avec un manomètre à mercure. Un modèle usité est le manomètre métallique de Marey (fig. 70). Un autre manomètre élastique, qui offre l'avantage d'être de construction très simple, est le sphygmoscope de Chauveau et Marey; cet appareil se compose essentiellement d'un tube large en verre et d'un bouchon que coiffe un doigt de gant en caoutchouc; le bouchon ainsi coiffé est introduit dans le tube (voy. fig. 71). Le tube a qui traverse le bouchon est prolongé par un petit branchement en caoutchouc muni de la canule artérielle; on le relie à l'artère après avoir, au moyen du tube latéralt, chargé tout le sphygmoscope avec une solution anticoagulante. Quant au tube b, il met en communication l'enceinte aérienne du sphygmoscope avec un tambour à levier qui inscrit tous Il existe

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les mouvements d'expansion et de retrait du doigt de gant. d'autres manomètres élastiques constitués par de petites capsules dont la membrane élastique est soit une mince membrane métallique, soit une membrane de caoutchouc, c'est-à-dire toujours un corps aisément déformable, ayant peu de masse et par conséquent peu d'inertie.

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b. ÉTUDE ANALYTIQUE DE LA PRESSION ARTÉRIELLE. L'inscription de la pression artérielle fournit un tracé, sur le chien par exemple, du type de celui que représente la figure 72.

Ce tracé ne forme pas une ligne droite, mais une série d'oscillations régulières au-dessus d'un certain niveau. Ce qui conduit tout de suite à la considération d'un élément constant et d'un élément

variable de la pression

artérielle. L'élément constant, c'est la valeur minima au-dessous de laquelle ne descend pas la pression artérielle et au-dessus de laquelle se passent ses oscillations; l'élément variable est constitué justement par ces oscillations (voy. fig. 73).

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La valeur de

l'élément constant de la pression artérielle ou de la pression constante, à un moment donné, est une résultante de trois facteurs, puissance cardiaque, résistance vasculaire et quantité de sang.

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Fig. 70. Manomètre métallique élastique de Marey, conjugué à un manomètre compensateur indiquant la tension artérielle moyenne (d'après Marey).

m, cuvette métallique à parois très extensibles (cuvette de baromètre anéroïde) en communication avec l'artère par le tube de caoutchouc T et incluse dans une autre cuvette métallique, au milieu d'un liquide auquel sont transmises toutes ses alternatives d'expansion et de retrait; celles-ci à leur tour se transmettent par le tube T', plein d'air, à un tambour à levier. Ce manomètre élastique est uni à un manomètre à mercure qui porte un étranglement e à la partie inférieure de sa colonne libre; cet étranglement crée une résistance destinée à éteindre les oscillations de la tension artérielle. Le niveau auquel se maintient la colonne de mercure indique la valeur moyenne de cette tension ou tension moyenne (manomètre compensateur de Marey).

Pour bien comprendre les rapports qui lient la tension artérielle constante et à la valeur de l'impulsion cardiaque et au calibre des vaisseaux contractiles, il est nécessaire de savoir comment s'établit et se règle la tension artérielle. Supposons le cœur arrêté; on réalise expérimentalement cette condition par l'excitation du bout périphérique d'un nerf pneumo-gastrique sectionné. Le système artériel se vide alors progressivement et quasi complètement; les artères du cadavre sont, on le sait, entièrement vides de sang. La tension artérielle est donc nulle, au moment de la vacuité complète des artères. Le cœur recommence alors à battre. Considérons le système de la grande circulation. Le ventricule gauche lance une première ondée, puis une deuxième, puis une troisième, etc., qui se

logent dans l'aorte, en distendant progressivement les parois de cette artère. Mais au fur et à mesure que celle-ci se distend, sa force élastique de retrait augmentant devient une force de propulsion de plus en plus grande pour le sang qu'elle contient. Il arrive un moment où, sous l'in

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fluence des ondées ventriculaires successives, cette force de retrait élastique est devenue telle qu'elle imprime au sang artériel une vitesse assez grande pour que, entre les deux systoles, le système artériel ait évacué une quantité de sang égale à celle qui y arrive par le débit systolique. A ce moment l'équilibre entre le débit cardiaque et le débit artériel est établi; le système artériel débite entre deux systoles ventriculaires autant qu'il reçoit à chaque systole: il n'y a plus de raison pour qu'il emmagasine de nouvelle charge sanguine; son régime

de tension constante est établi. Mais il est établi évidemment pour des valeurs données du débit systolique et du rythme cardiaque, et aussi de

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la résistance à l'écoulement du sang commandée par le calibre des vaisseaux. Que l'une de ces valeurs vienne, en effet, à varier, et l'équilibre entre les débits cardiaque et artériel est rompu. Un nouveau régime de tension constante seulement le rétablira. D'après ces considérations, il est facile de se rendre compte des variations de la tension artérielle constante, en fonction des divers facteurs, débit systolique, rythme cardiaque, résis

tance vasculaire. Ces variations sont exprimées par le tableau ci-dessous :

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On voit par ce tableau que la pression artérielle constante croit ou décroit comme la puissance cardiaque, croît ou décroit comme la résistance vasculaire. Il va de soi que les variations de chaque facteur peuvent être isolées ou simultanées, de même sens ou de sens contraire et que la tension artérielle représente toujours une résultante dont on a, dans toute étude expérimentale, à dissocier les divers éléments que nous venons d'indiquer.

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Fig. 73. Élément constant et élément variable de la pression artérielle (Marey). PC, pression constante; PV, pression variable.

Une expérience classique fournit la démonstration des faits groupés dans le tableau ci-dessus. On excite le bout périphérique du pneumogastrique sectionné par un courant faradique ne produisant qu'un ralentissement ou un court arrêt des contractions cardiaques : le débit systolique devient moindre dans l'unité de temps; et l'on constate une chute de la pression artérielle que le kymographe inscrit (fig. 74). On cesse l'excitation: le cœur s'accélère, le débit systolique augmente dans l'unité de temps, la pression artérielle se relève. Voilà les facteurs cardiaques en jeu.- Excitons maintenant le bout central de ce même pneumogastrique: bien vite la pression artérielle s'élève (fig. 75). Pourquoi ? L'analyse du phénomène fait constater que l'excitation du bout central d'un nerf sensible donne lieu à un réflexe vaso-constricteur, c'est-à-dire à un resserrement du calibre des vaisseaux artériels contractiles, duquel résulte une augmentation de résistance vasculaire a l'écoulement sanguin; il s'ensuit une élévation de la tension artérielle. On cesse l'excitation du bout central du pneumogastrique : les vaisseaux resserrés reviennent à leur diamètre normal; cette dilatation produit une diminution de résistance à l'écoulement, d'où chute de la tension artérielle.

La tension artérielle constante est aussi en rapport avec la masse de sang contenue dans le système artériel. Mais ce rapport est moins étroit qu'on ne pourrait le supposer.

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