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Dans le cas d'excès de la masse sanguine, le système veineux, dont la capacité est très mobile, sert de réservoir; ainsi les injections intravasculaires, même considérables, de liquide influencent très peu la pression artérielle; c'est qu'une grande partie du liquide injecté n'arrive pas jusqu'au cœur, mais reste dans les veines ou séjourne dans le foie; et une autre partie est très vite éliminée par la sécrétion rénale (voy. p. 336). D'autre part, dans le cas de soustraction sanguine il se produit des phénomènes réflexes de vaso- constriction, c'est-à-dire de resserrement des

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Fig. 74. Chute de la pression artérielle par l'excitation du bout périphérique d'un pneumogastrique (la pression subit une chute de 92 millimètres de mercure). Chien chloralosé. PC, pression carotidienne enregistrée au moyen d'un manomètre à mercure; E, excitation du nerf par un courant induit de moyenne intensité.

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vaisseaux contractiles, qui, en augmentant la résistance à l'écoulement, compensent l'effet de chute qu'amènerait la soustraction sanguine; en même temps, par un autre phénomène d'adaptation, toutes les glandes réduisent leur sécrétion. En réalité, une saignée, à la condition toutefois d'être faite lentement, sans brusque traumatisme, même si elle est importante, laisse la pression artérielle sensiblement intacte.

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Valeur de la pression constante aux divers niveaux du système artériel et suivant l'espèce animale. La tension artérielle présente une valeur décroissante de l'origine à la périphérie du système artériel. Cette donnée résulte de la loi générale qui régit l'écoulement d'un liquide en système clos. Le fait même de l'écoulement ou de la circulation résulte de ce que les molécules du système liquide sont à une pres

sion inégale, d'où écoulement ou circulation dans le sens de la plus forte pression à la moindre pression. L'expérience physique classique des tubes piézométriques de Bernouilli rend compte de ce fait.

Voici quelques chiffres qui suffiront à montrer la décroissance de la pression artérielle au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'aorte. 0,17 centim. de mercure. 0,13

Chien.}{

Veau.

Pression dans l'aorte..

la tibiale.. (Pression dans la carotide.

.....

la métatarsienne..

0,11
0,08

La pression

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cription de la

pression arté

rielle nous a montré (fig. 72) que celle-ci n'a pas constamment la même valeur, s'il en

était ainsi, elle serait sur le tracé représentée par une ligne droite, --- mais présente une série d'oscillations de grandeur différente qui se reproduisent suivant des rythmes réguliers. L'élément variable de la pression

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Fig. 75. Augmentation de la pression artérielle par l'excitation du bout central d'un pneumogastrique
(la pression s'élève de 60 millimètres de mercure).
Chien chloralosé. - PC, pression carotidienne enregistrée au moyen d'un manomètre à mercure; - E, exci-
tation du nerf par un fort courant induit.

artérielle est constitué par l'ensemble de ces oscillations physiologiques.

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Poule (Artère sciatique).

Cheval (Artère carotide).

Chien (Artère carotide).

Cobaye (Artère carotide).

Couleuvre (Artère carotide).

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Tortue (Artère carotide).

Grenouille (Artère iliaque).

Ligne de zéro du manomètre.

Fig. 76.

Pression artérielle dans la série des Vertébrés (d'après Jolyet).

On en distingue trois sortes: 1° le premier groupe est celui des oscillations d'origine cardiaque. Chaque contraction du cœur est cause d'une brusque élévation de la pression artérielle; et sur le tracé de celle-ci se marquent toutes les systoles comme autant de variations cardiaques de la pression; -2° ces variations systoliques de la pression ne s'inscrivent pas elles-mêmes sur une ligne droite, elles s'étagent en quelque sorte le long d'oscillations plus amples (voy. fig. 72, aa, bb), oscillations respiratoires. La correspondance entre ces variations de la pression artérielle et les mouvements de la respiration est démontrée par l'inscription simultanée de ces mouvements et de la pression artérielle. Chez les animaux et chez les individus dont le cœur s'accélère au moment de l'inspiration, la pression artérielle s'élève pendant cette phase de la respiration et s'abaisse pendant l'expiration. Le chien, dont le cœur représente un type très marqué d'accélération inspiratoire, fournit un bel exemple de cette relation. Chez les animaux et chez les individus dont le cœur ne s'accélère pas au moment de l'inspiration, la pression artérielle s'abaisse pendant l'inspiration et s'élève pendant l'expiration. C'est ce que l'on observe chez le cheval, le lapin et beaucoup d'autres Mammifères. La raison en est que, toutes choses restant égales du côté du cœur, il se produit, sous l'influence de l'augmentation inspiratoire de l'aspiration thoracique, une diminution de pression à l'intérieur de tous les organes thoraciques, y compris les gros trones artériels; de plus, la déplétion veineuse qui se fait à ce même moment entraîne, par appel du sang artériel, une déplétion des artères; ces deux causes s'ajoutent pour faire tomber la pression artérielle pendant l'inspiration. Dans le cas des animaux et des individus dont le rythme cardiaque présente une accélération respiratoire, la diminution de pression, d'origine mécanique, à l'inspiration se trouve contre-balancée par l'effet de l'accélération cardiaque; celui-ci est même assez puissant pour renverser le sens du phénomène ; 3o si enfin on examine sur le tracé de la figure 72 tous les sommets des oscillations respiratoires de la pression artérielle, on voit qu'ils ne sont pas situés sur une ligne droite, mais que leur jonction par une ligne continue révèle des ondulations peu amples, mais très étendues. C'est là un troisième groupe d'oscillations de la pression artérielle, d'origine vaso-motrice 1. Elles sont indépendantes de la respiration, ear on les observe chez le chien curarisé soumis à une respiration artificielle régulière. On admet qu'elles représentent des modifications de la tonicité des artérioles, qui se produisent normalement suivant un rythme lent et avec peu d'amplitude.

1. Il ne faut pas confondre ces oscillations avec d'autres variations vasomotrices de la pression artérielle, dites ondulations de Traube-Hering, qui s'étudient dans des conditions expérimentales particulières chez le chien (ouverture large du thorax et de l'abdomen, section des pneumogastriques et des phréniques) et qui consistent en une chute de pression durant les efforts d'inspiration et une élévation au moment de l'expiration, c'est-à-dire en des phénomènes inverses de ceux que l'on observe d'ordinaire chez le chien. Ces oscillations sont dues à une augmentation de la tonicité artérielle pendant l'expiration, à une diminution pendant l'inspiration; elles sont donc vaso-motrices, mais par leur mécanisme, et non par leur origine qui est respiratoire, puisqu'elles sont isochrones aux mouvements de la respiration.

Rapports de l'élément constant et de l'élément variable de la pression artérielle. On considère en général ces deux éléments comme variant en sens inverse l'un de l'autre; plus la pression constante est élevée, moindre est l'amplitude de ses oscillations, c'est-à-dire plus faible est la pression variable et réciproquement. Mais c'est là une question complexe que nous retrouverons à propos des rapports du pouls avec la pression artérielle; nous l'étudierons alors (voy. p. 426).

B. Sphygmomanométrie chez l'homme.

L'exploration de

la pression artérielle ne se pratique chez l'homme que dans des conditions imparfaites, puisqu'elle ne peut s'effectuer qu'indirectement à travers les tissus. On la mesure cependant en vertu de deux principes que nous allons indiquer.

1o Le premier et le plus simple est que la compression exercée sur un vaisseau par un fluide extérieur, nécessaire pour aplatir le vaisseau et ainsi empêcher, au-dessous du point comprimé, la transmission des ondes qui le parcourent, est égale à la pression qui détermine la progression de ces ondes à l'intérieur même du vaisseau.

Marey, le premier, a montré la possibilité de l'application de ce principe à la mesure de la pression artérielle. S. K. von Basch1, ensuite, imagina un appareil où la contre-pression exercée par l'eau était transmise à un manomètre à mercure. Potain a modifié et perfectionné cet appareil en substituant l'air à l'eau et un manomètre métallique anéroïde au manomètre à mercure (voy. fig. 77).

Ce sphygmomanomètre, d'emploi commode, est très souvent utilisé en clinique. L'ampoule qui le constitue essentiellement est appliquée sur l'artère, d'ordinaire la radiale, et comprimée progressivement jusqu'à ce que les battements ne soient plus sentis en aval. Le nombre indiqué par le manomètre à ce moment est considéré comme donnant la valeur de la pression artérielle.

2o L'autre principe sur lequel repose la mesure de la pression artérielle chez l'homme est le suivant: pour une pression extérieure contre-balançant exactement la pression interne qui distend les parois artérielles, les oscillations de ces parois ont leur maximum d'amplitude; à ce moment, en effet, les parois des artères se trouvent dans une situation d'équilibre (une pression égale s'exerçant sur chacun de leurs côtés) qui leur permet, pour un même ébranlement ondulatoire, la vibration la plus grande.

1. S. S. K. von Basch (1837-1904), médecin et physiologiste autrichien, a fait de très intéressants travaux sur l'innervation de l'utérus, de l'intestin, sur la pression artérielle, etc.

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