Imágenes de páginas
PDF
EPUB

qui s'exercent sur l'un et sur l'autre. Aussi bien, les lymphatiques ne sont-ils pas comparables pour leur disposition générale et pour leur rôle aux vaisseaux veineux 1? Cette analogie se poursuit encore plus loin, puisque dans les deux systèmes de vaisseaux la direction du courant est due au même dispositif anatomique, à la présence de valvules qui empêchent le liquide, subissant l'action de la force qui le fait cheminer, de progresser vers la périphérie, mais le forcent à aller toujours du côté du cœur (voy. p. 438 ce qui

[graphic][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed]

Fig. 124. Dilatation de la citerne de Pecquet par l'excitation du bout périphérique d'un nerf splanchnique (L. Camus et E. Gley, 1894).

Chien de 15 kilogrammes, curarisé, et dont la masse gastro-intestinale a été enlevée pour que les réactions de la citerne ne puissent être attribuées qu'à ses mouvements propres. S, secondes; - ESpl, excitation faradique du splanchnique gauche;- PrL, pression dans la citerne; A, pression dans l'aorte; cette pression, au début du tracé, est de 133 millimètres de mercure. - En+, on a accéléré la vitesse du cylindre enregistreur.

a été dit du rôle des valvules veineuses). Les valvules existent dans tous les lymphatiques, les chylifères compris.

[merged small][ocr errors]

Phénomènes intimes de la circulation dans les lymphatiques. Pression et vitesse de la lymphe.

La pression sous laquelle la lymphe progresse et la vitesse de cette progression sont trop variables d'après la quantité de lymphe

1. Ranvier a montré qu'on peut considérer le système lymphatique comme une immense glande vasculaire ayant son origine embryologique dans le système veineux et déversant dans les veines son produit de sécrétion.

produite dans les divers organes et suivant toutes les causes qui viennent d'être passées en revue et dont il est quasi impossible de mesurer simultanément la valeur respective, pour que l'on ait pu obtenir des chiffres moyens. Dans les lymphatiques du cou, chez le chien et chez le cheval, la pression est en général de 10 à 20 millimètres d'une solution de soude. La vitesse de la lymphe est beaucoup moindre que celle du sang dans les veines de même grosseur.

3. Innervation des vaisseaux lymphatiques.

Le cours de la lymphe peut être modifié par les contractions des vaisseaux lymphatiques.'.

Ces vaisseaux en effet sont contractiles. Dès 1622, Aselli avait remarqué que les chylifères, qu'il venait de découvrir (voy. p. 280), disparaissent sous l'influence de l'exposition à l'air. On a constaté à maintes reprises

[graphic][subsumed][subsumed]

Fig. 125.

Dilatation du canal thoracique par l'excitation du sympathique thoracique, accélération de l'écoulement de la lymphe (L. Camus et E. Gley, 1895). Chien de 22 kilogr., à bulbe sectionné. ·S, secondes ; Ex. Sy, excitation du bout inférieur du sympathique thoracique, au-dessous du ganglion étoilé ; C. th., écoulement dans le canal thoracique.

On s'est assuré que, pendant l'escitation, la pression carotidienne et la pression jugulaire latérale ne se modifient pas.

que les excitations mécaniques, électriques et chimiques amènent le resserrement des chylifères ou d'autres conduits lymphatiques et du canal thoracique. Quelques expériences de ce genre ont même été faites avec succès sur le canal thoracique de l'homme (chez des suppliciés).

Cette contractilité des vaisseaux lymphatiques est sous l'influence du système nerveux. Les faits relatifs à cette notion sont loin d'être aussi nombreux et aussi bien systématisés que ceux qui concernent l'influence du système nerveux sur les vaisseaux artériels, ils sont

1. Chez les Vertébrés inférieurs, Reptiles et Batraciens, divers Poissons, il existe sur le trajet des lymphatiques des réservoirs contractiles qui présentent des mouvements rythmiques et auxquels pour cette raison on a donné le nom de cœurs lymphatiques; ces organes musculaires possèdent un appareil nerveux. Chez la grenouille, par exemple, il y a quatre cœurs lymphatiques, un à la racine de chaque membre. Les contractions de ces organes font naturellement progresser le liquide qu'ils reçoivent.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

néanmoins suffisants pour qu'on puisse affirmer déjà l'importance de l'innervation lymphatico-motrice.

On a d'abord vu que l'excitation électrique des nerfs mésentériques provoque le resserrement et celle du splanchnique la dilatation des chylifères, sur un chien en digestion; mais c'est surtout l'innervation de la citerne de Pecquet et du canal thoracique qui a été étudiée. Les splanchniques contiennent des fibres dilatatrices pour la citerne (voy. fig. 124) et le sympathique thoracique contient des fibres dilatatrices pour le canal thoracique (voy. fig. 125) (chez le chien). On peut cependant aussi, par le moyen de l'excitation due à l'asphyxie (voy. p. 478), démontrer la présence de quelques filets constricteurs dans ces deux nerfs.

Or, le resserrement ou la dilatation du canal thoracique empêche ou facilite le cours de la lymphe (fig. 125). Quant à la citerne de Pecquet, si, par la contraction de ses parois, elle se vide plus ou moins brusquement, elle fait passer une grande partie de la lymphe qu'elle contient dans le canal thoracique et, si elle se dilate, il s'écoule beaucoup moins de lymphe.

Aux causes accessoires de la circulation lymphatique indiquées tout à l'heure, vient donc s'ajouter la contractilité même des conduits dans lesquels s'écoule la lymphe, contractilité régie par le système nerveux. On est également en droit de penser que des influences nerveuses peuvent faire varier la quantité de lymphe dans un territoire donné, comme la quantité de sang. Mais il est clair que ce facteur est de peu d'importance en comparaison du facteur essentiel qui règle l'écoulement de la lymphe; cette cause essentielle, on l'a vu, c'est la production même de la lymphe, d'où dépend directement la pression sous laquelle celle-ci progresse, cette pression étant d'autant plus forte et par conséquent le débit de la lymphe d'autant plus considérable que la production est plus active.

CHAPITRE IV

RESPIRATION

Le sang que les vaisseaux artériels portent dans tous les organes doit, pour entretenir la vie, être oxygéné. Beaucoup des phénomènes chimiques qui se passent dans les ètres vivants peuvent en effet être assimilés à des oxydations. C'est ainsi que les matières hydrocarbonées et les graisses que l'alimentation fournit à l'organisme sont brûlées pour entretenir dans cet organisme l'énergie calorifique et mécanique qu'il manifeste.

La respiration est la fonction par laquelle l'organisme reçoit constamment l'oxygène nécessaire à ses combustions et, d'autre part, se débarrasse des produits gazeux qui sont des déchets de son activité chimique.

De là l'universalité de cette fonction. Tous les êtres vivants respirent, c'est-à-dire absorbent de l'oxygène et éliminent de l'acide carbonique. Une remarque est cependant à faire ici. Tous les ètres vivants ont besoin d'oxygène, mais les uns ont besoin d'oxygène libre et d'autres sont capables d'utiliser l'oxygène combiné. Dans le premier cas, la respiration est aérobie; dans le second cas, elle est anaerobie (L. Pasteur). Seuls, des ètres monocellulaires, comme diverses levures, sont anaérobies.

C'est à Lavoisier qu'est due la fondation de la théorie exacte de la respiration. Un siècle auparavant, J. Mayow avait bien émis l'idée que les corps en combustion et le sang dans la respiration fixent un principe aérien particulier, mais cette idée, que d'ailleurs des expériences ne vinrent pas appuyer, ne retint point les esprits. Ce sont les expériences de Lavoisier qui assimilèrent la respiration à une combustion. « La respiration, dit l'illustre chimiste, n'est qu'une combustion lente de carbone et d'hydrogène qui est semblable, en tout, à celle qui s'opère dans une lampe ou dans une bougie allumée. Sous ce rapport, les animaux qui respirent sont de véritables corps combustibles qui brûlent et se consument. »

Lavoisier croyait que la combustion respiratoire s'opère dans le poumon mème. Les premiers, Spallanzani, puis William Edwards2

1. J. Mayow (1645-1679), médecin et chimiste anglais.

2. W.-F. Edwards (1777-1842), physiologiste français, a fait aussi d'excellents travaux d'anthropologie. Ses principales recherches physiologiques sont réunies

(voy. p. 576) montrèrent que les oxydations se font au niveau des tissus. Par conséquent l'oxygène est simplement absorbé dans les poumons par le sang qui le porte aux tissus et qui, d'autre part, ramène des tissus aux poumons l'acide carbonique produit au niveau des capillaires généraux. Le sang, dans les organismes supérieurs, est l'intermédiaire nécessaire entre les tissus et le milieu extérieur. Les échanges gazeux respiratoires, dans ces organismes, doivent donc être considérés comme la somme des échanges respiratoires qui se passent dans les éléments cellulaires constitutifs de ces organismes. De là il résulte que la fonction respiratoire comprend deux grandes phases. On appelle respiration externe ou pulmonaire l'ensemble des actes par lesquels l'oxygène pénètre du milieu extérieur dans le sang (milieu intérieur) et l'acide carbonique s'élimine du milieu intérieur. La respiration interne ou des tissus consiste dans les échanges gazeux qui se font entre le sang et les éléments anatomiques.

[blocks in formation]

Le poumon peut être schématiquement considéré comme un double sac à paroi très mince, dont la surface interne est multipliée par une foule de petites logettes (alvéoles) serrées les unes contre les autres et sur laquelle se ramifie le réseau capillaire le plus étendu de tout l'organisme. Cette surface sanguine n'est séparée de l'air extérieur que par une membrane extrêmement mince, l'endothélium vasculaire, qui est recouvert par une seule couche de cellules épithéliales lamellaires, l'épithélium pulmonaire. Ainsi se trouvent réalisées les conditions les plus favorables à l'échange de gaz qui doit se faire dans les poumons: une très grande quantité d'air entre en contact intime avec une très grande quantité de sang, incessamment renouvelée.

La respiration dite externe consiste dans cet apport d'air et dans les échanges qui ont lieu entre l'air et le sang. Elle comprend donc des phénomènes de deux ordres, les uns, mécaniques, qui sont la condition de l'apport d'air, et les autres, physico-chimiques, qui en sont le résultat. De plus, il faudra, comme en toute fonction, considérer le rôle du système nerveux dans le maintien constant et la régulation des phénomènes respiratoires.

en un volume (De l'influence des agents physiques sur la vie, in-8, Paris, 1824) d'une grande importance historique et dont la lecture est encore extrêmement instructive.

« AnteriorContinuar »