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ambiant, peut prendre chez les animaux à sang froid, comme les Batraciens, les Reptiles, dans certaines conditions, une grande importance et arriver à suppléer même la respiration pulmonaire. Chez les animaux à sang chaud les échanges entre la peau et l'atmosphère extérieure sont très réduits et ont une valeur quasi nulle par rapport aux échanges pulmonaires. Les tableaux ci-dessous. donnent ces rapports:

CO2 exhalé par la peau et l'ensemble de l'organisme en 24 heures (Regnault et Reiset).

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CO2 exhalé par la peau et le poumon chez l'homme en 24 h. (Scharling),

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Les troubles de la respiration sont multiples. On peut les diviser en mécaniques et chimiques.

Les premiers sont dus aux modifications de pression de l'air respiré, augmentation ou diminution de pression; il a été déjà parlé (voy. p. 534) de l'influence des variations de la pression atmosphérique sur la respiration. Les troubles d'origine chimique concernent surtout l'asphyxie.

Asphyxie1. - Toutes les fois que l'hématose diminue, par défaut dans l'absorption d'oxygène ou dans l'élimination de l'acide carbo

1. De privatif et ses pouls. Le sens étymologique du mot, c'est-à-dire perte ou privation du pouls, est donc relatif à l'effet final du phénomène et ne désigne nullement le phénomène lui-même, dont les anciens médecins ne pouvaient connaitre la cause.

nique, la dyspnée se produit. Par cette exagération de l'amplitude des mouvements respiratoires l'organisme lutte contre la diminution de l'hématose; la production de la dyspnée apparait donc comme un mécanisme compensateur. Quand la compensation est insuffisante, il y a asphyxie.

L'asphyxie est due à la privation d'air respirable ou à une intoxication, c'est-à-dire à l'absorption d'un gaz pernicieux.

1° L'asphyxie par défaut d'air respirable peut se produire de deux manières: ou bien par privation d'oxygène, ou bien par accumulation d'acide carbonique dans l'air respiré ou dans le sang.

Dans une atmosphère qui ne se renouvelle pas, les animaux ne meurent que quand ils ont épuisé la plus grande partie de l'oxygène, pourvu que l'on enlève tout l'acide carbonique formé, afin d'éviter les troubles dus à l'accumulation de ce gaz. Les Oiseaux meurent quand la proportion d'oxygène n'est plus que de 3 à 4 p. 100, et les Mammifères quand elle tombe à 2 p. 100 (Paul Bert). La durée de l'asphyxie est très variable suivant les animaux. Elle est très courte chez les Oiseaux et chez les Mammifères, plus longue chez les Reptiles. L'animal qui se débat s'asphyxie plus vite, car il consomme plus rapidement l'oxygène du milieu.

Si l'on fournit à l'animal enfermé dans un espace clos une quantité toujours suffisante d'oxygène, mais qu'on laisse s'accumuler dans cet espace l'acide carbonique produit par la respiration, on voit que les animaux meurent quand la proportion de ce gaz est devenue trop considérable. Ce n'est pas qu'il soit un poison très actif, mais sa trop grande quantité, par suite sa trop grande pression, dans le milieu ambiant s'oppose à la sortie de celui qui est dans le sang; dès lors celui que dégagent les combustions des tissus ne peut plus passer dans le sang et la respiration des tissus est entravée. La durée de cette forme d'asphyxie est également variable suivant les animaux.

Dans l'asphyxie dans une atmosphère confinée, les deux causes en question se trouvent réunies. Aussi l'arrêt mécanique de la respiration, par ligature de la trachée, strangulation, submersion, etc., produit-il, tout le monde le sait, la mort très rapidement. Les plus habiles plongeurs ne peuvent rester plus de deux minutes sous l'eau ; les noyés ne peuvent généralement, après six ou huit mi

1. Les autres grands effets de l'asphyxie ont été sommairement indiqués p. 338, 462, 478 et 562. Ajoutons que plusieurs centres nerveux sécréteurs sont semblablement excités par le sang asphyxique, en particulier les centres salivaires et sudoraux. Ajoutons aussi qu'à la phase d'excitation bulbo-médullaire succède la phase paralytique; les convulsions cessent, les réflexes des membres disparaissent, la respiration se ralentit extrêmement, puis s'arrête, le cœur s'accélère brusquement (signe de la mort prochaine), la pupille se contracte; la mort arrive par arrêt du cœur.

nutes de submersion, être rappelés à la vie. Parmi les animaux à sang chaud cependant, les Mammifères et les Oiseaux aquatiques offrent une grande résistance à l'asphyxie (le canard, par exemple, peut résister une quinzaine de minutes); cette propriété paraît tenir à la résistance de leur système nerveux vis-à-vis de l'acide carbonique.

20 L'asphyxie par intoxication a pour type l'asphyxie par l'oxyde de carbone. Dans ce cas, c'est le globule rouge qui est primitivement atteint (voy. p. 313); l'oxyde de carbone vient prendre la place de l'oxygène dans l'hémoglobine. Cette asphyxie se ramène donc à une privation d'oxygène; mais celle-ci relève d'un autre mécanisme que celui précédemment indiqué; elle est due uniquement à ce que le globule rouge ne peut plus être le véhicule de l'oxygène. La toxicité de l'oxyde de carbone est très grande. Un chien qui respire un mélange d'air et d'oxyde de carbone à 1 p. 100 meurt en quinze minutes environ (N. Gréhant); le sang de cet animal ne contient plus que 3 c. c. environ d'oxygène pour 100.

Il est des gaz qui vont agir directement comme poisons sur les éléments anatomiques. Ce ne sont plus là des cas d'asphyxie proprement dite, ce sont des empoisonnements produits par des gaz. Ainsi agissent l'hydrogène sulfuré, l'hydrogène arsénié, divers composés du cyanogène, etc.

CHAPITRE V

ÉCHANGES DE MATIÈRES. FONCTIONS SÉCRÉTOIRES. NUTRITION [PROPREMENT DITE.

La nutrition, chez les animaux, comprend à la fois des actes préparatoires et des actes intimes qui se passent au niveau des tissus, des éléments anatomiques. Les actes préparatoires sont tellement distincts qu'ils ont été classés comme des fonctions particulières digestion, ou actes de transformation des substances alimentaires; absorption, ou pénétration dans le sang des substances transformées; circulation, ou transport du sang et de ces substances jusqu'au niveau de tous les tissus, de tous les éléments anatomiques. Et ce sont les fonctions qui viennent d'être étudiées. Au niveau des éléments anatomiques se produisent, au contact du sang et de la lymphe, les phénomènes auxquels il convient de réserver spécialement le nom de nutrition; ce sont les échanges qui s'établissent plus ou moins directement entre le sang et les tissus, les actes par lesquels diverses glandes modifient la composition du sang, etc.

Le sang oxygéné apporte à tous les tissus les matériaux nécessaires, soit à leur réparation et à leur développement, durant la période de croissance, soit à leur réparation seulement, durant la période d'état, soit à leur activité fonctionnelle. Mais chaque organe puise dans le fonds commun les substances minérales et organiques dont ses cellules ont besoin et qu'elles s'incorporent en les modifiant peu ou prou, et c'est là ce que l'on appelle l'assimilation. Il n'est pas de cellule vivante qui ne sépare du sang et n'élabore quelque substance, soit d'une façon continue, soit à divers moments de son existence; et il n'en est pas qui ne rejette dans le sang des matériaux qui ne lui sont plus utiles (désassimilation). Ce sont ici les phénomènes les plus importants et vraiment caractérustiques de la nutrition proprement dite.

Mais parmi les cellules de l'organisme il s'en trouve un grand nombre, les cellules glandulaires, qui élaborent des produits qu'elles n'utilisent pas elles-mêmes, mais qu'elles rejettent au dehors, soit à la surface de quelque revêtement, épiderme ou muqueuse, soit

dans le milieu intérieur. De ces produits, les uns sont directement éliminés de l'organisme, les autres agissent dans le tube digestif ; d'autres enfin (voy. p. 107), passant dans le sang, en quantité parfois très faible, deviennent partie constitutive du milieu dans lequel vivent les cellules, modifient la nutrition ou exercent une action souvent puissante sur le fonctionnement de divers organes. On voit donc les rapports étroits qui existent entre les fonctions sécrétoires et les phénomènes essentiels de la nutrition; ceux-ci comme celleslà consistent en le passage de matériaux du milieu intérieur dans les cellules et en la transformation de ces matériaux en produits cellulaires. Il y a lieu conséquemment de présenter ici l'étude d'ensemble des fonctions sécrétoires, d'autant plus que l'étude des glandes offre les exemples les plus remarquables de cette activité spéciale des cellules par laquelle celles-ci extraient du sang les substances dont elles ont besoin et les retiennent à l'exclusion des autres.

Ce chapitre comprendra donc les fonctions sécrétoires, puis les échanges de matières proprement dits, formation des matières de réserve, assimilation, désassimilation.

I. FONCTIONS SÉCRÉTOIRES.

Un des meilleurs moyens de savoir ce que sont exactement ces fonctions, consiste à essayer de déterminer l'évolution qu'ont subie nos idées sur la structure et sur le fonctionnement des glandes, encore que nous ne puissions en présenter ici qu'un bref résumé.

C'est à Malpighi que sont dues les premières notions exactes sur la structure des glandes. En découvrant les acini (de zivoç, grain de raisin) des glandes, nom sous lequel il décrivit du reste non pas les cul-de-sac terminaux aujourd'hui connus, mais bien les lobules primitifs formés par ces culs-de-sac, il considéra (1686) comme élément essentiel de la glande une série de petits grains disposés sur les ramifications des canaux excréteurs comme les grains d'une grappe de raisin sur leur tige, et arriva à définir la glande sous sa plus simple expression comme « une cavité close avec un conduit excréteur ». A ce moment peut-être on aurait pu se demander s'il ne fallait pas chercher dans cette cavité close le petit laboratoire où s'effectue la sécrétion; mais les esprits étaient loin d'être préparés à cette idée.

Il faut attendre près de deux siècles et arriver à l'année 1830 pour que la conception malpighienne de la nature des organes glandulaires soit définitivement éclaircie par J. Müller 1. Par une série d'études anatomiques

1. J. Müller (1801-1858), physiologiste et anatomiste allemand, un des fondateurs de la physiologie comparée, compte parmi les plus grands physiologistes du XIXe siècle.

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