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3o Les ilots de Langerhans et la sécrétion interne

du pancréas.

Il existe dans le pancréas des «< amas cellulaires » décrits en 1869 par Langerhans1. La nature épithéliale de ces formations a été démontrée; ce sont de « véritables petites glandes closes » (Laguesse 2, 1893). Or, après la ligature des canaux excréteurs du pancréas, cet organe s'atrophie, tandis que persistent les « ilots de Langerhans >> avec tous leurs caractères; d'autre part, on a trouvé ces mêmes îlots altérés dans divers cas de diabète maigre. C'est pourquoi, depuis que Laguesse a émis cette idée, on tend à attribuer à ces groupes cellulaires la sécrétion interne du pancréas.

7.

Fonctions de l'appareil thyroïdien.

L'appareil thyroïdien comprend deux parties, la glande ou corps thyroïde et les glandes ou glandules parathyroïdes 3.

Chez le chien, le chat et le lapin, il existe pour chaque lobe de la thyroïde deux parathyroïdes, soit quatre en tout, situées au voisinage immédiat du lobe correspondant ou même accolées à celui-ci ou souvent enfoncées dans son tissu, sauf chez le lapin, dont les deux parathyroïdes internes présentent seules cette dernière disposition, les deux externes étant nettement séparées du corps thyroïde.

Ce sont les observations des chirurgiens qui ont attiré l'attention sur la glande thyroïde; les expériences de Schiff, qui, le premier, décrivit (1859) les graves accidents et la mort consécutifs à la thyroïdectomie totale, étaient restées comme ignorées jusqu'à la publication de ces observations.

1o Effets de l'extirpation ou de la destruction de l'appareil

thyroïdien.

Quand on rapproche des symptômes observés par les chirurgiens à la suite des ablations de goitre et, d'autre part, de ceux décrits par les médecins dans les cas de myxœdème, les effets de l'extirpation totale de l'appareil thyroïdien sur les animaux, on s'aperçoit vite de la profonde identité de tous ces phénomènes. L'ablation du goitre,

1. R. Langerhans, histologiste allemand contemporain, professeur à l'Université de Berlin.

2. E. Laguesse, professeur d'histologie à la Faculté de médecine de Lille. 3. La découverte anatomique des glandes parathyroïdes, faite en 1880 par Ivar Sandström, anatomiste suédois, sur plusieurs espèces animales, l'homme compris, resta ignorée jusqu'à ce que Gley (1891-1893) eût retrouvé ces organes et montré leur importance physiologique.

telle qu'on la pratiquait avant que l'on connût l'importance des organes thyroïdiens, entraînait très souvent la suppression de toute la glande. D'autre part, dans le myxœdème celle-ci est fonctionnellement détruite par un processus pathologique.

1. L'ablation du goitre amène plus ou moins rapidement, d'ordinaire en quelques semaines, des troubles d'ordre musculaire et nerveux, et des troubles de la nutrition qui se développent progressivement d'une part, affaiblissement musculaire, parésie, dépression de toutes les fonctions nerveuses et psychiques, et, d'autre part, œdème dur de la face, gonflement et déformation des mains et du visage, chute des poils, sécheresse de la peau, pâleur des muqueuses, et, chez les enfants, arrêt du développement, y compris le développement mental, de telle sorte que les petits opérés prennent peu à peu l'aspect des crétins de naissance. Parfois on observe des vertiges, des accès de dyspnée, des convulsions tétaniques; il y eut des opérés qui moururent de tétanie. L'importance de ce dernier fait est très grande, car on va voir que ce sont ces accidents convulsifs qui dominent la scène chez les animaux et amènent la mort le plus fréquemment à la suite de la thyroïdectomie complète. Cet ensemble de symptômes, décrits par J.-L. Reverdin en 1882, puis par J.-L. et A. Reverdin1 et par Kocher2 en 1883, fut confirmé de toutes parts. A cause de l'analogie frappante entre ces symptômes et la maladie spontanée dite myxœdème on désigna sous le nom de myxœdème post-opératoire cet état pathologique.

2. On peut en effet appliquer au myxœdème 3 la description résumée qui vient d'être donnée des troubles consécutifs à l'ablation du goitre (exception faite des accidents convulsifs). Et comme, dans un certain nombre de cas au moins, on constata l'atrophie de la glande thyroïde, on assimila à juste titre cette maladie à celle qui se développe chez les goitreux opérés.

3. Quant aux animaux auxquels on enlève tout l'appareil thyroïdien (on donne souvent aujourd'hui à cette opération le nom de thyro-parathyroïdectomie), chiens, chats, renards, lapins, rats, etc., les accidents consécutifs à l'opération sont surtout d'ordre nerveux; après une période d'apathie et d'abattement psychique, avec parésie et même avec paralysies partielles, surtout des extenseurs, surviennent des tremblements dans tous les muscles, puis une série d'attaques convulsives (voy. fig. 158); on observe en même temps de l'anorexie, souvent des vomissements, de la dyspnée, remplacée pendant les attaques convulsives par de la polypnée ; durant les convulsions la température s'élève beaucoup; les urines sont rares et contiennent de l'albumine. C'est là le tableau, en raccourci, des

1. J.-L. et A. Reverdin, chirurgiens suisses, professeurs à l'Université de Genève.

2. Th. Kocher, chirurgien suisse, professeur de clinique chirurgicale à l'Université de Berne.

3. De pa, mucosité; cette dénomination fut donnée à la maladie par le médecin anglais W. M. Ord (1878; le syndrome avait été déjà décrit en 1873 par un autre médecin anglais, W. Gull (1816-1890]), à cause de l'accumulation de mucine constatée dans le tissu cellulaire.

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troubles observés particulièrement chez l'animal qui a le plus fréquemment servi de sujet à ces expériences, le chien. Les accidents, chez le chien et chez le lapin, débutent vingt-quatre ou quarante-huit heures après l'opération, quelquefois plus tôt, d'autres fois plus tard; les chiens meurent

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Fig. 158.

Secousses convulsives après la thyro-parathyroïdectomie chez le chien. Début des accidents soixante heures environ après l'opération.

M, contractions des muscles de l'épaule; R, mouvements respiratoires (polypnée), une heure après une grande attaque tétanique. La température rectale, une demi-heure après l'attaque, était de 410,35 et, deux heures après, de 43o,1, ayant continué à monter, en raison des secousses musculaires incessantes.

du deuxième au quinzième jour; quelques-uns survivent un mois ou un peu plus; ils meurent en général dans une attaque tétanique. Chez les singes, l'extirpation de la thyroïde reproduit le myxœdème de l'homme (V. Horsley, 1885) 2.

1. V. Horsley, physiologiste et chirurgien anglais contemporain.

2. Cependant les singes peuvent aussi mourir de tétanie aiguë (d'après les expériences d'un chirurgien suisse, O. Lanz [1895]).

Cet ensemble de phénomènes a bien uniquement pour cause la suppression des glandes thyroïde et parathyroïdes. Voici les preuves de cette relation causale.

1. Pour que ces effets se produisent, il faut que l'extirpation soit totale 1. Si elle n'est que partielle, les animaux survivent, la portion restante (la moitié d'un lobe, par exemple, ou même le tiers supérieur avec une glandule parathyroïde attenante) suffisant à la fonction.

2. Aucune lésion des nerfs de la région thyroïdienne, quleque étendue et compliquée qu'on la fasse, ne détermine les accidents décrits. Par

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Fig. 159.

Myxœdémateuse (46 ans) guérie par des injections d'extrait thyroïdien (G. R. Murray).

A, avant le traitement; B, six mois après le traitement.

contre, si l'on comprend chacun des lobes entre deux fortes ligatures et qu'on les laisse ensuite en place, les animaux n'en succombent pas moins dans les délais habituels.

3. On a pu réussir dans quelques cas (expériences de A. von Eiselsberg 2, 1892, sur trois chats) la greffe d'un lobe thyroïdien, le reste de l'appareil étant enlevé. Si l'on fait ensuite l'ablation de la portion greffée, l'animal tombe malade, a bientôt des convulsions et meurt. Dans des cas de myxœdème chez l'homme, après bien des essais infructueux, on est parvenu, à l'aide d'une nouvelle et ingénieuse méthode de greffe (greffes en semis avec du tissu provenant d'un individu de même espèce [H. Cristiani 3 1902-1904]), à guérir cette grave maladie.

1. Même à l'extirpation totale, il y a toujours quelques animaux qui survivent. Et c'est pourquoi la question d'un organe vicariant reste pendante.

2. Chirurgien allemand contemporain, professeur de clinique chirurgicale à I'Université de Vienne.

C'est Schiff qui le premier, en 1884, eut l'idée de ces greffes et les pratiqua, sans succès d'ailleurs, sur des chiens.

3. Médecin italien contemporain, professeur d'hygiène à l'Université de Genève.

4. L'injection intraveineuse ou intrapéritonéale d'extrait de glande thyroïde diminue chez les chiens et chez les lapins thyroïdectomisés les accidents et prolonge la survie (d'après les expériences de Vassale et celles de Gley, 1890-1891)2. On a appliqué cette méthode à l'homme et on guérit maintenant le myxœdème et les états myxædémateux ou myxœdèmes frustes par l'injection de glande thyroïde fraîche ou de divers produits extraits de la thyroïde 3 (voy. fig. 159).

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Distinction entre la glande thyroïde et les glandes parathyroïdes. Toutes les parties de l'appareil thyroïdien sontelles également et au même titre intéressées dans cette fonction dont la suppression amène de tels accidents et la mort? On fut amené à en douter pour les raisons suivantes.

10 L'extirpation de la glande thyroïde seule serait inoffensive chez les animaux adultes; chez les animaux très jeunes (agneaux, chevreaux, chats

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Fig. 160.

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Arrêt de développement du squ elette après la thyroïdectomie (A. von Eiselsberg). Squelettes d'un mouton de huit mois thyroïdectomisé huit jours après sa naissance et d'un mouton témoin du même âge.

et chiens, lapins, porcelets, oiseaux), elle détermine l'arrêt du développement (F. Hofmeister, 1892-1894, A. von Eiselsberg, 1893) (voy. fig. 160) et toute une série de lésions qui constituent le crétinisme expérimental (G. Moussu, 1893).

2o L'extirpation des quatre glandules parathyroïdes, chez tous les animaux, donne lieu aux accidents aigus, consécutifs à l'extirpation de 1. G. Vassale, médecin italien contemporain, professeur à l'Université de Modène.

2. C'est sur ces expériences, venues immédiatement après celles de BrownSéquard, alors fort contestées, sur l'action physiologique de l'extrait testiculaire, et sur les heureuses applications à la médecine humaine qui en découlèrent tout de suite, que fut solidement assise la méthode thérapeutique dite opothérapie (de in, suc).

3. La première application au traitement du myxœdème est due au médecin anglais G. R. Murray (1891). C'est le médecin danois Howitz qui découvrit (1892) que l'ingestion de glande fraiche est aussi efficace que les injections souscutanées d'extrait thyroïdien employées sur l'homme depuis le premier essai de Murray.

4. Chez les Oiseaux, la parathyroidectomie totale détermine souvent les mêmes phénomènes convulsifs que chez les Mammifères et la mort (expériences de M. Doyon et A. Jouty, 1903-1904).

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