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déjà signalé ce fait, comme aussi le précédent (voy. p. 620), que l'alanine ingérée est transformée en acide lactique :

CH3-CH.AzH2 — COOH + H2O = AzH3 + CH3-CHOH — COOH,
Acide lactique.

Alanine.

après séparation de son groupe AzH2 à l'état de AzH3; celle-ci est aussitôt transformée en urée qui s'élimine rapidement, tandis que l'acide désamidé est brûlé plus lentement. La désassimilation des albumoïdes se ferait donc par étapes (Magnus-Levy):

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1re étape dédoublement en acides aminés ;

2o étape

désamidation des acides aminés et transformation de l'ammoniaque produite en urée;

3e étape oxydation de l'acide désamidé.

Mais est-ce là le seul mode de dislocation des protéiques ? et la désamidation précède-t-elle toujours l'oxydation dés acides aminés? Il se peut que cette dislocation ne soit pas complète et qu'une fraction de l'albumine y échappe. On l'a pensé, en raison de la présence dans l'urine de quelques grosses molécules azotées, acides oxyprotéique, alloxyprotéique, uroferrique. Ces gros morceaux de la molécule albumine représenteraient des fragments directement oxydés sans avoir été préalablement scindés, tout autres par conséquent que ceux résultant de l'hydrolyse par action diastasique.

A. Composés azotés. importants de ces fragments.

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Les produits azotés sont les plus

URÉE. - Parmi ces produits l'urée est au premier rang. Nous savons déjà (voy. p. 619 et suiv.) que l'urée se forme par des mécanismes divers, par simple hydrolyse, par synthèse avec déshydratation, par synthèse avec oxydation. Il n'y a pas à revenir sur tous ces points. AMMONIAQUE. A côté de l'urée mention doit être faite de l'ammoniaque que l'on trouve toujours dans l'urine en petite quantité (quelques décigrammes). Cette quantité représente surtout la partie de ce corps qui est restée inemployée dans la production physiologique de l'urée.

Dans leurs recherches classiques sur les effets de la fistule d'Eck (voy. p. 618 et 621), Nencki et Pavloff ont vu, avec leur collaborateur Zaleski, que le foie reçoit par la veine porte environ 6 milligr. 6 d'ammoniaque p. 100 c. c. de sang; or, le sang des veines sus-hépatiques n'en contient plus que 1 milligr. 4; d'où l'on a calculé, d'après la vitesse de la circulation à travers le foie, que cet organe en retient, dans les dix heures qui suivent un repas, chez un chien de 9 kil. 5, environ 5 grammes (ce qui correspond à plus de 8 grammes d'urée).

L'ingestion d'acides minéraux augmente l'élimination de l'ammoniaque des urines et diminue celle de l'urée, l'acide introduit fixant

fortement l'ammoniaque (voy. p. 136). Inversement, l'administration à l'homme d'alcalins réduit beaucoup l'excrétion des sels ammoniacaux, mais ne la supprime cependant pas, même quand on fait ingérer beaucoup d'alcalins. Et ceci a donné à penser que l'ammoniaque urinaire ne représente sans doute pas pour sa totalité le résidu de la production de l'urée, mais qu'il en est une petite portion ayant une autre origine.

CORPS XANTHO-URIQUES. Les bases xanthiques et l'acide urique ne proviennent pas des matières albuminoïdes proprement dites, mais des nucléines, des nucléo-protéides (voy. p. 32) (théorie de Horbaczewski 1).

En effet, l'ingestion d'albuminoïdes, qui augmente l'élimination de l'urée, ne modifie pas celle des corps xantho-uriques. Au contraire, l'ingestion l'aliments riches en nucléo-protéides, tels que les parenchymes glandulaires, le foie et surtout le thymus (ris de veau) par exemple, augmente l'excrétion des xantho-uriques. De même dans la leucocythémie, maladie dans laquelle le nombre des globules blancs du sang est considérablement accru et où l'on suppose qu'il y a aussi un accroissement de la destruction de ces éléments cellulaires, la quantité d'acide urique excrété subit une forte augmentation, passant de quelques décigrammes à plusieurs grammes (jusqu'à 4 et 5 grammes). C'est que la désagrégation des nucléines, comme nous l'ont appris les recherches de Kossel sur l'hydrolyse de ces corps, fournit de l'albumine, de l'acide phosphorique et des bases xanthiques, substances dont nous avons déjà signalé les rapports étroits avec l'acide urique (voy. p. 38 et 623)2. Celui-ci provient de celles-là par oxyda1. Médecin tchèque contemporain, professeur à l'Université tchèque de Prague. 2. Les formules de constitution suivantes suffisent pour mettre ces rapports en évidence:

AzH-CO

Az = CH

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AzH- CO

CH C-AzH

C-AzH

CH

CCH

-C-Az

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Co

-C-AzH

Acide urique C5H+Az103

Az-C-Az

Adénine C5Hz5

(2-6-8-trioxypurine).

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CH

CH

Az C- Az
Guanine C5H»Az50

(2-amino-6-oxypurine).

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Les purines comprennent donc les bases xanthiques, appelées aussi allo xuriques et l'acide urique et les xanthines méthylées, comme la caféine et la théo bromine (3-7 diméthylxanthine). Bases xanthiques ou alloxuriques et acide urique réunis sont dénommés souvent corps alloxuriques.

tion. Aussi, à côté de l'acide urique des urines, trouve-t-on toujours des bases xanthiques en petite quantité.

En ce qui concerne l'origine de ces corps, on vient de dire que les bases puriques proviennent des substances alimentaires. Mais ce n'est pas là leur unique provenance. Il y a une portion de ces corps qui est issue de la destruction des cellules de l'organisme, c'està-dire du métabolisme des protéides. L'acide urique a donc une double origine, exogène et endogène (R. Burian et H. Schur 2, 1900, V. O. Sivén 3, 1900).

De fait, on trouve toujours dans les urines, même dans le jeune absolu, une petite quantité d'acide urique (08,2 environ); c'est cette portion qui représente l'acide endogène et c'est une quantité sensiblement égale et, pour un même sujet, sensiblement constante, que l'on trouve dans les cas d'une alimentation exempte de purines (lait, fromage, pommes de terre, riz, pain blanc, etc.). Au contraire, la portion exogène est naturellement très variable; mais ces variations ne dépendent que des purines contenues dans la ration, et nullement de sa teneur en albuminoïdes; aussi n'y a-t-il pas de rapport constant entre l'élimination des corps xantho-uriques et celle de l'urée; quand un tel rapport se montre, c'est que la ration contient des aliments à la fois riches en azote et en purines. Le régime lacto-végétarien ou strictement végétarien, à condition que de ce dernier soient exclues les légumineuses riches en purines (haricots, lentilles, pois), est le plus favorable à la diminution des purines urinaires, et par conséquent à l'hygiène du goutteux, de l'artérioscléreux, etc. Le régime animal augmente la formation des purines.

Resteraient à connaître le mode et le lieu de formation des bases xanthiques et de l'acide urique.

Les bases xanthiques résultent de l'hydrolyse des nucléines et l'acide urique se forme sans doute par l'oxydation de ces bases. Dans la leucémie (voy. plus haut), on a décelé dans le sérum sanguin des bases xanthiques et nous avons vu que la surproduction de ces corps est accompagnée d'une élimination exagérée d'acide urique. In vitro, Horbaczewski, par la putréfaction d'un tissu tel que la pulpe splénique, a obtenu soit de l'acide urique, si la putréfaction se faisait en présence de l'oxygène, soit des bases xanthiques si elle se faisait à l'abri de l'air. Depuis, on a trouvé dans différents organes des ferments (nucléases) qui décomposent les nucléines en mettant en liberté les purines 5, suivant le schéma donné p. 38. Cette transformation se fait par l'action successive de plusieurs ferments: ferments « désami

1. Toutes ces bases ne proviennent cependant pas des nucléines. Les xanthines méthylées, par exemple, les plus abondantes relativement, proviennent des alcaloïdes du café et du thé qui entrent dans la ration.

2. Chimistes physiologistes allemands contemporains.

3. Chimiste physiologiste finlandais.

4. L'élimination de l'acide phosphorique varie dans le même sens, ce qui confirme encore cette origine assignée à l'acide urique. 5. La trypsine attaque aussi les nucléines.

dants », guanase et adénase, qui transforment l'adénine en hypoxanthine et la guanine en xanthine, puis ferments oxydants, qui transforment l'hypoxanthine en xanthine (xanthinoxydase) et cette dernière en acide urique (recherches de A. Schittenhelm, 1905-1907).

Cette production de l'acide urique à partir des bases puriques aurait lieu dans divers organes, plus ou moins riches en diastases désamidantes et oxydantes suivant les espèces animales, le foie, la rate, l'intestin, les reins, les muscles.

Enfin l'acide urique formé n'est pas éliminé tout entier en nature par l'urine, mais une partie est décomposée sous l'influence d'un ferment uricolytique et finit par donner de l'urée (voy. Fonction uricolytique du foie, p. 623) ou seulement, chez le chien, du moins pour une fraction, de l'allantoïne. La destruction de l'acide urique se fait principalement dans le foie (voy. p. 623), mais aussi dans quelques autres organes, les reins et les muscles surtout. Il paraîtrait cependant que le pouvoir uricolytique des organes de l'homme serait très restreint (expériences de Wiechowski, 1909, d'où cet auteur a conclu que l'acide urique est, chez l'homme, un produit de désintégration probablement éliminé tel quel).

Pour conclure sur la signification de l'acide urique, il est bon de remarquer que ce corps n'est pas, chez les Mammifères, un produit intermédiaire du métabolisme azoté, puisque, chez ces animaux, il est normalement détruit par le foie (voy. p. 623). Ce qui apparaît dans les urines est un reste ayant échappé à la fonction uricolytique et représente le produit final des mutations de ce groupe particulier des matières protéiques, les nucléo-protéides. Au contraire, chez les Oiseaux, l'acide urique est un produit final de la désassimilation azotée (voy. p. 625).

CREATININE. Ce corps, que l'on trouve dans l'urine normale en petite quantité (environ 1 gramme par vingt-quatre heures) provient de la créatine du muscle dont elle est l'anhydride. L'injection intraveineuse ou l'ingestion de créatine provoque une augmentation de l'excrétion de créatinine.

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ACIDE HIPPURique. L'urine des vingt-quatre heures de l'homme normal contient environ 1 gramme d'acide hippurique (sous forme d'hippurates). Les hippurates sont beaucoup plus abondants dans l'urine des Herbivores. Chez les Carnivores, ils augmentent par l'ali mentation végétale.

L'acide hippurique résulte de l'union de l'acide benzoïque et du glycocolle. Ce dernier corps se forme dans la décomposition des matières albuminoïdes. Il doit donc suffire d'introduire de l'acide benzoïque dans l'organisme pour augmenter la production des hippurates. C'est en effet ce que l'on a constaté.

Où se fait cette synthèse 1?

1. Sur cette question, voy. aussi p. 91.

L'expérience a prouvé qu'elle a lieu dans le rein (expériences de Schmiedeberg et Bunge sur des chiens, 1876). Si l'on fait circuler à travers un rein extrait de l'organisme du sang défibriné contenant du glycocolle et de l'acide benzoïque, on trouve après quelques heures de l'acide hippurique dans le sang, dans le rein et dans le liquide qui s'est écoulé par l'uretère de ce rein fonctionnant ainsi artificiellement. D'autre part, on n'en trouve pas trace dans l'organisme, quand on injecte de l'acide benzoïque et du glycocolle à des animaux sur lesquels on a préalablement lié les deux reins.

Ce pouvoir synthétique ainsi spécialisé dans le rein n'a été démontré jusqu'à présent que chez le chien. Chez le lapin, chez la grenouille, il se forme encore de l'acide hippurique après l'extirpation des deux reins. Cette synthèse a lieu chez le lapin dans le foie et dans les muscles, aussi bien que dans les reins.

ACIDE OXYPROTÉIQUE. Il faut encore mentionner cet acide azoté très complexe, à poids moléculaire élevé, C3H82Az1+031S, que l'on a retiré de l'urine normale de l'homme et du chien (l'urine des vingtquatre heures en contient jusqu'à 3 et 4 grammes, calculé à l'état de sel de baryum). C'est sans contredit un corps qui représente un produit de la dislocation peu avancée des albuminoïdes (voy. p. 676).

B. Composés sulfurés.- Les matières albuminoïdes contiennent du soufre. Dans la désassimilation de ces matières le soufre est mis en liberté; il se forme de l'acide sulfurique qui s'unit aux alcalis et, d'autre part, aux phénols résultant aussi de la désintégration des protéiques (voy. p. 626). Ces sulfates et phénylsulfates des métaux alcalins, qui représentent environ 80 p. 100 du soufre total éliminé, constituent ce que l'on appelle le soufre complètement oxydé. Mais le soufre désassimilé entre aussi dans des combinaisons moins oxydées, cystine (à l'état de traces), acide taurocholique, sulfocyanate de potassium (à l'état de traces), etc.

La cystine offre un intérêt particulier. La plus grande partie du soufre des matières albuminoïdes se trouve en effet sous la forme d'un groupe cystéinique (d'après les recherches de K. A. H. Mörner, 1899, 1902), et la cystine est un produit de l'hydrolyse de ces matières (Mörner). Mais à l'état normal le foie a le pouvoir d'arrêter et de détruire cette substance, comme on l'a vu dans les expériences qui ont consisté à en injecter de grandes quantités dans une veine mésentérique. Or, la cellule hépatique peut devenir impuissante à détruire ce corps qui se rencontre alors en proportion notable quelques décigrammes) dans les urines, d'où cystinurie 2. 1. Elle y est employée très probablement à la formation de la taurine. (voy. p. 245).

2. On connalt actuellement 120 cas environ de cystinurie. Cette anomalie est souvent familiale et héréditaire. Elle ne détermine aucun trouble, à moins qu'il ne se produise des calculs de cystine, en raison du peu de solubilité de cette substance dans les urines.

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