Imágenes de páginas
PDF
EPUB

jusqu'au niveau de la section médullaire, on voit que la sudation ne s'en établit pas moins sur les membres postérieurs.

L'action excito-sudorale du sang asphyxique s'exerce semblablement sur les centres médullaires.

Diverses substances, la pilocarpine, la nicotine, la physostigmine ou ésérine, excitent directement les terminaisons périphériques des nerfs glandulaires. En application à la surface du corps, quelques acides organiques, l'acide citrique, mais surtout l'acide tartrique, provoquent, au point d'application, la sécrétion de la sueur.

3o L'excrétion de la sueur.

La sueur, sécrétée par le peloton sudoripare, suit le canal excréteur et arrive jusqu'au niveau de l'épiderme, dont elle traverse les différentes couches

par le canal sans parois propres creusé au milieu d'elles. Les anciens physiologistes croyaient que la couche cornée pulvérulente, furfuracée, poreuse, en absorbe une grande quantité dans ses interstices et c'est à cette imbibition qu'ils donnaient le nom de perspiration insensible. Mais la perspiration cutanée est identique à la sudation; la preuve en résulte des empreintes obtenues par le médecin lyonnais P. Aubert (1874) on applique à la surface de la peau lavée et séchée ensuite un papier imprégné de nitrate d'argent; comme il suinte constamment par chaque orifice sudoripare une petite quantité de sueur, il se forme, au niveau de chacun de ces orifices, du chlorure d'argent par l'action du chlorure de sodium de la sueur sur le nitrate d'argent; et en exposant le papier à la lumière l'image de ces empreintes apparait comme un fin pointillé qui représente les embouchures des glandes (fig. 172). C'est cette exhalation continue

[graphic]

Fig. 172.

1

Empreinte sudorale, obtenue sur le dos de la main, sans qu'il y ait de sudation apparente (d'après P. Aubert).

par les orifices des glandes sudoripares qui produit la moiteur de la

peau.

La sueur progresse ainsi, les parties antérieurement sécrétées étant poussées sans cesse par le liquide qui continue à se former, et cela d'une façon interrompue. Cette poussée liquide ou vis a tergo est donc la cause de l'excrétion sudorale.

La contraction des cellules myo-épithéliales, situées dans l'assise externe du glomérule glandulaire, contraction qui diminue le calibre du glomérule, doit aider à l'excrétion. De fait, on a pu voir sous le microscope ces cellules se contracter.

4o Le produit de la sécrétion, la sueur.

A. Quantité, propriétés et composition de la sueur. — La sueur, recueillie directement de la peau nue dans des étuves spéciales ou dans des manchons de caoutchouc ou de verre disposés autour des membres, ou indirectement sur des flanelles que l'on exprime ensuite, est sécrétée en quantité très variable, suivant des conditions diverses, température extérieure, travail musculaire, volume des boissons ingérées, activité rénale, etc.

On évalue en moyenne la sueur de vingt-quatre heures à 600900 centimètres cubes, soit 30 à 40 centimètres cubes environ de sueur par heure; mais ce volume peut s'élever à 400 centimètres cubes par heure sous l'influence d'un exercice violent. Dans ce cas, la proportion des matières solides s'élève aussi; l'on s'explique par là l'affaiblissement qui résulte de sueurs prolongées. Les substances solides de la sueur (10 à 20 grammes par litre) représentent à peu près un quart du produit solide de l'urine (60 à 70 grammes). Ce rapport est justement celui même que nous avons indiqué entre les masses totales des deux appareils, sudoripare et rénal (p. 757).

La sueur est un liquide clair, incolore, d'une saveur salée, d'une odeur désagréable (due sans doute à des acides gras), variable d'ailleurs suivant les régions de la peau. Sa densité est de 1003 à 1008; son point de congélation est de 0o,24. Sa réaction est normalement acide ou neutre; la sueur de l'aisselle est en général alcaline.

Sa composition moyenne est de 98 à 99 p. 100 d'eau, 0,6 à 1 p. 100 de matières inorganiques (0,5 p. 100 de chlorure de sodium, traces de sulfates alcalins et de phosphates terreux) et 0,3 à 1 p. 100 de matières organiques (0,1 d'urée, traces d'albumine, d'acides gras volatils et de graisse neutre). — Il y a des sueurs morbides (dans le

1. Tous ces procédés offrent des causes d'inexactitude,

choléra, par exemple, dans diverses anuries) dans lesquelles l'urée est très abondante. C'est un cas de suppléance de la fonction rénale par les glandes sudoripares.

TOXICITÉ DE LA SUEUR. La sueur est très peu toxique. On a pu en injecter de 60 à 100 centimètres cubes (injection intraveineuse) à des lapins de 2 kilogrammes environ, sans rien produire que des accidents insignifiants. Cependant des doses de 15 centimètres cubes par kilogramme amèneraient la mort, chez le chien, en un à trois jours; les troubles les plus importants seraient l'accélération du cœur, les vomissements, la congestion gastro-intestinale, l'hypoglobulie, etc. La sueur, sécrétée pendant un travail musculaire pénible, serait plus toxique1. La toxicité de la sueur augmenterait aussi dans les cas d'albuminurie et d'éclampsie (d'après des observations du médecin italien A. Noto sur des femmes enceintes, 1903), ce qui prouve que, en cas d'insuffisance rénale, des substances nocives peuvent s'éliminer par la peau et que celle-ci joue alors un rôle défensif.

B. Rôle de la sueur. La sueur, en tant que liquide d'excrétion, joue un rôle peu important; elle est seulement une des voies d'élimination de l'eau. Ce n'est que dans des cas pathologiques, nous l'avons indiqué tout à l'heure, qu'elle contient des substances qui s'éliminent normalement avec les urines.

Le véritable rôle de la sueur est un rôle physique qui tient à l'effet de l'évaporation de l'eau à la surface du corps. Pour passer de l'état liquide (à 37°) à l'état gazeux, 1 kilogramme d'eau absorbe 582 calories; un animal, qui évapore un litre d'eau, se refroidit donc de 582 calories. Comme un homme adulte produit environ 100 calories par heure (2400 en vingt-quatre heures), l'évaporation de 1 litre peut compenser toute la chaleur produite durant six heures. De cette évaporation résulte donc une réfrigération souvent intense. Aussi la sudation joue-t-elle un rôle prépondérant dans la régulation de la chaleur animale 2. C'est un point que nous retrouverons en traitant de cette dernière question.

La sécrétion sudorale (perspiration cutanée) a enfin pour rôle de favoriser l'exercice de la sensibilité cutanée. Elle contribue à maintenir la souplesse de l'épiderme, et c'est là une qualité de la peau grâce à laquelle les moindres contacts extérieurs sont transmis exactement aux organes nerveux qui se trouvent disséminés dans 1. La connaissance de ces faits sur la toxicité de la sueur est due à S. Arloing Soc. de Biologie, 26 décembre 1896, p. 1107 et 29 mai 1897, p. 533).

2. Lavoisier (OEuvres, t. II, p. 700) écrivait en 1789: La machine animale est gouvernée par trois facteurs principaux: la respiration qui consomme de l'hydrogène et du carbone et qui fournit du calorique; la transpiration qui augmente ou qui diminue, suivant qu'il est nécessaire d'emporter plus ou moins de calorique; enfin la digestion qui rend au sang ce qu'il perd par la respiration et la transpiration..

cette membrane sensible. Aussi voit-on un très grand nombre de glandes sudoripares dans les parties les plus sensibles, telles que la paume de la main et la plante des pieds.

[blocks in formation]

Les glandes sébacées se trouvent sur presque tout le tégument; elle sont particulièrement nombreuses en divers points de la face, le front et le nez; elles sont en général annexées aux poils; mais, en quelques régions où il n'y a pas de poils, elles peuvent se trouver isolées, comme sur le gland et la face interne du prépuce, sur le mamelon, à l'entrée du vagin; quelques points du tégument, comme la paume de la main, n'offrent ni poils ni glandes sébacées (mais seulement des glandes sudoripares).

Ces glandes sont des glandes en grappes du type le plus simple. Les cellules de l'acinus s'infiltrent de graisse, les granulations graisseuses augmentent peu à peu de volume, les cellules s'hypertrophient et finalement se dissocient et laissent échapper leur contenu, espèce d'émulsion de matières grasses et albumineuses, qui remplit la cavité de la glande et est expulsée au dehors.

Quelques expériences montrent que cette sécrétion serait sous la dépendance du système nerveux sympathique. L'excitation du cordon cervical du sympathique produit la sécrétion des glandes sébacées de la conque de l'oreille, sur l'àne (S. Arloing, 1891). Le même physiologiste a vu que la section de ce nerf est suivie d'une abondante sécrétion sébacée; d'où il a conclu que le sympathique cervical contient aussi des fibres fréno-sécrétoires.

Le produit de la sécrétion. Il est très difficile d'en évaluer la quantité. Sur un homme de taille moyenne on aurait pu en recueillir environ 100 grammes en huit jours.

Le sébum présente à l'examen microscopique un grand nombre de gouttes huileuses et des cellules épithéliales. Il est formé de deux tiers d'eau et le reste se compose de matières grasses (oléine, palmitine, oléates et palmitates alcalins), d'une matière albuminoïde analogue à la caséine, d'un peu de cholestérine et de quelques sels (les mèmes à peu près que ceux que l'on trouve dans la sueur).

Le cérumen est le mélange de la sécrétion des glandes sébacées et des glandes sudoripares du conduit auditif externe. Le smegma est le pro

Souvent les cellules

duit des glandes sébacées du gland et du prépuce. des glandes sébacées n'atteignent pas régulièrement leur maturité ; leur fonte se fait mal la matière sébacée n'arrive pas à l'état de graisse semi-liquide; elle ne s'écoule plus que difficilement au dehors et son

accumulation, dans le cæcum glandulaire qu'elle dilate, produit les kystes sébacés. On trouve dans ces cavités de grandes quantités de substances grasses et une très forte proportion de cholestérine.

Au point de vue du rôle physiologique de la sécrétion, les matières grasses sont les constituants les plus importants du sébum. C'est grâce à elles en effet que celui-ci, huilant en quelque sorte toute la surface de l'épiderme, le rend imperméable à l'eau; ainsi, les glandes de Meibomius, glandes sébacées très allongées, placées dans l'épaisseur des paupières, ont pour usage de graisser le bord libre de ces voiles et d'empêcher par là le produit de la glande lacrymale de se répandre sur les joues à l'état normal; à la paume des mains et à la plante des pieds, où il n'y a pas de glandes sébacées, le séjour prolongé dans un bain a pour effet d'imbiber et de gonfler la surface de la peau. Le sébum empêche aussi la peau de devenir trop sèche et enfin conserve aux poils toute leur souplesse; par cela même la sensibilité des poils se maintient excellemment. Tout ceci montre que la matière sébacée, étalée à la surface de l'épiderme, constitue pour la peau et ses phanères une véritable protection.

« AnteriorContinuar »