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du plus ou moins d'agitation de l'atmosphère, etc., et, d'autre part, du plus ou moins d'intensité de la réaction sudorale, condition qui peut varier beaucoup elle-même suivant divers facteurs. Tout ce que l'on peut dire, c'est que, chez l'homme et un assez grand nombre d'homéothermes, quand la température du corps atteint 43°, c'est-à dire dépasse de 5 à 6o environ la température dite normale, la mort est en général fatale1. Cette faible résistance au chaud « fait contraste, comme l'a remarqué Chauveau, avec la merveilleuse aptitude de l'organisme à résister au froid ». Les Oiseaux aussi meurent quand leur température s'élève pendant assez longtemps de 5o environ au-dessus de leur température normale. La mort résulte probablement d'une paralysie des muscles et notamment du muscle cardiaque, par coagulation de leurs matières albuminoïdes.

3. Le système nerveux et la régulation thermique.

Dans la plupart des faits qui viennent d'être rapportés on voit en jeu un appareil nerveux régulateur de la production et de la déperdition de chaleur.

L'activité de cet appareil est sollicitée soit par des excitations spécifiques de la peau (excitations de froid et de chaud), surface sensible, soit par l'abaissement ou l'élévation de la température du sang; tous ces cas ont été examinés. Les nerfs moteurs, vasomoteurs et sécréteurs entrent alors en action; nous avons déterminé les réactions auxquelles ils commandent. Mais on ne sait pas exactement où se trouve le centre qui provoque et règle la mise en jeu simultanée ou successive de tous ces nerfs.

On connaît cependant des lésions du système nerveux central qui troublent ce mécanisme.

Quand on sectionne la moelle à la partie tout à fait inférieure de la région cervicale (expérience classique de Claude Bernard), la température s'abaisse; la température extérieure étant de 15°, elle tombe en deux ou trois heures à 30° (sur le chien ou le lapin). La paralysie des muscles et celle des vaisseaux, consécutives à cette opération, ont pour conséquence une diminution de la thermogenèse et une augmentation de la déperdition de chaleur qui concourent à amener cette forte hypothermie.

D'autres lésions, plaies ou traumatismes de la moelle cervicale supérieure ou de la moelle allongée, déterminent de l'hyperthermie (d'après quelques observations sur l'homme et des expériences sur le chien). La piqûre du cerveau, dans la région antérieure (expériences de Ch. Richet, 1884)

1. Les animaux à sang froid meurent à des températures moins élevées. Les poissons de mer, par exemple, meurent en général à +24°, la grenouille à +35°.

sur le lapin) ou dans celle des corps striés ou des couches optiques (expériences de I. Ott 1, 1884, sur le lapin) a le même effet; l'augmentation de température peut être de 1o ou 2° en une heure ou deux. Voici une expérience de Ch. Richet qui est très démonstrative :

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L'animal ne présente aucun autre trouble que cette hyperthermie, sinon quelque excitabilité cérébrale. Chez les lapins piqués la thermogenèse est accrue, mais elle ne l'est pas assez pour qu'on puisse expliquer par là l'hyperthermie constatée; il faut en outre admettre un trouble de la régulation thermique 2. Aussi a-t-on pensé que ces piqûres du cerveau excitent des centres thermiques.

Ces centres seraient situés dans le mésocéphale, car, si on enlève les hémisphères cérébraux (expériences sur des pigeons), la thermogenèse et la régulation thermique restent normales chez les animaux opérés. Les excitations du cerveau retentiraient donc sur les centres thermiques régulateurs de la moelle allongée.

1. I. Ott admet aussi l'existence de centres thermo-inhibiteurs dont l'extirpation est suivie d'une élévation de la température; ces centres seraient situés près du sillon crucial et à la jonction des scissures supra-sylvienne et post-sylvienne (expériences sur le chat).

2. Il n'est pas sans intérêt de noter que cette hyperthermie d'origine nerveuse est considérablement diminuée par l'antipyrine.

LIVRE SECOND

FONCTIONS DE RELATION

Dans le milieu dans lequel ils vivent, les animaux exécutent de nombreux mouvements coordonnés, consécutifs aux excitations qu'ils reçoivent de ce milieu. La figure 176 montre la voie suivie par ces excitations jusqu'aux cellules nerveuses qui commandent

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les mouvements de réaction. Du milieu intérieur, sous l'influence de modifications diverses produites dans les organes, naissent aussi des excitations à la suite desquelles surviennent également des réactions motrices. L'étude de tous ces mouvements et des actions nerveuses qui les régissent constitue l'étude des fonctions de relation.

Puisque la mise en jeu de ces fonctions résulte de la réception par l'organisme de différentes impressions extérieures ou dépend d'excitations internes, il semble logique de déterminer d'abord quelles sont et ces impressions et ces excitations. Et comme, d'autre part, les phénomènes de mouvement sont commandés par le système nerveux, il convient d'étudier ce dernier avant d'analyser les mouvements eux-mêmes.

CHAPITRE PREMIER

FONCTIONS SENSORIELLES

L'antique notion des cinq sens, toucher, ouïe, goût, odorat, vue, s'est agrandie. Partout où se trouvent des appareils nerveux qui reçoivent des excitations et desquels ces impressions sont transmises à une région du cerveau, à un centre cérébral, peuvent naître les conditions productrices de sensations.

Celles-ci résultent de la transformation dans le cerveau des impressions subies par divers organes spéciaux. Ce sont des états de conscience qui ne se laissent pas décomposer en éléments plus simples.

Quand on les rapporte à la cause qui leur a donné naissance, on les appelle perceptions. Et on appelle représentations les formations plus ou moins complexes que constituent les sensations en se combinant incessamment dans la conscience. L'étude des perceptions et des représentations est du domaine de la psychologie; celle des sensations y confine, mais appartient aussi et d'abord à la physiologie. Les sensations fournies par les excitations des cinq sens énumérés plus haut sont dites externes, parce qu'elles nous font connaître les corps extérieurs à nous et leurs propriétés. Mais il en est d'autres qui nous font connaître divers états de nos propres organes, tels que les besoins, les malaises, la douleur, la fatigue, ou qui nous renseignent sur des modifications de notre propre corps, frissons, mouvements actifs et passifs, efforts, situations des membres, situations du corps, etc. Elles sont dites internes ou organiques. On pourrait aussi les réunir toutes sous l'appellation ancienne de sensibilité générale, puisqu'elles sont très répandues, puisqu'elles se manifestent dans des organes très variés, muqueuses, muscles, articulations, etc., et aussi dans la peau (sensations douloureuses), tandis que la sensibilité spéciale naît dans des organes particuliers, nettement différenciés. Mais cette expression de sensibilité générale manque un peu de précision. Mieux vaut grouper toutes les sensations dans une même étude des fonctions sensorielles.

Considérons d'abord les sensations spéciales ou externes.

Les sensations qui nous révèlent les corps extérieurs et nous font apprécier leurs qualités nous sont fournies par les organes des sens

dont chacun comprend : 1o un organe récepteur de l'impression ou organe sensible; 2o un nerf qui transmet l'excitation née dans l'organe sensible à la suite de l'impression; 3o une partie du système nerveux

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Fig. 177.

Schéma de la série des organes sensoriels (d'après Mathias Duval).

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Les cellules sensorielles sont dessinées en clair; les cellules de soutien sont figurées avec des hachures; les neurones sensitifs périphériques sont noirs avec un noyau ; sur le neurone central on n'a pas figuré de noyau et le neurone est dessiné tel qu'il apparaît avec la méthode de Golgi.

La ligne pointillée inférieure marque le déplacement vers la périphérie des neurones sensitifs périphériques, à partir de celui de l'audition. La ligne pointillée supérieure marque ce méme déplacement pour les neurones sensitifs centraux, à partir de celui de l'olfaction. A la partie supérieure du névraxe est représentée la décussation des cylindre-axes des neurones sensitifs centraux.

central (du cerveau), second organe récepteur, qui reçoit et apprécie cette excitation en la transformant.

Le schéma des dispositions structurales essentielles que présentent les divers organes des sens (voy. fig. 177) montre bien que telle est la constitution de tous ces organes.

Ainsi, de par leur disposition générale, tous les organes des sens

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