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gésie sans anesthésie; cette analgésie est plus ou moins étendue. On a déjà parlé plus haut de la dissociation syringomyélique. Les analgésies des hystériques sont bien connues.

B. Conditions de la sensation.- La douleur dépend de l'intensité de l'excitation et aussi de la durée de celle-ci.

Il y a asymétrie dolorifique; la sensibilité à la douleur est plus vive du côté gauche que du côté droit et cela aussi bien chez les gauchers que chez les droitiers. De ce fait, qu'ils ont découvert et étudié, Joteyko et Stefanovska (1903) concluent que la perception de la douleur se fait dans des centres cérébraux différents des autres centres percepteurs sensoriels.

L'attention augmente la douleur. C'est sans doute pour cela que, durant la nuit, où l'attention n'est point distraite, beaucoup de douleurs s'exagèrent. On sait aussi que la représentation préalable d'une douleur donne à celle-ci, quand elle survient, plus d'acuité. La fatigue intellectuelle augmente la sensibilité à la douleur.

C. Caractères de la sensation.

La douleur présente les mêmes caractères généraux que les autres sensations. Elle est plus ou moins intense.

Le temps de réaction est beaucoup plus long que pour toutes les autres sensations. Il a été trouvé de 900 millièmes de seconde environ, c'est-à-dire de près d'une seconde.

Elle n'est pas toujours de même qualité; en d'autres termes, elle a des modes divers, elle est aiguë, lancinante, térébrante, etc. On ne sait pas à quelles modifications organiques correspondent ces formes de la sensation.

1

Une distinction, due à T. Thunberg 1 (1902), est cependant à mentionner à ce sujet. D'après Thunberg, il y a deux sortes de points de douleurs, deux sortes de terminaisons nerveuses adaptées à cette excitation; les unes, superficielles, ne donnent jamais pour toute excitation, mécanique, thermique, électrique, qu'une sensation de piqûre; les autres, situées dans les couches profondes de la peau, sont plus sensibles à la pression que les premières, et manifestent leur excitation par une douleur sourde. — Un autre physiologiste suédois, Sydney Alrutz, distingue (1905) des sensations douloureuses instantanées et d'autres, plus tardives; les premières ont le caractère de piqûres punctiformes et les secondes celui de démangeaisons qui s'irradient; les points où l'on éprouve la sensation de piqûre ne paraissent pas être les mêmes que ceux qui, donnent la sensation de démangeaison.

Le ton ou tonalité de la sensation, qui est le sentiment de plaisir ou de déplaisir ou d'indifférence dont celle-ci s'accompagne, offre, 1. Physiologiste suédois contemporain, professeur à l'Université de Lund.

en ce qui concerne la sensation de douleur, ceci de spécial qu'il est toujours le même, toujours désagréable pour l'être sentant.

La localisation des sensations de douleur est peu précise. Ceci, vrai déjà des douleurs cutanées, l'est encore plus de celles des organes profonds.

Ce défaut de localisation tient sans doute, en grande partie au moins, à ce que toute douleur ne reste pas au même point, mais subit une irradiation plus ou moins étendue.

Les douleurs ne sont point continues. Quand elles ne sont pas franchement intermittentes, elles présentent des renforcements ou des ralentissements.

Les sensations douloureuses donnent lieu à un grand nombre de réactions, dans les organes les plus divers.

Mantegrzza a groupé toutes ces réactions dans le tableau suivant :

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Il faut ajouter à ce tableau les troubles cardiaques, augmentation ou diminution des contractions du cœur ou même arrêt dans les fortes douleurs, arrêt plus ou moins long (syncope cardiaque).

30 Rôle de la douleur.

Les physiologistes, les médecins et les philosophes ont souvent dit le rôle utile de la douleur, grâce à laquelle l'organisme est averti de nombreuses causes d'altération ou de destruction de ses tissus. La crainte de la douleur nous met en garde contre le danger des traumatismes, morsures, brûlures, des poisons, etc. Les nerfs dolorifiques, dit Bunge, sont comme des sentinelles qui nous préviennent de tous les périls. Pour le médecin, dit-il encore, la douleur est, en un sens, l'amie, l'aide et l'alliée, car c'est à ses commandements que le patient se soumet à toutes les prescriptions.

Les diverses impressions cutanées qui viennent d'ètre étudiées sont conduites au cerveau à travers la moelle par des voies spéciales; et dans des régions spéciales du cerveau se produisent les sensations correspondantes. L'étude des sensations n'est complète que quand on a déterminé ce chemin des impressions centripètes à travers le système nerveux central. Plutôt que de morceler cette question, nous croyons préférable de l'exposer quand nous aurons examiné toutes les fonctions sensorielles. Alors l'étude du système nerveux central s'ouvrira sur cette importante question des voies conductrices de la sensibilité.

II. SENS DE L'OUIE.

L'organe de l'audition comprend chez l'Homme comme chez les autres Mammifères trois parties, l'oreille externe, l'oreille moyenne et l'oreille interne. Mais la partie essentielle est représentée par cette dernière, où s'étalent les éléments récepteurs des impressions sonores. Avant même la physiologie, l'étude du développement de l'oreille et celle des formes que présente cet organe dans la série animale, au cours de la phylogénie, le montrent clairement.

La forme essentielle de l'organe auditif est celle d'un petit sac, d'une vésicule pleine de liquide, dans laquelle des fibres nerveuses viennent se terminer en se mettant en rapport avec un épithélium spécial; les élé ments de cet épithélium (cellules auditives ou acoustiques) sont munis de prolongements analogues à de grands cils ou à de petites verges suscep

tibles de vibrer de par le mouvement du liquide contenu dans le sac. Comme tous les corps conduisent les vibrations sonores, celles-ci sont amenées à la vésicule dont il s'agit, soit par les parties dures de la tête, soit par une membrane tendue au-devant de la vésicule. On retrouve cette forme dans l'organe de l'ouïe chez les Crustacés, chez les Mollusques. L'organe auditif d'un Mollusque, par exemple, est constitué par des cellules à cils vibratiles, disposées dans une capsule située profondément sous le tégument externe et à l'intérieur de laquelle est une concrétion calcaire, l'otolithe, que les vibrations des cils mettent en mouvement.

Chez les Vertébrés, la vésicule auditive primitive, formée par un épais

B

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Schéma du labyrinthe membraneux chez diverses espèces de Vertébrés (d'après

Waldeyer).

A, chez les poissons; B, chez les Reptiles et les Oiseaux; C, chez les Mammifères. On remarque en A avec le vestibule les canaux semi-circulaires, mais pas de limaçon; en B, le vestibule, les trois canaux semi-circulaires et un limaçon très rudimentaire ; et en C le vestibule, trois canaux et un limaçon développé.

a représente l'aqueduc du vestibule.

sissement de l'ectoderme qui s'invagine peu à peu, ressemble à cet organe des Mollusques. Mais par son développement successif elle se transforme en un appareil constitué par plusieurs parties communiquant entre elles. Ainsi une moitié de la vésicule se divise, grâce à un étranglement, et forme le vestibule avec les canaux semi-circulaires, qui ont même configuration chez presque tous les Vertébrés; l'autre moitié donne le limaçon qui n'acquiert sa forme définitive que chez les Mammifères. La figure cicontre (fig. 183) schématise les différentes dispositions, de plus en plus compliquées et perfectionnées, de l'organe auditif chez les Vertébrés.

Considérons celui-ci chez un animal supérieur. Le sac primitif, c'est le vestibule, qui s'est divisé en deux parties, utricule et saccule; au vestibule s'ajoutent les canaux semi-circulaires. D'un autre côté, se développe

un canal circulaire, long et compliqué, qui se contourne sur lui-même en s'enroulant comme un escalier en spirale, le limaçon. Le tube de ce limaçon est divisé, par une cloison que l'on nomme lame spirale (simple en dedans, double en dehors), en trois rampes: la rampe moyenne, dite rampe auditive ou cochléaire, communique avec le saccule et contient

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Fig. 184.

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Schéma des diverses parties de l'oreille interne et des deux branches du nert auditif avec ses ganglions périphériques (d'après Mathias Duval).

La substance osseuse, dans laquelle sont creusées les cavités de l'oreille interne, est ombrée en traits verticaux, plus serrés au niveau de la substance compacte qui limite immédiatement ces cavités.

RR, bord antérieur (antéro-externe) 'du rocher; - CA, orifice du conduit auditif interne, sur la face postérieure (postéro-interne) du rocher.

L, coupe du limaçon : Rt, rampe tympanique;

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Rv, Yampe vestibulaire ; - CC, cana ou rampe cochléaire; - OC, organe de Corti, placé sur la lame basilaire qui sépare la rampe tympanique du canal cochléaire.

V, coupe du vestibule: S, saccule; U, utricule; VA et VP, deux canaux semicirculaires, le vertical antérieur et le vertical postérieur ; l'horizontal n'a pas été figuré ;-ca, ca, crêtes auditives des ampoules des canaux semi-circulaires; - ma, ma, taches ou macules auditives du saccule et de l'utricule.

GS, ganglion de Scarpa, sur la branche vestibulaire du nerf auditif; - NC, nerf cochléaire ; - GC, ganglion de Corti, dans la lame spirale osseuse du limaçon ou canal de Rosenthal.

les organes nerveux terminaux essentiels; elle est comprise entre les deux autres rampes (espaces périlymphatiques) qui communiquent l'une avec l'autre vers le sommet de l'organe, mais qui, vers la base, communiquent l'une avec le reste de l'oreille interne ou vestibule (rampe vestibulaire). l'autre avec l'oreille moyenne ou tympan par la fenêtre ronde (rampe tym

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