Imágenes de páginas
PDF
EPUB

la sensation, mais peut l'émousser. Les ouvriers, occupés à des besognes mal odorantes, finissent heureusement par ne plus rien sentir.

6. La sensibilité olfactive varie beaucoup suivant les espèces animales; elle paraît être d'autant plus développée que la muqueuse olfactive est plus étendue; c'est, par exemple, ce que l'on remarque chez le chien, si bien doué à cet égard. — L'influence du sexe est contestable. Des physiologistes ont soutenu que l'odorat est plus faible chez la femme, mais cette opinion a été contredite par d'autres expérimentateurs.

4° Caractères des sensations.

1. La sensation est plus ou moins intense, suivant la quantité de substance odorante qui agit. Mais tout le monde sait, on l'a déjà rappelé plus haut, que ces quantités sont, pour beaucoup d'odeurs, tellement petites qu'il est impossible de songer à les peser directement. Comment donc apprécier le minimum perceptible de chaque odeur?

La méthode employée à cet effet sur l'homme par J. Passy (1892) a donné des résultats précis. On prépare une série de solutions titrées en dissolvant 1 gramme de matière odorante dans 9 grammes d'alcool, puis mélangeant 1 gramme de cette première solution avec 9 grammes d'alcool el ainsi de suite. On fait tomber 1 goutte de la dernière dilution à laquelle on s'arrête sur un petit godet légèrement chauffé et placé dans le fond d'un flacon de capacité connue. On attend quelques instants pour que l'odeur se diffuse dans le récipient. Le flacon est alors ouvert sous le nez du sujet. Si celui-ci ne sent rien, on répète l'expérience avec une solution plus concentrée et l'on recommence ainsi jusqu'à ce que la perception se produise. Voici quelques-uns des chiffres obtenus au moyen de cette méthode par J. Passy. L'unité est le millième de milligrammes (ou millionième de gramme) par litre d'air :

[blocks in formation]

1. On voit quelles traces absolument impondérables de substance suffisent pour provoquer la sensation olfactive. A ce propos Bunge (Lehrbuch der Physiol. des Menschen, 2o édit., 1905, t. I, p. 44) remarque ingénieusement le rôle capital que jouent en physiologie les ⚫ traces de matières; alors que pour le chimiste une trace de matière est chose inexistante, dans les phénomènes de la vie c'est souvent chose essentielle. Nous l'avons vu pour certaines saveurs; nous le voyons pour les odeurs guidés par quelques particules odorantes, les animaux trouvent leur nourriture et les mâles trouvent leur femelle; ainsi les plus importantes fonctions vitales s'accomplissent à l'aide de parcelles infinité

OLFACTOMETRIE.

La méthode de J. Passy peut servir à mesurer l'acuité olfactive. L'olfactométrie, méthode quantitative, est donc très différente de l'examen qualitatif de l'odorat, qui consiste simplement à placer sous le nez diverses odeurs, chacune des fosses nasales étant explorée tour à tour, pendant que la narine du côté opposé est bouchée avec un tampon d'ouate. L'olfactométrie est une méthode beaucoup plus scientifique et, par suite, dont l'emploi méthodique est susceptible de fournir des indications beaucoup plus nombreuses et précises sur la sensibilité olfactive des individus sains et malades.

L'olfactométrie se pratique surtout au moyen de l'olfactomètre de Zwaardemaker (1888-1889.) Cet instrument (voy. fig. 197) consiste essen

[merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small]

1. tube de verre gradué en centimètres le long duquel se déplace le tube odorifère 2 ; -3, écran ; - 4, manche de l'écran. - Les flèches indiquent le sens du courant d'air inspiré.

tiellement en un tube cylindrique, construit soit en une substance naturellement odorante, telle que le caoutchouc, soit en porcelaine poreuse, imbibée d'une solution odorante. Un tube de verre, plus long que le premier et concentrique à celui-ci, glisse à son intérieur à frottement exact, de façon à en découvrir des longueurs variables. L'air qui traverse ce second tube se chargera donc de quantités d'odeur variables avec les longueurs découvertes du cylindre odorant; plus long sera le segment de ce dernier parcouru par l'air, plus l'air sera imprégné d'odeur et plus simales de matière, témoins encore le rôle des ferments digestifs et celui des produits déversés dans le sang par les glandes à sécrétion interne (capsules surrénales et thyroïde, par exemple), témoin aussi le rôle des toxines et des antitoxines. Et, revenant à l'olfaction, Bunge se demande quelle peut bien être la trace laissée par le perdreau dans les herbes où le chien de race décèle pourtant sa présence, longtemps après qu'il y a passé ! Et quelles traces laisse de son passage dans une voie fréquentée le maître de ce chien, qui suffisent cependant à celui-ci pour l'y retrouver! De telle sorte que l'on peut penser que non seulement chaque espèce animale, mais peut-être même chaque individu, du moins dans certaines espèces, a son odeur spécifique.

forte sera l'impression olfactive. Le tube interne, de verre, a une extrémité recourbée à angle droit, de sorte qu'elle peut s'introduire dans la narine à explorer. Ce tube, de 10 centimètres de long, est gradué en millimètres. Un écran, percé d'un orifice pour laisser passer l'extrémité recourbée du tube de verre, complète l'instrument; cet écran, se plaçant devant le nez, limite le champ olfactif. - Ainsi l'on peut mesurer, non pas les quantités absolues de matière déterminant la sensation, mais les intensités relatives des excitations, et, par conséquent, explorer et comparer la sensibilité des divers sujets.

Avec cet instrument, la sensibilité s'évalue en olfacties (Zwaardemaker). Une olfactie est représentée par la longueur du tube odorifère nécessaire pour provoquer une sensation; c'est donc l'excitation qui correspond au minimum perceptible de chaque odeur pour un organe normal. Ainsi l'étendue odorante qui fournit l'odeur de caoutchouc est de 1 centimètre du tube de caoutchouc par lequel est constitué le tube odorifère; c'est 1 olfactie, exprimant une acuité olfactive normale. Si, pour produire cette même sensation chez un individu dont on veut apprécier l'odorat, il faut 7 centimètres du tube de caoutchouc, soit 7 olfacties, nous dirons que l'acuité olfactive de cet individu n'est que 1/7 de la normale. - II est clair que tout ceci ne vaut que pour les odeurs de la classe du caoutchouc. Pour les autres odeurs, il faut semblablement déterminer le minimum perceptible normal de chacune d'elles.

L'unité choisie par Zwaardemaker est évidemment arbitraire. L'olfactomètre que ce physiologiste a imaginé n'en a pas moins rendu de précieux services, en permettant de déterminer l'acuité olfactive moyenne d'un grand nombre d'individus sains ou malades.

2. Le temps de réaction pour les sensations olfactives est très long, il a la mème durée à peu près que le temps de réaction des sensations gustatives. Par là encore, celles-ci se rapprochent de celles-là.

3. La persistance de diverses impressions olfactives est bien connue. Elle peut tenir simplement à ce que, pour des odeurs très puissantes (voy. p. 285), il suffit de quelques particules odorantes, qui restent aisément fixées dans les vêtements ou sur la peau et surtout dans les poils, pour que la sensation continue à se manifester. Et c'est ce qui arrive sans doute avec le musc, avec l'odeur cadavérique, etc. Il n'y a donc pas là, à proprement parler, persistance d'une sensation, puisque l'excitant serait toujours présent.

A la persistance de la sensation est liée la mémoire des odeurs. C'est ce phénomène, peu important, rare d'ailleurs, chez l'homme civilisé, qui chez beaucoup d'animaux acquiert un grand développement et offre une telle utilité que l'existence même de ces animaux en dépend étroitement. Il suffit de citer à cet égard le chien de chasse, le renard, etc.

[blocks in formation]

Le rôle de l'odorat est relatif aux fonctions de nutrition et de reproduction. C'est grâce aux impressions olfactives que les animaux sont capables de trouver à distance leur nourriture et, une fois qu'ils s'en sont emparés, d'en discerner les qualités. De même le mâle est attiré de loin vers la femelle par des odeurs qui excitent son appétit génésique.

Chez l'homme civilisé, l'odorat joue le même rôle, mais beaucoup plus réduit. Cependant l'influence des impressions olfactives sur la digestion est encore grande. Ce qui a été dit du goût à ce sujet (voy. p. 848) s'applique en réalité à l'odorat, car les impressions gustatives sont en définitive très restreintes; elles se bornent, nous le savons, à l'amer, au sucré, au salé et à l'acide. Un individu qui n'éprouve plus que ces seules sensations voit se restreindre singulièrement le champ de ce sens considéré à tort comme à la fois gustatif et olfactif1, qui n'est qu'olfactif, mais qui, s'exerçant immédiatement avant et durant la phase buccale de la digestion, est rapporté à tort pour partie à la gustation. De fait, c'est cette diminution des sensations qui accompagnent l'acte de manger que l'on observe dans tous les cas où la muqueuse nasale est altérée, ou bien quand des obstacles mécaniques empêchent le passage du courant d'air inspiré dans les cavités nasales (déviation de la cloison, polypes, etc), ou bien encore quand la transmission des impressions olfactives au cerveau est supprimée par des tumeurs intra-cérébrales ou à la suite de troubles nerveux fonctionnels. Et que se passe-t-il alors? Dans tous ces cas survient la perte de l'appétit, qui a pour conséquence des troubles digestifs plus ou moins graves et mène souvent à la mélancolie. Remarquons donc avec Bunge 2 qu'il ne suffit pas que l'homme reçoive la quantité de matières alimentaires nécessaire à la nutrition; il faut encore que les aliments soient pris avec plaisir; l'odeur agréable des mets, par l'excitation des sécrétions digestives qu'elle provoque (voy. p. 143 et 204), active la digestion et, par suite, nous met en bonne humeur; toutes les fonctions organiques, tout le système nerveux s'en trouvent mieux. Aussi est-il conforme aux prescriptions de la physiologie et donc naturel que l'homme recherche les aliments qui lui plaisent; c'est qu'il est utile que chaque repas soit une jouissance; alors l'acte de manger remplit son office.

1. Tel est le rapport entre les sensations gustatives et olfactives qu'on les confond souvent; c'est ainsi que dans plusieurs régions de la France, notamment en Lorraine, on dit très improprement d'un mets qui sent bon qu'il a bon goût..

2. G. von Bunge, Lehrbuch der Physiol. des Menschen, 2° édit., 1905, t. I, p. 46.

Si, au point de vue des fonctions de reproduction, l'odorat a perdu aussi chez l'homme l'importance qu'il a chez les animaux, toujours est-il que nombre de faits attestent qu'il y a encore bien des individus chez lesquels les désirs vénériens sont provoqués par des excitations odorantes.

V. SENS DE LA VUE.

Le sens de la vue nous fait connaître les propriétés lumineuses des objets qui nous environnent, c'est-à-dire leur degré d'éclairement, leur couleur, leur forme et leur position.

L'œil ou organe de la vue (fig. 198) se compose de trois parties essentielles :

1° D'une membrane sensible, la rétine, en rapport avec des ter

[merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small]

Fig. 198.

Œil d'enfant (d'après F. Terrien 2). Coupe méridienne. Grossissement,
3 diamètres.

c, cornée et sc, sclérotique, formant l'enveloppe externe de l'œil, doublée en dedans de la choroïde, épaissie en avant au niveau du corps ciliaire, c. cil., et se continuant avec l'iris, i; -er, cristallin, maintenu en place par les fibres de la zonule ; -, corps vitré : - no, nerf optique.

minaisons nerveuses et sur laquelle doivent se faire les impressions des rayons lumineux; cette membrane comprend une couche de cellules pigmentées ;

2o D'un appareil de dioptrique (organes de réfraction) qui amène 1. Ophtalmologiste français contemporain.

« AnteriorContinuar »