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regarder). On voit donc que l'hypermétropie et la myopie sont deux états opposés dans le premier desquels l'œil, à l'état de repos, sans aucun effort d'adaptation, ne peut voir que des objets très éloignés, tandis que, dans le second, il ne peut, dans les mêmes conditions, voir que des objets très

Fig. 207.

(Eil emmétrope, œil hypermetrope et œil myope.

E, ceil emmétrope.

a

1, ceil hypermétrope. Les rayons lumineux, venus mème de l'infini (parallèles), donnent un cone oculaire dont le sommet tombe en arrière de la rétine, en a, soit que ce còne soit trop long (défaut de pouvoir convergent dans les milieux de l'œil), soit que la rétine soit trop en avant (œil trop court).

2, wil myope. Les rayons lumineux, venus de l'infini (parallèles), donnent un cône oculaire dont le sommet tombe en avant de la rétine, en b, parce que la rétine se trouve placée trop en arrière (œil trop long). Les recherches de Donders ont prouvé que c'était là en effet la cause de la myopie; on voit sur la figure que le globe de l'œil myope est très allongé d'arrière en avant.

rapprochés. En d'autres termes, hypermétropie et myopie consistent en un déplacement du punctum proximum, soit au delà (hypermétropie), soit en deçà (myopie) de sa place normale.

Une autre défectuosité de la vision, bien différente des précédentes, quoiqu'on l'ait confondue parfois avec l'hypermétropie, consiste en un déplacement du punctum proximum, qui s'éloigne de l'œil; c'est la presbytie; nous en avons parlé plus haut (p. 875). L'hypermétrope a un cône oculaire toujours trop long, le myope un cône toujours trop court; mais l'un et l'autre peuvent modifier ce còne par l'adaptation et notamment le raccourcir, comme nous l'avons vu. Le presbyte, au contraire, ne peut presque plus modifier ce cône pour la vision des objets rapprochés; on voit donc que, si un œil normal peut devenir presbyte, il en est de même d'un œil hypermétrope ou myope, et que la myopie et la presbytie peuvent se trouver combinées. Chez le myope devenu presbyte le champ de l'accommodation est très court, puisque, dans son œil presbyte, le punctum proximum s'est éloigné et que, en vertu de la myopie, le punctum remotum est rapproché; il y a par conséquent peu de distance entre ces deux points.

On a trouvé, pour remédier à ces vices de la vue, des moyens empruntés à l'optique. Il s'agit de modifier les cônes oculaires trop longs ou trop courts; pour cela, on place devant l'œil un verre concave ou convexe. Les plus simples notions de physique permettent de comprendre qu'un verre concave ou divergent allongera le cône oculaire, puisqu'il diminuera le pouvoir convergent de l'œil; les myopes feront donc usage de verres concaves. Au contraire, un verre convexe ou convergent raccourcira le cône oculaire, puisqu'il augmentera le pouvoir convergent de l'œil; ce sera d'un verre convexe que feront usage les hypermétropes pour raccourcir le cône oculaire, de même que les presbytes, lorsqu'ils veulent voir de près et qu'alors leur adaptation est devenue impuissante à produire cet effet.

Il arrive souvent que les deux yeux ont des valeurs de réfraction différentes. C'est l'anisométropie. Il faut alors corriger les deux yeux.

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b. ASTIGMATISMES. - Tous les rayons qui traversent les lentilles ne concourent pas rigoureusement au même foyer; pour que l'image soit nette, il faut qu'elle se fasse en un point focal et ceci n'a lieu que si les surfaces réfringentes ont la même courbure dans les différents méridiens et, d'autre part, si les milieux sont parfaitement homogènes. Que ces deux conditions ne soient pas réalisées, le foyer des rayons lumineux n'est pas unique. C'est là ce qui constitue l'aberration de sphéricité d'une lentille. Quand les courbures des surfaces réfringentes ne sont pas régulières, il y a astigmatisme (de á, privatif, et yuz, point) dit régulier. Quand les milieux réfringents ne sont pas homogènes, il y a astigmatisme dit irrégulier.

L'astigmatisme régulier est un défaut de la réfraction si fréquent qu'on peut regarder ses faibles degrés comme existant chez la majorité des individus; mais d'ordinaire, il ne trouble pas la vision au point d'attirer l'attention du sujet. Il consiste en ce que la courbure des surfaces de séparation des milieux de l'œil (et surtout la courbure de la surface antérieure de la cornée) varie plus ou moins sensiblement d'un méridien à l'autre. Supposons par la pensée une cornée parfaitement normale, séparée en deux moitiés suivant son axe vertical, les fragments conservant leur position primitive, la surface de section présentera une courbure d'un rayon déterminé; supposons cette même cornée divisée suivant son axe transversal alors la surface de section présentera une courbure identique (eil normal, non astigmatique), c'est-à-dire que ces deux sections appartiendront à une même circonférence du même rayon. Au contraire, dans un ceil astigmatique (et presque tous les yeux le sont), le rayon de l'une sera plus court que le rayon de l'autre; en un mot, les deux courbures seront inégales. Il est aisé de comprendre que cet écart, s'il vient à être suffisamment marqué, troublera la marche des rayons lumineux au moment où ils pénètrent dans l'œil. En effet, si nous admettons que l'une des circonférences a un rayon notablement plus court que l'autre, nous concluons implicitement que l'œil est myope dans le premier sens, tandis qu'il peut l'être beaucoup moins ou pas du tout et qu'il peut même être hypermétrope dans l'autre sens. Il suffit, pour remédier à ce défaut dans la réfraction de l'œil, de faire traverser aux rayons lumineux une lentille taillée de manière à rétablir l'équilibre entre les méridiens inégaux, de sorte que les rayons lumineux, après avoir subi l'action de cette lentille et celle du milieu cornéen, prennent une direction semblable à celle que présentent les rayons qui auraient traversé une cornée normale. On se sert pour cela de verres empruntés non plus à des surfaces sphériques, mais à des surfaces cylindriques, et on les dispose de manière que la convergence qu'ils produisent selon un seul plan coïncide justement avec le plan du méridien suivant lequel la surface cornéenne de l'œil est moins convexe; c'est ainsi que se trouve corrigé ce défaut dans la convexité.

L'astigmatisme irrégulier tient à un manque d'homogénéité de la lentille cristallinienne. Le cristallin se divise en plusieurs segments ou secteurs dont chacun a son foyer propre. Par suite un point lumineux, placé à une distance de l'œil pour laquelle il n'y a pas accommodation, est vu multiple. Ces points ainsi multipliés se touchent souvent, formant étoile. C'est pour cela que nous voyons les astres qui sont des points lumineux, sous forme d'étoiles, Cet astigmatisme est extrêmement fréquent, mais il atteint rarement une valeur gênante.

Ainsi l'œil n'est pas une lentille aplanétique, c'est-à-dire telle que tous les rayons qui le traversent se rendent au même foyer.

B. Imperfections physiques. On peut constater dans l'oeil les diverses imperfections qui se trouvent dans les appareils physiques analogues et qui sont connues sous le nom d'aberrations, soit de sphéricité, soit de réfrangibilité.

Nous avons parlé tout à l'heure de l'aberration de sphéricité, à propos de l'astigmatisme, nous n'avons pas à y revenir. Nous verrons cependant plus loin que l'iris, comme les diaphragmes des instruments d'optique, remédie en partie à cet inconvénient.

L'aberration de réfrangibilité consiste en une inégale réfraction des divers rayons colorés qui composent la lumière blanche, de sorte que l'œil décompose la lumière ordinaire des objets incolore qui la lui projettent et nous les fait voir plus ou moins colorés; en un mot, l'œil n'est pas un appareil achromatique parfait. Ce défaut ne nous est pas sensible d'ordinaire, par l'effet de l'habitude, mais plusieurs expériences le rendent évident. Nous n'en citerons qu'une si on regarde le cheveu d'une lunette astronomique, en l'éclairant avec de la lumière rouge, on s'aperçoit que, pour le voir avec un autre rayon du spectre (avec une autre couleur), il faut changer la place de l'oculaire; donc l'œil adapté pour voir avec la lumière rouge ne l'est plus exactement pour voir avec les autres rayons du spectre.

Outre les défauts physiques que nous venons de passer en revue, il y aurait lieu d'indiquer encore, parmi les imperfections de l'œil humain, que cet organe n'est sensible ni aux radiations infra-rouges, ni aux radiations ultra-violettes. Mais il s'agit ici d'une imperfection rétinienne.

4° Accommodation de l'œil à la lumière. Physiologie de l'iris.

La choroïde tapisse exactement en dedans la sclérotique, mais, au niveau de la ligne de jonction de la sclérotique et de la cornée, elle se sépare de ces membranes pour entrer dans la chambre antérieure de l'œil et former au-devant du cristallin un diaphragme appelé iris.

La face antérieure de l'iris est en contact avec l'humeur aqueuse et tapissée par un prolongement de la membrane de Descemet (de la face

postérieure de la cornée; voy. fig. 204, en 4 et 13); sa face postérieure est immédiatement en contact avec la partie périphérique de la convexité antérieure du cristallin, de sorte que la prétendue chambre postérieure n'existe pas; sa périphérie se continue avec la choroïde, dont elle est une dépendance.Son ouverture centrale correspond au centre du cristallin et constitue la pupille; sur le cadavre, la pupille mesure de 3 à 6 millimètres. - L'iris a la structure de la choroïde; on y voit de nombreux vaisseaux, des cellules pigmentaires qui forment une couche épaisse à sa face profonde ou postérieure (uvée) et des fibres musculaires. C'est ce dernier élément qui est le plus important; il y a deux muscles iriens, l'un se compose de fibres disposées circulairement (sphincter de la pupille) et l'autre de fibres radiées (dilatateur de la pupille); ces fibres sont innervées par deux nerfs différents, les circulaires par le moteur oculaire commun (racine motrice du ganglion ophtalmique, d'où vient une partie des nerfs ciliaires), les radiées par le grand sympathique (racine sympathique du ganglion ophtalmique, d'où vient un autre groupe des nerfs ciliaires).

Au point de vue fonctionnel, l'iris, écran membraneux, circulaire et contractile, est un véritable diaphragme, placé dans la chambre obscure que forme le globe oculaire, et qui laisse pénétrer plus ou moins de lumière, suivant qu'il se dilate ou se rétrécit.

-

A. Mécanisme des mouvements de l'iris. Le resserrement de l'iris est causé par la contraction de ses fibres circulaires; en se contractant, ce sphincter rétrécit évidemment l'orifice pupillaire, autour duquel il est disposé.

Quant à la dilatation de la pupille, elle est due à la contraction des fibres radiées qui s'insèrent au lieu de réunion de l'iris et des procès ciliaires; ces fibres, qui convergent du bord adhérent de l'iris vers son rebord pupillaire, en se contractant, doivent attirer excentriquement tous les points de ce rebord et par conséquent élargir l'orifice pupillaire et, ce faisant, découvrir plus ou moins le cristallin.

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INNERVATION DE l'iris. Ces mouvements sont commandés, ainsi qu'il a été indiqué tout à l'heure, les uns par le moteur oculaire commun et les autres par le sympathique cervical (voy. fig. 208).

1° L'excitation du nerf de la troisième paire, surtout à son émergence, amène la constriction de la pupille. Sa section en détermine une dilatation persistante (ce qui prouve la nature tonique de son action); dans ce cas, sous l'influence de la lumière, la pupille ne se rétrécit plus; mais cette dilatation n'est pas maxima, elle augmente encore si l'on vient chez l'animal opéré à exciter le grand sympathique on à injecter de l'atropine (l'atropine est un puissant mydriatique).

L'excitation ou la section des filets constricteurs (nerfs ciliaires courts) qui sortent du ganglion ophtalmique (il y en a 6 ou 7 chez le chien) a un effet plus marqué que celui de l'expérimentation similaire sur le tronc de

la troisième paire, ce qui prouve l'influence du ganglion ophtalmique sur la constriction pupillaire (influence permanente ou tonique). D'ailleurs, Langley et Anderson ont montré, par des expériences analogues à celles qui ont été citées plus haut à propos de l'innervation du muscle ciliaire (voy. p. 874), la participation du ganglion ophtalmique à l'inner

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Fig. 208.

1

Schéma de l'innervation de l'iris (d'après B. Cunéo 1). Ges, ganglion cervical supérieur; - Plc, plexus carotidien ; — GG, ganglion de Gasser; Noph, nerf ophtalmique de Willis ; Nn, nerf nasal; MoC, nerf moteur oculaire commun - Bm, branche motrice supérieure et Bi, branche motrice inférieure de ce nerf; Go, ganglion ophtalmique, d'où partent les nerfs ciliaires.

Le large trait noir continu dans le tronc du moteur oculaire commun représente les fibres motrices du muscle ciliaire, le trait le trajet des nerfs constricteurs de la pupille, et le trait le trajet des nerfs dilatateurs de la pupille.

vation du sphincter irien. Il faut donc admettre que les fibres du moteur oculaire commun, destinées au sphincter de l'iris, comme celles qui se rendent au muscle ciliaire, se terminent autour des cellules ganglionnaires où prennent leur origine les nerfs ciliaires courts. L'excitation d'un seul de ces nerfs provoque une constriction partielle du sphincter, ce qui donne alors à la pupille une forme irrégulière.

Les mouvements de constriction de la pupille ont leur centre dans la protubérance.

C'est de la partie antérieure du noyau de la troisième paire que viennent les filets destinés à l'innervation du sphincter irien. Ce centre serait situé (chez le chien) plus profondément que celui du muscle accommodateur et en arrière; quand on le détruit, la pupille se dilate et ne réagit plus à la lumière (ne se resserre plus). Il entre normalement en action sous l'influence des excitations de la rétine dues à l'éclairement de cette membrane. Aussi le resserrement de la pupille à la lumière ne se produit plus quand le nerf optique a été sectionné. Comme il se produit encore après l'extirpation des hémisphères cérébraux, force est de supposer que la relation entre 1. Anatomiste et chirurgien français contemporain.

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