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que jamais quels desseins, sous le couvert de prétextes inventés et de vaines distinctions, se cachent contre l'Eglise.

Ses institutions les plus bienfaisantes, ses doctrines et ses ministres, ses droits, rien n'est épargné; ou menace d'édicter de nouvelles lois qui, d'après ce qu'en dit la rumeur publique, visent à atteindre le peu de ressources qui sont encore laissées en propriété à l'Eglise, pendant qu'elles tendent aussi à favoriser l'ingérence des laïques dans les choses ecclésiastiques, avec tous les effets désastreux qui en dérivent toujours.

On aiguise maintenant toutes les armes contre l'enseignement et l'éducation chrétienne de la jeunesse, et, selon les aspirations des sectes, on veut, aujourd'hui plus que jamais, que cette éducation ne se base pas sur les principes catholiques; il en est même qui la réclament ouvertement anticatholique.

Elles sont aussi un effet d'hostilité croissante, ces mesures odieuses prises récemment contre de pauvres et inoffensives religieuses, dignes de toute compassion, auxquelles on enlève la compagnie et l'aide de personnes chères, qui avaient librement préféré de vivre avec elles dans leurs modestes retraites.

Mais les assauts les plus furieux et les haines les plus implacables des sectes et de ceux qui les secondent sont dirigés de préférence contre le souverain pontificat, pierre fondamentale sur laquelle repose le sublime édifice de l'Eglise.

Qu'il suffise de dire qu'on a osé le dénoncer publiquement comme l'ennemi de l'Italie dans tous les temps, et le désigner par de tels noms d'opprobre et de mépris que la langue a horreur de les répéter. Quoi d'étonnant après cela si dans les réunions populaires, dans les comices publics, dans la presse, on a lancé contre le Pape les outrages les plus vils, les injures les plus indignes? Quoi d'étonnant qu'une fois les haines ainsi attisées, on ait commis dans diverses villes d'Italie d'horribles affronts à la dignité pontificale? Et, en venant aux plus féroces desseins, quoi d'étonnant qu'on ait menacé de se livrer contre nous et contre notre demeure pacifique aux dernières violences? Le pis est que ces manifestations de haine et de fureur contre la plus bienfaisante institution qui ait jamais existé pour l'avantage commun du monde, et tout particulièrement de l'Italie, ont pu s'accomplir librement, sans qu'on ait fait quoi que ce soit pour les empêcher d'une manière efficace.

Le Pape a conclu en déclarant que sa confiance est placée en Dieu, de qui relèvent tous les évènements humains.

LA CRISE EN ORIENT

Nous avons simplement mentionné la révolution qui avait eu lieu à Sofia dans la nuit du 20 au 21 août et à la suite de laquelle le prince Alexandre avait été conduit hors de la principauté (Archives, 4886, III, 329). Des protestations s'élevèrent sur plusieurs points. Un gouvernement provisoire s'organisait à Tirnova sous la présidence de M. Stambouloff et lançait la prononciation suivante :

Le coup d'Etat de Sophia a obligé le Prince, notre souverain bienaimé, à s'éloigner momentanément de la Bulgarie. Je vous annonce que, conformément à l'art. 19 de la Constitution, l'administration du pays a été confiée à une lieutenance composée de M. Stambouloff, président de l'Assemblée nationale et président de la lieutenance; MM. Petko, Slaveikoff et Stransky, membres.

Le lieutenant-colonel Moutkouroff est confirmé dans les fonctions de chef suprême de l'armée bulgare.

Le ministère est ainsi composé : Radoslavoff, intérieur et présidence du Conseil; Natchevitch, affaires étrangères, cultes et intérim des finances; colonel Nicolaeff, guerre; Touscheff, justice; Jiwckoff, instruction.

Confiant aux personnes susmentionnées la défense et l'administration de la patrie, je déclare au peuple bulgare que la lieutenance, de concert avec le ministère, emploiera tous les moyens en son pouvoir pour garantir la paix et la tran quillité, et assurer, avec l'ordre légal, l'honneur et les biens de tous les habi

tants.

Le pays, jusqu'au retour du prince de Bulgarie, sera administré en son nom et selon les lois et les règlements existants.

En portant ce qui précède à la connaissance du peuple bulgare, je suis profondément convaincu que la nation entière s'empressera de se grouper autour de la lieutenance, afin de sauver la patrie du danger où l'ont poussée les auteurs du coup d'Etat de Sophia, et que chacun respectera les lois du pays et les autorités légalement constituées.

Que le Tout-Puissant protège notre chère patrie et notre souverain bien-aimé le prince Alexandre, et qu'il favorise les efforts que nous faisons pour le bonheur et la prospérité de la Bulgarie.

Signé STAMBouloff.

Voici le texte de la note par laquelle le ministre bulgare des affaires étrangères, M. Natchevitch, a, comme agent diplomatique à Bucharest, notifié aux représentants en Roumanie des puissances signataires du traité de Berlin l'institution de la régence Stambouloff :

Excellence,

J'ai l'honneur de vous transmettre, à titre de renseignement, la copie du télégramme suivant, qui m'a été adressé par M. Stambouloff, président de l'Assemblée nationale, et actuellement chef de la régence en Bulgarie. Voici ce télégramme:

Monsieur l'Agent, je vous prie de porter à la connaissance des grandes puissance signataires du traité de Berlin l'exposé suivant des évènements qui viennent d'affliger le peuple bulgare :

«Le 9/21 août, quelques conjurés, suivis par le régiment de Kustendil et les élèves de l'Ecole militaire, profitant de la circonstance que la ville de Sophia avait été complètement dégarnie de troupes, se sont introduits, à deux heures du matin, dans le palais de Son Altesse et ont forcé, le revolver à la main, notre auguste souverain à les suivre au ministère de la guerre, d'où ils l'ont dirigé vers Rahova sur le Danube, le faisant voyager la nuit, afin que la population qui adore son souverain ne se révoltât pas et ne l'arrachât pas de leurs mains criminelles. A Rahova, Son Altesse a été embarquée sur son yacht et conduite directement sur Reni.

«Sachant que leur attentat ne trouverait aucun écho dans le pays et se sentant incapables d'entraîner par leur seule autorité la population dans la voie d'un mouvement révolutionnaire, les fauteurs de la révolte n'ont trouvé rien de mieux que d'inonder la Bulgarie de fausses nouvelles, afin d'induire la nation en erreur sur la nature de l'acte de trahison qu'ils venaient de commettre, et de faire croire au peuple que le détrônement du Prince avait été fait avec le concours de tous les partis politiques et constituait un acte méritoire, accompli dans l'intérêt de la patrie. En même temps, ils expédièrent dans toutes les directions de nombreux télégrammes portant la signature de personnes influentes, tout à fait étrangères et même hostiles au coup d emain du 9/21 août, et engageant les patriotes bulgares à appuyer le prétendu gouvernement provisoire qui venait de se constituer. Ils ont, en outre, publié plusieurs listes ministérielles contenant les noms des chefs des différents partis politiques en Bulgarie qui avaient catégoriquement refusé leur concours à ces conspirateurs, et qui, même pour cette raison, avaient été jetés en prison.

«Toutes ces manoeuvres ne servirent cependant qu'à démontrer une fois de plus le profond amour du peuple bulgare pour son souverain héros. A peine la nouvelle de cet attentat se fut-elle répandue que, de tous côtés, la population s'adressa au soussigné, président de l'Assemblée nationale, me sommant de faire

usage de l'autorité que la constitution m'accorde afin de rétablir l'ordre légal dans le pays. L'armée, de son côté, s'empressa aussi de m'apporter son appui moral, l'appui matériel n'ayant pas été nécessaire, en se déclarant fidèle à son digne chef et prête à soutenir les autorités légales de la nation.

«La protestation unanime du peuple entier contre le crime du 9/21 août, le refus d'obéissance aux conspirateurs suffirent pour le rétablissement de l'ordre légal: le ministère révolutionnaire disparut de la scène quarante-huit heures après sa constitution et avant que l'on ait pu prendre des mesures contre lui. En ce moment, la capitale bulgare est administrée par le commandant militaire que j'ai nommé au nom de S. A. le prince Alexandre, tandis que le reste du pays n'avait jamais reconnu l'autorité du ministère.

En un mot, le peuple entier ainsi que l'armée bulgare se soulevèrent spontanément et unanimement pour chasser les quelques individus qui, mettant leur ambition et leurs intérêts privés plus haut que l'intérêt public, ne reculèrent pas devant la crainte de déshonorer l'armée bulgare et de pousser la patrie au bord de l'abîme pour assouvir leur passion et eurent le triste courage de recourir au crime et à la trahison pour atteindre leurs buts égoïstes.

En transmettant aux Cabinets des grandes puissances le récit succinct et fidèle des évènements qui ont afflgé le cœur de tout Bulgare, je vous prie, Monsieur l'Agent, d'attirer leur attention sur la circonstance que la crise en question n'a duré que trois jours, que, pendant tout ce temps, l'ordre le plus parfait a régné dans tout le pays et que, malgré l'horreur du crime et les passions qu'il ne pouvait pas manquer de soulever, pas une goutte de sang n'a été versée pendant tout ce temps.

«En ce moment, trois millions de Bulgares demandent à hauts cris leur souverain bien-aimé; à leur désir de voir par le retour du prince Alexandre l'ordre légal de nouveau rétabli, se mêle l'intention d'effacer le plus tôt possible l'affliction que l'infâme attentat du 9/21 août a peut-être produite sur l'âme de Son Allesse en lui montrant les sentiments d'amour et de fidélité qui animent le peuple bulgare tout entier.

Tirnova, le 12/24 août 1886.

« Signé STAMBOULOFF.

Le gouvernement central bulgare se trouvant maintenant éloigné des Représentants des grandes puissances en Bulgarie, s'est adressé à son agence de Bucharest pour transmettre aux Cabinets desdites puissances l'exposé des évènements qui viennent de se passer en Bulgarie. Je vous prie en conséquence, de vouloir bien faire parvenir au Cabinet de..... la communication présente et de vouloir bien agréer l'assurance de ma considération la plus distinguée. »

Le Prince prenait la résolution de rentrer en Bulgarie et arrivait le 29 août à Routschouk où il recevait un accueil enthousiaste. Il y lançait la proclamation suivante :

Nous, prince de Bulgarie, déclarons à notre peuple bienaimé, aujourd'hui que nous sommes rentré sur le territoire bulgare, que nous approuvons et confirmons tous les actes de la régence composée de MM. Stambouloff, Slaveikof et Stransky.

Nous confirmons le ministère constitué par la régence, ainsi que la nomination de M. Moutkouroff en qualité de commandant en chef des troupes bulgares. Nous exprimons de vifs remerciements à la nation et à l'armée, qui, dans un moment critique pour le pays, se sont levées unanimement et ont su rester fidèles au trône et à la renommée de la Bulgarie.

Nous invoquons la bénédiction divine sur la patrie pour son succès, sa grandeur et son bien-être, pour lesquels nous travaillerons comme par le passé.

Le prince est arrivé le 30 août dans la soirée à Tirnova; et le 1er septembre il était à Philippopoli. Partout il a reçu le même accueil qu'à Routschouk.

Le Messager officiel de Saint-Pétersbourg, du 2 septembre, publie un télégramme du prince Alexandre à l'empereur, télégramme envoyé le 18,30 août par l'intermédiaire du gérant du consulat russe à Routschouk, et la réponse télégraphique de Sa Majesté au prince Alexandre à Philippopoli.

Voici ces deux documents:

Sire,

Ayant repris en mains le gouvernement de mon pays, j'ose soumettre à Votre Majesté mes plus respectueux remerciements de ce que le représentant de Votre Majesté à Routschouk, par sa présence officielle à ma réception, a montré au peuple bulgare que le gouvernement impérial ne saurait approuver l'acte révolutionnaire dirigé contre ma personne.

En même temps, je sollicite la permission de pouvoir soumettre à Votre Majesté toute ma gratitude pour l'envoi du général prince Dolgoroukof, envoyé extraordinaire de Votre Majesté, car en reprenant le pouvoir légal en mains, mon premier acte est de soumettre à Votre Majesté ma ferme intention de faire tous mes efforts afin de pouvoir aider à la magnanime intention de Votre Majesté de faire sortir la Bulgarie de la grave crise qu'elle traverse.

Je prie Votre Majesté d'autoriser le prince Dolgoroukof à s'entendre directement et le plus vite possible avec moi, et je serai heureux de pouvoir donner à Votre Majesté une preuve définitive de mon dévouement inaltérable euvers votre auguste personne. Le principe monarchique m'a forcé de rétablir la légalité en Bulgarie et en Roumélie; la Russie m'ayant donné ma couronne, c'est entre les mains de son souverain que je suis prêt à la remettre.

Le tzar a répondu :

J'ai reçu le télégramme de Votre Altesse, je ne puis approuver votre retour en Bulgarie, en prévoyant les conséquences sinistres pour un pays déjà si éprouvé. La mission du prince Dolgoroukof devient inopportune. Je m'abstiendrai de toute immixtion dans le triste état de choses auquel la Bulgarie a été réduite tant que vous y resterez.

Votre Altesse appréciera ce qu'elle a à faire. Je me réserve de juger ce que me commandent la mémoire vénérée de mon père, l'intérêt de la Russie et la paix de l'Orient.

Le Journal de Saint-Pétersbourg, à la date du 3 septembre, disait au sujet de la réponse du tzar au télégramme du prince Alexandre:

La dépêche impériale n'a besoin d'aucun commentaire; elle pose sur un terrain parfaitement net la question soulevée par l'attitude qu'il a plu au prince d'adopter.

Le prince comprit effectivement la portée de la réponse qui lui avait été faite et il résolut d'abdiquer.

Voici le texte de sa proclamation.

«Ayant été convaincu de la triste vérité que notre départ de Bulgarie facilitera le rétablissement des bonnes relations avec la Russie et ayant reçu l'assurance du gouvernement de l'empereur de Russie que l'indépendance, la liberté et les droits de notre Etat resteront intacts et que personne ne s'ingèrera dans ses affaires intérieures, je déclare à mon peuple bien-aimé que je renonce au trône bulgare, désirant prouver devant tous combien nous sont chers les intérêts de notre patric et montrer que pour son indépendance, nous sommes prêt à tout sacrifier, même ce qui nous est plus cher que la vie.

«En exprimant nos sincères remerciements pour le dévouement que le peuple nous a conservé pendant les jours heureux et pendant les jours tristes que le peuple et le trône ont eu à traverser depuis notre arrivée en Bulgarie, nous sortons de la principauté en invoquant Dieu et nous l'invoquerons jusqu'à la la fin de nos jours pour qu'il conserve et aide la Bulgarie et la rende grande, forte, heureuse, unie et indépendante.

<« Nous nommons comme régents MM. Stambouloff, Karaveloff et Moutkouroff.

Nous ordonnons à tous les citoyens bulgares de se soumettre aux ordres et aux dispositions prises par la régence nommée par nous et de conserver au pays sa tranquillité afin d'éviter de compliquer la situation déjà difficile de la patrie. «Que Dieu protège la Bulgarie!

« Donné en la résidence de Sofia, le 26 août/7 septembre 1886.

«<< ALEXANDRE. >>

Le prince quitta immédiatement le territoire de la principauté.
Le 9, il arrivait à Buda-Pesth où il était accueilli avec enthousiasme.
Le comte Zichy lui adressa en allemand l'allocution suivante :

Altesse, au nom de la jeunesse de l'Université, de la population de notre capitale et de toute la Hongrie, je viens vous saluer et vous témoigner nos sympathies pour Votre Altesse. Il y a un an, vous étiez notre hôte; aujourd'hui nous acclanious le héros de Slivnitza et Tsaribrod. Votre Altesse avait fondé un empire en Orient et s'était efforcé de le placer sur un point élevé de la civilisation, lorsque tout à coup une puissance voisine se mit en travers et paralysa vos efforts. Vous avez quitté la Bulgarie, mais la nation que vous avez menée naguère à la victoire vous accompagnera de ses sympathies.

Le prince répondit:

Excellence, recevez mes remerciements pour la cordiale réception que vous me faites au nom de tous. Un prince sans trône ne doit pas prononcer de vaines paroles; je serai donc bref. L'année dernière, dans des jours plus heureux, vous m'avez cordialement reçu; mais combien plus me touche l'accueil que me fait la glorieuse nation hongroise aujourd'hui que je suis malheureux. C'est avec le plus grand zèle que j'ai voulu faire le bonheur de mon peuple, et c'est avec la conscience d'avoir fait le possible que j'ai quitté la Bulgarie. Puissent mes successeurs être plus heureux! Gardez-moi toujours votre amitié.

Le 7 septembre, la Porte a fait remettre aux grandes puissances par ses représentants à l'étranger, relativement aux affaires de Bulgarie, une circulaire ainsi

conçue:

Le Commissaire Impérial à Sofia nous informe que le prince Alexandre de Bulgarie a résolu de résigner ses pouvoirs et de quitter la Principauté et que, de leur côté, les Présidents de l'assemblée bulgare et du ministère princier, tout en engageant notre Commissaire à nous communiquer officiellement cette résolution du Prince, ont fait en même temps remarquer que le gouvernement, l'armée et la population bulgares ne pourraient se résoudre à laisser partir Son Altesse avant d'avoir reçu de la Cour Suzeraine et des grandes puissances l'assurance qu'il n'y aura point d'occupation ni d'ingérence étrangère en Bulgarie, et que les conditions d'existence, garanties à la Principauté par les traités, seront sauvegardées.

Nous avons chargé notre Commissaire de déclarer en réponse au gouvernement princier, que, vu les circonstances présentes, nous ne pouvons que consentir à la résolution du Prince de quitter la Bulgarie, que, tant que la Principauté ne s'écartera point de la voie de la légalité, du calme et de la sagesse en attendant la uomination du successeur du Prince, ainsi que des devoirs qui lui incombent vis-à-vis de la Cour Suzeraine, une intervention quelconque ne saurait y avoir lieu d'aucune part, que, par conséquent, prenant en considération la démarche dont il s'agit, nous nous sommes mis en communication à cet égard avec les grandes puissances pour être à même de satisfaire au désir exprimé par les Présidents.

En faisant part de ce qui précède à M. le Ministre des affaires étrangères, vous voudrez bien y attirer sa sérieuse attention et porter à sa connaissance que la démarche, dont il s'agit, des ministres bulgares mérite d'autant plus d'être prise en considération par le gouvernement impérial qu'il est indispen

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