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donner à ma Maison royale, je ne me trouve pas en état d'autoriser mon fils à accepter le choix fait par la Sobranié dans les circonstances actuelles; par conséquent, il lui serà impossible de recevoir la députation qui lui a été envoyée.

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Le 18 novembre, le général Kaulbars remettait la note suivante :

Sa Majesté a daigné m'envoyer en Bulgarie avec mission de faire connaitre au peuple bulgare tout entier ses sentiments sincères de bienveillance. J'ai transmis au Gouvernement bulgare l'expression de ces sentiments, ainsi que les conseils loyaux qui devront, selon l'avis du Gouvernement impérial, contribuer à faire sortir le pays de sa position pénible.

Aucun des conseils n'a été suivi de manière à pouvoir satisfaire l'attente légitime de la Russie.

En outre, les agents diplomatiques du Gouvernement impérial ont été témoins des actes insolents commis sur les sujets russes ainsi que sur les personnes ayant droit à la protection de la Russie.

Le Gouvernement bulgare continue à ne prêter aucune attention à ces altentats.

Enfin la grande Assemblée a été réunie pour l'élection du nouveau Prince, non seulement sans entente préalable avec le Représentant de la Russie, mais encore après sa déclaration formelle sur l'inopportunité d'un pareil acte.

Ces faits prouvent jusqu'à l'évidence la fernie résolution de la régence d'agir en dépit des actes du Gouvernement impérial.

Je considère, par conséquent, ma présence en Bulgarie comme inutile. Je déclare que le Gouvernement actuel du pays a complètement perdu la confiance de la Russie et que le Gouvernement impérial se voit dans l'impossibilité de continuer ses relations avec le Gouvernement bulgare tant qu'il se composera des membres actuels.

Le 20 novembre, le gouvernement russe a fait publier la communication

suivante :

«Comme le Messager du Gouvernement l'a annoncé le 21 octobre (2 novembre), les offenses que des sujets russes et des personnes placées sous la protection de la Russsie ont endurées sur différents points de la Bulgarie ont obligé le général Kaulbars à déclarer à M. Natchewitch que, la première fois qu'un acte du même genre se reproduirait sur le territoire bulgare, il se verrait forcé de quitter la Bulgarie avec tout le personnel des consulats russes.

« Un nouvel attentat a eu licu le 24 octobre (7 novembre) contre le kawass du consulat général de Russie à Philippopoli. Le kawass, qui se rendait an bureau du télégraphie pour expédier des dépêches, a été assailli par une troupe de soldats et d'autres personnes armées de bâtons, et a été tellement maltraité qu'on l'a emporté sans connaissance au consulat général.

«Ayant appris que cette agression avait été commise par ordre des autorités militaires, le général Kaulbars a invité M. Natchewitch à destituer le commandant en chef de la brigade de Philippopoli et le commandant de la place à infliger une punition exemplaire aux individus qui ont pris part à l'attentat et à faire rendre les honneurs militaires au drapeau russe, conformément à l'usage adapté en pareil cas; le général Kaulbars a, en outre, fait savoir à M. Natchewitch que, s'il n'avait pas obtenu le 5/17 novembre au soir la satisfaction qu'il demandait, il quitterait immédiatement la Bulgarie.

N'ayant pas obtenu, à la date ci-dessus indiquée, la satisfaction en question et n'ayant pas non plus reçu de réponse, le général Kaulbars doit quilter ce matin Sofia, et tous les consuls de Russie en Bulgarie et dans la Roumélie Orientale ont également reçu l'ordre de quitter leurs postes. »

La communication du gouvernement russe se termine par la reproduction du texte de la déclaration adressée par le général Kaulbars au ministère bulgare.

Circulaire de S. E. M. de Giers aux ambassadeurs de Russie à Berlin, Constantinople, Paris, Londres, Rome et Vienne.

Saint-Pétersbourg, le 11/23 novembre 1886.

V. Exe, aura déjà appris qu'en présence de l'état de choses arbitraire et anarchique qui subsiste en Bulgarie et de l'impossibilité de poursuivre aucun rapport avec le gouvernement de fait dans sa composition actuelle, le général Baron de Kaulbars ainsi que tous nos consuls viennent de quitter ce pays et la Roumélie Orientale.

Je crois nécessaire de vous exposer les vues de l'Empereur dans la situation qui en résulte.

Lorsque le prince de Ballenberg quitta définitivement la Bulgarie, le Cabinet Impérial ne crut pas possible d'abandonner dans cet état de crise un pays créé par la Russie. Il avait le droit et le devoir de l'aider à en sortir.

Ce fut l'objet de la mission du général Kaulbars. Elle avait deux buts: assister de ses conseils les hommes au pouvoir et s'enquérir des vœux réels de la population.

Les conseils que fit entendre le général Kaulbars au gouvernement de fait furent ceux que réclamait la situation, c'est-à-dire la cessation des luttes de partis, l'apaisement des passions et l'ajournement de toute mesure pouvant y fournir de nouveaux aliments, afin de donner à la Russie et au Sultan la possibilité de se concerter avec les puissances sur la meilleure solution de la crise. Cependant les détenteurs du pouvoir refusèrent de déférer aux conseils du général Kaulbars. Ils poursuivirent le cours de leurs violences contre toute opposition et convoquèrent une Assemblée qui, élue sous un pareil régime, représentait leur propre parti, mais nullement le peuple bulgare.

Le général Kaulbars fut obligé de déclarer en conséquence que le Cabinet Impérial ne reconnaissait ni la Régence, ni le Gouvernement, ni l'Assemblée issue d'élections illégales, ni aucune des décisions qu'elle prendrait. La première partie de sa mission-celle des conseils était épuisée. Restait la seconde, l'enquête sur les vœux de la population. Ce n'était pas à Sofia, sous les yeux de ce gouvernement, qu'il pouvait la remplir. Il dut se rendre dans l'intérieur du pays et se mettre en contact direct avec la population. Il avait non seulement à s'enquérir des voeux du peuple bulgare, mais encore à lui faire connaitre les vues bienveillantes de l'Empereur, cachées ou dénaturées par les agents du gouvernement.

le fit ouvertement, loyalement, au grand jour, et put confirmer de ses propres yeux la certitude que la grande majorité du peuple bulgare, confiante dans la sollicitude du Souverain de la Russie, invoquait sa protection pour être Soustraite à l'oppression, mais que, incapable par elle-même d'aucune initiative, elle se laissait terroriser par la minorité radicale.

En effet, la présence du général Kaulbars en province devint le signal d'un redoublement de violences de la part des agents du gouvernement contre les Bulgares qui avaient osé exprimer leurs sentiments au représentant de T'Empereur de Russie et même contre des sujets russes.

Le général Kaulbars protesta en vain contre ces brutalités. Il n'obtint que des réponses évasives ou des satisfactions apparentes.

les choses en vinrent au point que le Cabinet Impérial dut envoyer à Varna deux bâtiments de la marine impériale pour protéger le consulat et les sujets russes et les soustraire au besoin à ces actes de violence.

Cette mesure n'imposa pas un frein aux atteintes contre la sécurité des consulats et des sujets russes.

Le général Kaulbars se vit alors obligé de déclarer à M. Natchewitch qu'au premier attentat qui serait dirigé contre un des sujets ou protégés russes, il se trouverait dans la nécessité de quitter la Bulgarie avec tous les consuls. Mais cette déclaration ne devait pas non plus avoir de résultat.

Les gouvernants, ayant la force en main, étaient résolus à en user jusqu'au bout pour se maintenir.

Le mécontentement croissant du pays ne les intimidait pas. Les révoltes partielles et isolées étaient réprimées par la force.

En proposant à l'Assemblée l'élection du prince Waldemar de Danemark, ils se donnaient l'apparence de vouloir se conformer aux prévisions du traité de Berlin. Ils devaient être certains qu'aucun prince n'accepterait la tâche de gouverner le pays dans ces conditions. La réélection du prince de Battenberg n'offrait pas plus de chances. Elle avait été exclue d'avance. Il ne restait aux dictateurs qu'à faire confirmer leur pouvoir par l'Assemblée, la dissoudre et à former un Trinmvirat qui resterait à la tête du pays.

Dans ces conditions, un moyen de conciliation avait été suggéré. Une des premières demandes du général Kaulbars avait été la formation d'un gouvernement de fusion qui fit cesser la lutte des partis, apaisât les passions, ajournât l'Assemblée jusqu'à ce que la tranquillité fût rétablie. Le Sultan. intéressé comme nous à accélérer le terme de cette crise, avait donné à son délégué l'ordre de s'entendre avec le général Kaulbars. Il conseilla aux Triumvirs de modifier la composition de la Régence, d'y faire entrer des hommes de divers partis, inspirant assez de confiance pour qu'on pût traiter avec eux, puis de dissoudre l'Assemblée pour en convoquer une nouvelle légalement élue, forsque les Puissances se seraient mises d'accord sur le choix d'un Prince et sur les conditions dans lesquelles il pourrait prendre le pouvoir.

Un instant, les dictateurs parurent vouloir entrer dans cette voie. Leur position était fortement ébranlée, la discorde régnait entre eux, leur avenir était compromis. Ils se prêtèrent à des négociations avec les chefs de l'opposition. Elles ne purent pas aboutir à la suite d'encouragements que les gens au pouvoir crurent pouvoir puiser du dehors et dans leur confiance d'une impunité assurée par l'absence de toute intervention militaire. Dès lors, loin de modifier la Régence dans le sens de la conciliation, ils la complétèrent dans le sens le plus radical.

En présence de cet état de choses, une nouvelle atteinte ayant été portée à la sécurité du cawas du consulat général de Russie à Philippopoli sans que la satisfaction exigée ait été donnée, il a été prescrit au général Kaulbars et à tous les consuls russes de quitter la Bulgarie avec tout leur personnel. En même temps, ordre a été donné aux navires de la marine impériale en station à Varna d'embarquer les sujets russes qui voudraient s'éloigner du pays où ils ne se sentent plus en sûreté.

Telle est la marche suivie par le Cabinet Impérial. Elle est conforme aux traditions de la Russie, et à sa bienveillance pour la nation bulgare, à sa sollicitude pour la paix de l'Orient et de l'Europe.

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La Russie qui a créé la Bulgarie ne veut certainement pas attenter à son indépendance. Elle veut la lui rendre. Elle a le droit et le devoir de ne point permettre que le peuple bulgare, pour lequel elle a combattu, le peuple qui ne fait pas de politique, mais qui travaille, veut vivre en ordre et en paix et contient en lui le germe de l'avenir du pays, soit opprimé par une minorité d'agitateurs radicaux, détourné de sa voie naturelle et transformé en un foyer d'anarchie, de révolution et d'hostilité envers la nation qui l'a appelé à la vie et n'a pas d'autre désir que de la lui conserver.

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Sa Majesté l'Empereur ne renonce pas à l'espoir d'atteindre ce but. Sa Majesté continuera à y vouer ses efforts. Elle veut le poursuivre par des voies pacifiques et sans s'écarter des traités tant qu'ils seront également respectés par les autres puissances.

C'est dans ces conditions que notre Auguste Maitre attendra le développement de la situation.

Veuillez donner lecture de la présente dépêche à M. le Ministre des Affaires étrangères et lui en laisser copie si S. E. le désire. (Signé) GIERS.

Le 3 décembre, le ministre des affaires étrangères de Turquie a adressé le télégramme suivant aux représentants ottomans à Berlin, Londres, Paris, Rome et Vienne.

Depuis les derniers événements survenus en Bulgarie, la situation reste indécise dans cette principauté. Il est vrai que le Gouvernement provisoire s'efforce d'y maintenir l'ordre, mais tant qu'on s'y trouvera placé en présence d'éléments opposés, qui envisagent les intérêts du pays à des points de vue différents, la porte resterait à tout moment ouverte à des éventualités que l'on ne saurait prévoir. Les préjudices qui résulteraient de cet état de chosés, sont de nature à toucher directement le Gouvernement impérial qui, dès lors, doit tenir, à l'instar des grandes puissances, à ce que les difficultés actuelies disparaissent sans donner motif à la reproduction d'incidents inattendus.

Justement préoccupés de la question de la vacance du poste princier, les Bulgares ont déjà eu recours à la cour suzeraine, leur autorité suprême légitime, pour leur désigner le candidat à élire par eux.

Sur ces entrefaites, le Gouvernement impérial de Russie nous a proposé la candidature du prince de Mingrélie, et le Gouvernement impérial, après avoir constaté qu'il n'y avait aucun motif de décliner cette proposition, y a donné, en vue de la prompte solution de la question, son adhésion, persuadé qu'il est que les autres puissances ne refuseraient pas, à leur tour, leur assentiment.

En soumettant ce qui précède à la haute attention du Gouvernement auprès duquel vous êtes accrédité, vous voudrez bien lui exprimer notre confiance de le voir nous prêter son bienveillant concours dans les dispositions que le Gouvernement impérial croira devoir recommander à Sofia pour l'élection du prince de Mingrélie.

Vous êtes autorisé à donner copie de cette dépêche à S. E. M. le ministre des affaires étrangères.

Le 15 décembre, le Gouvernement russe a adressé aux journaux le communiqué suivant :

« Les événements de Bulgarie qui ont causé en Russie, dans le public et dans la presse, une émotion bien compréhensible, ont fourni aux journaux russes Toccasion de parler des relations politiques, que les puissances européennes entretiennent avec la Russie.

« Les journaux ne se sont pas bornés à apprécier les faits qui sont connus de tout le monde et ne sont soumis à aucun doute; plusieurs d'entre eux voulant donner des éclaircissements touchant les relations en question, ont eu recours à des probabilités et à des hypothèses, et les raisonnements qu'ils ont construits sur cette base peu solide sont dénués de l'impartialité sans laquelle on ne saurait avoir une intelligence plus ou moins exacte des questions politiques et sont même par moments formellement contraires à la réalité.

« Ces défauts caractérisent, en particulier, quelques articles qui, ont été publiés dans les derniers temps, concernant la politique de l'Allemagne, et dans lesquels on faisait croire au peuple russe que les difficultés qui s'opposaient à une solution satisfaisante de la question bulgare étaient dues surtout à l'opposition secrète de l'Allemagne, que l'on désignait ainsi comme un dangereux ennemi de la Russie, qui nourrissait de mauvais desseins contre la dignité et la sécurité de ce pays.

On ne peut que regretter ces excitations.

« La Russie est unie à l'Allemagne, sa voisine immédiate, par une foule d'intérêts vitaux, grâce auxquels les relations des deux puissances se sont consolidées de plus en plus et ont surmonté déjà plusieurs épreuves.

Le maintien de ces relations est aussi important pour le bien-être de l'un des Etats que pour celui de l'autre; ce fait est reconnu par les deux gouvernements, et l'on peut seulement désirer que les rapports qui existent entre les deux pays durent de longues années.

Le Gouvernement impérial, qui a la ferme intention de continuer à avoir, spécialement pour les intérêts allemands, tous les égards que l'on est en droit de demander, a, de son côté, tout lieu de compter que l'Allemagne continuera aussi à s'abstenir de tout acte pouvant porter atteinte à la dignité de la Russie

et aux intérêts qui résultent de nos relations historiques avec nos coreligionnaires d'Orient, et que l'influence de l'Allemagne sera exclusivement employée à maintenir la paix générale, dont l'Europe a besoin, et qui est aussi l'objet des vifs désirs du tsar et de son peuple.

«Plus la situation politique est compliquée et critique, plus il faut montrer de prudence et de calme dans l'appréciation de l'état des choses;

« On ne saurait donc approuver la précipitation et la présomption des raisonnements publiés par les journaux, dont le langage ne manque pas d'exercer

une certaine influence sur les relations internationales. »

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

Revue des Deux-Mondes.

-

Décembre, 1. En Crimée, par E.-M. de Vogué. Les origines de la Bible, par Ernest Renan. San-Francisco: l'agriculture californienne, les nouvelles mines d'argent, le chemin de fer du Pacifique, par C. de Varigny. - Une biographie de missionnaire écossais, par G. Valbert.

15. Les missions catholiques en Chine et le protectorat de la France (article non signé, mais qui est certainement d'un homme très autorisé). Les livres russes en France, par E.-M. de Vogué. Etudes sur l'histoire d'Allemagne entrée en scène de la papauté, par Ernest Lavisse. L'Angleterre et l'Irlande en 1886: la double chute du Cabinet Gladstone, par A. Moireau.

La Nouvelle Revue.

Décembre, 1. Reformes de l'enseignement du droit, par Malapert. poete national Suisse, par E. Julliard.

Revue britannique.

Le maréchal Davoust.

Novembre 1886. L'Inde native.

-

Décembre. Pour la Noël: Contes et récits de tous les pays. driers et les vieux almanachs.

Le Correspondant.

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Décembre, 25. La question d'Orient (1839-1841), par P. Thureau-Dangin (la paix raffermie par le ministère Guizot).

Revue politique et littéraire.

Novembre, 13. A travers l'Empire britannique, par Léo Quesnel (notes sur le Cap. Inde et l'Australie, d'après le baron de Hübner). M. E. Spuller, par D. Ordinaire (article enthousiaste à propos du livre figures disparues).

20. Les conseils d'un Allemand à la France, par Charles Richet (à propos d'un livre qui a fait un certain bruit, au pays de la Revanche, par le docteur Rommel). Paul Bert chez lui, par D. Ordinaire.

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27. Louis XIII et Richelieu, par J. Barhey d'Amevilly. - Avenir de la Religion, par Herbert Spencer.

Décembre, 4. Le gouvernement populaire, par E. de Laveleye (à propos du livre de Sir Henry Maine).

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