Imágenes de páginas
PDF
EPUB

nière dont se distribue le magnétisme dans les corps qui en sont susceptibles lorsqu'ils sont soumis à l'influence d'un aimant ou à celle du globe terrestre; on doit donc appliquer aux formules qu'il a obtenues ce que nous avons déjà dit de tout calcul fondé sur les lois d'après lesquelles on suppose que les molécules magnétiques agissent comme les extrémités des solénoïdes électrodynamiques doivent agir d'après ma formule; et les conséquences déduites, dans le Mémoire que je viens de citer, de l'action qu'on attribue à ces molécules, sont nécessairement communes aux deux manières de concevoir les phénomènes que présentent les aimans, et en complètent également la théorie dans les deux hypothèses.

On peut dire cependant que deux circonstances des phénomènes magnétiques s'expliquent mieux quand on admet que ces phénomènes sont produits par des courans électriques, parce qu'elles sont des conséquences nécessaires de cette manière de concevoir l'action des aimans, et qu'elles obligent ceux qui veulent les expliquer dans l'hypothèse des deux fluides à joindre à cette hypothèse d'autres suppositions qui ne s'en déduisent pas nécessairement. La première de ces deux circonstances est la nécessité d'admettre, pour rendre raison des phénomènes, que les deux fluides magnétiques, quoique susceptibles de se séparer sans résistance dans les particules de certains corps, tels que le fer doux et le nickel, ne passent cependant jamais d'une particule à l'autre, et qu'il y a par conséquent toujours dans chaque particule des quantités égales de fluide boréal et de fluide austral; la seconde est la différence d'intensité d'action de deux masses semblables des deux métaux que

je viens de citer, lorsqu'ils sont rendus magnétiques par l'influence d'une même force; ce qui oblige d'admettre, ou que les fluides auxquels le fer et le nickel doivent la propriété d'être susceptibles d'aimantation ne sont pas les mêmes dans ces deux métaux, ou qu'ils ne peuvent past être séparés dans toute l'étendue de la masse de ces derniers, mais seulement dans des parties déterminées de cette masse. Quand on admet, au contraire, l'opinion que les phénomènes magnétiques sont dus à des courans électriques propres aux particules des corps, et auxquels l'aimantation ne fait que donner une direction qui s'oppose à ce que la résultante de toutes leurs actions sur un point quelconque continue d'être nulle, comme je l'ai expliqué dans la lettre que j'écrivis à M. Van-Beek au commencement de l'année 1822 (1), ces deux circonstances en sont des conséquences nécessaires, car, dans cette manière de concevoir les choses, les solénoïdes électrodynamiques ne peuvent quitter des particules qu'entourent ces solénoïdes, et leurs extrémités, qui correspondent aux molécules de fluide austral et de fluide boréal, sont nécessairement circonscrites dans les petits espaces qu'occupaient avant l'aimantation les courans électriques dont ils sont formés. L'intensité de leur action doit d'ailleurs varier dans les différens corps, puisqu'elle doit dépendre de la force électro-motrice des particules de ces corps, et du diamètre des cercles décrits par les courans qu'elle produit autour de leurs particules.

Ce qu'il y a de plus remarquable relativement à

(1) Recueil d'Observations électro-dynamiques, pag. 171 et 172.

cette force tantôt attractive, tantôt répulsive, qui émane des conducteurs voltaïques, c'est que, quoiqu'en remontant jusqu'à l'action simple de deux élémens, on trouve qu'elle agit, comme toutes les forces auparavant reconnues dans la nature, suivant la droite qui joint les milieux de ces élémens, on trouve en même temps qu'elle n'est pas, comme le sont les autres, proportionnelle à une simple fonction de la distance; il s'agit ici de la conséquence nécessaire et immédiate d'un théorême rigoureusement démontré, comparé à un fait incontestable. En vertu de ce théorême, tant que les forces élémentaires ne dépendent que des distances des points matériels entre lesquels elles s'exercent, qu'une partie de ces points invariablement liés entre eux ne se meuvent qu'en vertu de ces forces, les autres restant fixes, les premiers ne peuvent revenir à la même situation, tant entre eux qu'à l'égard des seconds, avec des vitesses plus grandes que celles qu'ils avaient quand ils sont partis de cette même situation : or, dans le mouvement de rotation continue imprimé à un conducteur mobile par l'action d'un conducteur fixe, tous les points du premier reviennent à la même situation avec des vitesses qui deviennent de plus en plus grandes à chaque révolution, jusqu'à ce que les frottemens et la résistance de l'eau acidulée où plonge la couronne du conducteur mobile mettent un terme à l'augmentation de la vitesse de rotation de ce conducteur: elle devient alors constante malgré ces frottemens et cette résistance.

Rien ne manque donc à la démonstration complète qu'il existe dans la nature inorganique, entre les portions infiniment petites des fils conducteurs de l'appareil

voltaïque, une force élémentaire qui n'est pas fonction de la seule distance des particules entre lesquelles elle s'exerce, et il faut nécessairement admettre, pour que le mouvement qu'on observe soit possible, ou que cette force n'est pas la même à différentes époques du mouvement, c'est-à-dire qu'elle dépend du temps, comme dans la rotation continue que M. Zamboni a produite avec des piles sèches, ou que la même force dépend des directions suivant lesquelles ont lieu, dans les deux particules, les combinaisons ou séparations des deux fluides électriques dont cette force émane, comme j'ai trouvé qu'elle en dépend en effet; car, d'après ma formule, sa valeur contient la seconde différentielle de la racine carrée de la distance des deux particules prises alternativement par rapport aux deux arcs de courans électriques dont cette distance est une fonction, et la seconde différentielle dépend elle-même de ces directions; la valeur donnée par ma formule est d'ailleurs une des plus simples de celles qui satisfont à la condition dont il est ici question; elle est en effet simplement exprimée par cette différentielle, multipliée par un coefficient constant, et divisée par la même racine carrée de la distance (1).

Les époques où l'on a ramené à un principe unique des phénomènes considérés auparavant comme dus à des causes absolument différentes, ont été presque toujours accompagnées de la découverte d'un grand nombre de nouveaux faits, parce qu'une nouvelle manière de con

(1) Recueil d'Observations électro-dynamiques, pag. 255

[merged small][merged small][merged small][ocr errors]

cevoir les causes suggère une multitude d'expériences à tenter, d'explications à vérifier; c'est ainsi que la démonstration donnée par Volta de l'identité du galvanisme et de l'électricité a été accompagnée de la construction de la pile, et suivie de toutes les découvertes qu'a enfantées cet admirable instrument. A en juger par les résultats si inattendus des travaux de M. Becquerel sur l'influence de l'électricité dans les combinaisons chimiques, et de ceux de MM. Prévost et Dumas sur les causes des contractions musculaires, on peut espérer que tant de faits nouveaux découverts depuis quatre ans, et leur réduction à un principe unique, aux lois des forces attractives et répulsives observées entre les conducteurs des courans électriques, seront aussi suivis d'une foule d'autres résultats qui établiront entre la physique d'une part, la chimie et même la physiologie de l'autre, la liaison dont on sentait le besoin sans pouvoir se flatter de parvenir de long-temps à la réaliser.

INSTRUCTION sur les Paratonnerres,

Adoptée par l'Académie royale des Sciences le 23 avril 1823, et rédigée par une Commission composée de MM. Poisson, LEFEVRE-GINEAU, GIRARD, DULONG, FRESNEL, et GAYLUSSAC, Rapporteur.

LES accidens causés, l'année dernière, par la chute de la foudre sur plusieurs églises ayant déterminé Son Excellence le Ministre de l'Intérieur à réaliser le projet, conçu depuis long-temps, de garnir ces édifices de para

« AnteriorContinuar »