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PÉTITION

AU ROI, A LA NATION ET AUX CHAMBRES,

SUR

L'INCONSTITUTIONNALITÉ

DE LA FORME ACTUELLE

DE LA REPRÉSENTATION COLONIALE.

PARIS.

VINCHON, FILS ET SUCCESSEUR DE Mme. Ve. BALLARD, Imprimeur, rue J.-J. Rousseau, No. 8.

Au Roi, à la Nation et aux Chambres.

Inauditus ne condemnetur!

Les colons protestent devant le Roi, la Nation et les Chambres, de l'inconstitutionnalité de toute loi discutée et faite pour eux, en l'absence d'une représentation coloniale dans la Chambre des députés.

Ils s'expliquent catégoriquement sur ce qui les détermine à protester de la haîne qu'on porte à leurs personnes, aussi bien qu'à pétitionner contre le mépris que l'on fait de leurs droits.

On l'a dit avant nous : Est-ce donc pour les seuls colons', pour ces Français seulement que la Charte cesserait d'être une vérité? (*) C'est un malheur pour nous,

(*) Page ire. d'une brochure intitulée: De l'inconstitutionnalité de l'ordonnance concernant les Colonies, rendue le 26 février 1831, sur le rapport de M. le Ministre de la Marine; brochure publiée en mars 1831, imprimerie de Moreau, ruc Montmartre, n. 39.

Cette brochure combat victorieusement et le rapport et l'or

c'est une honte pour d'autres qu'il y ait lieu de le répéter, à l'occasion d'une injustice flagrante dont nulle raison ne justifie la nécessité, dont aucun motif plausible n'autorise la continuation.

Où sont, dites-le-nous, les départemens de France que l'on oserait frustrer de la faveur des discussions parlementaires, ou qui, dans ce cas, voudraient aujourd'hui se soumettre aveuglément aux lois qu'on leur imposerait sans l'intervention de leurs représentans? Il n'en est pas. Eh bien! pourquoi le département des Colonies serait-il donc le seul exclu d'un droit acquis à toute la France par la constitution actuelle du royaume ? Serait-ce à cause des dix-huit cents lieues qui l'éloignent de la capitale?..... la raison en serait absurde. C'est par-là surtout qu'il a besoin d'intermédiaires.

La Corse est moins lointaine, à la vérité, mais elle n'est pas plus que nous partie intégrante du royaume. Elle a fourni, nous le savons, l'homme aux trente ans de victoires.... Mais la Martinique n'a-t-elle pas donné

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donnance qu'il a plu à M. d'Argout, avant de céder le portefeuille de la Marine, de lancer dans les roues de la machine coloniale, à rebours de l'esprit de la Charte. Ce qui prouve, selon nous, que messieurs les ministres, tout responsables qu'on veut bien les faire, savent se moquer, quand ils veulent, ou se sentent appuyés, de la constitution et de ses principes, surtout à l'égard des Colonies. Oui, il le paraît, en effet, ces malheureuses Colonies sont hors la loi ; c'est à qui courra sus! ...

M. d'Argout ne serait-il pas, par hasard, de la religion de ce peuple grossièrement prudent, dont la seule adoration est au Diable, pour qu'il ne lui fasse pas de mal? Il a craint, sans doute, que les nègres, qui ne sont pas moins diables que noirs, ne lui tordissent le cou s'il ne faisait quelque chose pour eux, même inconstitutionnellement.

à l'empire une compagne dont la bonté d'ange et la clémence d'impératrice sont chères à tous les souvenirs!... N'a-t-elle pas donné encore son prince Eugène, émule et modèle de tant de braves..... lui aussi, le fils de l'homme ?.....

Certes, nous ne demandons pas que, pour s'éviter de faire des lois en aveugles, ceux qui s'ingèrent dans les affaires d'un pays qu'ils ignorent, fassent exprès le voyage et traversent les mers pour venir nous consulter sur nos besoins et faire connaissance avec nos localités et nos hommes. Ce serait là peut-être une de leurs obligations... Mais qu'ils restent chez eux, qu'ils occupent honorablement le poste où la confiance de leurs concitoyens les a placés; rien de mieux. Ce que nous croyons seulement pouvoir exiger avec instance, c'est qu'il nous soit enfin permis, à nous autres Français comme eux, de partager avec eux la tribune parlementaire, et d'y faire retentir, par l'organe de nos députés, l'accent de la franchise et de la vérité sur des intérêts que ceux-ci connaissent, sur des besoins qu'ils éprouvent.

Eh quoi! enfans d'une origine commune à celle des métropolitains, les colons seraient-ils considérés comme de vils troupeaux abandonnés à la garde des loups, comme de misérables orphelins livrés à l'animadversion, tout au moins à l'insouciance d'une patric marâtre? Non, ils s'énorgueillissent à trop juste titre d'appartenir à la France par les liens indissolubles et sacrés de la nationalité, pour craindre qu'elle les renie et les voue à l'irrascibilité et aux entreprises d'un parti, qui cherche à les avilir pour égarer l'affection de leurs compatriotes.

Nous repousser du sein de la Chambre nationale c'est exercer sur nous une rigueur despotique; résister ainsi à

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