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La fabrication de ces produits est restée très bornée et diminue même chaque jour, puisqu'une grande partie du verdet cristallisé servait à la préparation de l'acide acétique très concentré, connu sous le nom de vinaigre radical, que l'on obtient maintenant par d'autres procédés que nous décrirons; et nous verrons que si sa consommation acquérait de l'importance, un procédé plus manufacturier pourrait y être substitué.

C'est au moyen du marc de raisin qu'on prépare le verdet: pour cela on le place dans des tonneaux défoncés, ou dans de grands vases de terre, en le divisant le plus possible; on couvre les vases, et on abandonne le tout pour que l'acétification s'y développe : la masse s'échauffe, une odeur de vinaigre se fait sentir, et si on laissait l'action se continuer d'elleinême, la température s'élèverait au point de perdre une grande partie de l'acide au bout de trois ou quatre jours, dans les circonstances les plus ordinaires, on procède à la suite de l'opération; mais si la formation d'acide acétique n'a pas lieu assez promptement, on échauffe artificiellement le local où se trouvent les vases, au moyen de réchauds; on a soin de les couvrir avec des couvertures, et de temps à autre on remue la masse pour que l'air y pénètre mieux. Quelquefois, au contraire, l'acétification fait des progrès si rapides, qu'une grande quantité d'acide se répand au dehors. Dans une bonne opération, la température du marc se maintient entre 35 et 40° centigrades.

Les lames de cuivre ne seraient que difficilement attaquées, si on ne les préparait par le procédé suivant : on les frotte avec un linge imprégné d'une dissolution de verdet, et on les laisse sécher, en les plaçant de champ; ou bien on les laisse quelque temps sur du marc: la surface s'oxyde et la formation du vert-de-gris peut marcher avec facilité.

on y

laisse

Pour savoir si le marc est à l'état convenable, pendant vingt-quatre heures une lame de cuivre ; au bout de ce temps elle doit être recouverte d'une couche mince de vertde-gris. Si, au contraire, elle l'est de gouttelettes de liquide, la température est trop élevée.

On forme, dans des vases de terre nommés oules, des

couches alternatives de marc et de feuilles de cuivre, qui ont été élevées à une température telle, qu'on ne puisse les toucher avec la main, en les tenant sur une grille placée dans un tonneau défoncé par les deux bouts, et au-dessous de laquelle on fait du feu. Dans chaque vase on place de trente à quarante livres de cuivre, et on obtient environ cinq à six livres de vert-de-gris. On reconnaît la fin de l'opération, à ce que le marc blanchit: on enlève les plaques de cuivre, qui sont recouvertes de petits cristaux soyeux; on les pose de champ sur des bâtons, et à diverses reprises on les plonge dans l'eau, et on les remet dans la même position. Après trois ou quatre immersions qui ont lieu tous les cinq ou six jours, on gratte la surface avec un couteau, pour détacher la couche de vertde-gris, que l'on comprime, pour en faire une pâte qui se dessèche à l'air.

que

Dans cette opération, l'acide acétique qui se produit au moyen de l'alcool contient le marc de raisin, détermine l'oxydation du cuivre, qui devient alors susceptible de se combiner avec l'acide; mais il ne peut se former qu'un sel basique, parce que l'acide est en faible quantité, relativement

à celle du métal.

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Pour obtenir le verdet cristallisé, on fait chauffer dans un chaudron de cuivre, une partie de vert-de-gris et deux de vinaigre distillé, et on agite avec une spatule de bois après quelque temps, et quand la liqueur paraît ne plus se colorer, on la laisse déposer, et on la tire à clair; on traite de nouveau le résidu par du vinaigre, et on réunit toutes les liqueurs dans une même chaudière, pour les soumettre à l'évaporation. Ordinairement il y en a une seconde chauffée par le même feu, et une cuve, d'où s'écoule le liquide nécessaire pour suppléer à l'évaporation. Quand la liqueur commence à donner des cristaux à la surface, et qu'elle est en consistance presque sirupeuse, on la verse dans des oules, dans lesquelles on a suspendu des morceaux de bois fendus en quatre, et dont on maintient l'écartement avec de petits morceaux de bois : en maintenant la température à 30° environ, dans une étuve, on obtient des masses de cristaux, dont la plus grande partie se dépose sur les bois. Les eaux mères peuvent donner de

nouveaux cristaux: pour cela, si elles ne donnent pas de précipité par l'eau de chaux, on y dissout environ 500 gr. de vert-de-gris par oule, et si l'eau de chaux y produit un précipité, on le recueille, on le dissout dans du vinaigre, et l'on ajoute la liqueur dans une nouvelle évaporation. Dans ce dernier cas, on perd inutilement tout le vinaigre, qui se combine avec la chaux: il faudrait faire rentrer la liqueur dans le traitement du vert-de-gris, par l'acide.

Le vert-de-gris ne se dissout pas complétement dans le vinaigre; il laisse pour résidu du cuivre métallique et de l'oxyde dont on peut, comme Chaptal l'a fait voir, tirer parti, en l'humectant avec du vinaigre, et abandonnant la matière à l'air, sous forme de couches peu épaisses; elle se transforme peu à peu en acétate soluble, que l'on traite

comme précédemment.

C'est à Montpellier seulement que l'on fabrique les deux espèces de verdet. Si la consommation en était assez importante, le procédé que nous venons de décrire devrait être remplacé par la double décomposition de l'acétate de plomb ou de chaux le sulfate de cuivre.

par

Chaptal avait déjà anciennement proposé l'emploi du premier de ces procédés, analogue à celui qu'on emploie pour préparer l'acétate d'alumine. Les proportions indiquées par M. Lenormand, sont de 40 de sulfate de cuivre, et 61 d'acétate de plomb, et doivent donner 40 d'acétate de cuivre, et 50 de sulfate de plomb; mais il resterait une certaine quantité d'acide acétique dans la liqueur. Le sulfate de plomb retient toujours un peu de cuivre, qui le colore en bleu ou verdâtre.

En se servant d'acétate de chaux, le prix de l'acétate de cuivre serait moins élevé.

L'acétate de cuivre, chauffé dans une cornue à laquelle on adapte une alonge et un balon tubulé, donne pour produit de l'acide acétique très concentré, qui était désigné autrefois sous le nom de vinaigre radical. Il se dégage en même temps des gaz inflammables, et il reste dans la cornue un mélange de cuivre métallique et de charbon.

Acétate de Fer. On prépare ce sel avec la plus grande facilité en mettant en contact des rognures de tôle avec du

vinaigre étendu, et c'est par ce moyen que, dans toutes les fabriques de toile peintes, on l'obtenait autrefois. Depuis que la distillation du bois en vases clos a fourni aux arts une grande quantité d'acide acétique, on a employé, avec avantage ce produit pour préparer l'acétate de fer, plus connu dans cet état sous le nom de pyro-lignate.

En se servant, pour cette opération, de l'acide brut, l'acétate donne quelquefois des résultats défavorables en teinture, parce qu'il renferme une très grande quantité de goudron dont une partie se dépose sur les tissus. Mais si on fait usage de celui qui a été distillé, on obtient un sel qui offre beaucoup d'avantages sur le sulfate, parce que l'acide mis en liberté dans la préparation des noirs étant très faible, ne réagit pas sur les tissus, comme le faisait l'acide sulfurique.

Il est inutile de se servir d'acide concentré; à 3 ou 4° à l'aréomètre, il attaque très facilement le fer, quand il en est saturé, ce qui a lieu en cinq à six jours; on le fait évaporer à 14°. On remet une nouvelle quantité d'acide sur le fer et on continue l'opération de la même manière.

L'acétate de fer n'est pas susceptible de cristalliser.

ACÉTATES DE PLOMB. Le plomb produit aussi plusieurs sels avec l'acide acétique : nous n'aurons à nous occuper que des deux, qui sont employés dans les arts, l'acétate neutre et le

sous-acétate.

Le premier, connu autrefois sous le nom de sel ou sucre de Saturne, s'obtient très facilement en traitant la litarge en poudre par l'acide acétique à une très douce température. Pour que la cristallisation s'opère bien, il faut que l'acide soit en très léger excès, et alors on peut se servir des proportions suivantes : acide acétique à 8° de l'aréomètre 65 parties, litarge 58 parties, que l'on introduit dans une chaudière en cuivre étamée ou en plomb. Quand la dissolution est opérée, on étend la liqueur avec des eaux-mères pour qu'elle marque 52 degrés à l'aréomètre, et on la met cristalliser dans de grandes terrines; on fait égoutter et on porte à l'étuve très peu chaude.

Dans toutes les cristallisations, l'eau mère, qui surnage les cristaux, peut en donner de nouveau par l'évaporation; mais ils sont moins beaux et moins purs que les premiers: on peut

mêler ces eaux avec de nouvelles dissolutions, et obtenir ainsi un produit d'une meilleure qualité.

Ce sel renferme, sur 100 parties, 26,99 d'acide, 58,71 d'oxyde, et 14,30 d'eau. Il s'effleurit très légèrement à l'air.

Lorsqu'on fait chauffer de l'acide acétique ou de l'acétate de plomb avec un excès de litharge, on obtient un nouveau sel qui ne peut cristalliser régulièrement lorsqu'il est pur, et qui empêche presque complétement la cristallisation de l'acétate, s'il est mêlé avec lui. M. Thénard, qui l'a découvert, a été conduit à le reconnaître, par l'état d'empâtement où se trouvaient les liqueurs qu'obtenait un fabricant qui ne pouvait plus se procurer de sel cristallisé. On fait chauffer ensemble une partie d'acétate de plomb, deux de litharge calcinée réduite en poudre fine et vingt parties d'eau; on décante la liqueur et on l'évapore par le refroidissement, on obtient une masse blanche opaque, formée de larges lames. Ce sel est alcalin aux réactifs, moins soluble que le précédent et n'éprouve pas d'altération à l'air. Quand on le dissout dans l'eau qui contient des sulfates ou des carbonates, ou même de l'acide carbonique, il donne des précipités abondants: il est très employé pour la préparation de la céruse.

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On peut aussi préparer ce sel à froid en mêlant 1 partie de litharge en poudre fine, 2 d'acétate de plomb et 5 d'eau, et agitant fréquemment le mélange: après deux ou trois jours on décante. Il reste un peu de litarge non attaquée.

Lorsque le sous-acétate de plomb doit servir à la préparation de la céruse, il est inutile de l'évaporer: on traite directement la dissolution par l'acide carbonique. V. CÉRUSE.

Le sous-acétate renferme 13,29 d'acide, et 86,71 d'oxyde: Ces deux sels chauffés se dessèchent, et quand on continue la chaleur, ils se décomposent complétement en donnant peu d'acide et beaucoup d'esprit pyro-acétique.

On a cherché à préparer l'acétate de plomb avec l'acide pyroligneux brut. Jusqu'ici on n'a pu y parvenir.

Dans ces derniers temps Bérard a proposé, pour obtenir ce sel, un procédé qui s'applique à un très grand nombre d'autres, et qui consiste à remplir des pots en terre avec du plomb en grenailles, que l'on humecte avec de l'acide acétique; après quelques

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