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Ferant: A. SAUPHAR

Les Morts heureuses, par EDMOND LEPELLETIER. Un vol. in-18 jésus. Paris, Tresse et Stock; 1886.Prix: 3 fr. 50.

Précédé d'une très curieuse préface d'Alphonse Daudet, le livre de M. Edmond Lepelletier est un intéressant recueil de nouvelles nous montrant toutes les manières agréables dont peut se terminer l'existence humaine. Bien écrites, suffisamment dramatiques, prises pour la plupart dans la réalité même, ces histoires ont un attrait particulier. Tour à tour touchantes, frissonnantes et passionnées, elles semblent avoir voulu épuiser la gamme multiple des sensations qui secouent et enfièvrent l'humanité. C'est là une collection de choix qui garde un grand parfum

littéraire.

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nature, au milieu de l'encouragement grisant des choses. Tout ce qui est paysage est touché avec un art fin, transparent, qui sonne harmonieusement à l'oreille, plaît à l'œil. L'étude des caractères a été traitée avec le même bonheur; la figure du jeune justicier se détache lumineuse sur le confus grouillement des habitants maudits de l'Abondance-Dieu, et l'auteur a décrit d'une manière saisissante l'envahissement, puis la gradation du terrible mal qui décime, en vraie plaie d'Égypte, cette orgueilleuse population, punie dans son orgueil, dans sa force, dans sa santé et dans sa vie. Le livre de M. Fernand Icres est hardi, mais on le lira avec plaisir, parce qu'il est littéraire.

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nettement ce qu'il veut dire et a un vrai souffle de belles-lettres. Dans son nouveau roman, le Père, c'est avec une grande sûreté de jugement qu'il conduit ses personnages, dans leur lutte terrible pour le bonheur, à travers les obstacles dangereux que suscite une position fausse, contraire aux lois de la société. Il en tire des effets nouveaux, très saisissants, les détails d'un combat douloureux entre les sentiments et les droits sociaux. L'action est vive, généreuse, et entraîne par son allure le lecteur séduit et ému. Absolument littéraire, ce roman échappe cependant à la sécheresse de certaines études de mœurs, et il a cette qualité rare de pouvoir être lu même par des jeunes filles, en dépit de ses scènes passionnées.

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Le très curieux volume de Nouvelles, traduit de l'allemand par M. Félix Salles et portant comme nom d'auteur ces jolis mots latins Carmen Sylva, est, on ne l'ignore pas, l'œuvre de la reine de Roumanie. On y sent courir et frissonner l'âme poétique d'une habitante des bords du Rhin et comme le souffle palpitant des mélancoliques légendes de l'Allemagne. De l'amour, des larmes, des prières, des joies et des douleurs

alternent tour à tour leurs accords tristes ou gais; les baisers d'amoureux y voltigent à côté des baisers maternels, et une grande émotion se dégage de cet harmonieux ensemble. Beaucoup de finesse dans les aperçus féminins, un sens délicat des choses, avec un peu d'enflure poétique, font de ce livre un charmant recueil.

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L'histoire du Sénateur Ignace est celle d'une nullité arrivant à tous les honneurs, grâce à la main qui la soutient. C'est la mère du sénateur, la baronne douairière de Brenota, qui est l'habile et rusée directrice de son fils. Connaissant son incapacité, mais usant adroitement de tous les moyens, elle le fait débuter dans la diplomatie, puis dans l'administration, le marie d'abord à une jeune fille riche; ensuite, après la mort de celle-ci, à une fille noble, et sait si bien manœuvrer qu'elle pousse jusqu'au Sénat ce personnage à la fois grotesque et odieux dont souffrent tous ceux qui l'approchent. C'est là une intéressante étude, qui tranche sur les œuvres habituelles de l'écrivain connu à qui l'on doit de si charmantes reconstitutions de la vie militaire contemporaine.

La Teigne, par LUCIEN DESCAVES. Un vol. in- 18 jésus. Bruxelles, Henry Kistemaeckers; 1886. — Prix : 3 fr. 5o.

Bien que terriblement long et peu facile à lire d'une haleine, le roman que M. Lucien Descaves intitule la Teigne est une œuvre qui mérite l'attention

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avec

ec un souci trop marqué de n'en pas sortir, avec un dédain trop visible des classes inférieures, ses héros appartiennent cependant de la manière la plus étroite à l'humanité par leurs qualités et par leurs vices, surtout par l'indéfinissable et flottant mélange de ces vices et de ces qualités. Il fouille avec une science correcte et implacable ces cerveaux si complexes, pour en tirer le mystérieux aveu des défaillances, des fautes, des crimes; on se passionne avec lui dans la poursuite délicate qu'il a entreprise et qu'il mène impitoyablement jusqu'au bout.

Quoique les gens superficiels et même des critiques autorisés aient crié bien haut le mot de pessimiste en parlant de l'élégant romancier, il nous semble pourtant que l'accusation ne soit pas ici pleinement justifiée. Ses personnages sont plus ou moins répréhensibles, plus ou moins coupables, ils sont surtout humains, par les fluctuations mêmes et les inégalités de leur être, et comme tels, accessibles à ce qu'il peut y avoir de meilleur dans l'humanité, le repentir, le remords, le sacrifice, l'expiation. Si faible qu'ait été Hélène Chazel, si criminellement égoïste qu'ait été le baron Armand de Querne, n'éprouve-t-on pas un indicible soulagement, lorsqu'on les retrouve, à la fin du volume: l'une, résignée, repentante, ne vivant plus que par la maternite, après ses lamentables tortures d'amante; l'autre, mordu enfin au cœur et sentant naître en lui, ce qu'il n'a jamais éprouvé, l'émotion, le chagrin du mal cause? Pour nous, tout est là. Le livre entier se résume et se relève en cet épilogue, qui, les orages passionnels terminés, en fait le livre de charité, le livre de miséricorde, le livre de profonde pitie.

A ce titre, Un crime d'amour est peut-être l'œuvre la plus réussie, la plus près de nous que Paul Bourget ait écrite; ce sentiment d'attendrissement nous fera passer avec plus d'indulgence sur les points de

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licats et discutables de l'œuvre, c'est-à-dire l'incroyable aveuglement du mari, son abnégation surhumaine et la souillure nouvelle par laquelle la femme croit venger une insulte et ramener à elle son

amant.

Ce serait également ne pas donner une analyse complète et sérieuse de cette œuvre remarquable à tant de points de vue que de ne pas soulever quelques critiques de détail, ne touchant en rien à l'allure générale du roman et n'ayant qu'une importance relative; c'est, d'abord, l'emploi répété d'un tour de phrase, créé par les de Goncourt: « un rien de »; ensuite, le souvenir de la bramée d'amour de Sapho, dans le passage qui parle de « la plainte uniforme et sourde d'une bête qui rale ». Ce ne sont là que des taches sans gravité, qui n'ôtent rien au charme général du livre, mais contre lesquelles l'écrivain devra se mettre en garde, pour rester toujours lui et conserver sa saveur de haute et personnelle originalité.

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Un livre de folie, plein d'éclairs luisants, de zigzags bleuâtres, étincelant de vérités et de bizarreries, d'images superbes et d'idées fantastiques, une opacité de poix où s'engluent les yeux du lecteur, mais où, au plus profond des bitumineux abîmes du style, on découvre des pages d'une saisissante modernité, d'un sensualisme troublant, telle est l'oeuvre que M. Joséphin Peladan intitule Curieuse et qui forme la deuxième série de la Décadence latine. On sent que des lectures diverses ont frotté cette imagination étrange, la jetant de Barbey d'Aurevilly à Eugène Suë, et des théologiens aux chercheurs de la pierre philosophale. Il y a dans ce roman un incroyable pêle-mêle de mysticisme, de magisme et d'aventures de feuilletons ou de cour d'assises. Les Mystères de Paris ont fourni à l'écrivain l'idée primordiale de Curieuse. Au lieu du prince Rodolphe, c'est une jeune princesse russe qui ira courir les bouges et les mauvais lieux de la capitale, en compagnie d'un jeune homme mystérieux, presque surnaturel, du nom de Nébo. Elle étudiera ainsi tour à tour les mœurs des bandits et celles des étudiants, passera des souteneurs aux gentilshommes et du lupanar au cercle de la haute société, sous un déguisement de jeune homme. Nébo, son guide et son défenseur, sera muni de pilules d'acide prussique, de revolvers et d'aiguilles empoisonnées, avec lesquels il chàtiera les criminels et aidera sa compagne à se tirer des pas les plus difficultueux.

Le roman s'interrompt brusquement, au milieu de la page 332, par une virulente attaque contre le ministre de la guerre, coupable d'avoir voulu obliger l'auteur à respecter la loi militaire de 1872 et de l'avoir puni de la prison, comme n'ayant pas répondu, en 1885, à l'appel de sa classe. C'est une bâillure subite où s'engouffre et disparaît la queue du roman. Ce pamphlet d'une trentaine de pages termine bizar

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Quand on approche d'une de ces gigantesques agglomérations industrielles qui s'appellent Le Creuzot, Anzin, Saint-Étienne ou de tout autre nom symbolisant le grand centre de travail en ébullition, le labeur acharné de l'homme, ce qui saisit immédiatement les yeux et les oreilles, ce sont les tourbillons de fumée dégorgés par les hautes cheminées, les lueurs d'enfer dont flamboient les vitrages, le rugissement des machines, le déchirement perçant des sifflets, le grand grondement perpétuel des roues et des pistons. Une sueur fumante s'envole de ces ateliers, une senteur lourde de corps humains en activité de travail manuel, un déploiement incessant de force physique luttant de zèle avec la force brutale des chaudières.

Telle est l'impression énorme, saisissante, qui se dégage du nouveau roman d'Émile Zola, ce livre puissant, dont l'intimité trouble, émeut, passionne et effraye, et d'où s'élève aussi cette fumée perpétuelle, d'où s'échappent ces bruits redoutables qui trahissent la lutte ardente, continue. Mais, ici, c'est la vapeur des cerveaux où se débat la pensée aux prises avec l'Art, où bouillonnent et flambent les beaux rêves de gloire et d'avenir, où s'agite, comme dans un creuset toujours chauffé à blanc, l'insatiable et dévorant désir du Beau. Ici, ce sont des cris d'êtres humains, des appels, des désespoirs, des joies, des souffrances, qui retentissent, venant secouer le cœur dans la poi trine et faire frissonner la chair d'une irrésistible contagion de douleur, d'une étroite communauté de sensations avec ces figures si vraies, si apitoyantes, si vivantes, qu'elles s'animent, parlent et agissent sous nos yeux. Ici, ce sont des personnages que nous connaissons tous, que nous voyons tous, autour de nous, vivre et travailler, travailler sans cesse, du tra vail heureux comme du travail ingrat et désespéré, qu'ils aient nom Claude Lantier, Dubuche, Sandoz, Bongrand, Mahoudeau, Chaîne, Jory, Gagnière ou Fagerolles.

Toute une humanité frémissante, tout un grand morceau de chair palpitante tient dans ces pages, entre le craquant coup de tonnerre qui ébranle et éclaire en même temps l'œuf du vieux Paris, la Cite, l'ile Saint-Louis, et cet enterrement à Saint-Ouen d'une simplicité si empoignante, cette disparition d'un être génial dans le hurlant sifflet de la locomotive longeant le cimetière, comme une moquerie de la civilisation, un amer défi de la machine à ce fragile cerveau humain qui n'a pas su résister à l'afflux de la vie. On sent avec quel amour, avec quelle préoccupation de sincérité et de vérité, l'auteur a écrit ce

livre qui renferme, non seulement ses amis, ses compagnons de combat, mais lui-même, un lambeau de sa propre vie, l'important fragment des rudes années de début, de luttes renaissantes, et pour l'existence matérielle et pour l'existence intellectuelle. Aussi, comme il a compris ces désespérés, comme il a souffert lui-même de la souffrance de ces camarades, dont la plaie vive était la sienne, comme il les a étudiés, fouillant leur cœur, leur cerveau, avec une divination dont le secret était en lui, dans l'étude et l'observation qu'il faisait de lui-même ! C'est là, đans ce livre, dans cette autobiographie absolument exacte, qu'on devra chercher l'explication de la puissance et du travail toujours insatisfait de cet écrivain qui passe sa vie à douter de lui et à vouloir sans cesse faire mieux.

Tout le monde connaît le sujet de ce roman, l'Euvre, cette histoire impitoyable et tragique du peintre de génie, dont le génie même fait éclater le cerveau, trop faible pour supporter la pression incessante de la pensée. Les grandes lignes du livre ont depuis longtemps été indiquées, et Claude Lantier deviendra l'inoubliable type du raté de génie, que tue le génie, que dévore son talent même, en présence duquel il se sent physiquement impuissant. Mais ce que l'on ne sait pas, ce qu'il faut lire et saisir, ce sont les admirables détails du roman, les peintures de Paris, brossées avec une furie de couleur, une robustesse de touche qui les gravent ineffaçablement dans l'œil et semblent vous révéler une ville que l'on ignorait et que l'on n'avait jamais aussi bien vue. C'était le cadre magistral qu'il fallait à ce poème de la chair en bataille avec l'esprit, à ces malheureux que l'amertume, les désespoirs, les rancunes, les jalousies finissent par lancer les uns contre les autres comme une bande de bêtes enragées, tout crocs, tout griffes, tout prunelles féroces.

Exquise et lamentable se dresse en face de ces hommes cette délicieuse figure de Christine, si charmante d'amour, de tendresse, de passion battante pour son malheureux Claude. C'est avec un art infini que l'écrivain explique la jeune femme, la montre, d'abord effrayée par la peinture de celui qu'elle aime, instinctivement méfiante, comme si elle prévoyait tout le malheur caché derrière ces toiles terribles; puis son éducation d'intelligence se fait, elle s'apprivoise, s'habitue, à mesure que, par un effet naturel des trésors de pitié accumulés dans tout cœur de femme bien constitué, son admiration augmente en présence de cette farouche et renaissante bataille de l'homme contre la malchance, contre le sort contraire. Mais aussi, à la fin, quelle haine furieuse contre l'Euvre, contre cette toile peinte qui lui prend, pour commencer, la pensée et le corps, pour finir, la raison et la vie de son mari!

Il faudrait prendre chapitre par chapitre, page par page, pour relever toutes les beautés, toutes les trouvailles heureuses, de mots, d'idées, d'observations, de peintures justes, dont Émile Zola a empli ce roman, d'un jet si viril, d'une cohésion si étroite avec le mouvement en avant de la société, d'une si grande

et si parlante vibration humaine. Nous nous contenterons d'en indiquer, pour ceux qui ignorent encore le romancier, l'endroit où il décrit, avec toutes les ressources de son talent, le travail de l'artiste, de l'écrivain qui ne vit plus qu'avec son œuvre, ne pense plus qu'à elle, galope toujours et partout par cette obsession du livre en gésine, oubliant tout ce qui ne s'y rapporte pas, n'ayant pas une seconde de calme, de repos, de satisfaction. C'est une maîtresse étude du cerveau en fusion à mettre auprès des plus beaux morceaux de littérature, d'observation et de pensée : on n'a pas été plus loin dans l'analyse palpable de soi-même.

Dans l'étonnante série des Rougon-Macquart, ce roman tiendra une place spéciale, œuvre de vie et de force, œuvre d'amour et de vérité, qui émotionnera et donnera la note saisissante de toute une portion de la poussée nouvelle de l'Art à travers l'humanité contemporaine.

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En prenant pour héroïne de son livre une bayadère, c'est-à-dire une danseuse sacrée, une femme touchant à la fois à ces deux côtés dominant de l'Inde, la sensualité physique et la religion, Robert de Bonnières a heureusement réuni en une seule figure, particulièrement attirante et séduisante, l'Inde elle-même.

D'autres ont pu, soit par un simple effort d'imagination méridionale comme Méry, soit par les notes et les lettres d'un journal de voyage comme Victor Jacquemont, nous peindre, avec plus ou moins de vérité, les mœurs et les paysages de cette contrée aux faces si multiples, si différentes, l'auteur du Baiser de Maina a eu, à notre sens, une préoccupation plus précise, plus moderne, se rapprochant davantage de l'observation directe et des procédés d'analyse de notre école littéraire contemporaine. Cela se reconnaît immédiatement dans le choix qu'il a fait du centre de son action, Bénarès, la ville sainte, par les personnages typiques qu'il s'est plu à étudier et à faire mouvoir autour de la bayadère Maïna. L'élément anglais et conquérant, représenté par des officiers de police, le commissaire sir Cuningham, le magistrat Maple, nous montre l'introduction de la loi européenne, de la civilisation sous sa forme judiciaire en opposition avec la barbarie hindoue, synthétisée dans le maharajah Hari-Chandra et son confident Narain, dont le fils, le brahme Ram-Sinnh, est l'amant heureux de Maïna; derrière ces personnages principaux, quelques curieux comparses, le barbier Toulsi, Gopal, le frère de la danseuse, Ganga Nath, le juge indigène.

Robert de Bonnières n'a eu la prétention ni de moraliser, ni de tirer des considérants de ce qu'il voyait ; il s'est contenté de peindre, avec une justesse d'expressions et un savoir remarquables, les mœurs qui se déroulaient sous ses yeux. De là cette sobriété

extrême de l'action, ce relief des figures, qui accaparent toute la lumière et se meuvent sans effort, sans fatigue, donnant l'exact tableau de ce qui se passe à Bénarès entre Anglais et Hindous. C'est un bizarre mélange des habitudes et des usages de chacun des deux peuples, vivant ensemble sans se mêler, glissant les uns à côté des autres sans jamais s'unir, les uns avec leur morgue légendaire, leur mépris des barbares, leur correction empesée d'attitude et de costumes, les autres avec leur luxe étourdissant, leurs belles phrases imagées, le respect de la religion et des coutumes sacrées. Les amours passionnées et touchantes de la belle Maïna et du jeune brahme Ram-Sinnh ont une fraîcheur et un brillant qui semblent s'aviver au souffle de cette atmosphère de feu. On suit avec un vif intérêt cette idylle étrange, empreinte d'une grande couleur locale, déroulant au milieu de la civilisation anglaise, la plus formaliste des civilisations, sa senteur embaumante, son parfum sauvage et troublant : Ram-Sinnh et Maïna sont les Manon Lescaut et Desgrieux de l'Inde, un couple d'adorables amoureux donnant ce spectacle exquis de l'amour vrai surmontant tous les obstacles, triomphant de tous les empêchements, et plus heureux enfin que les héros de l'abbé Prévost. Ce livre est une fleur superbe, cueillie sur place par l'auteur et rapportée au milieu de nous pour nous donner le regret et le désir de ces contrées qui semblent des pays de rêve et d'amour.

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On connaît le talent fin et délicat dont Saint-Juirs a fait preuve dans ses précédentes œuvres; pour écrire Madame Bourette, l'écrivain semble avoir encore affiné sa plume et caressé amoureusement ses person. nages. L'histoire, très simple, se passant en province, dans une petite ville, est en même temps très touchante et très originale. Les types sont amusants, et le professeur Eudore Bourette rappellera aux lecteurs plus d'un ancien helléniste enragé. Mme Bourette et sa fille sont des figures qui dégagent l'intérêt attendri, l'émotion et la grâce. Nous ne nous étendrons pas sur le sujet du livre, de peur d'en déflorer l'originalité, mais nous conseillerons cette lecture à tous ceux et à toutes celles qui ont le goût des choses élégantes, contées en une langue pure, harmonieuse; vrai régal de lettre, de dilettante et d'amateur, Madame Bourette plaira à tous.

G. T.

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mettre dans les mains de toutes les jeunes filles. Ce sont ces romans qui constituent la Bibliothèque des mères de famille, éditée sous la direction de Mme Emeline Raymond par la librairie Didot.

Cinq volumes ont récemment paru. D'abord Mademoiselle Bréval, par P. de Lalong, récit rapide, auquel nous n'adressons qu'un reproche, c'est de donner à croire trop facilement aux jeunes filles qui se livrent à la peinture sur soie ou sur porcelaine que leur petit talent d'amateur peut sérieusement leur rapporter un jour la fortune ou tout au moins l'aisance. Que d'illusion on entretient chez ces malheureuses enfants poussées vers les carrières artistiques! Montrez leur donc plutôt que ces arts d'agrément ne sortent pas du domaine de l'agrément, et que les arts utiles, trop dédaignés, seront leur véritable ressource; encouragezles à apprendre l'art de fabriquer un chapeau élégant, simple et peu coûteux, à couper et à bâtir une robe, etc. Un láche est un roman anglais de lady A. Noël, traduit par A. Chevalier; histoire attachante, personnages sympathiques; le Mari de Simone, par George de Vallon, fait pendant au Mari d'Iantke, imité de l'anglais par Mme Berthe Neuilliès. Enfin, Deux mariages sont l'œuvre de M. Paul Bonhomme, auteur des Récits de l'oncle Paul, qui ont paru chez l'éditeur Quantin, et de la Dame au peignoir bleu.

PZ.

Trois nouvelles chinoises, traduites par M. le marquis D'HERVEY DE SAINT-DENYS. Ernest Leroux, éditeur. Paris.

Les trois nouvelles chinoises dont M. le marquis d'Hervey de Saint-Denys nous donne la traduction forment un des derniers volumes de la bibliothèque orientale elzévirienne éditée par M. Leroux. Le goût est de plus en plus à la littérature orientale. Et c'est avec raison que l'on pense trouver dans ces productions littéraires, mieux que dans n'importe quel voyage, une physionomie exacte des mœurs curieuses de ces peuples.

Ces contes sont tirés d'un recueil très populaire en Chine, le Kin-Kou-Ki-Kouan, ou aventures extraordinaires des temps anciens et modernes. Ce recueil renferme quarante nouvelles, dont une quinzaine sont traduites en Europe.

L'Alchimiste est le premier des trois'; il aurait bien dû paraître quand la mode était encore à la pierre philosophale.

Le second: Comment le ciel donne et reprend les richesses, fait voir combien les Chinois croyaient à la métempsycose. Le troisième : le Mariage forcé, est bien le plus intéressant au point de vue des mœurs. Il nous initie complètement au mariage chinois, dont les rites sont assez différents de ceux des autres peuples orientaux, des Hindous entre autres.

Quelques autres nouvelles du Kin-Kou-Ki-Kouan existent en français, traduites par MM. Th. Pavie et Saint-Julien. La plus intéressante de toutes peut-être : le Vendeur d'huile qui seul possède la reine de beauté, ou splendeurs et misères des courtisanes chinoises, a été publiée par M. Gustave Schlegel. C'est comme

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