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progrès et les conquêtes de la mécanique; elles marcheront à sa suite; mais malheur à elles si elles voulaient devancer cet art, et faire prématurément invasion dans un domaine dont il ne leur aurait pas préparé l'accès!

V. GODET.

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Tu ne sais pas pourquoi mon œil est triste et sombre, Pourquoi mon front si pâle accuse mes tourmens, Pourquoi mon pas tremblant semble rechercher l'ombre Où je puisse cacher le trouble de mes sens?

Pourquoi la nuit de juin me parait éternelle,
Pourquoi l'ardent soleil remplit mes yeux de pleurs,
Pourquoi je fuis craintive, ainsi que la gazelle,
Les plaisirs des heureux insultant mes douleurs?

C'est que, depuis l'instant où sa bouche cruelle
A d'autres prodigua son amour infidèle,
Mon bonheur disparut pour ne plus revenir.

C'est que, pour endurer le trait qu'en moi je porte, Mon pauvre cœur n'est pas d'une trempe assez forte, que de sa blessure il me faudra mourir.

Et

Mme MAR.. KUM...

ANALYSE CRITIQUE.

Histoire du droit belgique contenant les institutions politiques et la législation de la Belgique, sous les Francs; par L. A. Warnkoenig. Bruxelles, 1837, 1 vol. in-8°.

Ce que l'on a dit de la littérature, on peut avec autant et plus de raison le dire du droit : il est l'expression de la société, le reflet de la vie sociale et privée de chaque peuple et de chaque époque. Fait par la nation et pour la nation qu'il régit, il est nécessairement l'application de ses idées et de ses croyances, de ses préjugés en morale, en philosophie, en politique, en religion. Ayant pour mission de régler les rapports d'intérêt privé dans lesquels les hommes se placent volontairement, comme aussi de réprimer l'abus qu'ils font de leur liberté, il ne manque jamais de représenter fidèlement leurs mœurs, leurs habitudes, leur genre de vie, leurs passions dominantes, en un mot, toutes les formes sous lesquelles leur activité se produit. Aussi ne diffère-t-il pas à son origine des usages, des coutumes du peuple : il grandit et se développe à mesure que la sphère des idées s'étend, à mesure que les relations sociales se multiplient et se compliquent. Ces relations, il ne les crée pas, il les subit: elles sont la matière obligée sur laquelle il opère, non pour les détruire ou les transformer, mais pour les régler, et les définir : il faut bien qu'il en soit l'expression.

S'il en est ainsi, l'étude du droit ancien n'est pas seulement un acheminement nécessaire à la connaissance du droit nouveau ; on doit encore voir en elle le plus puissant auxiliaire de l'histoire. Cette vérité n'est peut-être pas assez sentie; mais que l'on réfléchisse à la liaison intime qui unit les lois et les mœurs, et l'on restera convaincu qu'il n'est guère possible d'arriver à l'intelligence nette, profonde et complète d'une époque, si l'on n'a soigneusement interrogé les coutumes et les lois qui la régissaient et les changemens qui y ont été apportés.

Etudier et mettre en lumière le droit et les institutions judiciaires de nos ancêtres, c'est donc apporter un contingent indispensable à la grande œuvre de notre histoire nationale.

D'utiles travaux ont déjà été faits dans ce genre. Plusieurs mémoires de l'académie de Bruxelles, de la seconde moitié du siècle dernier, se font remarquer par la profondeur des recherches et l'importance des résultats obtenus. Il est un livre surtout que nous pouvons citer, c'est celui qu'a publié M. RAEPSAET, Sous le titre d'Analyse historique et critique de l'origine et des progrès des droits civils, politiques et religieux des Belges et des Gaulois, Gand, 1823; ouvrage d'une érudition prodigieuse, auquel la France contemporaine qui nous accuse de ne savoir que contrefaire, n'a certes rien qu'elle puisse comparer sous le rapport de la science. Qu'a-t-il manqué à ce livre pour valoir à son auteur une célébrité, à laquelle de si fortes études semblaient lui donner droit? Il lui a manqué plus d'art dans l'exécution, plus d'élégance dans la forme; mais il lui a manqué surtout les faveurs du sort, qui trop souvent font la fortune des livres, aussi bien que celle des hommes:

« Et habent sua fata libelli.»

M. Warnkœnig publie aujourd'hui une Histoire du droit belgique sous les Francs, c'est-à-dire, pendant cette période d'environ cinq siècles qui suivit l'invasion des peuplades germaniques dans la partie occidentale de l'empire romain, et qui précéda l'établissement du régime féodal.

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D'après le titre de ce livre, on s'attend à voir la Belgique y tenir la première place, si toutefois elle ne le remplit pas tout entier. C'est une erreur dont on est bientôt tiré par la seule inspection de la table des matières, et que la lecture de l'ouvrage même finit par dissiper entièrement. Des huit chapitres dont le volume se comdeux seulement, et ce sont les plus courts, ont spécialement rapport à la Belgique : l'un renferme la nomenclature des divisions géographiques et ethnographiques du pays, l'autre la nomenclature des évêchés et des couvens. Tout le reste traite de l'état politique, des institutions des lois de l'Europe occidentale et de l'état de la société ecclésiastique, dans les trois parties du monde alors connu.

Je sais très-bien que, pendant le moyen âge, et surtout dans les premiers tems de l'invasion, une sorte d'uniformité de mœurs, d'institutions et de civilisation, ou si l'on veut de barbarie, s'étendit sur toutes les contrées occupées par les tribus germaines. Je sais également que l'on ne peut pas, pendant cette époque, isoler l'histoire du droit chez un peuple, de l'histoire du droit chez tous les autres peuples qui avaient avec le premier une commune origine. Mais il n'est pas moins vrai, comme le fait observer M. Warnkoenig lui-même dans son introduction, que chaque pays présente cependant un caractère particulier. Il me semble dès lors que celui qui s'impose, par le titre même de son livre, l'obligation d'écrire l'histoire spéciale d'un pays, doit s'attacher avant tout à faire ressortir ce caractère particulier, quelque pénible, quelque minutieux que soit le labeur auquel il doive s'astreindre.

En présence de ces deux ordres de faits que nous offre le moyen âge, les uns généraux et communs à tous les pays qui ont subi l'invasion, les autres locaux et particuliers, il y a pour celui qui écrit l'histoire d'une nation, un double danger à éviter. S'il laisse absorber son attention par les faits spéciaux, par l'étude des documens particuliers qu'il trouve autour de lui, son œuvre sera incomplète, parce qu'elle sera trop retrécie : c'est l'écueil contre lequel échouera souvent celui qui appartient à la nation dont il écrit l'histoire. Si, au contraire, il s'attache trop aux faits généraux, et ne s'inquiète pas assez des modifications que ces faits ont subies dans le pays dont il prétend s'occuper, son œuvre sera encore incomplète et manquée, parce qu'elle sera trop générale c'est l'écueil à redouter pour l'écrivain qui n'est pas de la nation dont il se fait l'historien.

Je crains bien que M. Warnkonig ne se soit pas assez prémuni contre ce second danger. Etranger à la Belgique, c'est à l'étranger aussi que s'est formée son éducation historique; ce n'est point dans nos archives, dans nos bibliothèques qu'il a puisé ses premières idées sur le moyen âge; ce n'est point l'amour de la patrie qui a pu lui inspirer le désir de mettre en relief nos mœurs et nos institutions nationales. Il était donc naturellement disposé à se laisser préoccuper par les faits généraux ; et quelle qu'ait pu être d'ailleurs sa volonté de tenir compte des faits particuliers au

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