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TOM DULAC. - Je comprends ça !... un jeu de cinq millions

de dot !...

MME DE LOUVILLE.

Oh !...croyez bien que...

TOM DULAC. J'en suis convaincu !..... (A lui-même) Très pratique, ces gens-là !... on chauffe à la fois les patars de l'Américaine et la galette à Bibi... et, le plus cocasse, c'est que, d'un côté comme de l'autre, ça a des chances de réussir !... la petite Miss veut un titre, un Français, un vrai !... et moi, je suis emballé comme un imbécile !... ça tient à un cheveu que je fasse la boulette... l'irréparable boulette !...

MME. DE LOUVILLE (inquiète de voir que Tom Dulac ne parle pas). Vous ne vous amusez pas avec nous ?...

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MME DE LOUVILLE. Non! je suis sûre que non !... quand Hélène n'est pas là, c'est le rayon de soleil qui est absent... elle est la vie, la gaîté de la maison...

TOM DULAC. En effet... mademoiselle Hélène est très gaie et très charmante, mais je vous assure, que, même sans elle, je suis heureux de...

MME DE LOUVILLE. vieille, moi !... et les vieilles ça ne compte pas !...je comprends qu'il faut le moins possible encombrer les jeunes... j'ignore si Jacques se mariera...

Ne dites donc pas ça !... je suis une

Tom DULAC (à lui-même). — Pan !... elle ne me l'envoie pas dire !... (Haut) Pourquoi, madame, parlez-vous du mariage de Louville seulement?... Mademoiselle Hélène aussi se mariera?...

MME DE LOUVILLE. Evidemment !... elle nous est déjà tellement demandée !... elle se mariera prochainement, sans doute... mais, quand elle sera mariée, je n'existerai plus dans sa vie !... elle ne sera pas près de moi... jamais... tandis que Jacques, à cause de sa terre de Louville, où j'ai le droit d'habiter, passera forcément une partie de l'année avec moi...

TOM DULAC (pour dire quelque chose). Mais ... vous manqueriez beaucoup à mademoiselle Hélène... vous lui.....

MME DE LOUVILLE. -- Comme affection, je lui manquerai certainement... nous vivons ensemble comme deux sœurs... mais je ne lui manquerai pas dans la vie... elle sait se diriger elle-même, et elle est ce qui ne gâte rien - une parfaite mai

tresse de maison...

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MME DE LOUVILLE. Personne ne sait mieux qu'elle recevoir, organiser un bal, commander un diner... elle aime le monde, cette enfant !...

TOM DULAC (poli). Elle a bien raison!...(A lui-même) Elle me croit très mondain, la mère Louville !... elle se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'au coude !...

MME DE LOUVILLE. --- Oui !... on peut dire qu'Hélène est entendue... et adroite... et pas l'air de s'appliquer pour deux sous... tout ça est naturel et spontané...

JACQUES (à lui-même). J' te crois !...

TOM DULAC (à lui-même). - Les enfants sont charmants, mais la mère est rasante !... (Haut, se levant) Je vais, madame, prendre congé de vous...

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TOM DULAC. Il faut que j'aille m'habiller pour le tennis... MME DE LOUVILLE. Hélène regrettera bien de ne pas vous avoir vu... d'ailleurs, vous allez probablement la rencontrer en vous en allant... elle va rentrer, en courant, comme toujours...rien ne la fatigue !... jamais elle ne s'asseoit!...elle est en fer, cette enfant-là !...

TOM DULAC (à lui-même).

Et la santé, en dernier ressort! ... tout !... on m'a tout servi!... Ah! fichtre non !... Madame de Louville n'habitera pas avec sa fille, si je l'épouse... (Il se lève, malgré les supplications de Mme de Louville, et prend congé d'elle et de Jacques).

MME DE LOUVILLE (à Jacques, qui rentre après avoir reconduit Tom Dulac). Tu n'as pas dit un mot pendant qu'il était là ?...

JACQUES. --- Dame! Tu as parlé tout le temps !...

MME DE LOUVILLE. J'ai tâché de lui vanter Hélène... JACQUES. Trop !... beaucoup trop !... c'est maladroit!... MME DE LOUVILLE. Je voudrais tant qu'il l'épouse !... JACQUES. Moi aussi !...

MME DE LOUVILLE (inquiète).--Le crois-tu, qu'il l'épousera?... JACQUES (pensif). - J' me l' demande ?...

II.

TOM DULAC (à lui-même, se dirigeant vers la plage). — Le frère est silencieux !... lui, au moins, il ne vante pas la mar

chandise !... mais la mère !... m'en a-t-elle insinué des choses?... sait tenir une maison, sait recevoir, aime les sports, chante le Wagner ou les Yvette avec un égal succès..... a une santé de fer... et cætera pantoufle !... mais, pourquoi la petite n'était-elle pas là ?...(Il aperçoit Hélène qui arrive en face de lui.) Ah! parfaitement !... j'y suis !... on nous a ménagé un tête-à-tête !... je vais la rencontrer comme par hasard !... Ben, j'aime autant ça !... (Il s'arrête et salue.) Mademoiselle !...

HÉLÈNE (l'air contrarié, s'arrêtant comme à regret, banale et polie). - Vous allez bien, monsieur ?...

TOM DULAC. Aussi bien, mademoiselle, que peut aller quelqu'un qui sort de chez vous et qui n'a pas eu le plaisir de vous y rencontrer...

HÉLÈNE. Ah! vous venez de la maison !... je regrette beaucoup de n'avoir pas été là !..... (Mouvement pour continuer sa route.)

TOM DULAC (familier).

vous étiez bien gentille ?...

Savez-vous ce que vous feriez, si

HÉLÈNE (réservée). — Je ne m'en doute pas !...

TOM DULAC. Ben, vous me permettriez de vous faire une petite visite dehors ?...

HÉLÈNE (embêtée).

TOM DULAC (railleur).

mettre ?...

Mais...

Vous avez peur de vous compro

HÉLÈNE (un peu hantaine). - Oh! pas du tout !...

TOM DULAC (vexé). - Ah !... (A lui-même) Elle me la fait au dédain!... elle est bien bonne, celle-là !... (Haut) Alors, pourquoi ne voulez-vous pas ?...

HÉLÈNE. Ai-je dit que je ne voulais pas ?... vous m'avez coupée sans me laisser le temps de parler...

TOM DULAC.

Pardon !... j'ai cru que vous alliez le dire!...

A votre place, beaucoup de jeunes filles auraient fait des manières pour se promener avec un jeune homme...

HÉLÈNE. Moi, je ne fais pas des manières... je suis mal élevée, voilà tout !...

TOM DULAC. Mal élevée ?... Pourquoi ça ?...
HÉLÈNE.

avec vous...

Mais... par exemple... parce que je me promène

TOM DULAC. A Paris, je ne dis

A Paris, je ne dis pas, mais ici ?... crovez-vous

que madame votre mère serait mécontente si elle apprenait... HÉLÈNE. Maman ?... elle serait ravie !...

TOM DULAC (à lui-même).- Ben, à la bonne heure !... elle a des instants de franchise, au moins !...

HÉLÈNE. Mais ce n'est pas de maman qu'il s'agit... nous n'avons pas du tout, elle et moi, la même façon de juger les choses...

TOM DULAC.
HÉLÈNE.

incorrecte...

TOM DULAC.

HÉLÈNE.

Et, dans le cas présent... vous jugez que... Que je fais une chose parfaitement absurde et

Mais... pas compromettante ?...

Non... pas compromettante...

TOM DULAC. Vous ne trouvez pas compromettant de se promener avec un jeune homme ?...

HÉLÈNE. Ça dépend...

TOM DULAC. - De quoi ?...

HÉLÈNE. De l'attitude qu'on a eue auparavant avec lui... de l'importance que lui... ou les autres... peuvent attacher à cette marque d'intimité, ou de confiance... ou d'indifférence...

TOM DULAC. Alors, vous pensez que, ni moi, ni les autres, ne peuvent attacher d'importance à la marque de

de confiance que vous me donnez ?...

HÉLÈNE (sincère). Je le pense...

HÉLÈNE.

mettons

TOM DULAC (à lui-même). --Elle est plus forte que je ne croyais!...(Haut) Et pourquoi pensez-vous ça, mademoiselle?... Mais, parce que je sais... et on sait... que vous ne songez pas à m'épouser... parce que je ne suis pas du tout une femme pour vous.....

TOM DULAC. Ah bah !... je serais curieux de savoir qui est une femme pour moi ?.....

HÉLÈNE. Je ne sais pas !... mais il me semble qu'il vous faut épouser une jeune fille très chic, très jolie...

TOM DULAC (saluant). - - Ne faites donc pas votre violette !... HÉLÈNE. Je ne la fais pas !... je sais très bien que je ne suis pas laide... mais je ne suis pas non plus celle de qui on dirait: "La belle madame Tom Dulac "...

nécessaire à mon

HÉLÈNE. Et vous croyez qu'il est bonheur qu'on dise, en parlant de ma femme; "La belle ma dame Tom Dulac ?"...

HÉLÈNE.

TOM DULAC.
HÉLÈNE.

Je le crois...

Et pourquoi croyez-vous ça ?...

Vous ne vous fâcherez pas si je le dis ?... TOM DULAC. Jamais !...

HÉLÈNE. Eh bien, vous êtes très vaniteux... et un peu snob... et il ne vous déplairait pas de... (regardant Tom Dulac) vous voyez bien, vous faites une tête ?... j'en étais sûre !...

TOM DULAC (vexé). --- Je ne fais pas la moindre tête !... (Un temps.) Alors, c'est uniquement parce que vous n'êtes pas assez belle ?...

HÉLÈNE.

Ni assez chic, ni assez... bien d'autres choses... TOM DULAC. Voyons les autres choses ?...

HÉLÈNE. Il faut que la jeune fille que vous épouserez aime le monde, le sport...

TOM DULAC.

sport aussi...

Eh bien, mais vous l'aimez, le monde ?... le

HÉLÈNE. Moi ?... je déteste le monde !... et, quant au sport, je ne l'aime pas d'une façon générale et continue...

TOM DULAC (surpris). -- Vous détestez le monde ?...

HÉLÈNE. Mais, oui !...

TOM DULAC. -- Vous n'aimez pas les sports?...

HÉLÈNE.

Pas tous !... j'aime à monter à cheval, à nager, à patiner... mais la byciclette et la chasse me font horreur !... le tennis m'assomme et...

TOM DULAC. Le tennis?... mais vous y jouez tous les jours?... HÉLÈNE.- Je vais aussi tous les jours à des bals et à des diners où je m'embête à crier... et il en sera ainsi tant que je ne pas mariée à quelqu'un qui ait mes goûts... ou devenue tout-à-fait vieille fille et indépendante...

serai pas

TOM DULAC (gouailleur). -- Alors, comme ça, la vie que vous menez ne vous plaît pas du tout ?...

HÉLÈNE. - Pas du tout !...

TOM DULAC. Et, quelle est...si ma demande n'est pas indiscrète... la vie qui vous plairait ?...

HÉLÈNE. - Une vie paisible...avec des amis choisis... TOM DULAC (pointu). - Et... vos amis de maintenant ne sont pas des amis... (il appuie) choisis?...

HÉLÈNE. Je n'ai pas d'amis... nous avons seulement ce qu'on appelle des relations !... j'aimerais mieux rien !...

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