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presse libérale il n'y avait pas d'adversaire plus passionné de M. Rhodes, de ses œuvres et de ses trames et de l'invasion de la politique par la finance et du mariage adultère du patriotisme et de la spéculation, que le Daily News. Cet organe officiel du libéralisme qui célébrait l'autre jour son jubilé d'un demisiècle, a toujours représenté particulièrement les traditions d'austérité morale, de rigoureuse probité de la conscience nonconformiste. Il a parfois incliné sensiblement vers les doctrines ultra-pacifiques de l'Ecole de Manchester et de ce que l'on appelle par dérision le parti de la Petite Angleterre. Eh bien, du jour au lendemain, sans crier gare, le Daily News est devenu l'avocat en titre de M. Rhodes. Le nouveau rédacteur en chef, M. Cook, avec l'assistance temporaire de M. Stead, devenuquantum mutatus ab illo!—l'âme damnée de M. Rhodes, plaide avec une sereine inconscience contre les droits du Transvaal et en faveur des flibustiers qui ont terni l'honneur de l'Angleterre! Dans la presse libérale il ne reste plus que le Daily Chronicle et le Star à faire vaillamment leur devoir. Il est vrai que le Speaker, revue hebdomadaire, leur prête un précieux et incorruptible concours et que, dans les rangs unionistes, des feuilles comme la Saint-James' Gazette, et comme le Saturday Review, s'honorent en servant la même cause.

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Tout cela n'en montre pas moins quels redoutables obstacles M. Chamberlain a dû surmonter, et combien il faut se féliciter de ce que les hazards de la politique aient mis au ministère des Colonies le seul homme qui eût le crédit moral, la force de volonté, la puissance d'action indispensables pour faire face à une telle crise. Cette attitude ne saurait manquer de faciliter à M. Chamberlain la seconde partie de sa tâche. Le Président Krüger sait, quand il négocie avec lui, faire la différence de ce ministre et des Salisbury ou des Hicks-Beach. est à souhaiter que le chef de la République Sud-Africaine ait la vision assez nette pour discerner les véritables intérêts de son pays. Ce serait lui rendre un bien mauvais service que de lui laisser croire que l'indépendance du Transvaal puisse être indéfiniment maintenue sans de larges réformes et de vastes concessions aux légitimes revendications des Uitlanders. Sans doute le traité de 1884 ne prononce pas le mot de suzeraineté et ne confie à l'Angleterre aucune ombre de droit pour inter

venir dans les affaires intérieures du Transvaal. Mais enfin, les faits sont plus puissants que toutes les théories. A qui fera-t-on croire qu'un petit Etat, noyé dans un océan de possessions britanniques, dans lequel l'immigration a amené une nouvelle population en majorité anglo-saxonne, puisse à la longue opposer un non possumus absolu aux requêtes de la masse des étrangers domiciliés ?

M. Chamberlain a peut-être commis une incorrection diplomatique en publiant à Londres avant de l'avoir fait remettre à Prétoria sa grande dépêche du 4 février; mais une seule faute, une seule erreur de forme ne saurait ni effacer le souvenir de ses loyaux services, ni prévaloir contre l'inéluctable logique des évènements. Pour notre part, nous souhaitons vivement que, dans l'intérêt d'un petit Etat qui est cher à tous les amis de la justice et du droit, le Président Krüger voie jour à venir s'aboucher avec M. Chamberlain.

Après tout, le souvenir de son dernier voyage à Londres, en 1884, est fait pour l'encourager. Les circonstances n'étaient guère moins difficiles et il sut emporter de haute lutte la substitution du nouveau traité à la convention de vasselage de 1881. Il peut compter que s'il consent à ce déplacement, M. Chamberlain, pour préparer le terrain des négociations, aura soin de tenir la main à la répression de l'attentat de Jameson et des complots de la Compagnie à Charte. Ce serait l'ouverture d'une nouvelle ère, et la paix de l'Afrique du Sud-portant celle du monde-est, comme on sait, au prix du rétablissement de la concorde entre les Boërs et les Anglo-Saxons, c'est-à-dire entre les deux races dont la fusion créera, suivant toute vraisemblance, la race afrikander de l'avenir.

Une solution de ce genre est d'autant plus à souhaiter qu'il est impossible de se dissimuler que le retour du printemps va probablement remettre à l'ordre du jour de l'Europe de nouvelles et plus graves difficultés internationales. La question du Venezuela, en dépit de l'échange de bonnes paroles et de baisers Lamourette entre les gouvernements de Washington et de Londres, n'est qu'assoupie, point résolue. Il ne manque pas de bons esprits pour craindre que, quand elle se réveillera, quand des deux côtés de l'Atlantique on constatera qu'après ant de mois écoulés et tant d'encre versée on est précisément

au point où le Message du Président Cleveland, le 14 décembre dernier, déclarait la situation intolérable, nous n'assistions à une nouvelle et beaucoup plus dangereuse explosion de cette hostilité latente dont la révélation a si fort effrayé les amis de la paix.

Et ce n'est là qu'un seul des points noirs à l'horizon. La question d'Orient, après l'accalmie des dernières semaines, va évidemment rentrer dans une période d'activité.

En Arménie, la situation n'a guère changé. Si les massacres ou la guerre civile ont provisoirement cessé, Chrétiens et Musulmans restent en présence. Les réformes de l'Iradé d'Octobre sont encore lettre morte. Il suffira d'une étincelle, soit qu'elle parte des comités révolutionnaires arméniens, soit que ce soit le fanatisme musulman qui la fasse jaillir, pour mettre le feu aux poudres.

Dans la péninsule des Balkans les perspectives ne sont pas beaucoup plus rassurantes. La Macédoine est à la merci d'un accident ou d'un complot. En Bulgarie, il vient de s'accomplir un évènement qui rétablit à Sofia la légitime influence de la Russie, et qui a rendu possible et probable la reconnaissance de l'élection du Prince Ferdinand.

Le transfert du petit Prince Boris à la communion grecqueorientale a deux faces. D'un côté, c'est un assez vilain acte de politique, un mélange assez cynique de scepticisme et de religion, ce sacrifice étrange d'un père qui croit trop à sa propre foi pour l'abandonner, mais qui y croit assez peu pour la faire quitter à son fils ou, si l'on aime mieux, la bizarre inconséquence d'un politicien qui tient assez à l'approbation de ses sujets pour leur livrer l'âme de son enfant, mais qui n'y tient pas assez pour imiter en personne l'exemple de son ancêtre Henri IV et faire lui-même le saut périlleux. Il y a là un aspect douloureux et sur lequel on ne voudrait pas insister: une mère dont la conscience et l'amour maternel sont également blessés, qui se plaint de la violation des engagements sur la foi desquels elle a contracté son mariage et qui se réfugie à l'étranger en emmenant son second fils- un nouveau couple princier ou royal soumis à cette triste loi à laquelle aucune dynastie ne semble pouvoir se soustraire dans la péninsule des Balkans et qui veut qu'à Sofia comme à Belgrade, comme naguère à Bucarest, il

n'y ait que des foyers incomplets et des maisons mal assorties. Politiquement on est plus à l'aise pour reconnaître que le Prince Ferdinand vient de faire un coup de maître. Il a tout ensemble obtenu les bonnes grâces du Tsar et celles du Sultan. Il s'est réconcilié avec Pétersbourg et mis en bonne posture à Constantinople. Il est populaire chez lui. Il va sans doute être enfin reconnu par l'Europe prince de jure, après l'avoir été dix ans de facto.

Tout cela est de nature le consoler de la douleur d'une femme, du courroux d'un beau-père qui se dit trompé et de la sévérité d'un pontife dont les excommunications n'ont plus de force qu'au for interne. Comme ce cocher, condamné à la réprimande et qui demandait allègrement: Cela m'empêcherat-il de conduire le Prince Ferdinand, quand le reclus du Vatican lui aura signifié la douleur nouvelle dont un soi-disant fils de l'Eglise vient d'accabler sa vieillesse, s'écriera: Cela m'empêche-t-il de régner? et il poursuivra sa course. C'est à peine si quelques hommes arriérés pour qui la conscience est encore la loi suprême et qui n'ont pu se persuader qu'il soit jamais avantageux de se jouer de la religion et de faire de l'âme d'un enfant une pièce dans la partie d'échecs de la grande politique, feront leurs réserves. De nos jours on n'est pas si délicat. Peu de gens sentent la différence morale entre l'acte d'Henri IV, disant que Paris vaut bien une messe, et ne compromettant que son propre salut en sautant le pas, et celui de Ferdinand, déclarant que Sofia vaut bien le baptême de Boris et mettant comme enjeu l'âme de son fils. Beaucoup moins encore professent l'opinion antediluvienne que même en politique, la ligne droite est la plus courte d'un point à un autre et que tout se paye, même les habiletés triomphantes.

FRANCIS DE PRESSENSE.

Directeur; F. ORTMANS

REQUIEM DER LIEBE.

I.

AN einem milden, sonnigen Septembermorgen schritt Leo Bruchfeld die weitläufige Gasse hinunter. Er erinnerte sich noch der Zeit, wo hier nur zwei Reihen unansehnlicher Häuser gestanden, durch eingeplankte schattige Gärten von einander getrennt, was gerade diesem Teil des ehemaligen Wiener Vorortes ein sehr ländliches Aussehen verliehen hatte. Aber das rief in ihm keine elegische Stimmung hervor; er ging vielmehr ohne weitere Erwägungen an den stattlichen Gebäuden vorbei, welche sich, mehrere Stockwerke hoch, im Laufe der Jahre rechts und links erhoben hatten. Die meisten Fenster standen offen; Teppiche und Bettzeug waren zum Lüften ausgelegt, und dahinter kamen ab und zu mit halbem Leibe sorgliche Hausfrauen in weissen Morgenhäubchen oder dralle Mägde zum Vorschein. Unten aber regte und bewegte sich in buntem Durcheinander das beginnende Leben des Tages. Fuhrwerke aller Art: Stellwagen und klingelnde Trams, Fiaker und Equipagen, die ihre Insassen aus den nächstgelegenen Sommerfrischen nach der Stadt brachten, rollten auf dem eben bespritzten Fahrwege dahin, während zahlreiche Fussgänger, männliche und weibliche, mehr oder minder eilig ihren Berufsarbeiten entgegenschritten. Nur Kinder sah man wenige; sie waren bereits in der Schule, die erst in den letzten Tagen wieder begonnen hatte.

In diesem Gewimmel nahm sich Bruchfeld, einen leichten Havelok um die Schultern geworfen, ganz stattlich aus. Obgleich er schon ein Fünfziger war und sich etwas vornüber gebeugt hielt, erschien seine ziemlich hohe Gestalt trotz einer gewissen Beleibtheit doch noch stramm und beweglich, und seine blauen Augen leuchteten hell aus dem kräftig gefärbten

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