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VARIÉTÉS LITTÉRAIRES ET POLITIQUES.

No. CCCCXXXI.-Le 20 Mars, 1815.

HISTOIRE DE CHRISTINE.

Reine de Suede, avec un Précis historique de la Suede, depuis les anciens Temps jusqu'à la Mort de Gustave-Adolphe-le-Grand, Pere de la Reine; par M. P. Catteau-Calleville, Membre de l'Académie de Stockholm, etc. etc.

On ne connaissait jusqu'à présent la reine Christine de Suede que par que par les mémoires prolixes et souvent infideles, où ce qu'elle a fait d'important et de vraiment digne d'elle était noyé dans un fatras d'anecdotes plus propres à repaître la vaine curiosité des oisifs, qu'à satisfaire l'esprit de ceux qui cherchent dans la lecture un aliment solide et profitable à la raison. Sa mémoire a souffert de cette négligence plus encore peut-être que de l'insconstance de son caVOL. XLVIII.

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ractere et des erreurs de sa conduite, et il n'a pas tenu aux compilateurs d'Ana que parmi les personnages historiques, la noble fille de GustaveAdolphe ne figurât comme une illustre avanturiere.

On doit donc savoir gré à M. Catteau Calleville de l'avoir replacée au rang qu'elle n'aurait jamais dû perdre, d'avoir envisagé en elle la reine plus encore que la protectrice des sciences et des arts, et d'avoir cru qu'une souveraine qui a honoré pendant dix ans le trône par de grands talents, n'était pas indigne d'avoir un historien.

Il y eut en effet dans Christine deux personnages bien distincts, et jusqu'à un certain point incompatibles: une souveraine jalouse à l'excès du pouvoir, connaissant l'étendue des devoirs. auxquels la condamnait sa naissance, capable de les remplir avec distinction, et une femme d'un esprit supérieur, avide d'instruction, dominée par un goût d'indépendance qui lui faisait presque regarder les convenances comme un joug, et dédaigner comme au-dessous d'elle tout ce qui n'élevait pas sa pensée hors de la sphere des idées communes. Jamais cependant les soins du trône ne lui firent négliger les plaisirs de l'étude ; et lorsqu'elle eut sacrifié sa couronne à ce goût invincible qui l'entraînait vers les lettres et les arts, elle se souvint toujours qu'elle l'avait portée.

Le siecle dans lequel elle naquit était l'époque de la splendeur de la Suede, et cette gloire était due en grande partie au héros qui lui donna le jour. C'est là qu'on vit pour la premiere fois en Europe, depuis les siecles de barbarie, ce que peut, à l'aide d'institutions libérales, une nation qui a confié l'emploi de toutes ses vertus à un chef digne de la commander. Un peuple du nord, qui n'était guere

connu

que par quelques expéditions militaires contre les nations voisines, et par des relations commerciales avec les puissances maritimes, s'éleve tout-à-coup au rang des grandes puissances, en joue au moins momentanément le rôle, tienț en respect la Moscovie encore barbare, inquiete la Pologne, le Danemarc et la Prusse, et donne une chef aux princes de l'Allemagne coalisés contre les prétentions de la maison d'Autriche.

Pendant qu'il triomphe au-dehors par sa supériorité dans l'art militaire, des lois sages et des ministres éclairés le font jouir au-dedans du bonheur auquel peut aspirer une nation agricole et guerriere gouvernée par un sénat composé des membres les plus distingués des grandes familles, et par des états où l'ordre des laboureurs est représenté. C'est proprement à cette époque que commence l'Histoire de Christine; car le précis qui précede, quoique nécessaire pour donner une idée du pays et des habitants, ne contient guere que la généalogie deş souverains qui s'étaient jusque-là disputé le trône et la discussion de leurs prétentions plus ou moins bien fondées, ce qui n'intéresse personne. Un grand homme s'y fait cependant remarquer, et le nom de Gustave-Wasa, qui brille parmi ces noms gothiques, dédommage le lecteur de l'aridité des détails qu'il lui fauț dévorer avant d'être au courant de la matiere. Quelle scene touchante et imposante à la fois que celle de ce monarque septuagénaire entrant soutenu par ses fils dans l'assemblée des états, où il fait lire son testament, montrant ses cheveux blancs et ses rides témoins de ses malheurs et de ses travaux consacrés au bonheur de son pays, et donnant, après une harangue d'adieux, sa bénédiction à l'assemblée en larmes!

Gustave-Adolphe, supérieur comme homme

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