Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ter sur notre oubli, sur le malaise qui nous reste encore des fers qu'il nous a fait porter, sur l'incertitude des vœux et des espérances de quelques esprits inquiets ou turbulents? Auraitil fait ce nouvel outrage à la raison du siecle, à l'honneur national, à la gloire de nos armées, de supposer que le déserteur de Leipsick, le bourreau de nos enfants, celui qui livra la France à l'étranger, et tendit ignominieusement sa main copide au vainqueur, pût encore avoir un parti, des amis et des esclaves ?

Toute la nation le rejette avec horreur, celui dont tout l'éclat des conquêtes et tout le prestige de la fortune n'ont pu dissimuler la bassesse d'âme, le charlatanisme et la cruauté : dépouillé de tout cet appareil d'emprunt, peut-il faire aujourd'hui la moindre illusion? Cet esprit de ténebres put balancer dans ses mains la faulx de la mort; mais on ne le vit jamais se servir des armes de la vaillance. Aussi avare de sa propre vie, que prodigue de celle des autres; après avoir été insolent et fanfaron dans sa toute-puissance, il se fit humble et rampant dans l'adversité. "Il sacrifait, disait-il, toute sa "grandeur aux besoins de la patrie: il engageait ses gardes "incorruptibles à vouer au roi la fidélité qu'il en avait "'éprouvée; il reconnaissait les rêves de son orgueil; il voulait "vivre dans la retraite, etc."

1

Hypocrites protestations d'un esclave qui craint de mourir! Quelques traîtres ont relevé ses espérances trompées, et voilà cet avanturier qui, semblable au Satan du Paradis perdu, envieux et tourmenté du bonheur des hommes, voudrait rendre le monde au chaos dont sa chute l'avait tiré. Mais toujours soupçonneux et prudent, c'est à des étrangers qu'il se confie. Comme un forban barbaresque, il va chercher a Maroc et à Alger des alliés, des armes et des navires. Conduit par des pirates africains, garanti par tous les anciens ennemis de la patrie, il aborde la nuit sur la rive sacrée, qu'il· souilla déjà deux fois de sa présence: en 1793, pour mitrailler sous les ordres de Marat et de Robespierre; au commencement de l'an 8, en abandonnant honteusement l'armée, sauvée malgré lui par le général Kléber.

Que l'insensé ne peut-il voir le noble élan que son apparition a donné à tous les cœurs français! il y trouverait la mesure de l'opinion publique, et le châtiment de ses forfaits. Citoyens et soldats ne l'ont vu que comme un sinistre météore, exhalant la peste et la corruption, dont il suffit d'empêcher l'approche, pour étouffer la maligne influence. Ses correspondants et ses salariés ont beau faire; à son hideux aspect, un juste sentiment d'orgueil national et de dédain pour le Corse, s'est emparé de tout ce qui craint la honte et l'oppression. On n'a vu en lui qu'un instrument d'opprobre, un ministre de nos ennemis, un fléau jetté sur la France.

Lorsqu'aspirant l'odeur du sang et le parfum des cadavres,

il se préparait le spectacle pittoresque d'un lendemain de bataille, où sans danger il se promenait voluptueusement, comme la panthere, au milieu de son charnier, il avait de nombreuses milices à sacrifier, et les nouvelles levées servaient surtout merveilleusement sa voracité. Mais aujourd'hui tout est tranquille, et la loi, dont il avait fait un glaive exterminateur, n'est plus qu'une puissance tutélaire. L'armée protege et n'opprime point la patrie. Buonaparté eut beau s'environner de Polonais, d'Italiens, de Mamelucks et d'étrangers achetés, il ne réussit jamais à faire des anissaires de nos soldats français. Quand nous n'avions ni gouvernement, ni patrie, sous le regne odieux des révolutionnaires, la gloire de la nation ne se réfugia-t-elle pas dans les camps? ne dûmes-nous pas à l'armée le droit de répéter cette parole mémorable d'un roi de notre dynastie de héros. Tout est perdu, fors l'honneur? On tenterait donc encore en vain de dénationaliser cette élite de la France; on n'éteint point dans les cœurs français, puisque Buonaparté ne l'a pas fait, ce saint amour de la patrie, ce sentiment d'honneur et ces nobles inspirations qui firent éclater tant de grandes actions dans les rangs d'où sortirent nos plus grands capitaines et nos plus illustres généraux !........

[ocr errors]

Après vingt-cinq ans de troubles et de malheurs inouïs, la France respire enfin sous un gouvernement libéral et paternel; les sources de la prospérité nationale sont ouvertes; tous les citoyens heureux et paisibles sous la protection des lois peuvent se livrer sans crainte à des travaux utiles; l'agriculture fleurit dans nos campagnes; l'abondance et la sécurité regnent dans nos villes les espérances les mieux fondées embellissent l'avenir; les liens d'amitié et de famille ne sont plus affaiblis par les défiances, les soupçons, les terreurs, enfin tout annonce aux Français le terme des calamités inséparables des grandes révolutions. Quel mauvais génie vient aujourd'hui troubler tant de félicités! quel peut être l'espoir de cet étranger banni coupable de tous les maux qui nous ont accablés depuis quinze ans, coupable surtout d'avoir attenté à la liberré publique et courbé la France sous le sceptre de fer du plus odieux despotisme?

Tant que séparé du reste de l'Europe, et confiné dans une île de la Méditerranée, il ne présentait aux Français, qui avaient eu le malheur de vivre sous ses lois, que le spectacle de l'ambition déchue et de la folie impuissante, un

* Expression de sus bulletins. VOL. XLVIII.

4 A

sentiment de respect pour soi-même et de pitié peut-être trop généreuse pouvait étouffer le reproche et retenir le cri de l'indignation. Comme il y avait peu de courage, il y avait peu de mérite à l'attaquer; mais aujourd'hui qu'il`ose péné trer à main armée sur notre territoire, aujourd'hui qu'infidele à ses promesses, aux traités les plus solennels, il nous appa rait comme le sceptre sanglant de la tyrannie, chaque Français se doit à lui-même, et doit à sa patrie de manifester ses vrais sentiments, et de se rallier autour du trône constitutionnel, seule garantie du repos et du bonheur de la France,

Quel est donc la classe d'hommes qui pourrait désirer le retour de Buonaparté? Sont-ce les peres de famille dont il décimait les enfants; les citoyens industrieux dont il arrêtait les travaux; les habitants des campagnes soumis à des impôts arbitraires, et les braves défenseurs de la patrie dont il usurpait la gloire, et qu'il exposait sans remords à la rigueur dévorante des hivers plus terribles que le fer de l'ennemi?

On lit, dit-on, sur ses drapeaux cette inconcevable devise: la liberté, la victoire et la paix. La liberté! il en fut l'assassin; la victoire! ses fautes et la fureur de son ambition ont amené l'étranger dans la capitale même de la France; la paix! il n'a vécu que pour la guerre et par la guerre. Combien de fois n'a-t-il pas repoussé cette paix qui est l'objet de tous nos vœux! et par quelle dérision amere nous parle-t-il de paix au moment même où il nous menace de toutes les horreurs de la guerre civile !

Et si nous détournons les yeux de cetinsensé pour les fixer sur le gouvernement légitime que le ciel nous a donné dans sa miséricorde, quels puissants motifs n'y trouverons nous pas de le défendre contre toutes les attaques! Un Roi éprouvé par le malheur est remonté au trône de ses peres : et la clémence et la paix se sout assises à ses côtés. Une charte, protectrice de toutes nos libertés, est le premier bienfait de son retour. Ses paroles consolantes ont réconcilié tous les Français avec eux-mêmes; et si quelques voix imprudentes se sont élevées contre sa volonté sacrée, elles se sont perdues dans le concert unanime de bénédictions qui ont proclamé l'oubli du passé, la sécurité du présent et le bonheur de l'avenir.

Que l'Europe soit attentive à ce qui se passe aujour d'hui en France. Ce sera une grande leçon pour les peuples, et pour les rois. A peine la nouvelle du débarquement de Buonaparté est-elle connue, que Louis-le-Désiré s'empresse de convoquer les fideles représentants du peuple. C'est la

nation qu'il appelle au secours de la monarchie contre le despotisme. Il sait que la nation et le Roi n'ont point d'intérêt séparé, que leur destinée est commune, et que, réunis, ils peuvent braver, non-seulement les tentatives d'un avanturier, mais les efforts combinés de tous leurs ennemis extérieurs.

Jusqu'au moment où Buonaparte a été déchu, et même peut-être jusqu'à celui où il a renoncé pleinement et librement à l'autorité dont il avait fait un si terrible usage, on á pu sans honte obéir au chef de l'état; mais il a brisé luimême tous les liens qui existaient entre lui et les Français ; il a délié l'armée du serment de fidélité qui l'attachait à ses drapeaux. Nos braves militaires ont prêté un nouveau serment. Ils sont attachés par des nœuds indissolubles à la patrie et au Roi. Ces guerriers, pleins de courage et de loyauté, dont les mémorables exploits ont forcé l'Europe à l'admiration, ne comptent dans leurs rangs ni lâches ni traîtres. Ces répresentants de l'honneur national forment autour du trône un rempart inexpugnable contre lequel viendront se briser tous les efforts de la malveillance et de la trahison.

Un parti de rebelles qui ont abjuré l'honneur du soldat Français, pour aller en violant leur serment de fidélité au Roi de France, se réunir à un chef qui n'est pas Français, contiendra-t-il vingt-cinq millions d'hommes dont se compose une nation fiere et valeureuse, à subir une seconde fois la domination illégitime, tyrannique et féroce de cet étranger, après qu'elle est rentrée sous le gouvernement légitime, doux et paternel d'un Roi français ?

1

Cette question, qui souleve d'indignation tout homme généreux, n'en sera pas une pour quiconque reçoit du souvenir des maux passés la conviction des maux futurs, si la tentative de cet étranger contre l'indépendance, contre la liberté de notre pays, pouvait avoir un moment de succès.' ›

Nous disons un moment de succès! car à qui n'est-il pas démontré que jamais la France ne consentira à voir se renouveller pour elle l'humiliation de recevoir des lois d'un usurpateur, accompagné de quelques régiments devenus traftres à l'honneur, à leur patrie, à leur Roi?

Est-ce qu'on n'arme pas au Midi? Est-ce qu'on n'arme pas au Nord? Est-ce qu'on n'arme pas dans l'Ouest ? Est

çe qu'on n'arme pas partout? Est-ce que la volonté nationale n'est pas, partout, constante, énergique et indestructible?

Buonaparté est en révolte contre l'humanité entiere. Il doit, pour l'honneur de la France et pour le repos de l'Europe, trouver sur le territoire français, par lui envahi, le châtiment dernier de cette insulte.

Uuion indissoluble, fidélité au meilleur des Rois, cenfiance aux chambres si dignes de leur noble mission; confiance aux généraux et aux soldats fideles; confiance à ces généreuses gardes nationales, dont le dévouement se manifeste de toutes parts, et la France est sauvée...

Telle est l'analyse sommaire des idées principales dont se composent les nombreuses adresses qui arrivent de toutes parts, et qui toutes contiennent avec un nouveau serment de fidélité, l'offre de tous les moyens qu'une nation puissante et unie peut donner au gouvernement auquel elle a lié sa destinée, et celle de tous les sacrifices qu'on peut attendre dans une circonstance périlleuse, de son entier et constant dévouement.

QU'A FAIT LE TYRAN? ET QUE FERAIT-IL?

QU'A FAIT LE ROI? QUE FAIT-IL? ET QUE DEVONS-NOUS FAIRE?

Français ! examinons ces questions rapidement et sans partialité.

QU'A FAIT LE TYRAN ?-L'histoire le dira, la postérité en frémira, et ce n'est déjà, parmi les contemporains, qu'un cri d'indignation générale: Le tyran a fait le malheur de la France êt du monde.

Combien de meres pleurent encore leurs enfants!

Qui pourrait compter les veuves et les orphelins qui l'ont

maudit?

Qui pourrait compter tous les guerriers mutilés, tous les braves qui ont laissé quelques parties de leur corps dans les champs du carnage? Ah! si leur noble et touchant aspect rappelle la gloire impérissable de nos armées, combien il accuse l'ambition dévorante d'un farouche conquérant!

Qui pourrait compter les Français qui ont péri dans les guerres du Midi et du Nord, en Italie et en Espagne, dans la Germanie, la Prusse et la Russie !....

Qui pourrait compter les hommes de toutes les natinos sacrifiés dans le court espace qui sépare l'usurpation de l'empire et la restauration de la monarchie!

« AnteriorContinuar »