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Son souffle parfumé, dissipant le sommeil,
De toute la nature annonce le réveil.

Le couple voyageur se lève avec l'aurore,
Un brillant déjeûner les attendait encore.
Et, toujours généreux, le maître, de sa main,
Dans une coupe d'or leur sert d'excellent vin.

Comblés de ses bontés, ils s'en vont; et peut-être
Tout vous paraît au mieux; oui, mais pas pour le maître
Qui perd sa coupe d'or : le jeune pélerin,
Adroit escamoteur, en a fait son butin.

Si quelque voyageur voit un serpent sous l'herbe
Se rouler et lever une tête superbe,

Il s'arrête; incertain, tremblant, épouvanté,
Il recule, il avance et marche de côté.
Tel et plus interdit fut le révérend père,
Quand il vit, dans le sac de son jeune confrère,
Briller la coupe d'or. Il tremble, il voudrait bien
S'enfuir, le planter là; pourtant il n'en fait rien.
Cependant en lui-même il trouvait un peu rude
Qu'un bienfait fût toujours payé d'ingratitude.

Le soleil, par degrés, se voile, s'obscurcit,
De nuages épais tout le ciel se noircit;
Un long frémissement, précurseur de l'orage,
De nos deux pélerins interrompt le voyage.

Un seul gîte s'offrait ; c'était un vieux château
Entouré d'un vieux mur et d'un fossé sans eau.
Tout attriste les yeux dans ce séjour barbare;

And strong, and large, and unimprov'd around; Its owner's temper, timorous and severe, Unkind and griping, caus'd a desart there.

As near the miser's heavy door they drew, Fierce rising gusts with sudden fury blew: The nimble lightning mix'd with show'rs began, And o'er their heads loud rolling thunders ran. Here long they knock, but knock or call in vain, Driv'n by the wind, and batter'd by the rain. At length some pity warm'd the master's breast, ("Twas then his threshold first receiv'd a guest) Slow creeking turns the door with jealous care, And half he welcomes-in the shiv'ring pair: One frugal faggot lights the naked walls, And nature's fervour through their limbs recals: Bread of the coarsest sort, with meager wine, (Each hardly granted) serv'd them both to dine; And when the tempest first appear'd to cease, A ready warning bid them part in peace.

With still remark the pond'ring Hermit view'd, In one so rich, a life so poor and rude : And why should such (within himself he cry'd) Lock the lost wealth a thousand want beside? But what new marks of wonder soon took place, In every settling feature of his face!

Son misérable aspect annonce un maître avare :
L'économie aurait embelli la maison,

L'avarice en a fait une horrible prison.

Au manoir du vilain ils arrivaient à peine Que la fureur des vents dans les airs se déchaîne. Sur un pont délabré le jeune homme gaîment S'avance; le vieillard le suit d'un pas tremblant.

Un déluge de pluie aussitôt les inonde;

L'air siffle, l'éclair brille et le tonnerre gronde.
Ils frappent, mais en vain; ils sonnent, tout se tait;
Le couple morfondu gémissait, grelottait.
Enfin à la pitié l'avare fut sensible;
Pour la première fois il devint accessible:
Il ouvre, il les reçoit à moitié poliment.
Un fagot de bois vert éclairait sombrement
Un salon décoré de ses quatre murailles.
Point de vins délicats, point d'exquises volailles;
Un pain d'orge grossier, un nectar aigrelet
Composent le repas qu'on leur offre à regret.

Et,
sitôt que dans l'air on voit cesser l'orage,
L'avare ouvre sa porte et leur dit : « Bon voyage. »
« Cet homme, dit l'Hermite, est d'un étrange goût:
» Pour ne manquer de rien, il se prive de tout;
» Pour jouir de son or, il le cache sous terre,
» Et de
peur d'être pauvre, il vit dans la misère. »
Mais bien plus étonné fut notre Hermite encor,
Lorsque son jeune ami prenant la coupe d'or:

When, from his vest, the young companion bore
That cup, the gen'rous landlord own'd before,
And paid profusely, with the precious bowl,
The stinted kindness of this churlish soul.
But now the clouds in airy tumult fly,
The sun emerging opes an azure sky:
A fresher green the smelling leaves display,
And glitt'ring as they tremble, cheer the day;
The weather courts them from the

poor retreat, And the glad master bolts the wary gate.

While hence they walk, the Pilgrim's bosom wrought

With all the travel of uncertain thought;

His partner 's acts without their cause appear,
"Twas there a vice, and seem'd a madness here:
Detesting that, and pitying this, he goes,
Lost and confounded with the various shows.

Now night's dim shades again involve the sky,
Again the wand'rers want a place to lye,
Again they search and find a lodging nigh.
The soil improv'd around, the mansion neat,
And neither poorly low, nor idly great;
It seem'd to speak its master's turn of mind,
Content, and, not for praise, but virtue, kind.

Hither the walkers turn with weary feet,
Then bless the mansion, and the master greet;
Their greeting fair, bestow'd with modest guise,
The courteous master hears, and thus replies;

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Au maître du logis, « daignez prendre ce vase. »

Cependant le soleil, devenu radieux, Du plus brillant azur embellissait les cieux. Les arbres rafraîchis agitaient leur feuillage: L'Hermite et son ami poursuivent leur voyage. Le beau tems les accueille au sortir de leur trou, Et l'avare enchanté referme son verrou.

Raisonnant des effets, sans connaître les causes, L'Hermite se disait : « Voilà d'étranges choses! » Mon ami, si j'en crois tout ce qui s'est passé, » Est fripon le matin, et le soir insensé. » Je ne sais si je dois le blâmer ou le plaindre; » Mais je sens qu'à l'aimer il a su me contraindre. » La nuit venait encor rembrunir l'horizon; Bientôt à leurs regards s'offrit une maison Qui, chaumière à la ville et palais au village, Simple et propre, annonçait la retraite d'un sage, Ennemi de l'éclat, aimant l'obscurité, Bienfaisant par principe et non par vanité.

Accueillis sans façon dans ce séjour champêtre, Ils entrent en louant la maison et le maître. «Sans orgueil, sans regret, je partage mes biens, » Leur dit-il, avec Dieu de qui seul je les tiens.

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