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à ses gens d'aller à l'assaut; elle s'avança elle-même de si près qu'elle fut blessée d'un trait à la cuisse. Repoussée, elle et son armée, l'assaut ne leur valut aucun avantage. La ville de Paris était gardée et défendue par le seigneur de Saveuse, messire Hue de Lannoy, les bâtards de Saint-Pol et de Thyans et d'autres.

Pendant ce temps, le régent de France tenait la campagne sur la rivière de la Seine avec son armée. Avec lui étaient le cardinal de Winchester et le seigneur de Villougby, arrivés depuis peu avec six mille combattants. Avant que le roi Charles allåt devant Paris, il y avait eu un conseil entre l'archevêque de Reims, le seigneur de La Trémoille, Poton et La Hire d'une part, et Messire Jean de Luxembourg, le chancelier de Bourgogne, les seigneurs de Croy et Lourdin de Saligny de l'autre; mais, en conclusion, on n'en vint ni à une trêve ni à une paix. La journée fut tenue près de La Fère.

Quand les gens du roi virent que Paris ne viendrait pas à obéissance, des députés furent par plusieurs fois envoyés à Compiègne. La ville se rendit par traité et fit obéissance au roi Charles. Guillaume de Flavy y commis pour capitaine avec de grandes forces.

fut

Alors se rendirent les forteresses de Creil, le Pont-Sainte-Maxence, Château-Thierry, Lagny et plusieurs autres; mais Breteuil, Chartres tinrent bon, ainsi que Pontoise, Mantes, Vernon, le Pont-à-Meulan, Charenton, le bois de Vincennes et d'autres. La guerre demeura ainsi par tout le royaume de France.

En ce temps, le troisième jour du mois d'août, le régent partit en armes de Paris, et envoya une lettre au roi Charles sur le fait de ses guerres et conquêtes. [Le chroniqueur cite ici la lettre déjà reproduite dans la Chronique de Monstrelet, page 452.]

Nonobstant ces lettres, le roi Charles ne prit et ne voulut prendre aucune journée, ni pour combattre ni pour conférer; mais il conquérait toujours de nouveaux pays. Toutefois les deux armées française et anglaise furent durant trois jours bien près l'une de l'autre en rase campagne; mais les Anglais, moins en force que les Français, se renfermèrent dans une clôture et ne voulurent pas sortir de leur enceinte, sinon pour combattre à pied; leurs ennemis étaient trop nombreux, et ils les eussent combattus à pied et à cheval. Pour cela la chose demeura en ce point, excepté que quelques gentilshommes de Picardie de la garnison de Paris étant à cheval, attaquèrent, en la fête de Notre-Dame de la mi-août, ceux de l'armée du roi qui eux aussi étaient à cheval. Il y eut alors une passe de fers de lance sans grande perte ni d'un côté ni de l'autre... Sur le soir de ce jour, les bataillons à pied de chacune des parties se retirèrent, et le roi Charles retourna à Crépy-en-Valois...

En ce temps, la cité de Beauvais et une partie du pays de Beauvaisis se mirent en l'obéissance du roi Charles. Et ses gens allèrent par le pays de divers côtés, prendre, non de force, mais par traités, villes et châteaux.

CHAPITRE VIII

TRÊVES FALLACIEUSES. COMPIÈGNE.

PRISON ET SUPPLICE DE LA PUCELLE.

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SOMMAIRE: I. A la suite de conférences, des trêves sont conclues entre Charles VII et le duc de Bourgogne à la date du 28 août, et sont immédiatement exécutoires. La teneur de ces trêves publiée le 14 octobre. Liberté aux Anglais d'accéder, et au duc de Bourgogne de défendre Paris. Ampliation de ces trèves le 18 septembre. Le gouvernement de Paris et de l'Ile-de-France confié au duc de Bourgogne. [Combien absurdes ces trèves.]

II.

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Le duc de Bourgogne pourvoit à la sécurité de Continuation des pourparlers. Le duc de Bour

gogne ne veut pas de la paix. Il convoite Compiègne, qui lui a été promis et que Flavy refuse de livrer.

III.

-

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La guerre recommence (ouvertement]. Entrée en campagne. envoyés à Paris, à la suite d'un complot découvert. — Conquête de plusieurs places par les Bourguignons. Provi- Le roi d'Angleterre arrive à Calais; vaisseaux. sions et hommes d'armes disséminés là où le besoin est plus urgent. Henri VI à Rouen en juillet seulement. Choisy assiégé et emporté par le duc de Bourgogne. Vigoureuse attaque de la Pucelle contre les Anglais, qui gardent Pontl'Évêque. Elle est repoussée.

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Grand bruit fait par cette capture. Joie des Bourguignons. Deuil des Français. Jeanne tente de s'échapper de Beaurevoir. Ce par quoi elle se glissait se brise. Ses meurtrissures. - Elle est vendue aux Anglais. Procès.

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VI. — Solennité de la rétractation (prétendue) de la Pucelle; elle reprend les vêtements virils. Condamnée, brûlée. Pourquoi ses cendres sont jetées à la Seine.

I

Cependant plusieurs négociations et conférences commencèrent entre les gens dudit roi et Monseigneur de Bourgogne. Environ mi-août, l'archevêque de Reims, chancelier dudit roi, et plusieurs autres ambassadeurs furent envoyés à Arras vers le duc de Bourgogne. Finalement, des trêves furent conclues entre ces deux princes par l'entremise des ambassadeurs que le duc de Savoie avait envoyés vers eux afin d'y négocier le bien de la paix.

Quelles furent les conditions de ces trêves ou abstinences de guerre, on peut le savoir en toute vérité par la copie des lettres qui en furent faites.

Copie des trêves du roi Charles d'après le vidimus du prévôt

de Paris.

«A tous ceux qui ces présentes lettres verront et ouïront, Simon Morhier, chevalier, seigneur de Villers, conseiller du roi notre Sire et garde de la prévôté de Paris, salut. Savoir faisons que nous, l'an de grâce mil IIII et XXIX (1429), le vendredi XIV (14) jour d'octobre, vimes une lettre de Charles, soi-disant roi de France, scellées de son grand sceau en cire jaune, sur double queue, contenant la forme qui s'en suit :

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Charles par la grâce de Dieu, roi de France, à tous ceux qui les présentes lettres verront, salut. Pour parvenir à mettre la paix dans notre royaume, et faire cesser les grands et innombrables maux et calamités qui, à la suite des guerres et divisions qui y règnent, y sont advenus et y adviennent chaque jour, certaines négociations ont été ménagées naguère par les ambassadeurs de notre très cher et très aimé cousin le duc de Savoie, entre nous et nos gens d'une part, et notre cousin le duc de Bourgogne et ses gens de l'autre.

« La matière de cette paix touchant à des points très graves et très importants, ne se peut discuter et être conduite à bonne fin sans demander du délai et long espace de temps. C'est pourquoi il a semblé auxdits ambassadeurs qu'il était nécessaire de conclure des trêves jusqu'à un temps convenable, afin durant ces trêves de traiter plus aisément et plus mûrement de ladite paix. Par le moyen des susdits ambassadeurs, ces trêves ont été arrêtées et accordées entre nos gens et en notre nom d'une part, et les gens de notre cousin de Bourgogne et en son nom d'autre part, et aussi entre les Anglais, leurs gens, leurs serviteurs et sujets, s'ILS VEULENT Y CONSENTIR, dans les termes et les limites qui suivent, à savoir pour tout le pays qui est en deçà de la rivière de la Seine, depuis Nogent-sur-Seine jusqu'à Harfleur, sauf et réservées les villes, places et forteresses donnant passage sur cette même rivière de Seine, réservé aussi que, si bon lui semble, notredit cousin de Bourgogne pourra durant ladite trêve s'EMPLOYER LUI ET SES GENS A LA DÉFENSE DE LA VILLE DE PARIS, ET RÉSISTER a ceux qui vouDRAIENT FAIRE LA GUERRE OU PORTER DOMMAGE A CETTE VILLE. CETTE TRÊVE COMMENCERA AUJOURD'HUI 28° JOUR D'AOUT pour ce qui concerne notredit cousin de Bourgogne; et pour les Anglais, le jour où nous aurons reçu leurs lettres et consentement; et elle durera. jusqu'à Noël prochain.

<< Savoir faisons que nous, ces choses considérées, voulant pour la pitié que nous avons de notre pauvre peuple, obvier de tout notre cœur

et intention à la multiplication desdits maux et inconvénients, avons donné, consenti et accordé, et par ces présentes donnons, consentons et accordons bonne et sûre abstinence de guerre pour nous, nos pays, vassaux, sujets et serviteurs, et les places desdits vassaux et serviteurs, étant dans les termes et limites ci-dessus déclarés, et aussi pour les villes et pays ci-dessus déclarés, à savoir la ville d'Amiens et le plat pays d'environ du bailliage d'Amiens, la ville d'Abbeville et tout le pays de Ponthieu, les villes de Noyon, Saint-Quentin, Chauny, Montreuil, Corbie, Doullens, Saint-Riquier, Saint-Valery, Ribemont, et Thérouanne, ensemble les plats pays qui sont aux environs de ces villes; et aussi auxdits Anglais ès termes et limites et sous les conditions et réserves ci-dessus déclarées. Commencera cette abstinence cedit xxvin jour d'août au regard de notredit cousin de Bourgogne; et au regard desdits Anglais du jour que sur ce nous aurons reçu d'eux leurs lettres et consentement, et durera jusqu'audit jour de Noël prochainement venant, ainsi qu'il est dit, pourvu aussi que notredit cousin de Bourgogne consente et accorde pareille abstinence et nous en donne ses lettres patentes de pareil contenu que celles-ci.

<< Par cette présente abstinence il ne sera nullement dérogé ni préjudicié aux abstinences ci-devant ordonnées par notre cousin de Savoie entre quelques-uns de nos pays et de notre parti, et quelques-uns des pays de notre cousin de Bourgogne et autres compris dans lesdites abstinences; mais ces trêves conserveront leur force et leur vertu obligatoire, durant le temps et selon la forme et la manière contenues. dans les lettres échangées à ce sujet. Durant le temps de cette présente trêve, aucune des parties qui l'auront consentie ne pourront dans les termes et limites ci-dessus désignées, PRENDRE, ACQUÉRIR, CONQUÉRIR L'UNE SUR L'AUTRE AUCUNE DES VILLES, PLACES OU FORTERESSES QUI Y SONT COMPRISES; ILS N'ADMETTRONT L'OBÉISSANCE D'AUCUNE, AU CAS OU CES VILLES, PLACES OU FORTERESSES VOUDRAIENT SE RENDRE A L'OBÉISSANCE DE L'UNE DES PARTIES1.

« Afin que cette présente abstinence soit mieux gardée et entretenue, nous avons pour nous et de notre part ordonné conservateur d'icelle nos amés et féaux Rigault, seigneur de Fontaines, chevalier, notre chambellan, et Poton de Xaintrailles, notre premier écuyer et maître de notre écurie, auxquels et à chacun d'entre eux nous donnons plein pouvoir. autorité et mandement spécial de réparer et de faire tout ce qui par

1. Il suit de cette clause qu'au cas où Paris aurait été emporté le 8 septembre, ou même aurait ouvert ses portes, Charles VII n'aurait pas pu en prendre possession, soit parce que le duc de Bourgogne était autorisé à défendre la ville, soit parce que en ce cas les Anglais n'auraient pas manqué d'accéder à la trêve du 28 août. Qu'on s'étonne après cela si les auteurs de cette inqualifiable trêve ont fait échouer l'Héroïne. Le succès les aurait souverainement embarrassés.

quelqu'un de nos vassaux, sujets et serviteurs, serait fait, attenté ou innové de contraire ou de préjudiciable à la présente trêve; de poursuivre et requérir vis-à-vis des conservateurs qui sur ce seront ordonnés pour la partie de notre cousin de Bourgogne la réparation de tout ce qui de son côté serait fait, attenté ou innové de contraire ou préjudiciable à cette trêve; et généralement de faire par nosdits conservateurs et par chacun d'eux tout ce qu'il appartient et appartiendra de faire en pareil cas.

«Par suite, nous donnons mandement à tous nos lieutenants, connétables, maréchaux, maîtres des arbalétriers, amigal et autres chefs de guerre, à tous les capitaines et gens d'armes et de trait qui sont à notre service, à tous nos autres justiciers, officiers et sujets, ou à leurs lieutenants, que la présente abstinence soit par eux gardée, entretenue et observée inviolablement, sans l'enfreindre ni secrètement, ni ouvertement, en quelque manière que ce soit, pendant qu'elle durera; et qu'ils obéissent diligemment, prêtent et donnent conseil, confort, assistance et aide, s'il en est besoin et en sont requis, aux conservateurs par nous à cela ordonnés et à chacun d'eux, à leurs commis et députés, en toutes choses regardant l'entretien et conservation de ladite trève, et la réparation de ce qui serait attenté ou innové de contraire, si le cas advenait en quelque manière.

« Donné à Compiègne le xxvIII jour d'août, l'an de grâce mil CCCC et vingt-neuf et le septième de notre règne. Ainsi signé, de par le roi : « J. VILLEBRESNE. >>

Autre copie sur le fait desdites abstinences.

« A tous ceux que ces présentes lettres verront, Simon Morhier, etc., savoir faisons que nous, l'an de grâce mil IIII et XXIX (1429), le jeudi xi jour d'octobre, vîmes une lettre de Charles, soi-disant roi de France, dont la teneur suit :

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<«< Charles, etc. Pour parvenir au bien de la paix et faire cesser les grands maux et dommages qui, par suite des guerres et des divisions existantes, sont advenus et adviennent chaque jour en notre royaume, certaines abstinences de guerre ont été arrêtées et décrétées naguère, par l'intermédiaire des ambassadeurs de notre très cher et très aimé cousin le duc de Savoie, entre nous d'une part et notre cousin de Bourgogne d'autre part, devant durer depuis le vingt-huitième jour d'août dernier jusqu'au jour de Noël prochain, selon la forme, les conditions, et les réserves contenues et déclarées en certaines de nos lettres sur ce faites, et données en notre ville de Compiègne le vingt-huitième jour d'août ci-dessus

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