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indiqué. Comme dans lesdites abstinences ne sont nullement compris notre ville de Paris, notre château du bois de Vincennes, nos ponts de Charenton et de Saint-Cloud, et la ville de Saint-Denis, Savoir faisons que nous, ces choses considérées, et pour certaines autres causes et considérations à ce nous mouvant, avons, en ampliant de notre part lesdites abstinences, consenti et accordé, et par ces présentes consentons et accordons que notre ville de Paris, notre château du bois de Vincennes, nos ponts de Charenton et de Saint-Cloud, et la ville de Saint-Denis, soient compris dans lesdites abstinences, tout ainsi que si lesdites villes et lieux y eussent été expressément nommés et déclarés, pourvu toutefois que ceux de notre ville de Paris, et des autres lieux et places cidevant exprimés comme en dehors, ne fassent durant ces abstinences, par voie de guerre ou autrement, rien de préjudiciable à la trêve, et que de ce notre cousin nous donnera des lettres; les abstinences dessusdites restent en leur force et vertu, sans qu'il y soit en rien préjudicié ni dérogé par les présentes.

« Si par voie de fait, voie de fait, par volonté désordonnée, ou de toute autre manière, quelque chose était fait, attenté, innové de contraire ou d'opposé à ces abstinences, la partie offensée ne pourra nullement procéder par vengeance ou voie de fait, alléguer que lesdites abstinences ont pris fin ou sont rompues; mais la réparation en sera faite par les conservateurs de la partie qui aura offensé.

<«< En témoin de ce, nous avons fait mettre notre sceau à ces pré

sentes.

<«< Donné à Senlis, le dix-huitième jour de septembre, l'an de grâce 1429, et le septième de notre règne. Ainsi signé : Par le roi en son conseil, tenu par Mgr le comte de Clermont, son lieutenant général ès pays en deçà de la Seine, le comte de Vendôme, nous, Christophe de Harcourt, le doyen de Paris, et plusieurs autres présents.

«J. VILLEBRESNE. »

Autre copie. Lettres du roi Henri par lesquelles il commet le duc de Bourgogne au gouvernement de Paris et d'ailleurs.

<«< Henri, par la gràce de Dieu, roi de France et d'Angleterre, à tous ceux qui les présentes verront, salut. Savoir faisons ce qui suit: Notre très cher et très aimé oncle, Jean, régent de notre royaume de France, duc de Bedford, considérant les grandes affaires et les diverses charges qu'il a à supporter pour le présent, tant pour le gouvernement de notredit royaume, comme surtout pour notre duché de Normandie, sur lequel nos ennemis et adversaires se sont jetés à grosse puissance, a prié, requis

bien instamment, cordialement et sincèrement', notre très aimé et très cher oncle, Philippe, duc de Bourgogne, comte de Flandre, d'Artois et de Bourgogne, palatin de Namur, seigneur de Salins et de Malines, de l'aider à conduire et supporter une partie desdites affaires, et spécialement de prendre et d'accepter le gouvernement et la garde de notre bonne ville, prévôté et vicomté de Paris, et des villes et des villages de Chartres, de Melun, Sens, Troyes, Chaumont-en-Bassigny, Saint-Jangou, Vermandois, Amiens, Tournaisis et Saint-Amand, et la sénéchaussée du Ponthieu, en exceptant toutefois les villes, châteaux et châtellenies de Dreux, Villeneuve-le-Roi, Crotoy, Rue, et les pays conquis par feu notre très cher seigneur et père, que Dieu pardonne, avant la paix finale de nos royaumes de France et d'Angleterre (le traité de Troyes), qui demeureront en l'état et garde où ils sont à présent. Notre oncle de Bourgogne, par amour et par honneur pour nous et pour notredit oncle le régent son beau-frère, pour la conservation et l'entretien de notre seigneurie et la défense de notre bonne ville de Paris et des lieux susdits, encore qu'il ait présentement plusieurs grandes et pesantes affaires pour le gouvernement de ses pays et seigneuries, a pris cependant le gouvernement et la garde à lui offerts.

<«< Et nous, ayant cette disposition à très grand plaisir et agrément, connaissant par une véritable expérience la grande puissance, vaillance et loyauté de notredit oncle de Bourgogne, de l'avis et après délibération de notredit oncle le régent et des gens de notre grand conseil de France, avons ordonné et commis, ordonnons et commettons notre oncle de Bourgogne, notre lieutenant aux bailliages et lieux ci-dessus désignés, et à leur gouvernement, en lui donnant plein pouvoir, autorité et mandement spécial de gouverner et de garder pour nous, au nom de nous et sous nous, jusques au temps de notre venue en France, notredite bonne ville de Paris, bailliages et lieux susdits, ensemble nos hommes, vassaux et sujets demeurants ès dites villes, bailliages et lieux; de donner en notre nom et sous notre sceau, durant ledit temps, les seigneuries, terres, rentes et revenus qui dorénavant nous écherront par la rébellion et désobéissance de nos sujets ayant terres et seigneuries aux lieux qui sont et seront réduits à notre obéissance, dans les limites de son gouvernement; de faire procéder par bonne et due élection et confirmation, ainsi qu'il est accoutumé, aux offices royaux électifs; de disposer des autres offices non électifs selon la forme déclarée en certaines de nos autres lettres, et d'ordonner de toutes les autres et particulières choses, nécessités et affaires

1. Sincèrement, est une des multiples acceptions du mot acertes. On pourrait encore dire affectueusement (Voy. LACURNE).

2. Franche-Comté.

III.

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des lieux susdits; de tenir nos conseils, d'y conclure et d'exécuter les conclusions pour notre bien et notre honneur et la conservation de notredite seigneurie; et, pour ce faire, de recueillir et d'employer toutes les finances qui nous appartiennent dans les dépendances, villes, bailliages et lieux ci-dessus désignés, ainsi que les cas le requerront, y commettant et ordonnant de par nous tels officiers que bon lui semblera; le tout sans préjudicier ni déroger en autres choses à l'état et à la dignité de la régence du régent notredit oncle.

« Ainsi donnons mandement à nos aimés et féaux conseillers les gens de notre parlement, au prévôt de Paris, et à tous les baillis et autres jusciers, officiers et sujets à qui il appartiendra, et à leurs lieutenants, de laisser notre oncle de Bourgogne jouir et user pleinement des gouvernements et garde dessus dits, et en tout ce qui concerne et regarde ce qui vient d'être dit, de lui obéir sans aucun contredit à lui, à ses mandements et commandements; promettant en bonne foi à notredit oncle de Bourgogne, que toutes et chaque fois que charge de guerre lui surviendra dans les limites dudit gouvernement, nous l'aiderons, dès que par lui nous en serons requis, de nos gens d'Angleterre et d'ailleurs, autant que raisonnablement nous pourrons alors le faire. En témoin de ce, etc.

<«< Donné à Paris le xi jour d'octobre de l'an de grâce 1429, de notre règne le septième.

« Ainsi signé : Par le roi à la relation du conseil tenu par Mgr le régent du royaume de France, duc de Bedford, auquel étaient présents Messeigneurs le cardinal d'Angleterre et le duc de Bourgogne, vous, les évêques de Beauvais, de Noyon, de Paris et d'Évreux, le comte de Guise', le premier président du parlement, l'abbé du Mont-SaintMichel, le sire de Scales, le sire de Santes, Messire Jean Fastolf, Messire Raoul Bouteiller, le sire de Saint-Liébaut, Messire Jean Poupham, les seigneurs de Clamecy et du Mesnil, le trésorier du palais à Paris, Messire le duc, et plusieurs autres.

<< JEHAN REINEL. »>

[Le chroniqueur va nous dire que les Anglais n'adhérèrent pas à la trêve; mais si, comme duc de Bourgogne, Philippe était lié, il ne l'était pas comme gouverneur de Paris et des autres pays confiés à sa garde par le roi anglais. Ses lieutenants étaient autorisés à dire, comme ils dirent en effet, qu'ils ne combattaient pas les Français comme Bourguignons, mais comme étant au service de l'Angleterre. Reprenons la suite de la Chronique.]

1. Jean de Luxembourg.

II

Ainsi qu'il est dit par ces lettres, le duc de Bourgogne vint à Paris après les trèves et les abstinences de guerre données par le roi Charles, trêves et abstinences dans lesquelles les Anglais ne voulurent pas être compris. Ils continuèrent àguerroyer. Les guerres se prolongèrent durant ce temps en Normandie. Les Anglais surprirent, perdirent, et reprirent plusieurs places, villes et forteresses, dont le recouvrement leur demanda beaucoup de travaux et de dépenses.

Le duc de Bourgogne, après qu'il se fut chargé du gouvernement, et qu'il eut pris d'importantes mesures pour la sûreté et la garde des pays et des places à lui confiés, s'en retourna avec sa grande et noble compagnie de gens de Picardie en ses possessions d'Artois et de Flandre. Il s'y tint tout l'hiver sans guerroyer.

Durant ce temps les ambassadeurs des princes tinrent de grands conseils sur le fait de la paix; les trêves et abstinences furent prolongées jusqu'au mois de mars suivant; mais finalement l'on ne put arriver à conclure la paix; les traités ne purent aboutir, principalement parce que la ville de Compiègne refusa d'obéir et de livrer passage au duc de Bourgogne, lorsqu'il allait à Paris, ou en revenait, ce qui lui avait été promis, ainsi que le Pont-Sainte-Maxence qui, du consentement des deux partis, fut remis entre les mains de Regnault de Longueval; mais Guillaume de Flavy refusa d'obéir; il se tint toujours guerroyant tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, lui et toutes ses forces; et il pourvut la ville de tout ce qui était nécessaire pour la défendre contre tous.

Durant le temps des trêves, le roi Charles devait se tenir au delà de la rivière de la Seine, ce qu'il fit; et le régent en Normandie.

III

Le xxi jour de mars, les trêves étant expirées, la guerre recommença de toutes parts en France.

A l'entrée du mois d'avril, le duc de Bourgogne alla à Péronne et fit une très grande assemblée de gens d'armes afin de se porter devant Compiègne; parce qu'il y avait en cette ville une très forte garnison qui empêchait le passage vers Paris et faisait beaucoup de maux aux pays des environs.

En ce temps, le vin jour d'avril, le bâtard de Clarence entra à Paris avec de grosses forces d'Anglais. Il y avait été mandé par le seigneur de l'Isle-Adam et par d'autres, parce que quarante dizainiers de cette ville avaient formé le complot et pris l'engagement, à ce qu'on disait, de livrer la ville au roi Charles. Il y en eut un grand nombre de pris; mais peu furent exécutés, parce que l'affaire s'arrangea et prit assez bonne fin.

Le jeudi après les fêtes de Pâques, le xx jour d'avril, l'an 1430, Messire Jean de Luxembourg, le seigneur de Croy et d'autres capitaines partirent avec tous leurs gens de Péronne et passèrent l'Oise. Ils formaient l'avant-garde de l'armée du duc de Bourgogne. Il les suivit et partit de Péronne le samedi qui suit les Pâques closes (Quasimodo, cette année 23 avril). Ils allèrent conquérir plusieurs places au pouvoir de leurs ennemis, telles que Avesnes, la Tour de Gournay et d'autres.

Le jour de Saint-Georges, xxi jour d'avril, le jeune roi d'Angleterre arriva à Calais, escorté d'après la renommée par quarante-huit vaisseaux, amenant deux mille hommes, et de grosses provisions de bétail et de vivres qui furent dirigées sur la Normandie. Les gens d'armes furent envoyés en plusieurs contrées tant de Normandie que de France, et aussi devant Compiègne et ailleurs, partout où besoin était. Le jeune roi demeura à Calais jusqu'au mois de juillet suivant, qu'il fut mené à Abbeville, de là à Rouen où il séjourna ensuite pendant un grand espace de temps.

Après plusieurs places prises par les gens du duc de Bourgogne sur leur chemin de Compiègne, le siège fut mis au pont de Choisy, où Guillaume de Flavy avait établi de grosses garnisons. Le duc de Bourgogne vint à ce siège, et fit tirer par engins nombreuses pierres contre la place; il fit tant que les assiégés prirent la fuite, et de nuit se retirèrent à Compiègne en mettant partout le feu. Ils abandonnèrent la place le xvi jour de mai.

En ce temps, les Anglais arrivèrent au Pont-l'Évêque, près de Noyon. Là ils furent un jour assaillis par les hommes de la garnison de Compiègne et par d'autres, formant une armée de quatre mille hommes, dont on disait que la Pucelle était capitaine. Les Anglais, qui n'étaient que douze cents hommes, se défendirent très grandement; mais ils auraient eu rude besogne s'ils n'eussent été secourus par Mgr de Saveuse qui se tenait à Saint-Éloy-de-Noyon, avec huit cents hommes qui repoussèrent

les ennemis.

IV

Le xxi jour de mai, le siège fut mis d'un côté, par deçà de l'Oise, devant Compiègne, où les comtes d'Houtiton, d'Arondel, vinrent avec nom

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