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scientifique, ayant pour but de recueillir l'ensemble des traditions et des croyances populaires, ainsi que la littérature orale du pays wallon. Le président de cette Société est notre collaborateur, M. Eugène Monseur. Parmi les membres honoraires nous remarquons M. le comte Goblet d'Alviella. Par sa composition, la nouvelle Société nous paraît éminemment apte à donner un caractère scientifique à ses recherches. Sa première décision est d'un caractère pratique fort heureux. Elle publie, en une série de douze feuilles volantes tirées à 20,000 exem plaires et distribuées gratuitement comme supplément de petits journaux de campagne, un questionnaire dont chaque paragraphe est accompagné d'un spécimen du genre, en priant les lecteurs de lui communiquer les particularités analogues qui existent dans leur entourage. Ce questionnaire sera ensuite publié en brochure pour permettre d'étendre les comparaisons hors du pays wallon, auprès des chercheurs qui ont déjà exploité d'autres domaines. Toutes les communications doivent être adressées au secrétaire de la Société, M. J. Defrecheux, 90, rue Bonne-Nouvelle, à Liège.

HOLLANDE

W. N. de Ried. Essai bibliographique concernant tout ce qui a paru dans les Pays-Bas au sujet et en faveur des Vaudois (La Haye, Nijhoff). Le savant bibliothécaire de Leyde a réuni dans cette plaquette les titres de 123 ouvrages ou brochures qui ont paru dans les Pays-Bas sur les Vaudois, depuis 1616 à 1888. Ce travail renferme des matériaux fort intéressants pour tous ceux qui s'occupent de l'histoire des Vaudois.

AUTRICHE-HONGRIE

Nécrologie. La Faculté de théologie protestante de Vienne a fait une perte sensible en la personne de M. Roskoff, décédé au mois d'octobre 1889. M. Roskoff était l'historien du diable. Il avait fait des recherches extrêmement intéressantes sur les superstitions de tout ordre et de toutes époques relatives à Satan.

Un exemple de superstition: On lit dans le journal le Temps du 10 décembre: « Une manifestation bizarre de superstition vient de se produire dans un « village de Hongrie. Le curé Gasparik étant mort dans sa paroisse de Keztalez, << près Gran, sa famille, pour des motifs qui ne sont pas indiqués par la presse <«<locale, voulut le faire inhumer à Gran, et prit, jeudi dernier, des mesures en « conséquence. Lorsque les employés des pompes funèbres parurent au presbytère, les villageois s'assemblèrent devant la maison dans un état visible d'agitation, et lorsque le cortège s'apprêta à quitter le domicile mortuaire, ils « s'opposèrent par la force au départ, leur superstition les portant à croire

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<«< que lorsqu'un cortège funèbre ne se dirige pas sur le cimetière de la localité « et sort des limites de la banlieue, la moisson est détruite partout où il passe. « Le maire fit avancer la gendarmerie pour refouler les habitants révoltés et «< frayer un passage aux voitures de deuil; mais la gendarmerie fut attaquée « par les villageois qui la couvrirent d'une pluie de pierres et la réduisirent à l'impuissance. Le cortège funèbre resta en détresse jusqu'à l'arrivée de troupes <«< que le maire fit venir de Gran et qui rétablirent l'ordre et le calme après «< avoir arrêté quatre des meneurs. >>

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GRÈCE

Un nouveau manuscrit de la Bible. M. Papadopoulos a découvert dans la Bibliothèque arabe de Damas un manuscrit jusqu'alors inconnu de la Bible, qu'il signale comme proche parent du célèbre codex Sinaiticus(Voir le journal ecclésiastique d'Athènes, le Zwrńp, 1889).

ÉTATS-UNIS

Nouvelles diverses. · 1° M. Louis Dyer a accepté de faire cet hiver les Lowel Lectures à Boston. Il parlera de la Religion primitive des Grecs.

-20 American Society of Church History. L'infatigable propagateur des études historiques dans le monde ecclésiastique des États-Unis, le vulgarisateur de la science théologique allemande en Amérique, M. Philip Schaff a fondé une Société américaine pour le développement de l'Histoire ecclésiastique. dont la première réunion a eu lieu à Washington, le 28 décembre 1888. Elle comptait alors une soixantaine de membres actifs. La Société a publié sous le titre de Papers of the Am. Soc. of Church history les huit travaux qui ont été présentés à la première assemblée. Nous y relevons un mémoire de M. Schaff sur les « Édits de tolérance et les progrès de la liberté religieuse », une étude de M. Léa, l'auteur bien connu de l'Histoire de l'Inquisition, sur la Cruzada espagnole, un travail de M. Moffat sur une Crise au moyen age; de M. Foster sur le Synergisme de Melanchton; de M. Mc. Donald Scott, sur le Syncrétisme dans la théologie chrétienne du ne et me siècle; de M. Richardson, sur l'influence de la Légende dorée sur l'histoire de la civilisation avant la réforme; de M. Mc. Giffert, sur le Canon d'Eusèbe; de M. Jackson, sur la Nécessité d'une bistoire complète des missions en anglais.

3° L'histoire des religions à l'Université de Pensylvanie. La Faculté de philosophie de l'Université de Pensylvanie comprend une série de cours sur les langues orientales et américaines. Plusieurs de ces cours sont consacrés, en 1888-1889, à l'étude de documents religieux, notamment celui de M. Morton W. Easton à l'étude de Çakountala et des Védas; ceux de M. Morris Jastrow

sur différentes surates du Coran, sur la Mishna du traité talmudique Abodâ Zârâ, relatif à l'idolâtrie, sur le livre de Jérémie; et deux séries de conférences publiques du même professeur sur l'origine, le contenu et l'histoire du Talmud et sur l'état social dans lequel s'est déroulée l'activité des prophètes juifs.

4o Un livre américain sur la Chine. M. V. C. Hart, missionnaire de l'Église méthodiste épiscopale américaine, a décrit son voyage dans la province de Szechuan. Son livre intitulé: Western China. A journey to the great buddhist centre of Mount Omei (Boston. Ticknor) renferme de nombreux détails sur la situation religieuse de cette province reculée de la Chine.

INDE

Parmi les publications nouvelles relatives à l'Inde il en est deux qui, pour avoir déjà une année d'existence, n'en doivent pas moins être signalées. La première, c'est les Lettres sur l'Inde de notre compatriote, M. James Darmesteter (Paris, Lemerre; in-8 de xxix et 355 p.). Dans ce merveilleux langage, à la fois scientifique et littéraire, dont il a le secret, M. Darmesteter raconte ses expériences sur l'état social, moral et religieux des Afghans. Il n'a pu pénétrer jusqu'au cœur même du pays, mais il les a vus à la frontière et les a étudiés dans leurs chants populaires. La question politique des rapports entre les Russes et les Anglais y est également traitée de la façon la plus intéressante.

La seconde publication est italienne. Elle est de M. G. Donati et a pour titre : Maestri e scolari nell' India Brahmanica. Elle fait partie des travaux de l'Institut d'études supérieures de Florence. Voici ce que M. Sylvain Lévi écrit au sujet de cet ouvrage dans la « Revue critique », du 25 novembre : « L'essai de M. D. n'est somme toute qu'un recueil de documents déjà bien connus, déjà traduits isolément, dont la réunion n'a pas coûté grand peine et ne donne pas de résultats positifs ou nouveaux. L'histoire de l'enseignement religieux dans l'Inde brahmanique reste encore à tracer; les documents négligés par M. Donati, les Brahmanas et les Upanisads particulièrement, permettraient de restituer aisément l'aspect et la vie de ces écoles anciennes et de juger, par une comparaison critique, la valeur historique et réelle des Grihya-Sûtras et de leurs préceptes. >>

DÉPOUILLEMENT DES PERIODIQUES

ET DES TRAVAUX DES SOCIÉTÉS SAVANTES 1

Séance du

I. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. 4 octobre 1889: M. Leitner, directeur de l'Institut oriental de Woking, entretient l'Académie de ses recherches sur la langue, la religion et les mœurs des Hunza, population semi-barbare du nord de l'Hindoustan. Il estime que leur religion dérive de celle des Haschichim ou Assassins qui nous sont connus par l'histoire des croisades (voir plus haut p. 198 et suiv., le compte rendu du Congrès des sciences ethnographiques). Parmi les livres présentés, nous notons: Ch. Joret. Le Père Guevarre et les bureaux de charité au XVIe siècle. -L'abbé Pierre Battifol. Studia patristica I. - Paul Regnaud. Le Rigveda et les origines de la mythologie indo-européenne (voir Revue, t. XIX. p. 333 et suiv.).

Séance du 18 octobre: M. G. Bénédite, membre de la Mission archéologique du Caire, rend compte des recherches qu'il a faites dans le massif du Sinaï au profit du Corpus inscriptionum semiticarum. Il rapporte environ neuf cent cinquante inscriptions, pour la plupart inédites, gravées sur les rochers, particulièrement dans le Feiran et le Mukatteb. M. Bénédite ne pense pas que ces textes proviennent de pèlerins chrétiens. Les symboles chrétiens que l'on constate à côté, sont d'une autre main et de provenance différente. Les inscriptions se trouvent surtout dans les endroits propices à la halte et au campement et sont, vraisemblablement, l'œuvre de simples voyageurs. M. J. Halévy commence une lecture sur l'époque d'Abraham, d'après les documents égyptiens et babyloniens. - A noter parmi les ouvrages présentés le Précis d'histoire juive, de M. Maurice Vernes et, dans la séance du 11 octobre, l'étude de notre collaborateur, M. Clément Huart, sur la Religion de Bâb (voir Revue, t. XVIII, p. 279 et suiv.).

-

Séance du 23 octobre: M. Hauréau développe les raisons qui l'ont amené à reconnaître en Guillaume de Conches, précepteur du roi d'Angleterre Henri II Plantagenet, le véritable auteur de la compilation de passages moraux empruntés aux philosophes anciens, que l'on connaît sous le nom de Moralium

Nous nous bornons à signaler les articles ou les communications qui concernent l'histoire des religions.

dogma philosophorum. Cet écrit, dont il existe de nombreux manuscrits, a été attribué à plusieurs auteurs différents.

M. J. Halévy reprend et achève son étude sur l'Époque d'Abraham. Les données chronologiques de la Bible permettent de fixer la migration d'Abraham en Palestine vers 2100 avant notre ère. Cette conclusion est confirmée dans la Genèse, par la mention des rois Chodorlaomor, d'Elam ou de Susiane, Arioch, d'Ellasar ou Larsa, et Amraphel, de Sennaar ou Babylone, comme chefs des armées vaincues par le patriarche. M. Halévy, en effet, dans des communications antérieures, a identifié ces noms avec ceux de Kudur-Lagomari, Eri-Akou et Amrapalt (Hammurabi) mentionnés dans les inscriptions cunéiformes. Mais M. Oppert, se fondant sur les tablettes cunéiformes de Tell-Amarna, fait remonter Hammurabi jusqu'en 2300, c'est-à-dire deux siècles avant la date assignée à Abraham. M. Halévy récuse l'autorité de la tablette alléguée par M. Oppert et conteste l'interprétation que celui-ci en a donnée. Il croit préférable de prendre comme point de départ chronologique le règne de Thoutmès III, roi d'Égypte de 1503 à 1449 av. J.-C., parce qu'il est possible de le vérifier par les calculs astronomiques. Partant de cette date, il place l'avènement d'Aménophis IV à la fin du xive siècle. Or, cet Aménophis IV, d'Égypte, était contemporain de Burnaburiash, roi de Babylone, et celui-ci, d'après une indication de Nabonid, règna sept cents ans après Hammurabi. Nous sommes ramenés ainsi au XXIIe siècle, époque d'Abraham. M. Oppert repousse énergiquement, et l'identification de l'Amraphel biblique avec Hammurabi et les calculs de M. Halévy. Il montre que la liste babylonienne sur laquelle il se fonde est digne de confiance et que les indications de Nabonid sont confirmées par l'addition des périodes partielles de chaque règne. Hammurabi appartient certainement au xxive siècle. · M. Renan émet des doutes sur la valeur des lettres de Burnaburiash au roi d'Égypte. Il voudrait qu'avant de se servir des tablettes de Tell-Amarna, on les soumît à un examen critique approfondi. Il est étrange, en effet, que si longtemps avant la suprématie de Babylone, les populations phéniciennes aient entretenu avec l'Égypte des relations en langue babylonienne. M. Renan rappelle l'accroissement inquiétant des faux scientifiques en Orient pendant ces dernières années. C'est ici que le flair est indispensable au savant pour distinguer le vrai du faux.

Séance du 30 octobre: M. Perrot lit une étude sur l'art perse qui formera le dernier chapitre du t. V de l'Histoire de l'art dans l'antiquité.

M. Jivanji Jamshediji Modi, grand prêtre parsi, après avoir rendu hommage aux orientalistes français, entretient l'Académie des rites funéraires perses, à propos des ossuaires rapportés par M. Dieulafoy. On sait que les Parsis exposent les cadavres de leurs coreligionnaires dans les «< tours du silence » où les chairs sont dévorées par les oiseaux de proie et les ossements conservés. Les anciens Perses déposaient les ossements, après dessication des chairs par le soleil, dans des ossuaires spéciaux. Le Vendidad, ch. vi, règle l'exposition des

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