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ces présentes lettres. Donné à Troyes, le 21 mai 1420.

En même temps le duc de Bourgogne et le roi d'Angleterre renouvelèrent et consacrèrent le traité d'alliance déjà conclu à Arras, et le Duc prêta le serment suivant 1:

Nous, Philippe, duc de Bourgogne, pour nous et nos héritiers, jurons sur les saints Évangiles de Dieu, à Henri, roi d'Angleterre et régent de France pour le roi Charles, de lui obéir humblement et fidèlement dans tout ce qui concerne la couronne et chose publique de France; et, aussitôt après la mort du roi Charles notre seigneur, d'être perpétuellement homme lige et fidèle du roi Henri et de ses successeurs: de n'avoir ni de souffrir pour souverain seigneur roi de France aucun autre que le roi Henri et ses héritiers; de n'entrer jamais en conseil ni consentement d'aucun tort qui pourrait être fait au roi Henri et à ses successeurs, par lequel ils auraient à souffrir en leurs corps ou en leurs membres, ou à perdre la vie ; mais au contraire de leur annoncer diligem

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ment, autant qu'il sera en notre pouvoir, lesdits desseins par lettres ou messages. >>

Un grand nombre de seigneurs spirituels et temporels, qui se trouvaient dans la ville de Troyes, prêtèrent aussi le même serment. Mais ces traités et cette soumission à l'ennemi du royaume jetaient dans une profonde affliction beaucoup de gens, même parini ceux qui étaient attachés au duc de Bourgogne. Il fallut qu'il donnât à plusieurs d'entre eux le commandement formel de jurer cette paix, qui leur semblait une trahison. Il eut grand'peine à y décider Jean de Luxembourg et Louis son frère, évêque de Thérouenne: « Vous le vou» lez, dirent-ils, nous prêterons ce serment, >> mais aussi nous le tiendrons jusqu'à la >> mort'. >> De moins illustres serviteurs, qui avaient passé de longues années dans la maison de son père, le quittèrent et s'en retournèrent tristement chez eux. On les traitait d'Armagnacs; mais ils étaient seulement bons et loyaux Français 2. Dans tout son duché, les.

1 St.-Remi.

2 Juvénal.

villes refusèrent d'abord de prêter şerment au roi d'Angleterre 1.

Le 2 de juin on célébra le mariage du roi d'Angleterre et de madame Catherine dans l'église de Saint-Jean, à Troyes. Henri de Savoisy, archevêque de Sens, officia au mariage, et bénit le lit des mariés. Dans la nuit on vint leur porter la soupe au vin, car le roi Henri avait voulu que tout se passat à la mode de France. Le lendemain il donna un grand festin au roi, au duc de Bourgogne et aux grands seigneurs de France. On voulait aussi avoir quelque beau tournoi; mais il s'y refusa 2. « Je prie, dit-il, monseigneur le roi de per>> mettre, et je commande à tous ses serviteurs

et aux miens que nous soyons prêts demain » matin pour aller mettre le siége devant la » cité de Sens, où sont les ennemis du roi.

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Là, chacun de nous pourra joûter, tourno

>> yer et montrer sa prouesse et son courage; >> car il n'y a pas de plus belle prouesse que de » faire justice des méchans, pour que le pau

'Histoire de Bourgogne,

2 Journal de Paris.

>> vre peuple puisse vivre. » Il tint aussi à tous ceux qui étaient présens un discours plein de gravité1; il parla de l'avantage que trouveraient les deux royaumes à être sujets du même roi. Il dit que, bien qu'il fût né Anglais, il s'occuperait avec autant de zèle de la prospérité du royaume de France. que de celle de sa terre natale: que d'ailleurs il était né Français par les femmes, ce qui était toujours plus certain. Il répéta que le Dauphin était le seul chef et la seule cause de la guerre civile ; et que par le meurtre du duc Jean il avait bien montré son mauvais naturel et ses dispositions cruelles. Il ordonna donc aux seigneurs, conformément à - leur devoir, leur serment et leur consentement, de venir avec lui, et de l'aider à réduire ce fils obstiné et déloyal sous l'obéissance du roi son père. Puis il ajouta: «Quant à moi, je me >> conformerai aux articles que vous avez ar>> rêtés et agréés. J'aimerai, honorerai et véné>> rerai le roi Charles à l'égal de mon propre père, ainsi que je l'ai promis par cette paix, qui, je m'assure, sera pour toujours; et

>>

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'Chronique d'Hollinshed,

» vous, si vous vous montrez loyaux et fidèles

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envers moi, l'Océan cessera plutôt de couler, >> le soleil perdra plutôt sa lumière que je ne >> manquerai à ce qu'un prince doit à ses sujets, » à ce qu'un fils doit à son père. »

Le siége de Sens dura peu. La ville se rendit deux jours après que le roi d'Angleterre et le duc de Bourgogne se furent présentés. « Vous m'avez donné une femme; je vous la >> rends vôtre, » dit le roi Henri, en lui remettant son église 1.

De là ils allèrent attaquer Montereau. Le sire de Guitry y commandait pour le Dauphin, et commença à se défendre vaillamment; mais le jour de la Saint-Jean, quelques Anglais et quelques Bourguignons, sans l'ordre de leurs chefs, ayant donné un assaut, surprirent la ville, et la garnison, non sans perte, fut contrainte de se retirer dans le château. Dès que le duc fut entré, les femmes de la ville le conduisirent aussitôt dans l'église où l'on avait enterré son père 1. Il fit placer à l'heure même

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