Imágenes de páginas
PDF
EPUB

aux autres par une observation sévère, sans que l'imagination ait pris aucune part à leur coordination. Aussi, dans le cercle merveilleusement décrit par Lavoisier, vont rentrer désormais toutes les recherches qui auront pour but de rendre compte des phénomènes nombreux qui se passent dans l'entretien de la vie des êtres organisés.

Pour établir les faits généraux dont nous venons de retracer la découverte, Lavoisier et Seguin se sont servis d'animaux divers, et ils ont pu analyser directement les produits gazeux de la respiration. Quand il s'est agi d'expérimenter sur l'homme et de trouver les rapports numériques des différentes pertes du corps humain, ils ont eu recours à des expériences statiques longtemps prolongées et extrêmement nombreuses, faites à la manière de celles de Sanctorius. Mais au lieu de n'indiquer qu'un seul rapport entre la masse des pertes du corps et la masse des aliments, comme celles de Sanctorius, les nouvelles expériences fractionnaient le problème en donnant plusieurs rapports relatifs à l'acide carbonique exhalé, à l'eau de la transpiration pulmonaire, à l'eau de la transpiration cutanée, aux aliments solides, aux aliments liquides. Mais tous ces résultats ne concernaient encore que les quantités; il restait à faire connaître la nature des produits, jusques alors dosés quantitativement seulement, à peu d'exceptions près.

Cette manière d'envisager la question exigeait la création de nouveaux procédés d'analyse chimique. Lavoisier l'avait compris, et certainement il eût multiplié ses découvertes, si la tempête révolutionnaire, par une fatale méprise, ne l'avait pas prématurément emporté. Ses successeurs ont dû continuer et étendre ses recherches dans la voie de l'appréciation qualitative en même temps que quantitative.

La production de l'acide carbonique dans l'acte de la respiration a été étudiée de nouveau et vérifiée pour tous les animaux par Menziez1, Davy2, Spallanzani3, Allen et Pepys, MM. de Humboldt et Provençal 5, Proust 6, Legallois7, Dulong, M. Despretz9, Edwards10, M. Dumas 11,

(1) Annales de chimie, t. VIII.

(2) Research. chem. and philos., chiefly concerning nitrons oxide or dephlogisticated air and its respirat. London, 1800.

(3) Mémoires sur la respiration, traduits par Sennebier. Genève, 1803.

(4) Philos. trans.,

1808.

(5) Mém. de l Soc. d'Arcueil, t. II, 1809. (6) Thomson's Ann. of philos., II, 1814.

(7) Mémoire sur la chaleur animale. Ann. de chimie et de phys, t. IV, 1817.

(8) Mémoire sur la chaleur animale, lu à l'Acad. des sciences en 1822. Aun. de chimie et de phys., 3a série,

t. I.

(9) Recherches sur les causes de la chaleur animale, 1823. Ann. de chimie et de phys., t. XXVII.

(10) De l'influence des agents physiques sur la vie,

1824.

(11) Essai de statique chimique des êtres organisés, document IX.

MM. Andral et Gavarret 1, MM. Scharling et Hannover 2, M. Marchand, MM. Valentin et Brunner, M. Vierordt, M. Letellier, MM. Regnault et Reizet?.

Dans ces nombreuses et belles recherches, les produits de la respiration ont été examinés tant sous le rapport des quantités d'acide carbonique et d'eau exhalés que sous celui de la quantité d'oxygène absorbé, et de la relation que ces deux phénomènes doivent avoir avec l'entretien de la chaleur animale. La question de l'exhalation de l'azote a été mise également hors de doute, quoique quelques physiciens aient pensé pouvoir nier ce phénomène; il est resté du moins comme très probable qu'il se fait un échange continuel entre l'azote de l'atmosphère, celui des aliments et enfin celui de l'organisme. L'eau perdue, tant par la respiration que par la transpiration insensible de la peau, et par la sueur, n'a pas non plus échappé à l'attention

(1) Recherches sur la quantité d'acide carbonique exhale par le poumon dans l'espèce humaine. Ann. de chimie et de phys., 3 série, t. VIII, 1843.

(2) Ann. de Wohler et Liebig, 45,

(3) Journal d'Erdmann et Marchand, 33.

(4) Roser und Wunderlich's medicinischer Vierteljahrsschrift. Stuttgard, 1843.

(5) Wagner's Handwærbuch der Physiologie, Bd. II,

1845.

(6) Annales de chimie et de physique, 3° série, t. XIII, p. 478.

(7) Sur la respiration des animaux. Comptes-rendus de l'Acad. des sciences, 1848, t. XXVI.

des observateurs, qui ont eu soin de chercher le rapport qu'elle doit avoir avec l'eau des urines, ainsi que l'influence qu'elle peut exercer sur l'air ambiant en s'échappant en même temps peut-être que de l'azote et de l'acide carbonique. Aux auteurs que nous avons déjà cités, il faut joindre, comme ayant étudié particulièrement cette partie de la statique des animaux: Rye1, Leining, Robinson, Home, Stark, Cruishank, Abernethy, Anselmino, Piutti, Simon 5, M. Thénard, Berzélius 7, Dalton 8, Hallmann9, M. Colard de Martigny 10.

[ocr errors]

Si l'exhalation de l'azote par la transpiration insensible a pu être contestée, il ne reste aucun doute sur la quantité assez considérable de ce gaz qui s'échappe chaque jour du corps des animaux à l'état d'urée dans les urines. Les recherches de M. Lecanu ont complétement résolu cette question, sans établir de liens toutefois,

(1) Roger's Essay on epidemic diseases. Dublin, 1734. (2) Philos. transact., 1742, 1743.

(3) Chirurg. und physikal. Versuche. Leipsig, 1795. (4) Tiedemann Zeitschrifft, t. II, p. 321.

(5) F. Simon, Handbuch der Angewandten medicinischen Chemie, t. II, p. 332.

(6) Mémoire sur la sueur. Annales de chimie, t. LIX, p. 262.

(7) Traité de chimie, t. VII, p. 324.

(8) Muller's Physiologie, dritte auflage, p. 577. (9) Medecin. vereinszeitung, 1843, no 38. (10) Journal de physiologie de M. Magendie, t. XI. (11) Journal de pharmacie, t. XVII, p. 649, et t. XXV, p. 681.

entre l'azote des aliments et l'azote ainsi rejeté de l'organisme. Cette remarque est d'ailleurs applicable à toutes les observations faites jusqu'à ce jour concernant la statique humaine; on a étudié les différentes pertes éprouvées par le corps sans les comparer aux gains, sauf cependant pour la quantité d'eau que Lavoisier et Seguin ont eu soin de séparer quelquefois de la masse du bol alimentaire.

Les expérimentateurs anciens distinguaient les aliments en solides et en liquides; mais une telle division n'indiquait absolument rien sur leur richesse en carbone, hydrogène ou azote (ces éléments se trouvent indifféremment, soit dans les aliments solides, soit dans les aliments liquides); elle n'apprenait rien non plus relativement à l'eau et aux sels minéraux ingérés qui entrent dans tous les aliments. M. Boussingault, dans ses nombreuses expériences sur les animaux, a seul suivi une méthode différente, en déterminant directement, par l'analyse élémentaire, la composition de la nourriture prise et celle des produits rendus par le cheval1, la vache et la tourterelle3. Une expérience du même genre a été faite pour la race chevaline par

(1) Ann. de chimie et de phys., 2a série, t. LXXI,

P. 113.

(2) Ibid.,

P. 128

(3) Comptes-rendus de l'Acad. des sciences, t. XIX, p. 73, et Annales de chimie et de phys., 3o série, t. XI, p. 433.

« AnteriorContinuar »