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ter les assertions que l'on rencontre dans les publications nombreuses auxquelles a donné lieu la question du sel, nous nous bornerons, pour ce qui concerne les généralités, à une citation empruntée à l'un des plus ardents partisans de l'usage du sel pour les bestiaux, et nous donnerons ensuite les quelques faits bien positifs provenant d'expériences comparatives qui sont parvenues à notre connaissance.

Les effets hygiéniques généraux attribués à l'emploi habituel du chlorure de sodium sont ainsi résumés par M. Fawtier, ancien élève de Roville 1:

« Le sel, administré régulièrement à nos bestiaux, les affranchit d'une foule d'affections qui résultent de digestions mal faites, surtout dans les années où les fourrages sont de mauvaise qualité. Les coliques et les maladies d'intestins sont alors moins fréquentes; les maladies vermineuses, principalement chez les ruminants, beaucoup plus rares et moins graves; les porcs sont affranchis de la ladrerie, et la pourriture, ce fléau de nos bêtes à laine, est exceptionnelle dans les troupeaux suffisamment fournis de sel, et inconnue dans ceux qui paissent l'herbe salée des rives de nos mers ou de nos prés salés de l'intérieur. »

Dès qu'il est constaté que le sel rend les bestiaux plus vigoureux, on doit nécessairement en (1) Brochure distribuée aux Chambres en 1845.

conclure que son usage doit exercer une heureuse influence sur leur santé. Cette remarque a été faite, il y a bien longtemps, par Virgile La Bastide dans les termes suivants1:

« Il est certain qu'un fréquent usage du sel, rendant les bestiaux plus vigoureux, les préserverait de plusieurs incommodités qui les font périr lorsqu'ils sont faibles, au lieu qu'ils n'en ressentiraient pas, le plus souvent, la moindre impression s'ils étaient vigoureux.

«On a unexemple évident de ce que je dis dans les hommes. Un homme vigoureux ne reçoit pas la moindre impression dans un mauvais air, dans un brouillard; et cependant une personne faible prend au même endroit un mal mortel : d'où je crois pouvoir conclure que les mortalités qui arrivent aux troupeaux dans nos montagnes, sans excepter même le gamer, ne seraient point à craindre pour eux, si on leur donnait du sel, comme on fait en Savoie. »

Virgile La Bastide appuie cette dernière conclusion sur un rapprochement qui équivaut à une expérience directe comparative et que nous devons rapporter : « C'est d'un assez grand pâturage, appelé le Contract, dont j'entends parler. Ce pâturage est sur les limites des terroirs de Beaucaire et de Bellegarde, et est commun à tous les deux; ce pâturage, qui est encore au

(1) Mémoires des savants étrangers de l'Académie des sciences, t. I, p. 19; 1750.

bord du marais, d'un côté, et au pied de la montagne, de l'autre, est si bas, qu'il est quelquefois couvert d'eau aussi bien que le marais. Ce qu'il y a de particulier dans ce pâturage du Contract, c'est que, quoiqu'il produise beaucoup d'herbe, il ne peut servir qu'à nourrir des bœufs ou des chevaux ; si l'on y fait paître des moutons, ils y gament ordinairement : c'est un fait.

« Autre fait. Les troupeaux des bêtes à laine paissent généralement dans tous les autres endroits des marais qui ne sont pas au pied de la montagne, sans craindre de gamer; bien plus, au printemps, les brebis entrent dans l'eau jusqu'à mi-côte et plus, pour aller manger le roseau, sans qu'il y ait d'exemple qu'aucun troupeau ait été gamé pour cela ; d'où vient cette différence ?

«Les habitants du pays, les plus entendus disent que cela vient de ce que les terres des marais sont salées, et que celle du Contract ne l'est point. Il y a grande apparence qu'ils ont raison, puisque le fait de la salure des marais et de la douceur du Contract est certain. Je laisse à présent la liberté de juger si j'ai avancé en l'air que le sel est un préservatif assuré contre le gamer. »

Un autre fait important sur lequel s'appuie le même auteur, pour recommander l'usage du sel dans l'alimentation du bétail, est celui des

nombreux et beaux troupeaux à laine élevés dans la Crau, « quartier du terroir de la ville d'Arles en Provence » où on donne du sel aux bestiaux supérieurs en santé et en beauté à tous ceux du Languedoc, dernier pays dans lequel le fourrage est pourtant d'aussi belle apparence au moins. « Un fait connu en Languedoc et ailleurs servira encore à la preuve de notre proposition, ajoute-t-il; ce fait est que les troupeaux qui usent du sel, dans ce pays-là, sont aussi différents de ceux du même pays qui n'en usent pas, que le sont le commun des troupeaux du Languedoc et de la Provence d'avec ceux de la Crau. »

On sait que les marais de la Camargue, dont il est ici question, n'ont rien perdu de leur réputation; encore de nos jours, on attribue à la nature saline du sol et des plantes l'existence des nombreux et magnifiques troupeaux de bêtes à laine qui y vivent sans contracter la cachexie aqueuse. La même observation s'applique aussi à la vallée marécageuse, mais salée de la Seille (Moselle), où les bestiaux prospèrent d'une manière remarquable malgré l'humidité du terrain.

3o— Phthisie pulmonaire.

Une opinion assez répandue est aussi celle qui attribue au sel une influence préservatrice contre la phthisie tuberculeuse, à tel point que

beaucoup de praticiens distingués, soit parmi les anciens, soit parmi les modernes, entre autres Gilchrist, Frédéric Hoffman 2, Salvadori et Thomas Beddoës3, Laënnec3, et récemment M. Amédée Latour 4, ont conseillé l'emploi du sel comme traitement thérapeutique de cette grave maladie.

Nous avons vu5, en parlant du chlorure de sodium naturellement compris dans les boissons, que cette substance se trouve en proportion très considérable dans les eaux minérales dont quelques-unes sont si fréquemment ordonnées dans la tuberculisation pulmonaire. Enfin on sait que la pommelière ou phthisie tuberculeuse ravage les vacheries de Paris où se joint à tout défaut d'air et d'exercice, à l'absence du fourrage sec, une alimentation aqueuse et farineuse privée de chlorure de sodium. De l'ensemble de ces observations il résulte déjà une présomption favorable à l'emploi hygiénique du sel. Le fait suivant, que nous empruntons à M. Amédée Latour, nous semble en être

(1) Utilité des voyages sur mer pour la cure des différentes maladies, et notamment de la consomption, par Ebenaher Gilchrist, Londres, Paris, 1770, in-12.

(2) Frédéric Hoffmann, Opera, t. VI, p. 112. Dissert. de salicea marbosorum generatione in corpore humano. (3) Dictionn. de médecine en 15 vol., art. Phthisie, par M. Roche.

(4) Du traitement de la phthisie pulmonaire, broch. in-8, 1840.

(5) Voir précédemment, p. 184.

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