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soude dans ces deux sels soit plus particulièrement utile, on comprend cette substitution dans une certaine mesure. Toutefois, il faut remarquer que le sulfate de soude est un purgatif assez énergique, et que par conséquent il pourrait être dangereux de l'employer dans le cas d'une alimentation un peu débilitante, tandis qu'avec une nourriture échauffante il peut être très favorable au maintien du corps dans un bon état de santé.

Les renseignements les plus importants que l'on possède sur la substitution partielle du sulfate de soude au chlorure de sodium ont été donnés par M. Boussingault. « Pour suppléer en partie au sel marin, dit cet agronome1, nous donnons de temps à autre une quantité de sel de Glauber qui répond à environ 17 gr. par tête et par jour. L'usage du sulfate de soude pour les bêtes à laine et les chevaux est déjà fort répandu en Alsace et de l'autre côté du Rhin. Les éleveurs s'accordent à reconnaitre à ce sel une action très avantageuse sur la santé des animaux.

« Dans le Wurtemberg, on en donne généralement deux fois par semaine :

Aux chevaux, matin et soir, chaque fois. 47 gr.
Aux bêtes à cornes.

Aux moutons.

Aux porcs..

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(1) Economie rurale, t. II, p. 542.

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(2) Renseignement communiqué à M. Boussingault

par M. Schattenmann.

« C'est surtout dans la saison chaude que le sel marin est favorable. Dans les steppes de la zone équatoriale, on considère comme parfaitement avéré que le bétail ne peut pas vivre sans sel c'est du moins ce qu'affirment tous les éleveurs des Llanos1. Quand un troupeau prospère dans une steppe, on peut être assuré qu'il y existe un salado, c'est-à-dire un endroit où suinte de l'eau salée 2. Dans les savannes, dont le sol ne produit pas de substances salines, l'éleveur en distribue régulièrement aux animaux, qui ne manquent pas de se rassembler tous les jours à la même heure au lieu de la distribution. Sur le plateau de la Nueva-Granada, on remplace le sel marin qu'on donne au bétail par le sulfate de soude. Près de la ville de Tunja se trouve l'eau minérale de

(1) M. de Humboldt donne sur les Llanos ou steppes du nouveau continent les renseignements suivants (Voyage aux régions equinoxiales, t. VI, p. 73): « Des hommes nus jusqu'à la ceinture et armés d'une lance parcourent à cheval les savannes pour inspecter les animaux, ramener ceux qui s'éloignent trop des pâturages de la ferme, marquer d'un fer chaud tout ce qui n'a point encore la marque du propriétaire. Les hommes de couleur que l'on désigne sous le nom de Peones Llaneros sont en partie libres ou affranchis, en partie des esclaves. Il n'existe pas de race plus constamment exposéé aux feux dévorants du soleil des tropiques. Ils se nourrissent de viandes séchées à l'air et faiblement salées. Les chevaux même en mangent quelquefois... »

(2) Ce témoignage vérifie ce que nous avons dit précédemment (p. 346) de l'usage du sel pour les animaux dans les contrées encore sauvages de l'Amérique.

Paypa. C'est une source chaude, d'une abondance extrême, et qui se déverse sur le terrain environnant; par une évaporation spontanée, le sol se couvre d'effervescences de sel de Glauber, que les Indiens sont constamment occupés à recueillir pour le vendre ensuite aux propriétaires de troupeaux. Ce sulfate de soude n'a pas d'autre débouché, et cependant il s'en fait un commerce considérable. Il a été assez curieux pour moi de retrouver sur les bords du Rhin une application de sulfate de soude que j'avais déjà observée sur les plateaux des Andes. »

VIII.-Influence du sel sur la quotité de la consommation des aliments et des boissons.

Il est maintenant une question relative à l'influence exercée par l'emploi du sel sur la quotité de la consommation des aliments et des boissons dont nous devons dire quelques mots. Elle intéresse l'agriculture sous trois points de vue principaux, à cause de l'action hygiénique d'une augmentation des aliments ou boissons, en vertu de l'accroissement de dépense qui peut en résulter, en vertu enfin de l'effet produit sur l'engraissement plus ou moins rapide des animaux ou bien sur le rendement des engrais. Toutes ces parties du problème sont susceptibles d'être résolues par la voie directe. Les expériences faites jusqu'à présent sur ce sujet sont,

il est vrai, peu nombreuses, mais on va voir que bien qu'elles ne présentent point toutes, pour diverses causes, des résultats parfaitement concordants, on peut cependant en tirer des conséquences certaines.

1°-Aliments solides.

Les seuls auteurs, parmi tous ceux que nous avons cités, qui aient pesé ou mesuré, dans des expériences comparatives, à la fois les aliments. et l'eau des boissons, sont: Mathieu de Dombasle, MM. Boussingault, Daurier et Dailly. Mais nous rejetterons d'abord l'expérience de Mathieu de Dombasle qui a donné aux deux lots de mouton, recevant, ou ne recevant pas de sel, la même quantité d'aliments solides et qui, relativement à l'eau des boissons, s'exprime ainsi1: «On croit généralement qu'en administrant du sel aux animaux on les détermine à boire plus abondamment; mais on remarquera qu'ici la différence est bien peu considérable, puisqu'elle n'est que d'environ 8 litres d'eau sur 200 litres consommés par chaque lot. » Or, en recourant aux deux tableaux que donne Mathieu de Dombasle, pour représenter la consommation, on trouve que le lot recevant du sel a bu 195. 28, et le lot sans le sel 203lit. 30, c'est-à-dire que l'excès d'eau de 8 litres est attribué au lot sans sel, fait en contradiction avec la phrase que nous ve(1) Annales de Roville, t. VII, p. 160.

nons de citer et avec les résultats de quelquesunes des expériences dont nous allons parler.

M. Boussingault, dans son expérience sur l'accroissement de deux lots de trois taureaux chacun, est arrivé, quant au foin consommé, aux résultats suivants :

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Ainsi, l'emploi du sel augmente la consommation des fourrages par de jeunes animaux de la race bovine; mais l'accroissement de dépense qui en résulte est compensé par l'accroissement de poids vivant.

Les résultats auxquels sont arrivés M. Daurier et MM. Dailly, sur l'engraissement des moutons, ne sont pas moins significatifs ; ils se résument ainsi pour un mouton moyen en un jour moyen :

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