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M. Chapellier, notaire, trésorier de la Société, rue Saint-Honoré, 370. M. Noirot, agent-général et bibliothécaire de la Société, rue de l'Univer sité, no 23.

DE LA

société de GÉOGRAPHIE.

JANVIER 1844.

PREMIÈRE SECTION.

MÉMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS.

SUR LES GLACES DU POLE AUSTRAL.

EXAMEN D'UNE notice de M. LE D' HOMBRON SUR CE SUJET,

PAR M. DAUSSY.

M. le Dr Hombron, chirurgien-major de l'Astrolabe, dans la dernière expédition commandée par M. Dumont d'Urville, a donné, dans le n° de novembre des Annales maritimes, un article intitulé: Aperçu topographique sur les terres et les glaces australes. Voulant combattre quelques unes des propositions avancées par M. Hombron, je crois convenable de donner ici l'article lui-même, afin que l'on puisse avoir sous les yeux les raisons pour et contre chacune des opinions.

APERÇU TOPOGRAPHIQUE

SUR LES TERRES ET LES GLACES AUSTRALES,

PAR M. LE Dr HOMBRON.

<< Le rapide exposé de travaux aussi considérables que ceux que les Anglais viennent d'achever, entraîne une rédaction trop resserrée pour que les détails ne soient point négligés, et que cette négligence ne nuise pas à l'appréciation des faits. Je m'abstiendrai donc de toute critique, car il ne serait point juste d'attribuer à la volonté de l'auteur l'obscurité qui résulte simplement de la réduction qu'il a fait subir à son sujét, en le ramenant aux proportions d'un rapport. Je me bornerai à extraire de ce travail plusieurs faits clairs et saillants, qui contiennent, selon moi, quelques vérités importantes.

>> Ce qui résulte tout d'abord de cette narration, c'est que les banquises traversées par M. le capitaine Ross, en 1841, ne ressemblent point complétement à celles qui bornèrent ses dernières tentatives aux parallèles peu élevés qu'avaient déjà si laborieusement sillonnés Bransfield, d'Urville et Wilkes. Dans ses premiers rapports, M. Ross parle de banquises qu'il était parvenu à traverser. Or celle qu'il rencontra dans sa toute récente et dernière pointe vers les hautes latitudes n'ont été franchies ni par lui ni par ses prédécesseurs. Il importe de signaler ce fait à l'équité du public, parce qu'il prouve qu'il y a banquise et banquise.

>> Sans doute M. Ross ne paraitrait plus étonné aujourd'hui que les Français et les Américains eussent pu rencontrer réellement, et décrire des banquises aussi formidables. La première banquise qui se soit offerte à M. Ross se trouvait par 66° 45′ de latitude S. et 174° 16' de longitude orientale. La topographie de ce point de la circonférence du pôle S. ne ressemble nullement, ainsi que nous allons le voir dans le cours de cet article, à celle des lieux où les Français attaquèrent deux fois la ceinture de glace du pôle antarctique : M. Ross << y pénétra sans avoir à regretter aucune avarie. >> Après y avoir parcouru quelques milles, on put con>> tinuer à marcher vers le S. sans grande difficulté. » Dans la matinée du 9, après avoir fait plus de » 200 milles dans la banquise, il entra dans une mer >> parfaitement libre. » En effet, pour parcourir 66 lieues en quatre fois vingt-quatre heures, il faut faire constamment 16 à 17 lieues de minuit à minuit pendant quatre jours, ce qui suppose dans une banquise une liberté déjà assez satisfaisante. Le 9 février 1838, les corvettes françaises l'Astrolabe et la Zélée, se trouvant dans la banquise par 62° 30′ de latitude S. et 40° 30' de longitude O., ne jouissaient point d'une aussi grande liberté d'action; car, bien qu'elles fussent aidées du seul auxiliaire efficace dans cette circonstance, je veux parler d'un vent très fort, elles employèrent neuf heures pour faire une demi-lieue. Le 9 février 1841, par 78° 4′ de latitude S. et 191° 23′ de longitude E., l'Erebus et le Terror furent eux-mêmes dans une semblable position: «< ils se virent arrêtés par une dan>> gereuse banquise, à travers laquelle ils eurent la plus » grande peine à se frayer un chemin, et d'où » peut-être ils ne fussent jamais sortis sans les fortes.

>> brises qui vinrent à leur secours. » Il est évident que la première des banquises où pénétrèrent les Français différait beaucoup de la première banquise traversée par les Anglais celle-ci n'était que la partie éphémère des champs de glaces qui entourent en hiver l'archipel de Balleny du côté du N. Un vaste golfe se développait dans le S.-S.-E. de cette banquise, et livra au capitaine Ross, si ce n'est une issue complétement dégagée, au moins un passage praticable, semé d'obstacles, il est vrai, mais pouvant être surmontés à l'aide des moyens qui sont à la disposition de la faiblesse humaine.

>> J'ai cru devoir entrer dans ces détails à cause d'une phrase ambiguë de l'un des premiers rapports de M. Ross; la voici textuellement : « . . . . . Cette ban» quise ne me sembla pas aussi formidable que l'ont >> représentée les Français et les Américains..... » J'aime à me persuader, a dit l'honorable M. Daussy, dans une des séances publiques de la Société de géographie de cette année (1), que cette réflexion n'a point été inspirée par un esprit de critique; je le désire aussi, carje ne suppose que des intentions nobles et élevées à un homme aussi distingué que M. le capitaine Ross.

>> Le voyage de M. Ross confirme l'assertion suivante, qui, pour moi, est déjà un axiome : l'on ne peut espérer atteindre les hauts parallèles antarctiques que sur les points de la circonférence du pôle où les terres se refoulent fortement vers le S. Telle est la proposition que nous allons tâcher de démontrer.

(1) Ce fut dans cette séance que la Société de géographie de Paris décerna une médaille d'or à M. Ross.

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