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1o janvier, un de ces contes charmants que M. Théodore de Banville laisse tomber si profusément de sa plume. Celui-ci, intitulé Chrysalide, est l'histoire d'une jeune actrice au cerveau dur, au cœur froid et au talent ingrat, à qui la parole enflammée d'un maître révèle et donne tout, amour, enthousiasme et génie. Le même journal (14 janvier) publie une réponse de M. Bauer à M. Jules Lemaître qui l'avait appelé un échauffé et qu'il appelle un refroidi; le tout à propos de M. Antoine et du ThéâtreLibre.

Dans l'Estafette (13 janvier), deux colonnes amusantes de M. Francisque Sarcey sur M. Henry Fouquier et le procès des deux Colombines.

Le chroniqueur de l'Événement, M. Aurélien Scholl, a écrit (2 janvier) à propos de Germinie Lacerteux un article plein de souvenirs curieux et d'anecdotes piquantes et où c'est un compliment que nous prétendons lui faire son esprit endiablé ne pétille qu'autant qu'il le faut.

Le Figaro (16 décembre). Grand article de M. Henry Fouquier, intitulé Avocates et Doctoresses, où il soutient les vues qu'on lui connaît depuis longtemps sur les droits de la femme et sa véritable émancipation. A rapprocher de cet article celui de la République française sur le même sujet (18 décembre), signé Marie-Anne de Bovet.

Pour les philologues et les curieux de lexicographie, à lire, dans le Moniteur universel du 8 janvier, un compte rendu de la critique, assez amère, avec preuves à l'appui, que le Dr Millet a faite du dictionnaire de M. Godefroy, et qui a été naguère publiée chez Lechevallier, 39, quai des Grands-Augustins.

Dans le National (17 décembre), une analyse des vues de M. Gilbert-Augustin Thierry sur le roman, son passé, son présent et son avenir, à propos de son livre récent Tresse blonde (Librairie moderne). L'article est signé G. BertrandMarsac.

Enfin, dans la Paix (11 janvier), une chronique anonyme où Jean Mangold, le poète-pâtissier de Colmar, mort récemment, sert de point de départ au journaliste pour passer en revue les principaux poètes ouvriers de notre temps. Il paraît que les cuisiniers sont les plus nombreux dans cet escadron pégasien. Désaugiers n'a-t-il pas dit ou chanté :

Mon cuisinier quand je dîne

Me semble un être divin!

« Or, une fois qu'on se pénètre de cette idée qu'on est un être divin, il n'y a plus de raison pour ne pas tutoyer Apollon lui-même. »

ÉTRANGER

Allemagne. - En parcourant les revues allemandes nous signalerons comme étant d'un intérêt particulier pour nos lecteurs les articles suivants :

Dans le Magazin für die Litteratur, une étude sur le Dernier roman de Zola, par E. Brausewetter, et une autre sur la Femme de la mer, le récent drame du Norvégien Ibsen, par W. Kirchbach.

Dans Vom Fels zum Meer, la revue populaire et littéraire illustrée, si habilement dirigée par M. Kürschner, une étude enthousiaste sur le Premier théâtre du monde (la Comédie française), par notre collaborateur Louis de Hessem.

Dans la Deutsche Dichtung, dont le succès s'accentue de plus en plus, une série de lettres inédites de Goethe.

Nous trouvons aussi dans le Centralblatt für Bibliothekswesen du Dr O. Hartwig (Leipzig, janvier) quelques lignes dont les bibliophiles nous sauront gré de reproduire le début : « Un ouvrage qui doit intéresser les bibliothécaires aussi bien que tout ami des livres, c'est les Zigzags d'un curieux, causeries sur l'art du livre et la littérature d'art, par Octave Uzanne, le spirituel directeur d'un périodique mensuel maintes fois cité par nous, le Livre » Suit une analyse très exacte des sujets traités dans le volume.

Angleterre. - The Academy (5 janvier) rend compte des Lettres de David Hume à William Strahan, publiées par M. G. Birbeck Hill, à la Clarendon Press, comme nous l'avons annoncé. Cette correspondance a un intérêt quelquefois piquant pour l'histoire des lettres françaises au siècle dernier, et le reviewer, Mr. F. Grant, met très bien ce côté spécial en lumière.

The Bookworm de janvier contient un article spirituel et instructif sur le grand libraire ancien de Londres, Mr. Bernard Quaritch, et sur les trésors que renferment son magasin de Piccadilly. Nous citerons encore quelques pages intéressantes à propos du caricaturiste Rowlandson, ornées de la reproduction de deux de ses plus typiques caricatures.

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États-Unis. The Literary World, de Boston, met en première page de son numéro du 8 décembre un article sur le Miroir du monde, dont voici le sens : « M. Uzanne, le directeur accompli du journal parisien qui fait autorité en matières littéraires, le Livre, trouve de temps en temps le loisir de rédiger le texte de quelque délicieux volume sur les caprices, les faibles et les goûts plus sérieux de l'être humain tel qu'il est en France, et chaque fois il réussit à ravir ses lecteurs par une érudition merveilleusement abondante, avec des éclairs fréquents d'une philosophie ingénieuse et un intarissable courant de grâce et d'esprit. L'an dernier, c'était la Femme française qui attirait son attention dévouée, mais quelque peu indiscrète. Cette année il élargit son horizon et nous offre, avec l'aide de M. Avril, le Miroir du monde,

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coutumes depuis le cercle arctique jusqu'à la Patagonie, mais une série d'images délicates, prises à la surface de ce monde plus restreint et plus fascinateur qui est la société parisienne. Ce livre présente, en fait, une très complète vue à vol d'oiseau du citadin français moderne, tel qu'il se montre au théâtre ou dans un salon, dans les arts ou la littérature, chez lui, dans son cabinet au milieu de ses livres, en amour, en voyage, se livrant aux sports à la mode, à table, à l'heure de la rêverie, pendant la villégiature. Sur tous ces thèmes, M. Uzanne a de délicieux chapitres, et l'artiste, M. Avril, déploie son plus fin talent. Chaque page a une illustration de quelque espèce, en-tête décoratif, vignette adroitement insérée dans le texte, ou dessin plus fouillé auquel le texte se subordonne habilement. Ces illustrations sont en couleurs, et elles sont tirées, comme seuls les artistes français savent le faire, sur papier Whatman, et reliées les tranches intactes. Le texte de l'édition anglaise (London, J.-C. Nimmo) a été, il est vrai, exécuté à la Ballantyne Press, et il est typographiquement en rapport avec le reste. Un ouvrage de cette nature est assuré d'exciter une jalouse compétition parmi les bibliophiles. Il a un mérite littéraire et artistique d'un ordre exceptionnel, et, comme fabrication matérielle, comme ceuvre d'encre et de papier, il représente le plus haut degré de l'habileté contemporaine. »>

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Italie. La Nuova Antologia de janvier donne une étude, due à M. R. Zumbini, sur la poésie funéraire en Italie et à l'étranger (la Poesia sepolcrale straniera e italiana). L'auteur y étudie, en Angleterre Edward Yung, le poète des Nuits; James Hervey, avec ses Meditations and Contemplations; Robert Blair, l'auteur de the Grave; Th. Gray et son élégie, et Thomas Parnell ; en Allemagne von Hoffmannswalden, von Creuz, F.-W. Zacharias; en Italie: Alessandro Verri (le Notti Romane), et I. Pindemonte (I Cimiteri). La France est représentée dans sa revue par le seul abbé Delille avec les Jardins et l'Imagination!

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Le peintre paysagiste Edmond Hedouin est mort, à la fin de décembre, des suites d'une maladie de cœur dont il souffrait depuis longtemps. Il était âgé de soixante-dix ans. Outre son œuvre de peintre, dont nous n'avons pas à nous occuper ici, Edmond Hédouin laisse un gros bagage d'illustrations. C'était un graveur et un aquafortiste du plus grand talent.

M. Beraldi, dans son ouvrage sur les graveurs du XIXe siècle, ne compte pas moins de 195 planches d'Hédouin entre autres, sa belle suite d'eaux-fortes sur le Théâtre de Molière, sur les Confessions de J.-J. Rousseau, Paul et Virginie, le Voyage sentimental, les œuvres de Jules Janin, Manon Lescaut, les Évangiles, etc., etc.; des planches tout à fait remarquables d'après Goya, Boucher, Daubigny,

Vanloo, E Delacroix, Lancret, Bonvin, Meissonier, Ch. Muller ('Appel des condamnés de la Terreur), Millet (la Mort et le Bucheron), etc., et Christophe dont il a reproduit magistralement la belle statue de la Douleur.

Hedouin a fait aussi nombre de portraits, entre autres ceux d'Auber, du vicomte Delaborde d'après Delaroche, de Tourguéneff, etc., etc., et des quantités de dessins.

L'an dernier, la section de gravures à l'Exposition lui avait décerné la médaille d'honneur pour la série d'eaux-fortes composées et gravées par lui pour les œuvres de Molière.

Nous apprenons la mort de M. Charles Hénaux, libraire bien connu des bibliophiles, qui possédait une précieuse collection d'ouvrages du xve siècle (janvier).

On annonce la mort (décembre) au Tonkin de M. Nicole, qui a succombé pendant le voyage qu'il avait entrepris pour rejoindre la mission Pavie.

M. Nicole a été longtemps le correspondant maritime, à Paris, des Tablettes des Deux-Charentes.

-Nous apprenons la mort de M. Édouard-Gabriel Rey, membre de la Société des gens de lettres et du comité de l'Association des membres de l'enseignement fondée par le baron Taylor (janvier).

Nous apprenons (janvier) la mort du marquis de Saint-Gilles qui, depuis longtemps, rédigeait la chronique du sport au XIXe Siècle et au Gaulois. M. de Saint-Gilles avait soixante-deux ans.

Il avait été secrétaire des chemins de fer de Maineet-Loire; puis, à la suite de revers de fortune, il était entré dans la presse, où il avait rédigé la partie sportive, successivement à l'Événement, au Voltaire, au Jockey, au William's Turf, à la Vérité, au XIXe Siècle et au Gaulois.

M. Georges Sauton, journaliste républicain et romancier assez connu du public qui lit les romans feuilletons, est mort en même temps que l'année

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études de mœurs domestiques et des récits pour les enfants (janvier).

Un shakespearien de haute réputation et de zèle infatigable, l'éditeur d'un superbe Shakespeare illustré en 16 vol. in-fol. (1853-1865), l'auteur d'un livre de premier ordre, Outlines of the Life of Shakespeare, et d'une quantité d'autres ouvrages érudits, Mr. J.-O. Halliwell-Philipps est mort presque soudainement le • mois dernier. Les bibliographes et collectionneurs qui lisent ces pages ont à déplorer la perte d'un confrère; mais ils n'auront pas, vraisemblablement, à se réjouir de la dispersion probable des trésors qu'il avait amassés, car il a stipulé, dans son testament, que sa collection passerait à la ville de Birmingham contre une somme de sept mille livres sterling. Tout fait croire que la ville de Birmingham n'hésitera pas à payer de ce prix un ensemble de pièces impossible à reconstituer et qui vaut assurément infiniment plus que la somme qu'il demande pour ses héritiers.

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Un artiste de mérite, peintre, dessinateur, graveur sur bois, en même temps qu'écrivain distingué et administrateur hors de pair, Mr. Redgrave, est mort le 14 décembre. Il avait organisé la partie artistique anglaise pour l'Exposition de 1855 à Paris, et avait été à cette occasion décoré de la Légion d'honneur. Il prit une grande part à l'arrangement du South-Kensington Museum, et fut pendant longtemps inspecteur des tableaux de la couronne (Surveyor of the Royal Pictures). On lui doit un lumineux Report on the general State of Design as applied to Manufactures (1852), et, en collaboration avec son frère Samuel, A century of Painters of the English School, sans compter plusieurs catalogues remarquablement faits. Il était né en 1804.

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Le Rév. Cuthbert Southey, fils du poète Robert Southey, dont il avait écrit la biographie, est mort récemment.

Italie. Une dépêche de Rome annonce que M. Mancini, jurisconsulte, homme politique et un des plus grands orateurs italiens, est mort à Naples, à la villa Copodimonte (20 décembre).

M. Mancini était l'un des chefs les plus importants du parti libéral italien. Il fut ministre de l'instruction publique en 1862, de la justice en 1876, et des affaires étrangères sous le cabinet Depretis.

Il est l'auteur d'un projet de Code pénal unique, dont la première partie fut présentée à notre Académie des sciences morales en 1877.

On annonce la mort (fin décembre 1888) du maestro Francesco Florino, directeur des Archives et

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