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Mais c'est si loin, et cela recommence si souvent, qu'il semble tout simple d'en prendre son parti: on s'y habitue comme à un risque convenu.

Eh bien, lisez le poignant ouvrage du colonel Frey, poignant par la simplicité et la sincérité du récit, et vous verrez combien nous sommes loin d'avoir colonisé le Sénégal, et d'avoir clos la période des sacrifices. Le vaillant officier ne se plaint pas du sort très dur que subissent là-bas nos hommes, il constate, il démontre les souffrances de toute sorte, afin de rappeler aux trop facilement oublieux le courage sublime que, du plus haut au plus humble, déploient sous un ciel inclément, sur un sol inhospitalier nos officiers et nos soldats, sans même la consolation de penser que leur abnégation patriotique engendre un résultat utile et décisif.

Dans le haut Sénégal et sur le Niger, tous les villages sont fortifiés. La guerre y existe, en effet, à l'état permanent, de contrée à contrée, quelquefois de village à village. Le prétexte de ces luttes incessantes est souvent des plus futiles : par exemple une vengeance à exercer contre les habitants du pays voisin, qui, il y a quelque trente ans, ont volé un bœuf, une captive du village. Quant à la cause déterminante, c'est la nouvelle que le voisin vient de faire une bonne récolte, possède un beau troupeau, de nombreuses et belles captives.

Au milieu de ces incessantes hostilités, le corps expéditionnaire français doit se tenir perpétuellement en éveil; car ces peuplades, aujourd'hui nos alliées, se retournent demain contre nous; plus d'une fois il arrive qu'intervenant pour rétablir l'ordre et la paix dans l'intérêt de nos possessions qu'il faut garantir de la contagion belliqueuse, nous voyons s'unir contre nous les tribus en lutte. Rien de plus attachant, de plus dramatique que l'histoire de nos rapports avec les sultans soudaniens Samory et Ahmadore, contre lesquels le chef de notre expédition dut déployer toute l'ingénieuse perspicacité d'un diplomate et toute l'énergie d'un général. Finalement le succès a couronné les efforts pénibles du colonel Frey il a réduit les sultans du Soudan; l'un d'eux a demandé le protectorat de la France; nous avons vu à Paris et au camp de Châlons son fils Karamoko, à qui les chroniqueurs firent bientôt une légende.

Les difficultés sont d'autant plus grandes pour opérer dans une région malsaine, que les moyens manquent le plus souvent il faut dépenser des sommes énormes pour transporter au Sénégal le matériel nécessaire. Un exemple entre autres: on sait que la canonnière le Niger, d'une longueur de dix-huit mètres, a été construite à Paris, en

partie démontable, de vingt-cinq à cinquante kilomètres, susceptible ainsi d'être transportée de Kayes à Bamakou au moyen de porteurs ou à dos d'ânes ou de mulets. Le prix de la cannonnière fut de 67.000 francs. Le prix de son transport de France à Bamakou s'est élevé à 170.000 francs environ.

Le rôle philanthropique, humanitaire de l'expédition française est d'abolir l'esclavage. Nous y parvenons partiellement. Mais la question serait de savoir si, pour sauver la liberté de barbares africains aussi capables les uns que les autres d'asservir et de servir, il faut sacrifier l'existence de plusieurs milliers de Français, et d'un grand nombre de millions, ressources d'hommes et d'argent qui pourraient bien nous faire défaut au jour où nous aurons à garantir notre propre indépendance.

Le colonel Frey, qui témoigne dans son livre de qualités d'administrateur autant que de talent militaire et d'héroïque énergie, termine par l'exposé d'un programme, qui fut également celui de ses prédécesseurs au gouvernement du Sénégal, les honorables colonels Pinet-Laprade et Valière; la base principale est la constitution, dans le Soudan occidental, d'un vaste empire dans la main. ferme d'un seul chef indigène; le but était d'amener dans ces contrées cet état de force favorable au développement des relations commerciales. Pour réaliser ce programme, le colonel Frey pense que, contrairement au projet de Raffenel, qui a pour objectif la pénétration et l'occupation. illimitée, indéfinie, il faut se contenter de tenir le fleuve Sénégal jusqu'à Médine, sa limite navigable, tenir de même la haute Falémé jusqu'au point où cette rivière cesse d'être navigable pendant la saison des hautes eaux. Occuper sur la côte l'entrée des fleuves, par un poste de douane, et par un fort le point où cesse la navigabilité de ces cours d'eau; étendre l'influence française et réserver notre action pour l'avenir, par la conclusion des traités de protectorat ou de commerce avec les États indigènes voisins et avec ceux de l'intérieur. Au lieu de cette méthode, on a préféré l'emploi de la force, on a voulu faire. la guerre le colonel Frey le déplore avec raison, et avec une modération méritoire il en rejette la responsabilité sur la fièvre de colonisation qui s'est, il y a quelques années, emparée de l'opinion publique et l'a poussée dans ces entreprises.

En tout cas il réclame, et il n'est pas douteux une seconde qu'il ait absolument raison, la mise en pratique immédiate de deux mesures dont tout son ouvrage démontre la nécessité : le désarmement des peuplades qui se révoltent contre l'autorité française, et l'interdiction de la vente

d'armes et de munitions sur cette partie de la côte occidentale d'Afrique.

Espérons que l'ouvrage du colonel Frey portera la lumière dans l'esprit de nos gouvernants, s'ils ont au moins la sagesse de le lire ou de s'en faire rendre compte avec exactitude.

Malgré la contestation d'un article anonyme publié le 13 octobre dans la Revue Bleue, nous ne ménagerons point, quant à nous, les éloges à l'auteur de ce livre, aussi important au point de vue des intérêts de notre patrie que remarquable au point de vue des qualités littéraires. P. Z.

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Initié par M. l'abbé Bourgeois aux études préhistoriques, l'auteur est un sage qui ne craindrait rien tant que d'apporter des solutions hâtives. Il ne faut que tourner les premières pages de son livre pour s'en apercevoir.

L'époque tertiaire, prématurément inscrite dans l'âge de pierre, n'existe plus au point de vue archéologique; l'archéologie de l'époque quaternaire s'impose, par contre, d'une manière irrécusable; mais, écrit M. de Baye, l'admission de l'existence de l'homme quaternaire n'implique pas nécessairement l'admission de toutes les théories émises en ce qui regarde l'époque quaternaire : l'homme paléolithique a manifesté sa présence, il y a des faits qui ont été parfaitement étudiés pour les subdivisions, et pour les considérations touchant le caractère de l'industrie humaine, elles sont arbitraires. Et l'auteur de nous rappeler la fortune de certaines dénominations successivement substituées les unes aux autres : l'instrument de Saint-Acheul est longtemps considéré comme forme typique et l'on parle du type acheuléen; puis, le gisement de Chelles découvert, le type quaternaire est désigné sous le nom de chelléen; aujourd'hui, l'on démontre que ce type n'est ni pur, ni exclusif, M. de Baye a de la méfiance.

Mais ce n'est point de l'époque paléolithique qu'il entend nous parler, c'est l'époque néolithique qu'il tâche à nous faire connaître : déjà la civilisation, déjà les manifestations de senti

ments un peu élevés, et il nous fait parcourir les stations de la Marne, il nous introduit dans les grottes de la Champagne; il nous décrit les objets recueillis, i les rapproche d'autres objets recueillis en d'autres lieux.

Le sujet est intéressant nous voudrions ne rien ignorer de nos ancêtres les plus éloignés, et le sujet est traité par un auteur très soucieux de ne se point abuser.

La Révolution française, résumé historique, par H. CARNOT, sénateur, membre de l'Institut: nouvelle édition; un volume in-18 de la Bibliothèque d'histoire contemporaine. Paris, Félix Alcan. Prix 3 fr. 50.

Nombreuses déjà sont les éditions de ce résumé historique de la Révolution, et cette édition-ci, la plus récente, ne sera pas la dernière : on lira longtemps encore ce précis que l'auteur avait écrit en des temps d'oppression et pour qu'il servît comme de manuel d'éducation politique.

Peu de jours avant sa mort, H. Carnot travaillait à la rédaction d'une note dont il se proposait de donner communication à l'Académie des sciences morales et politiques; le sujet de la note: les marques de joie, d'enthousiasme, manifestées à l'étranger, par les esprits les plus distingués, à la nouvelle des premiers événements de juin, de juillet, d'août 1789; une révolution pour notre pays? Non, la Révolution, et l'on attendait, en Europe, la déclaration des droits. L'illustre vieillard pensait à rappeler cet enivrement universel des premiers jours, au moment même qu'il déplorait certaines divisions et de coupables oppositions. Il ne faut jamais s'abandonner, jamais désespérer; il faut savoir vouloir, oser agir, voilà ce qu'il eût voulu crier aux libéraux, aux parlementaires, aux modérés, aux républicains de gouvernement, aux arrière-petits-fils des premiers constituants; il pensait à évoquer le passé pour que le passé portât enseignement, et volontiers il eût répété les dernières lignes de son précis : « La France n'abdiquera pas sa mission civilisatrice. Elle est aussi nécessaire au monde qu'elle l'a jamais été. Son absence laisserait un vide que nul autre peuple ne serait apte à combler; elle doit compte d'elle-même à l'humanité. »

F. G.

BEAUX-ARTS

Les Princesses artistes, par ANTONY VALABRÈGUE. Un vol. in-32. Paris, 1888. A. Dupret, édit. Prix: 2 francs.

Encore un volume de la petite Collection bleue de l'éditeur Dupret. Encore n'est pas exclamation de reproche. Ces petits livres curieux méritent un coin dans la bibliothèque des hommes de goût.

M. Antony Valabrègue nous rappelle ou nous révèle les talents des princesses des familles ayant régné en France: il accorde autant de place mais c'est un malin aux tentatives un peu burlesques de Marie Leczinska, dont le professeur exécutait tout l'ouvrage, ne lui laissant qu'un peu de couleur à poser ici ou là sur un trait de crayon, qu'à la princesse Marie d'Orléans ou à la princesse Jeanne Bonaparte, de véritables artistes, qui ont créé l'une par l'ébauchoir, l'autre par le pinceau et par le burin, des œuvres remarquables.

M. Valabrègue complète son intéressante monographie par une galerie de princesses étrangères que la Muse a marquées aussi d'un signe plus ou moins sacré. Il est plein de mansuétude et de vénération pour toutes s'il n'est aimé des

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Volume de la coquette petite Collection bleue de l'éditeur Dupret. Notices intéressantes non pas sur toutes les maisons historiques de Paris, mais sur les plus remarquables soit à cause de leurs habitants d'autrefois, soit à cause de la conservation de leur architecture.

M. Alfred Copin a suivi une marche telle qu'il fait faire au lecteur une promenade méthodique d'un bout de la ville à l'autre. Son principal but a été d'attirer l'attention sur les travaux du comité des inscriptions parisiennes, institué par arrêt du 10 mars 1879 sous l'influence de M. Hérold, alors préfet de la Seine, et sous la présidence du regretté Henri Martin. La tâche que s'est donnée M. Copin, c'est de compléter les renseignements naturellement très sommaires des plaques commémoratives. Il s'en est acquitté avec une discrète abondance et une érudition sans apparat.

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« Ce volume n'est qu'une première partie des États du Danube et des Balkans, mais c'est précisément celle qui intéresse le plus l'Autriche puisqu'elle renferme la Hongrie méridionale, la Transylvanie, la Croatie, la Slavonie, la Dalmatie, la Bosnie, l'Herzégovine et l'Istrie, et que, s'il n'eût pas compris également le Monténégro, le volume eût pu s'intituler tout simplement l'Autriche méridionale. L'ouvrage de près de 300 pages est pourvu de nombreuses cartes empruntées à l'Institut géographique militaire de l'État-major autrichien. D'ailleurs, ainsi que le constate la préface en termes reconnaissants, le gouverne

ment austro-hongrois n'a eu que des prévenances pour M. Rousset qui a été fort secondé dans sa tâche, notamment par M. de Kallay, ministre des finances de l'empire austro-hongrois, chargé spécialement de l'administration supérieure des provinces de Bosnie et d'Herzégovine. M. Léon Rousset était tout désigné pour s'acquitter honorablement de la tâche qui lui était confiée : professeur d'histoire naturelle de 1868 à 1874 à l'École militaire de Fou-Tchéou, en Chine, il entreprit, vers la fin de cette dernière année, un voyage d'exploration dans l'intérieur du Céleste Empire qu'il poursuivit jusqu'à la grande muraille et aux frontières de la Mongolie. Le résultat de cette expédition fut consigné dans: A travers la Chine (Hachette, 1878), un ouvrage qui a eu plusieurs éditions depuis lors. De retour à Paris, il fut chargé, par le gouvernement français, de donner à l'École des sciences politiques une série de conférences sur l'extrême Orient. Après avoir été attaché, de 1879 à 1882, en qualité de secrétaire à l'ambassade chinoise de Madrid, M. Rousset fit, en 1884, un long voyage dans les États des Balkans, la Turquie et l'Asie Mineure, pour recueillir les renseignements nécessaires au remaniement du volume des Guides Joanne s'occupant de ces pays; en 1886 il publia, en conséquence, De Paris à Constantinople, suivi aujourd'hui de la première partie des États du Danube et des

Balkans.

M. Rousset ne s'est pas contenté de relever des on-dit, de glaner dans nos propres publications, comme le Gebirgsführer de Frischauf et l'Illüstrirter Führer durch Ungarn und seine Nebenländere

il a sillonné en tous sens pendant huit mois les régions du Danube et des Balkans, en chemin de fer, en steamer, à pied, à cheval. Non seulement il a vu les curiosités d'un facile accès, mais encore il a gravi les plus hauts sommets, battu la Bosnie et l'Herzégovine, visité les îles et tous les points remarquables de la Dalmatie. En touriste d'expérience et en géographe de mérite, il sait voir et décrire intelligemment, impartialement ce qu'il voit.

Son ouvrage rendra de grands services, même à d'autres voyageurs que les Français, car aucun des guides similaires publiés jusqu'à présent sur ces contrées ne renferme un aussi grand nombre de cartes et de plans, ni un vocabulaire aussi complet de termes usuels en cinq langues français, serbe, hongrois, roumain et italien. C'est à l'ouvrage de M. Rousset qu'il faudra en attribuer la cause en majeure partie si, à l'avenir, les touristes délaissent un peu la Suisse, l'Italie et l'Allemagne pour se diriger vers les cantons méridionaux de notre pays, terres vierges et inconnues

encore du voyageur, pour ainsi dire. M. Rousset est un admirateur enthousiaste de ces régions; maints passages de son livre l'attestent et il ne tait point que l'état de progrès et de prospérité relatifs. qu'il y a rencontré est dû à la sage et bienveillante administration de l'Autriche.

Mais la Transylvanie est, de toutes nos provincès méridionales, celle qui semble avoir le plus séduit M. Rousset; et Schässburg, celle des villes de cette province qui l'a le plus charmé. « Cette ville est certes l'une des plus curieuses qu'il soit possible de voir encore en Europe. C'est une cité du moyen âge qui s'est conservée jusqu'à notre époque sans subir la moindre altération et dans un parfait état d'entretien. L'impression que l'on ressent à la vue de ces vieilles murailles, dont la ligne est rompue par des tours à mâchicoulis aux toits aigus et de forts donjons à barbacanes qui surmontent les portes, est si étrange, que l'on en conserve bien longtemps le souvenir. Des deux villes distinctes dont se compose Schässburg, la partie neuve ou ville basse, qui s'étend sur les bords des deux rivières, n'a rien d'absolument remarquable, mais la vieille ville ou ville haute, plus connue sous le nom de Burg, construite sur la pente d'une petite colline, est entourée de la vieille enceinte dont nous venons de parler, et, grâce à l'inclinaison du terrain, elle se développe merveilleusement devant les yeux, dans toute son étendue. »

L'auteur n'est pas moins éloquent dans sa description des Alpes de Transylvanie, qui, si elles étaient moins ignorées, attireraient de nombreux touristes, et il déplore l'incessant déboisement de ces régions; déboisement que ne tarderont pas à faire regretter les inondations des fleuves et les changements climatériques. Il a parcouru toute la Transylvanie, jusque dans les coins les plus reculés, et c'est dans une langue imagée qu'il décrit Cronstadt, Klausenbourg, Hermanstadt et Maros-Vasarhely. Il s'est arrêté pendant quelque temps à Szegedin, qu'il considère comme l'une des plus belles villes de la Hongrie; il étudie la Croatie, la Slavonie et l'Istrie pour arriver enfin à Fiume : « La société, formée d'éléments disparates non fusionnés entre eux, y est divisée: Italiens, Croates, Allemands et Hongrois y forment autant de groupes distincts. C'est ainsi qu'on y trouve trois centres de réunion : le Salon de lecture croate, le Casino italien et le Pick-nick club allemand. Pour tous les besoins de la vie courante, dans la ville de Fiume comme sur tout le littoral de l'Adriatique, la langue italienne est presque la seule en usage; mais, dès qu'on s'écarte de la côte, ce sont les dialectes slaves, et particulièrement le croate, qui reprennent la prépon

dérance... La perle des environs de Fiume est sans contredit Abbazia, et son admirable plage est digne d'être comparée aux plus beaux sites de la rivière de Gênes et des environs de Nice... Depuis quelques années, grâce à la puissante initiative de la compagnie de la Südbahn qui a tout créé hôtel confortable, maison de cure, parc, route d'accès, Abbazia est devenue une station d'hiver et d'été tout à la fois des plus fréquentées. Abritée par la paroi du Monte Maggiore contre les vents du nord, Abbazia témoigne par sa luxuriante végétation tropicale de l'extrême douceur et de la stabilité de son climat. >> La Dalmatie, à laquelle M. Rousset donne tout un chapitre, a été différentes fois décrite en ces derniers temps, et je citerai entre autres la grande publication de Ch. Yriarte sur les Bords de l'Adriatique (Hachette, 1878). A mentionner le passage suivant dans le résumé historique : En 1815, le traité de Paris rend la Dalmatie à l'Autriche qui n'a cessé de l'occuper sans conteste depuis cette époque. L'administration autrichienne s'est du reste occupée sans relâche de développer le bien-être des populations. Elle a complété le réseau de routes commencé par Marmont pour faciliter les relations du haut pays avec la côte; elle a créé partout des ports bien abrités et spacieux, notamment à Spalato, et encouragé les goûts maritimes d'une population qui lui fournit tous les équipages de sa flotte de guerre. Bornant son rôle politique à maintenir impartialement l'ordre et la paix entre les partis indigènes, employant toute son activité à développer les sources de production et de bien-être, elle a rallié insensiblement tous les intérêts. Elle a fondé ainsi un état de développement pacifique qui utilise toutes les ressources de la Dalmatie et fait entrer ces sympathiques contrées dans une ère de prospérité qui n'en est encore qu'à ses débuts. »

M. Rousset n'est pas moins élogieux lorsqu'il s'étend sur les résultats obtenus par l'Autriche en Bosnie et en Herzégovine. « L'empereur François-Joseph a donné à ces nouvelles provinces une marque d'affectueuse sollicitude et de sympathique bienveillance en faisant appel pour les administrer à l'expérience d'un homme d'État qui joint aux qualités d'administrateur les plus remarquables une connaissance parfaite des conditions d'existence de la Bosnie et de l'Herzégovine. Sous l'habile direction de M. de Kallay, ce pays est en voie de régénérescence; ses ressources se développent, les haines politiques et sociales s'apaisent et, pour bien augurer de son avenir, il suffit de comparer l'état d'anarchie antérieur à l'occupation aux progrès déjà réalisés.

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L'établissement définitif (il faut l'espérer) de notre protectorat sur l'ile de Madagascar en dépit des intrigues de l'Angleterre et les événements qui ont, en ces dernières années, précédé et suivi le traité intervenu entre la France et le gouvernement hova, ont nécessairement attiré l'attention publique sur cette île de l'océan Indien. Le livre de MM. H. Le Chartier et G. Pellerin, dont la collaboration nous a déjà renseigné sur Tahiti et les colonies françaises de la Polynésie ainsi que sur la Nouvelle-Calédonie et les Nouvelles-Hébrides, a pour objet de donner satisfaction à notre légitime curiosité. Placée dans le voisinage de la Réunion et de Maurice (autrefois l'Ile de France), voisine des Comores, récemment placées aussi sous notre protectorat, des Seychelles, possession anglaise, du groupe des Mascareignes, à proximité de la côte orientale d'Afrique, du Zanzibar, convoité par l'Allemagne et qui semble lui échapper, des colonies du Cap et du Transwal, sur la route de la mer Rouge, du golfe Persique et de l'Indoustan, des îles de la Sonde, en outre, ligne de retraite de notre flotte en cas de désastre naval, port d'attache en temps de paix, station de ravitaillement pour nos transports et nos cuirassés, dépôt de charbon, magasin de munitions, poste de renfort, à moitié route de nos possessions dans l'extrême Orient, Madagascar - jadis ho norée du titre de France orientale qui a les dimensions d'un continent, est appelée à devenir la perle de notre écrin colonial. La baie de Diego-Suarez, au nord-est de l'ile, une des rades les plus merveilleuses du monde par son cadre immense à l'abri des terribles coups de vent de l'océan Indien, offre à nos flottes cette escale indispensable en cas d'expédition lointaine, de défaite ou d'avaries, en même temps qu'un point de concentration pour nos escadres. Sans insister davantage, sans étendre ces considérations au développement de notre prospérité commer

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