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eux les malheurs d'Abélard. Il marchait en rasant les murs, de façon très lente et maladroite. Et, quand on lui demandait un livre, il soufflait en guise de réponse, et poussait des grognements. » Un autre, Julien de La Boullaye, était bibliothécaire à Langres. « Il refusa obstinément de communiquer Daphnis et Chloé à un capitaine. de cavalerie. Il avait classé Daphnis et Chloé dans la « réserve », avec d'autres livres immoraux; et, capitaine de cavalerie ou non, il fallait une autorisation écrite du maire pour être admis à le consulter. Cet autre était bibliothécaire à Constantine. C'était un vieil officier, à moustaches grises. En compagnie de quelques anciens camarades uniquement soucieux, comme lui, des inscriptions romaines de la province, il occupait militairement la bibliothèque. Il en avait fait une manière de cercle fermé. Il eût été aventureux d'y venir sans lui être présenté personnellement. On me présenta; et, pour dire quelque chose, je le félicitai de ce qu'il n'était point troublé par trop de visiteurs, et de ce qu'on lui laissait le loisir de poursuivre ses travaux épigraphiques.

Monsieur, me répondit-il, croyez-vous que j'aurais accepté cette place, s'il m'eût fallu me déranger à tout instant pour des imbéciles qui seraient venus lire ici des romans ou des vers? >>

Et M. Jules Tellier ajoute, avec soupir: « Où sont-ils maintenant, les bibliothécaires que j'ai connus? » Je ne sais, mais je ne les crois point morts. Ils sont encore vivants dans l'imagination de l'écrivain, et est-il bien sûr que, tels qu'il les voit et qu'il nous les montre, ils aient eu jamais une autre vie? C'est ainsi que M. Julien Travers, l'archéologue, le critique, le poète, l'homme savant, spirituel et aimable que tant d'esprits distingués appréciaient et aimaient, est bien véritablement mort; mais qui pourrait croire que le Julien Travers, bibliothécaire de Caen, qui refu sait de confier à M. Jules Tellier les poésies de Musset, parce qu'il les « jugeait propres à exciter ses sens», soit le même que celui dont M. Edgar Zévort et M. Gasté prononçaient naguère l'oraison funèbre?

La nécessité de cataloguer les richesses de nos dépôts publics, artistiques ou littéraires, s'impose de plus en plus et aboutit à des réalisations partielles que nous sommes heureux de constater. Des catalogues sommaires vont, par ordre du directeur des beaux-arts, être immédiatement dressés pour les trois sections de la peinture, de la sculpture et de dessin du musée du Louvre. Un plan des salles auxquelles ces catalogues se rapportent sera placé en tête du volume, dans le

genre du plan qui figure dans les livrets du Salon. Le texte sera des plus simples:

1° Sujet de l'oeuvre;

20

Nom, prénoms de l'auteur ; 30 Nationalité;

4o Dates de sa naissance et de sa mort; 5o Ecole à laquelle il a appartenu.

Pas de dissertations savantes, un simple guide, vendu le meilleur marché possible.

Un journaliste de l'Estafette, M. Bertol-Graivil, suggère l'idée de faire traduire ces catalogues en anglais, en italien, en espagnol, en russe et en allemand, convaincu que le débit en serait considérable et constant, de telle sorte qu'au lieu d'occasionner des frais à l'État, ils lui seraient une source permanente de bénéfices.

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Nous remarquons dans la Revue alsacienne de novembre, sous la signature Auguste Laugel, quelques pages consacrées à une brochure intitulée de l'Amour des livres, que M. Léon G. Pélissier a dernièrement publiée à Aix, chez Achille Makaire, imprimeur-libraire (in-12, 24 p.). Cette brochure est la reproduction d'un discours prononcé à une distribution de prix; car M. Léon G. Pélissier ou nous nous trompons fort doit être notre ancien collègue du lycée Janson de Sailly, que sa santé a contraint d'échanger sa chaire de professeur pour une inspection académique quelque part dans le Midi. Il n'est pas sans intérêt de voir la bibliophilie officiellement présentée aux jeunes gens qui finissent leurs études universitaires par un fonctionnaire de l'Université, qui est un bibliophile très ardent. « Pour le vrai bibliophile, dit-il aux jeunes élèves, dont bien peu s'en doutent encore, - le livre est à la fois un document du passé, l'instrument d'une joie intellectuelle, un objet d'art. » Et M. Auguste Laugel, après avoir très nettement fait comprendre, dans l'intelligent compte rendu qu'il donne de ce discours, l'intérêt historique et psy. chologique qui s'attache aux éditions originales, la joie intellectuelle qu'on éprouve à s'instruire ou à se récréer avec un volume qui a déjà instruit ou récréé quelque illustre esprit, la jouissance artistique qui résulte de la beauté du livre et de ses illustrations, de l'harmonie qu'il y a entre la reliure et le texte imprimé, entre le corps et l'habit, conclut éloquemment et véritablement : « Non, l'amour du livre n'est pas, comme beaucoup le croient et le disent, un amour matériel : ce n'est pas l'amour de l'or, fût-il aux petits fers et creusé par les mains les plus habiles, ni l'amour du beau papier, ni l'amour de ces reliures élé

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gantes où la fantaisie des grands relieurs s'est donné carrière, ni l'amour de ce qu'on appelle la provenance, c'est-à-dire les noms illustres d'anciens propriétaires, rois, reines, princes et princesses, bibliophiles fameux; il y a dans l'amour. | du livre un peu de tout cela, mais il y a autre chose encore, il y a un sentiment idéal, difficile à définir, où entre le respect de l'intelligence humaine dans les plus nobles expressions qu'elle ait trouvées, en même temps que la reconnaissance pour ceux qui ont, avant nous, éprouvé ce respect et qui en ont donné la preuve dans le soin qu'ils ont mis à orner, à conserver, à perpétuer les plus beaux ouvrages de l'homme. »

Voilà qui est bien dit, en vérité. On y pourrait ajouter, croyons-nous; mais tout y est juste, et pécher par omission n'est point pécher par intention.

change le scripta manent en scripta comburuntur. Quand le feu ne dévore pas, il arrive que les voleurs enlèvent, mal, d'ailleurs, moins irréparable, comme M. L. Delisle l'a triomphalement démontré.

C'est ce qui s'est produit récemment au musée Saint-Louis, à Carthage. Les soustractions sont considérables, et le ministre de l'instruction publique a envoyé, le 30 novembre dernier, à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, de la part du Père Delattre, la liste des objets volés, liste qui n'occupe pas moins de sept pages de papier grand format, laquelle a été renvoyée par l'Académie à la commission de l'Afrique du Nord. Nous ne savons pourquoi cette procédure — la seule à employer sans doute - nous rassure moins sur le sort des objets volés que sur celui des voleurs.

Nous lisons dans l'Intransigeant du 23 décembre: «Un incendie qui, en quelques heures, a anéanti le fruit de longues années de recherches et de travaux, s'est déclaré, hier soir, chez un savant bibliophile et libraire, M. Schlesinger, dans ses magasins de la rue de Seine.

Un jeune employé, Henri Laigle, voulant allumer une lampe à essence, frotta une allumette dont il jeta, sans y prendre garde, le tison sur le sol. Quelques gouttes de pétrole étaient probablement tombées sur cet endroit.

«En un instant, une longue flamme s'éleva qui, léchant un rayon, propagea l'incendie. Malgré ses efforts, Laigle, qui était seul à ce moment, fut impuissant à en arrêter les progrès et seulement alors il appela au secours. Des voisins et des passants accoururent. On brisa la vitre de l'avertisseur le plus proche et, quelques instants après, les pompiers du poste de la rue du VieuxColombier arrivaient, suivis bientôt d'une pompe à vapeur de l'état-major. Une fumée intense s'échappait dans la rue par une fenêtre donnant sur la grande cour intérieure de la maison. Il ne fallut pas moins de deux heures pour étouffer complètement les flammes et noyer les rayons fumants de la librairie.

« Les pertes ne sont pas encore évaluées, mais elles sont certainement considérables. M. Schlesinger avait réuni, depuis trente-cinq ans environ, deux cent mille volumes, nouveaux ou anciens, et spécialement nombre de volumes précieux traitant d'architecture et de science héraldique. »> Ce n'est point là de la bibliolytie. Il se pourrait cependant qu'en un tel désastre aient péri des volumes uniques ou quasiment tels, — démenti accidentel aux vérités les plus axiomatiques, qui

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Les ventes d'autographes s'annoncent bien pour les amateurs. L'abondance et la qualité s'y trouvent, comme on dit de la marée, et les prix ne dépassent pas une honnête moyenne, - quand ils l'atteignent. C'est l'heure des subtils et des gourmets qui chassent et pourchassent pour euxmêmes, non point pour la gloriole d'une admiration de galerie.

Voici deux lettres de Henri IV à Gabrielle d'Estrées, qui ont été vendues dernièrement à l'hôtel Drouot. Nous n'avons pas les chiffres exacts de la vente, mais nous croyons que l'acquéreur n'a pas eu à faire un très gros sacrifice pour s'assurer ces pièces savoureuses.

« Mon cœur, j'ay pryns deus serfs aujourduy l'un après l'autre. J'an suys fort las mes je me porte bien, Dieu mercy. Ceus quy dyssent que je seré samedy à Paris ne savent pas sy bien mes volontés que vous a quy je ne celle ryen. Yl fayt beau ycy. Demayn nous veyrrons voller et pescher le grand estanc de seans où l'on dyt qu'y a de fort grans brochets et carpes. J'an feré provysyon pour Fontene-Belleau. Bonsoyr, mon cœur. Si vous avyes autant d'anvye de me voyr que vous dytes, je say bien ce que vous feryés. « Je vous bese cent mylle fois.

Et la seconde, un simple billet :

H. »

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Une lettre du général Boulanger a été retirée à 21 francs. M'est avis que ses très précieux autographes peuvent s'obtenir à moins.

Une lettre d'Henri Regnault est montée à 141 francs; une de Balzac à 295 francs, et à 62 francs cette strophe de Victor Hugo, que recueilleront ceux qui ne croient pas aux éditions définitives:

Qu'on pense ou qu'on aime,
Sans cesse agité,
Vers un but suprême

Tout vole, emporté.
L'esquif cherche un mole,
L'abeille un vieux saule,

La boussole un pôle,
Moi, la vérité.

VICTOR HUGO.

A la vente de la collection Leyste, quelques lignes attribuées à Schopenhauer ont été adjugées à 130 francs, tandis qu'une lettre du général Bonaparte, datée de l'armée d'Italie, a malaisément atteint 25 francs. Étonnez-vous donc qu'on soit pessimiste!

Nous empruntons au Temps les détails qui suivent sur les autres ventes d'autographes qui ont eu lieu en décembre à l'hôtel Drouot. Parmi les pièces les plus importantes et les moins. payées on remarque des lettres d'anoblissement conférées par François Ier à un marchand de Caen, Pierre Fresnel, âgé de soixante-sept ans, pour lui et sa postérité, moyennant un don de six cents livres tournois. Ces lettres patentes, sur vélin, datées de Saint-Germain-en-Laye, juin 1523, forment un document trop long pour être donné en entier. Elles sont accompagnées d'un grand sceau en cire brune assez bien conservé, avec lacs de soie; elles commencent ainsi :

« François, par la grâce de Dieu, roi de France, savoir faisons à tous présents et avenir que, pour subvenir, satisfaire et fournir aux grands et pressants besoins des affaires que nous avons à conduire par le fait de nos guerres et pour sécurité et défense de notre royaume, peuples et sujets, que nos ennemis se sont efforcés, s'efforcent et s'efforceront de, vouloir envahir, piller et ruiner, nous avons mis et fait mettre en délibération... Entre les autres expédients et moyens qui nous ont été trouvés, il nous a été conseillé... »

François I, en donnant un titre de noblesse au marchand de Caen, déclare que « par le même fait il donnera autant à tous ceux qui voudront nous bailler quelque somme et donner resonnablement, selon leurs facultés, pour fournir et subvenir à nos affaires... » Ce document, absolument authentique et si intéressant pour l'histoire de

nos origines nobiliaires, a été vendu 31 francs. On a vendu également, dans la vente des autographes qui formaient la collection de feu M. Lefebvre, 46 francs des lettres patentes signées, sur vélin, par Henri III, roi de France, et datées de Lyon, 7 septembre 1574: dans cette pièce historique, Henri III promet pardon à tous ceux qui ont pris les armes contre le défunt roi et qui se soumettront, notamment aux huguenots; 10 francs une curieuse lettre de Victor Hugo, où il s'excuse de ne pouvoir lire les vers qu'on lui a adressés, vu les circonstances politiques. Quand la France sera sauvée, il redeviendra poète. « En ce moment, je ne suis que matelot, et l'on me crie de toutes parts: A la manœuvre! »

Les prix obtenus dans la dernière vente ont été excessivement bas, on va en juger: 200 lettres de généraux ont été adjugées 20 francs, 75 lettres d'académiciens, 40 francs; 35 lettres d'artistes dramatiques, 7 fr. 50. Les hommes politiques ont été encore moins appréciés. Deux dossiers ont été vendus le premier, qui comprenait 235 lettres, 18 francs; le second, de 150 lettres, parmi lesquelles un écrit de Talleyrand et une lettre de Carnot, 10 francs; 41 lettres de maréchaux de France ont été payées 19 francs, et 24 missives des maréchaux de l'empire, 11 francs. Enfin, 300 manuscrits et lettres autographes adressées à l'architecte Palloy, fameux par la démolition de la Bastille, formant un important dossier pour l'histoire de la Révolution, ont été adjugés 199 francs.

I

Les autographes de Charles Monselet ont produit au total 4,513 fr. 50. Les prix les plus élevés ont été atteints par une lettre de bonne année adressée à sa belle-mère, le 10 décembre 1803, par la duchesse d'Angoulême: 150 francs; une lettre de Cromwell aux commissaires de l'Amirauté, 128 francs; une lettre de François II à son oncle le duc de Savoie, contenant des protestations d'amitié pour lui et le roi catholique, 156 francs; une pièce de vers autographe par Alfred de Vigny, les Amans de Montmorency, écrite à Montmorency le 27 avril 1830, 255 francs; 25 lettres intimes de Victor Hugo à Charles Monselet, invitations à dîner, billets, vers, etc., 230 francs. Une curieuse lettre de la Du Barry à l'abbé Delille, a été payée 72 francs; en voici un passage: « Vous connoissés parfaitement, spirituel abbé, les tableaux de l'Albane, puisque vous employés ses couleurs dans vos charmans ouvrages, mais M. le duc prétend que votre riante imagination a appliqué le nom du Poussin sur le tableau que vous étiés tout fier d'avoir eu à si bon marché... comme on auroit inscrit le nom de Lile sur les jardins de Le Nôtre pour en doubler le prix.

J'aime infiniment cette douce charlatanerie qui entoure l'homme de prestige aimable. On vous envoye pour vos trois beautés chimériques un petit satiné; il ne tiendra qu'à vous de vous servir de la baguette magique de Virgile pour en faire un joli, berger. Plus d'une jolie bergère pourra si méprendre et ce ne sera pas, dit-on, la seule que vous aurés trompée en votre vie. Quand viendrés-vous nous faire entendre vos délicieux vers.

Paris, ce 23 janvier. »

Unequittance de rente, par Armande Béjart, où elle prend la qualité de veuve de J.-B. Poquelin, sieur de Molière : 60 francs.

Un manuscrit d'un article de Lamartine sur le banquet d'Autun, où il est dit : « La politique est une religion qui a ses professions de foi, ses hérésies et ses schismes, comme les autres cultes. Nous sommes de la foi de Mirabeau, de Sieyès, de Vergniaud, de Lanjuinais, de Lafayette; nous ne sommes pas du schisme de Camille Desmoulins » 43 francs. Une lettre de Lamartine, datée du 20 février 1848, adressée à M. Guyard, et contenant des instructions pour la marche à suivre dans le journal le Bien public, de Mâcon, 41 francs. Nous en détachons le passage suivant:

« Nous sommes ici placés, par la démence du gouvernement, sur un baril de poudre. J'ai fait hier, à la réunion générale des oppositions, une improvisation très énergique qui a enlevé la réunion. Le parti national et le parti ambitieux, qui se confondaient, commencent déjà à se séparer. Je reste ferme et, fussé-je seul, au parti du droit national. Je redoute les événements, mais le devoir envers les idées avant tout »>.

Une lettre très affectueuse de M. Claretie sur ses travaux et ses projets littéraires, pleine de déférence envers Monselet qu'il appelle son maître: 42 fr.; une lettre de Barbey d'Aurevilly: 26 fr.; une lettre de M. Champfleury: 29 fr.; une lettre du sculpteur Aimé Millet, expliquant

le projet de monument à élever à Henri Mürger: 24 fr.; un billet de Sarah Bernhardt ainsi conçu: « Décidément vous ne m'aimez pas ? Et on dit que les extrêmes se touchent! Enfin!»: 26 fr.

Signalons encore une lettre d'Auguste Comte, le créateur du positivisme; ces lettres sont rares: A Monsieur Auguste Guyard, à Paris. Paris, le samedi 27 Charlemagne 67 (14 juillet 1855).

« Monsieur,

« Ayant bientôt reconnu que, chez les modernes, la lecture nuit beaucoup à la méditation, j'ai, depuis de longues années, contracté l'habitude

de ne lire que les grands poètes occidentaux. Je lis chaque matin un chapitre de l'Imitation et chaque soir un chant de Dante, en réservant pour mes instants de loisir mes autres lectures poétiques, de manière à relire annuellement tous les chefs-d'œuvre. Ce régime cérébral m'ayant toujours été très salutaire, je m'y suis tellement attaché que je n'y puis admettre que de rares et courtes exceptions, motivées d'après l'importance extraordinaire de quelques ouvrages, quoique je me trouve ainsi privé de communications inté

ressantes.

« D'après cette explication, je ne puis aucunement vous promettre la lecture de l'écrit que vous avez bien voulu me soumettre. Mais je chargerai de son examen l'un de mes meilleurs disciples qui m'en rendra soigneusement compte.

« Salut et fraternité,

« AUGUSTE COMTE.

« 10, rue Monsieur-le-Prince. »

Une lettre de Latude, écrite à la Bastille le 25 avril 1763 et adressée à Sartine; il lui narre ses longues souffrances depuis quinze ans et demande de faire un récit de ses maux:

"

Monseigneur, je vous supplie, par vos entrailles paternelles et de miséricorde, d'avoir la bonté de m'accorder cette grâce. Ne me laissez donc pas périr faute de me secourir. Me voilà dans la quinzième année de souffrance; il faut que tout aye une fin; on ne doit point pousser la nature au désespoir. Monseigneur de Sartine, daignez être sensible à ma très humble prière, si vous ne voulez point que je vous écrive tous les jours. Je n'en puis plus. Il faut raisonner avec la raison. Si cette relation est inutile, vous la jetterez au feu. Si, au contraire, elle peut me servir de quelques secours, ne m'empêchez donc point. de la faire faire. Bon Dieu, viens à mon secours; bon Dieu, daigne par ta grande miséricorde inspirer de la compassion pour moy à Monsei

gueur de Sartine et lui accorder ta sainte bénédiction. »>

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sujet, mais moins restreint quant au lieu, Breitkopf et Härtel, de la même ville, ont en cours de publication un Bibliographischer und thematischer Musikkatalog des päpstlichen Kapellarchives in Vatikan zu Rom, d'après les manuscrits originaux, par Fr. X. Haberl, directeur de l'École de musique sacrée à Regensburg.

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Angleterre. Mr. Richard Copley Christie, chancelier du diocèse de Manchester, bien connu des lecteurs du Livre et de tous ceux qu s'intéressent à l'histoire de l'imprimerie, a fait tirer à part l'étude lue par lui à la dernière réunion de la Library Association, à Glasgow (septembre 1888), et que nous avions déjà tout spécialement signalée parmi les autres travaux de l'association. Cette mince brochure, intitulée Elzevier Bibliography (London, Dryden Press: J. Davy and sons, 1888; petit in-4o, 11 p.), est une revue critique, savamment faite, de tous les travaux auxquels les Elzevier ont donné lieu en France, en Allemagne, en Hollande, en Belgique et en Angleterre. Tout ami des livres qui voudra s'instruire dans cette bibliographie spéciale ne saurait, pour le choix et la valeur des documents à consulter, rencontrer un meilleur guide.

La célèbre Bodleian Library a publié le mois dernier un rapport étendu (Oxford, December 1888; in-4°) où est exposée la situation de cette bibliothèque de 1882 à 1887. Dans ce rapport, qui n'occupe pas moins de 66 pages de texte compact, Mr. Edward B. Nicholsom, le bibliothécaire, après un bref historique de la bibliothèque avant 1882, entre dans les plus grands détails sur les acquisitions, donations, adjonctions de collections, sur les catalogues des diverses branches, sur les reliures, sur la disposition des salles, les facilités offertes aux lecteurs, sur la collection des médailles, sur le budget de la bibliothèque, recettes et dépenses, et finalement sur le personnel. Le savant et zélé bibliothécaire conclut par ces paroles modestes et dignes que nous offrons à la méditation de ses collègues de France, lesquels ne nous ont point habitué à en entendre de semblables : « Plus un bibliothécaire a de service dans sa profession, et plus il trouve qu'il a à apprendre, plus il trouve difficile de faire quoi que ce soit qui ne puisse être mieux, et plus il trouve aussi qu'il faut du temps pour faire les choses passablement bien. Son principal encouragement, en dehors du sentiment de son devoir vis-à-vis de sa bibliothèque, consiste en ce qu'il ne manque guère d'avoir à se féliciter de la patience de ceux envers qui il est responsable

dans son office, aussi bien que de celle de ceux que c'est sa fonction de servir. >>

Et ce ne sont pas là de pures paroles. Outre le catalogue alphabétique, le bibliothécaire de la Bodléienne prépare ce qu'il appelle un SubjectCatalogue, c'est-à-dire un catalogue où les ouvrages sont groupés et classés par sujets, et il invite dès maintenant, avec instance, les lecteurs à lui indiquer le sujet de leurs investigation's il leur fournira sur-le-champ un paquet de fiches qui contiendront les titres et indications bibliographiques des livres traitant plus ou moins directement de ce sujet et existant dans la bibliothèque. On imagine quelles facilités et quelle économie de temps un tel arrangement doit présenter pour les recherches. Et c'est presque comme une faveur personnelle que Mr. Edward B. Nicholson demande qu'on veuille bien user de cette extraordinaire commodité!

Le même bibliothécaire met en souscription une série de reproductions en collotype et en photolithographie des manuscrits remarquables et des imprimés d'une rareté exceptionnelle que la Bodléienne possède en si grand nombre.

Les premières reproductions seront publiées dans l'ordre suivant :

1° Ms. Junius 11, connu sous le nom de Ms. de Coedmon, en collotype: 232 pages en 12 livraisons. Prix de souscription (payable d'avance), 10 shillings 6 pence (13 fr. 10) par livraison."

2o Ars moriendi, that is to saye the craft for to deye for the helthe of mannes sowle. Livre imprimé probablement par Caxton en 1491, scul exemplaire connu. En photolithographie: 16 pages; 2 sh. 6 p. (3 fr. 10).

3o Une description probablement uniqué de la procession ordonnée par le Pape en actions de grâces du massacre de la Saint-Barthélemy, imprimée à Rome l'année du massacre. Photolithographie; 4 pages. 1 sh. 6 p. (1 fr. 85.)

Chaque reproduction est accompagnée d'un texte explicatif. Il est inutile d'insister ici sur l'intérêt que présente une telle entreprise.

Parmi les publications récemment annoncées par les éditeurs anglais, nous en relevons une qui se rapporte particulièrement à ce qui nous intéresse dans ce bulletin des bibliothèques, bibliothécaires et bibliopoles: c'est une histoire du commerce des livres en Angleterre (A History of English Bookselling) par Mr. Wm. Roberts, chez Sampson Low et C.

Enfin nous empruntons, pour les bibliographes et bibliophiles, au journal Notes and Queries (17 novembre), une description d'un exemplaire de « les Nouvelles Recreations et Joyeux devis de Bonaventure Des Periers, varlet de

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