On annonce la mort de Mr. Laurence Oliphant, Fils d'un ancien premier juge de l'île de Ceylan, il était né en 1825. Après avoir voyagé fort jeune aux Indes, où il eut la fortune exceptionnelle d'accompagner le ministre Jung Bahadour au Népaul, comme il le raconta dans son Voyage à Katurandhu, il fut admis au barreau.

Il parcourut avant la guerre de Crimée, la Russie méridionale et l'Asie Mineure, et publia le résultat de cette tournée dans son livre les Côtes russes de la mer Noire. Le comte d'Elgin le fit son secrétaire privé et l'emmena au Canada, dont il était vice-roi. Il en revint avec un volume, le Minnesota et le FarWest. Ayant obtenu la faveur d'être admis dans l'état-major d'Omar-Pacha, il publia un récit de la campagne de ce remarquable officier de fortune.

Lorsque lord Elgin fut envoyé en Chine en mission extraordinaire, en 1857, Mr. Oliphant était de sa suite, et, dès 1860, il mettait au jour son ouvrage peut-être capital : Récit de la mission de lord Elgin à la Chine. Nommé chargé d'affaires de S. M. Britannique au Japon, il donna sa démission en 1861, à la suite d'une attaque meurtrière dont il fut l'objet de la part d'une bande d'assassins soudoyés. Après avoir figuré quelques années au Parlement, il rentra dans la vie privée et se consacra à la littérature.

Ses romans Piccadilly, Altiora Peto, eurent un vif succès auprès des connaisseurs. Il rédigea un volume intéressant intitulé le Pays de Galaad, et résuma ses expériences dans un petit livre à la saveur un peu acre, Traits et Travestissements.

Dans ces dernières années, après avoir passé par une secte communiste et théophilanthropique amé ricaine, il s'était associé à la nouvelle école spirite de Mme Blovatzky et du colonel Sinnett, et avait publié un traité de philosophie hermétique et de transcendentalisme à moitié bouddhique qui avait fait un certain bruit. Il est mort près de Londres, loin de la maison qu'il s'était bâtie au pied du mont Liban.

Mrs. Marie Pitman, de Boston, qui, sous le pseudonyme « Margery Dean », s'est acquis un grand renom d'écrivain en Angleterre et en Amérique, vient de mourir à Paris d'une maladie nerveuse (décembre).

O. W. Wight, traducteur de Pascal, éditeur de Montaigne, des œuvres de Mme de Staël, etc., et auteur d'un volume intitulé A Winding Journey Round the World,que la maison Hounghton, Mifflin etCie a récemment mis en vente, est mort à Milwaukee (novembre).

Hongrie. On annonce la mort, à l'âge de soixante-dix ans, d'un géographe célèbre, M. Jean Hunfalvy (décembre).

Il avait pris part à la Révolution de 1848 et avait subi, à la suite de la répression, une assez longue détention.

Professeur au collège de Kasmark, il avait été suspendu, puis exclu de l'enseignement dans toute la Hongrie pour avoir défendu, avec trop de passion, l'indépendance des écoles protestantes.

Réadmis en 1866 dans les cadres de l'enseignement officiel, il professait, depuis 1870, la géographie à l'université de Buda-Pesth.

La Faculté de médecine de Buda-Pesth vient de perdre un de ses maîtres les plus distingués, le professeur d'anatomie Joseph Lenhossek, né en 1818 (décembre).

M. Lenhossek avait fait faire de grands progrès à l'etude du système nerveux central et à l'histologie du cerveau. Il avait fondé le musée anatomique de Buda-Pesth, et avait lui-même réuni, dans son domicile, une collection rare de préparations histologiques relatives, en grande partie, au cerveau. L'Institut de France lui avait accordé un de ses prix les plus considérables.

L'Administrateur-Gérant: A. SAUPHAR.

Accourez, Ombres des Maistres Conteurs d'antan, amys du gay sçavoir, abstracteurs de quintessences, distillateurs de sotties, gens bailleurs de pointes et de gentils proupos,... Montmartre a poussé le vieux cri de Montjoye! - Un conteur est né à la butte!

Les moulins tournent en fête et décoëffent les honnestes Damoiselles; l'on mène grand bruit dans les tripots et tavernes, et de l'illustre Cabaret du Chat Noir partent des hymnes qui rappellent les vieux Noëls bourguignons: - Un conteur est né à la butte!

Un conteur, non point pauvre romancier de cité, mais joyeux disant, attifeur de phrases gentilles, ourleur de gras dictons, ravaudeur de traditions pantagruéliques et donneur de gabatine souefve et friande à l'imagination. Les fées Lorettes ont entouré son berceau et lui ont prodigué leurs dons, le rire large et sonore, l'image ingénieuse et fleurie, l'esprit subtil prompt à s'aiguiser sur

la pierre angulaire du Quesais-je ! et du Peut-être ! La verve montmartroise, l'ironie infinie et provocante, et les artifices Ruggiériques des discours pompeux pétaradant sur un moderne zutisme. Elles l'ont fait Roi de la fantaisie à Chatnoirville en Vexin, sa patrie, Roi de l'éternelle fête des fous, et il règne, de par elles, sur un peuple de sujets musards, chercheurs de rimes d'or et de phrases bien drapées, au milieu des Cythères contemporaines où Pierrot refait la Rapinéide, où Clitandre hypnotise la Muse, où Gambrinus verse sans fin l'hydromel; un conteur est né à la butte: Rodolphe Salis, aimable compaignon des gallants drilles, poëtes éventés, estourneaux, chercheurs de lune et hustineurs de Rabat-Joye, amy de tous ceux qui ont pour devise Bene vivere et lætari. Le premier livre de ses conteries vient de paraistre. Ce sont Contes d'hiver, et point ne sçache de plus frisque, musquine et lunatique lecture. On cuydroit que Messires de Verville, Straparole, d'Ouville et autres miraclifiques escrivains du vieux temps lui ont prêté sapience, caquetaige, beau langaige et mutine espièglerie, tant ces récits nous affriandent et nous tiennent dispos et éveillés comme pottée de souris ou nombril chatouillé,

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