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Vertige, par Claude Vignon. Paris, Marpon et Flammarion. In 16.- Prix: o fr. 60.

Contes du Chat Noir (l'Hiver) par Rodolphe Salis. Paris, Librairie illustrée. Un vol. in-8°. — Prix 3 fr. 50.

Fleurs troublantes, par Saint-Juirs. Paris, Victor Havard, 1889. Un vol. in-18 jésus. Prix : 3 fr. 50. Rose de Mai, par Armand Silvestre, dessins de Courboin. Un vol. in-8°. Marpon et Flammarion. Prix: 3 fr. 50.

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Les Dieux en voyage, par ZACHARIE ASTRUC. Un vol. in-4°. Édition de bibliophile. Paris, 1888. Librairie Bachelin-Lecat.

Nos artistes et nos écrivains ont, en général, adopté si complètement les procédés industriels - déjà très fâcheux dans certaines industries de la division du travail; si volontiers chacun d'eux se spécialise dans un seul genre de production, que le public et, à sa suite, la critique, ne leur permettent pas aisément d'en sortir pour s'aventurer en des voies différentes. En peinture, le paysagiste; dans les lettres, le romancier, sont condamnés par l'opinion, l'un au paysage, l'autre au roman à perpétuité. Étant de cette humeur, bien moins encore est-elle, cette opinion, disposée à souffrir qu'un même homme aujourd'hui pratique, non plus des genres, mais des arts divers et y excelle. C'est pourquoi, sans doute, M. Zacharie Astruc, le « Védrine » de l'Immortel, s'est, depuis vingt ans, attaché presque exclusivement à révéler sous la double forme de la peinture et de la sculpture sa rare puissance d'invention poétique l'audace était déjà grande

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bliophile et à le tirer à petit nombre pour en réserver la lecture à une élite de philosophes, de lettrés, de poètes et d'artistes. Méfiance excessive, je dirai même injuste! Il ne nous est pas possible d'admettre qu'on sache ainsi à l'avance mesurer si étroitement la quantité des intelligences préparées pour discerner sous le voile d'une parure exquise le sens des graves problèmes tour à tour agités par l'auteur, non plus que la quantité des esprits ouverts, tout disposés à goûter les séductions de cette parure même.

L'homme, escaladant l'Olympe, en a chassé les Dieux de la Grèce antique qui errent sur notre terre, dispersés, isolés, ou par petits groupes, en quête les uns des autres, et traversent ainsi tous les milieux sociaux où ils tiennent gaiement leur place et jouent un rôle conforme à leur caractère traditionnel. Telle est la gracieuse fiction que M. Astruc a imaginée pour exprimer dans une forme qui n'ait rien de rébarbatif son jugement sur toutes les graves questions politiques et sociales qui troublent notre temps. Il a choisi pour porte-parole Momus qui dira le mot de sa philosophie sur les lettres, les arts, les sciences, l'industrie, la finance, la politique, le journalisme, l'éducation, l'armée, etc. Cette philosophie est résolument spiritualiste; elle exalte l'intelligence, la vérité, la beauté, la pureté des mœurs, la vertu, et combat le vice, le mensonge, l'hypocrisie, la souveraineté de l'argent, en deux mots la brutalité de la matière contre l'idéal.

Cette critique philosophique de civilisation contemporaine étudiée sous tous ses aspects a été

longuement réfléchie en ses solutions et longuement caressée en sa forme. Il est visible à de certaines pages que l'auteur nous livre ici la synthèse des méditations et des observations de toute sa vie; il est tel chapitre dont la rédaction date de plus d'un quart de siècle, le chapitre sur l'art, par exemple, où M. Astruc réunit un groupe d'artistes chargé de formuler son esthétique. Ce sont des peintres jeunes alors, - MM. Alphonse Legros, Whestler, Guillaume Régamey, FantinLatour, qui sont lesprotagonistes de cette causerie athénienne; or ce petit cénacle (il s'était formé dans l'atelier d'un admirable professeur, M. Lecoq de Boisbaudran) existait vers 1859 et s'est dispersé depuis.

Il semble que M. Zacharie Astruc se sépare de son manuscrit à regret; au moins ne l'accuserat-on pas de nous donner une production hâtive. Sachons-lui gré d'avoir triomphé de ses hésitations, car les Dieux en voyage, cette vive enquête sur la société moderne en notre fin de siècle est vraiment l'œuvre d'un penseur qui a de toutes choses une conception personnelle, en même temps que d'un poète dont les ingénieuses inventions éveillent parfois le souvenir des fantaisies shakespeariennes.

Le Comte de Falloux et ses mémoires, par Eugène VeuilLOT. Un vol. in-12. Paris, 1888. V. Palmé, éditeur.

Un pamphlet de 350 pages, attaquant, que dis-je? injuriant la mémoire du comte de Falloux à l'occasion de la récente publication posthume des Mémoires d'un royaliste: nous ne croyons pas que M Eugène Veuillot puisse afficher sérieusement la prétention d'avoir voulu imprimer un autre caractère aux articles qu'il a publiés dans le journal l'Univers et réunis sous le titre placé en tête de ces lignes. Si tel fut exactement son dessein, comme l'on n'en saurait douter, il y a pleinement réussi pour le plus grand plaisir de la galerie républicaine, mais au scandale non moins grand des cœurs simples qui seraient volontiers catholiques et monarchistes, mais que troublent profondément ces haines acharnées entre royalistes et entre catholiques. C'est que les cœurs simples ne saisissent point ces nuances qui distinguent les catholiques ultramontains des catholiques libéraux, les royalistes parlementaires des royalistes qui entendent que le pouvoir royal soit « vraiment exercé » par le souverain, « sans méconnaître les exigences de son temps ». La périphrase est longue, mais le mot qui doit traduire cette subtilité n'est pas encore trouvé. Aussi le factum de M. E. Veuillot ne s'adresse-t-il point

aux bonnes gens qui se contentent d'observer simplement les commandements de Dieu et ceux de l'Église, en même temps qu'ils fondent la pros périté du pays sur la stabilité de la monarchie héréditaire.

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Et par le fait, on ne voit pas bien à qui s'adresse l'auteur de ce livre : non aux lecteurs de son parti dont l'opinion est déjà faite; d'autre part, il ne saurait convertir les partisans de M. de Falloux, le propre des hommes de parti étant de rester réfractaires à toute conversion. Le résultat le plus clair de cette belle œuvre sera donc de creuser et d'accuser encore davantage les divisions de l'opinion monarchique et de faire le jeu de ses adversaires en déconsidérant un homme politique qui a toujours professé sa double foi de catholique et de royaliste. Quant aux neutres, aux indifférents, qui ne connaîtraient pas les procédés de polémique familiers à M. Eugène Veuillot, il les a hérités de son frère sous sa terrible verge, - après avoir lu le Comte de Falloux et ses mémoires, ils se demanderont en quelle estime peut être tenu un parti dont le chef aurait été l'odieux personnage que dépeint M. Eugène Veuillot, le Scapin, le fourbe, cette âme basse, ce calomniateur, ce menteur, cet envieux, ce diffamateur haineux, hargneux, méchant, orgueilleux, venimeux, vipérin, vindicatif, salissant; ce sectaire insidieux aux sentiments étroits et bas, ce pauvre cerveau aigri, ce faux noble, cet intrigant convaincu de déloyauté habituelle et de faux; et ceux-là se détournant, non sans quelque tristesse, de ces hommes qu'ils étaient portés à respecter, regretteront que les « défenseurs du trône et de l'autel » ne fassent pas leur lessive portes closes.

Comédies de paravent, par HENRY GRÉVILLE, Un vol. in-18, Paris, 1888. Librairie Plon.

En France, où l'on a toujours eu le goût du théâtre, jamais la vogue de ce genre de distraction n'a été plus grande qu'aujourd'hui. Non seulement dans la saison nos salles de spectacle sont pleines chaque soir, mais partout il s'ouvre de nouvelles salles et il se forme des troupes nouvelles. Bien plus, le spectateur de la veille se fait acteur à son tour. L'amour des planches s'est emparée de la société et a gagné les gens du monde au point qu'il n'est pas jusqu'aux lauriers. des gymnastes et des clowns qui ne hantent le sommeil de certains d'entre eux. Mais c'est à la campagne surtout que le goût de « de jouer la comédie » devient une ressource précieuse pour remplir le vide des longues heures inoccupées. Malheureusement, le répertoire des pièces louables

et faciles à monter est des plus restreints. Le recueil des Comédies de paravent, que publie Me Henry Gréville, ajoute à ce répertoire six petits actes aimables, gais, spirituels et de bonne compagnie. Le volume contient bien sept pièces; mais l'une, Cassandre pendu, n'exige pas moins de huit personnages principaux et de la figuration; en outre, c'est un opéra bouffe; or il y manque un élément en général considéré comme essentiel dans un opéra, fût-il comique et même bouffe je veux dire la musique. A l'exception des Cloches cassées, qui comptent sept personnages, les autres comédies: A la campagne, Ma tante, l'Oiseau, Annette, en ont quatre au plus, parfois deux seulement. L'auteur a même sacrifié au genre qui sévissait avec rigueur, il y a quelques années, en écrivant Étourdie, un monologue qui clôt le volume. Celui-ci d'ailleurs s'ouvre, selon l'usage récent, par l'histoire de chacune de ces charmantes pièces et les circonstances dans lesquelles elles furent écrites.

Les Théories dramatiques au XVIIe siècle. Étude sur la vie et les œuvres de l'abbé d'Aubignac, par CH. ARNAUD. Un vol. in-8°. Paris; 1888. Alphonse Picard.

Si l'inconstance de la gloire ou plutôt de cette renommée que les contemporains d'un homme célèbre, artiste ou écrivain, et cet homme tout le premier, décorent du nom de gloire, n'était depuis longtemps établie, si nous ne connaissions des exemples sans nombre de la promptitude avec laquelle la postérité, cassant les jugements en apparence les mieux établis, laisse tomber dans le plus profond oubli les célébrités de la veille, quand il ne lui arrive pas de les confirmer ironiquement en coiffant de ridicule leur éphémère auréole il suffirait, pour témoigner de cette inconstance, d'évoquer le nom de l'abbé d'Aubignac. Eh bien, cet abbé d'Aubignac, dont Théophile Gautier aurait pu accrocher le portrait dans sa galerie de Grotesques et Ch. Monselet dans sa collection d'Oubliés et de Dédaignés, ce pédant, ce Zoïle, Corneille voyait en lui le véritable représentant avec « Messieurs de l'Académie française de la poétique officielle, et Dacier un continuateur d'Aristote, Boileau le trouvait «< fort habile », Racine annotait sa Pratique du théâtre, Perrault l'appelait « l'homme du monde qui a le goût le plus fin et le plus délicat pour toutes choses», Tallemant des Réaux écrivait : « Pour sa critique, patience! car il en sait plus que personne », enfin Donneau de Vise, se préparant à le combattre, se comparait à « un petit David attaquant Goliath ». Est-ce donc seulement parmi les

lettrés et ceux-là ne sont pas tous de petite marque que l'abbé exerçait une telle autorité? Nullement. Son importance s'étendait bien au delà du cercle des lettrés. Critique à ce point considéré, il n'était pas moins écouté comme prédicateur, comme directeur de poètes et de femmes du monde, consulté par les uns sur l'art de conduire une pièce de théâtre et par les autres sur le moyen de conserver leur réputation et leurs plaisirs, délégué de Richelieu au département des affaires dramatiques, il faillit être le directeur de tous les théâtres de France, il obtint toute sorte de succès littéraires et mondains, il eut des amis, des admirateurs, même des imitateurs et jusqu'à des plagiaires.

On ne saurait dire que l'histoire d'un tel homme est dénuée d'intérêt. M Ch. Arnaud, professeur à la faculté libre des lettres de Toulouse, l'a prise pour centre d'une histoire plus générale, celle des Théories dramatiques au XVIIe siècle. Cette étude a un vague parfum de thèse de doctorat en Sorbonne, c'est-à-dire d'huile à brûler éclairant la lampe noeturne d'un cabinet de travail, plutôt que du gaz éclairant la scène du Théâtre-Français ou celle de l'Odéon. L'œuvre cependant soulève le plus graves problèmes de l'art dramatique et les questions de goût les plus curieuses. Nous signalons donc ce livre à l'attention des lecteurs épris de littérature et de critique théâtrale, et ils sont nombreux en France.

La France provinciale: Vie sociale, Mœurs administratives, par RENÉ MILLET. Un vol. in-16. Paris; 1888. Hachette et Cie.

Se dégageant autant que possible de toute prévention patriotique, M. René Millet a entrepris de visiter et d'étudier la France comme l'eût fait un étranger, comme le fit jadis Arthur Young, ou comme il eût visité et étudié un pays étranger dans l'intention de lui tâter le pouls et d'interroger ses forces latentes. En cette consultation, observant le corps de la nation comme il observerait un corps humain, il considère trois points essentiels la richesse du sang, c'est-à-dire la puissance vitale; la distribution régulière du sang dans les organes, c'est-à-dire l'équilibre interne; enfin ces organes eux-mêmes, c'est-à-dire leur résistance et leur élasticité. La vitalité lui paraît démontrée par le renouvellement rapide des classes supérieures; ce mouvement n'est pas de la fièvre, la distribution des forces se fait avec ordre et régularité; enfin, sur le fonctionnement des organes essentiels parmi lesquels il range en première ligne les libertés locales, sa réponse est également optimiste.

L'enquête se divise en deux parties: la société, les mœurs administratives. La première a fourni à M. René Millet la matière d'une dizaine de tableaux de genre où il nous montre tous les types du monde de la province : le clergé, les propriétaires, les bourgeois et les paysans, les coqs de village, la petite ville, les nouvelles couches, le chef-lieu, les boutiques et les salons, etc.; ces tableaux sont pleins de vie et enlevés avec une verve qui donne à ces pages l'attrait des meilleures pages de roman. La seconde partie est naturellement plus sévère.

Cette patiente analyse conduit l'auteur à la consolante conclusion que voici : « En dépit d'un désarroi passager, notre pays, qui cherche depuis cent ans l'assiette de son gouvernement, renferme les meilleurs éléments de résistance et d'organisation. » Et ces éléments, n'en déplaise à Paris, il les doit non à Paris, mais à la France provinciale consciente de son rôle et de sa personnalité.

Ce livre est bon, ce livre est sain, il vient à son heure. Puisse l'esprit de confiance qui s'en dégage se propager le plus possible parmi nous! Et il aura puissamment concouru à nous relever du mauvais état moral, de ce découragement où les erreurs, où l'instabilité du gouvernement par. lementaire ont jeté tant de braves gens. Ce relèvement coïnciderait avec un mouvement semblable qui commence à se manifester dans la jeunesse française si profondément éloignée de l'esprit militaire depuis 1870.

E. C.

Études et portraits, par PAUL BOURGET. Deux vol. in-18. Paris, Alphonse Lemerre, éditeur; 1888.

Sous quatre chefs, M. Paul Bourget a classé presque tous les articles publiés par lui dans le Parlement, dans le Journal des Débats, dans la Nouvelle Revue. D'abord : Portraits d'écrivains : Pascal, La Fontaine, Rivarol, Chateaubriand, Alfred de Vigny, Lamartine, Victor Hugo, Gustave Flaubert, George Sand, Jules Vallès, Barbey d'Aurévilly. Dans cet ensemble étendu, il est plus d'une page ingénieuse ou forte; écrites avant la célébrité venue, elles dénonçaient alors déjà que leur auteur pourrait devenir célèbre un jour. Relues aujourd'hui, elles ne font point tort à la réputation de critique conquise par M. Paul Bourget.

Puis ce sont des notes d'esthétique, où le goût et le caractère personnels de l'écrivain se révèlent et s'établissent en théorie, pour ne pas dire en doctrine; par suite, chaque lecteur, suivant sa nature propre et la direction de ses études et

de ses observations antérieures, pourrait y trouver bonne matière à discussion. N'est-ce point le mérite que M. Bourget puisse souhaiter qu'on lui reconnaisse de susciter des idées chez ses lecteurs dès qu'ils cessent de penser comme lui, et de leur représenter sous la meilleure forme celles qu'il a de communes avec eux?

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La troisième partie, intitulée : Études anglaises, est composée de lettres écrites de la GrandeBretagne avec une fraîcheur d'impulsion M. Paul Bourget lui-même va jusqu'à dire naïveté qui leur donne un grand charme. Et de fait, c'est moins ce qu'il a vu qui nous intéresse que la façon dont il l'a vu, senti et l'exprime. Cette partie-là devra être regardée de près par ceux qui voudront pénétrer aux sources d'inspiration de bon nombre des vers de l'auteur des Aveux, et beaucoup de détails épars dans ses

romans.

Enfin la seconde moitié du deuxième volume est remplie de fantaisies, notes de voyages en province, en Italie, à Corfou, dans l'Engadine, pleines d'observations fines et de descriptions pittoresques.

Ce ne sont point livres à dévorer d'un coup, mais à déguster à petite dose, deci delà, comme d'une cave à liqueurs on puise d'un flacon à l'autre, modérément, pour éviter, je ne dis pas l'ivresse, mais l'étourdissement.

En colonne, par L. HUGUET. Souvenirs d'extrême Orient. Un vol. grand in-18 illustré. Paris, Marpon et Flammarion, éditeurs; 1888. Prix. 5 francs.

Ces souvenirs se divisent en deux parties: 1o Chinois et Pavillons noirs; 2o les Rebelles du Nghé-An. Le récit est alerte et pittoresque; l'auteur s'interdit toute critique des faits, toute considération transcendante sur l'art de conduire les armées. Il raconte avec simplicité, mais non sans agrément, les événements quorum pars fuit.

Son récit est émaillé de croquis et de petites cartes fort utiles à consulter, et parsemé de jolies aquarelles de Marie Traverse, et de gravures de Michelet et Sonnet; c'est-à-dire que le livre est élégant et mérite l'estime des bibliophiles aussi bien que la sympathie des lecteurs sans prétentions livresques.

Les Médecins à Pougues, aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, par le D' PAUL RODET. Un vol. in-8°. Paris, Alphonse Lemerre, éditeur.

Ce curieux volume est le premier d'une série consacrée à l'hydrologie historique. Le Dr Paul

Rodet, médecin inspecteur des Écoles de la ville de Paris, membre de plusieurs sociétés médicales, et même officier d'académie, a recueilli des notes sur ses confrères défunts qui administrèrent à leurs malades les eaux de Pougues pour l'usage interne et externe sous toutes les formes.

Ce sont donc des notices biographiques d'une part, et de l'autre des fac-similés des œuvres de ces praticiens d'autrefois qui avaient nom Jean Pidoux, du Fouilloux, Raymond de Massac, Nicolas Abraham de la Framboisière. L'imprimeur Lemerre a parfaitement réussi la réimpression en caractères du temps des extraits de ces ouvrages médico-hydrologiques.

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Petit Glossaire pour servir à l'intelligence des auteurs décadents et symbolistes, par JACQUES PLOWERT. Publié, en octobre 1888, par Vanier, bibliopole. Paris, in- 18.

Assurément les auteurs décadents et symbolistes avaient besoin qu'un homme de courage entreprit le dictionnaire du langage arbitraire qu'ils emploient.

M. Plowert leur a donc rendu service; mais, en même temps, il leur joue un tour malicieux : car il appert clairement de ce glossaire que les décadents et symbolistes ne créent d'expressions à leur fantaisie que par ignorance des expressions existantes, et qu'ils ne recourent même au barbarisme injustifié que faute de pouvoir latiniser et gréciser en français.

Dire bibliopole au lieu de libraire, ce n'est pas la merveille de l'invention ni de l'originalité. La fameuse phrase burlesque : « Je déambule pour les conquêtes de la cité qu'on voûte Lutèce », etc., est le prototype de la grande réforme de ces messieurs.

Sans compter qu'ils ont l'aplomb de revendiquer comme leur bien nombre de jolies expressions archaïques qui, pour n'ètre point dans le courant de la langue vulgaire, ne sont cependant pas exclues du style de ceux qui savent le français et se résignent à ne mettre un mot qu'en sa place.

Les citations choisies par M. Plowert parmi les maîtres de la double école, dont il établit la glose, sont un régal de mardi gras littéraire.

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de l'art en traduisant ce qui reste de la correspondance du célèbre compositeur WolfgangAmadé Mozart. Ces lettres intimes nous montrent, en même temps qu'un coin de la vie artistique en Europe à la fin du siècle dernier, le caractère, les travaux, les ressorts mèmes de l'inspiration d'un grand musicien, mieux que ne sauraient le faire l'étude de ses œuvres ou les détails connus de sa biographie. Mozart en sort-il agrandi ou diminué? La question n'a pas grand intérêt, puisqu'un chef-d'œuvre restera toujours tel, indépendamment de l'homme qui l'a produit. Je crois, cependant, à l'encontre du traducteur qui prend les verrues pour des grains de beauté, que la lecture de ces pages est faite pour refroidir les enthousiasmes et restreindre l'admiration, portée à rejaillir de la musique sur le musicien. Je ne m'attarderai pas à reprocher à Mozart d'avoir parlé grossièrement des Français tout en recherchant passionnément leurs suffrages; il y a eu de tout temps bon nombre de ces Wagners avant la lettre, et nous devons y être habitués. Mais il se montre presque partout obstiné, hargneux, indocile à la reconnaissance, facile à l'emprunt, emporté, dépensier et besogneux à la fois, mécontent de tout et de tous, lui excepté. Je ne parle pas de ses relations purement filiales, avec sa sœur et sa femme, par exemple, où il apporte une délicatesse et une tendresse d'âme qui font du bien. Mais en ce qui concerne sa carrière artistique, ses lettres prouvent jusqu'à l'évidence. que, si la vie lui fut dure et difficile, c'est qu'il était difficile à vivre.

B.-H. G.

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Le « Selectæ » français. Morceaux choisis de Prelittérature française (prose et vers). mière partie Enseignement moral et civique, par E.-C. CONTANT, directeur de l'école primaire supérieure J.-B. Say. Un vol. in-16. Paris, Charles Delagrave; 1888.

On a raison de faire apprendre et de faire lire aux enfants de nos écoles primaires quelquesunes des plus belles pages de notre littérature; il se peut qu'on amène ainsi les écoliers à parler et à écrire leur langue plus ou moins correctement; mais, ces morceaux de prose ou de poésie, pourquoi ne pas les faire servir à leur éducation comme à leur instruction? Nous avons fondu en une seule les premières phrases de la Préface, et nous n'avons pas trahi la pensée de M. Contant. M. Contant, s'en vont croire les lecteurs, est quelque peu sceptique; il n'est pas très sûr que les élèves de nos écoles sauront mieux parler et mieux écrire pour avoir lu ou appris par cœur, comme on dit, quelques pages de Corneille et

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