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ruques jusqu'aux chaussures, depuis les œuvres de l'art le plus élevé jusqu'aux fourneaux de pipe en terre vulgaire, depuis les médailles antiques jusqu'aux timbres-poste, depuis les livres sur vélin jusqu'aux cahiers de chansons à deux sous, il est peu de choses qui ne se prêtent au goût, au caprice, à la manie si l'on veut, des collectionneurs, et il n'est aucune de ces collections, quelle qu'en soit d'ailleurs la bizarrerie ou l'’incohérence, qui ne présente un certain intérêt, et, au point de vue de l'histoire des mœurs et de l'industrie, une certaine utilité.

Le journal le Soleil a consacré récemment (6 janvier) à la collection d'affiches de M. Dessolliers, alias Paul de Sainte-Marthe, un article signé J. Cardane, dont nos lecteurs ne nous sauront pas mauvais gré de reproduire les passages principaux. La collection de M. Dessolliers se compose, en l'état présent, de vingt-sept gros volumes in-folio très faciles à feuilleter. Les pièces, quelque gigantesques qu'elles soient, sont pliées et montées sur onglet. Elles sont au nombre de dix mille, dont beaucoup remontent à cinquante ans ou plus. Celles-ci sont absolument introuvables. M. Dessolliers les a classées méthodiquement en quatre séries: 1o Affiches artistiques, relatives aux livres, publications, expositions, etc.; 2° Affiches de théâtres, bals, concerts, fêtes, etc.; 3° Affiches industrielles et commerciales; 4° Affiches politiques.

Les affiches illustrées sont celles que M. Dessolliers recherche avec le plus de passion. Les plus anciennes qu'il possède ne remontent pas au delà de 1830. Parmi celles-ci on remarque les affiches dessinées par Raffet pour la Némésis et le Napoléon en Égypte, de Barthélemy et Méry, pour le Compagnon du tour de France, de George Sand, pour l'Algérie ancienne et moderne, etc.

On trouve également, dans ces cartons, des affiches dessinées par Tony Johannot, par Meissonier, par Gavarni, par Célestin Nanteuil (Robert Macaire et Don César de Bazan), par Manet, par Félix Bracquemont, etc; enfin tous les exemplaires des affiches d'art des maîtres modernes, Chéret, Grévin, etc.

Ce que cette collection a coûté à M. Dessolliers, sans parler de l'argent, il est bien difficile de le dire. Pour suivre à la piste l'affiche et la saisir, il lui a fallu souvent déployer des ruses de sauvage et des habiletés de pickpocket. La conquête de l'extraordinaire gravure de l'Homme-Chien a été tentée par notre collectionneur, en plein jour, sur le Pont-Neuf, derrière le dos du colleur lui-même, qui s'en est aperçu et qui a ameuté la foule. Un cri de plus

et le collectionneur était jeté dans le fleuve; il réussit cependant à prendre la fuite, emportant la précieuse pièce convoitée.

A côté des affiches purement artistiques, la collection de notre confrère possède les plus beaux spécimens de la réclame commerciale; c'est un bizarre défilé de produits divers vantés par d'habiles crayons, où l'on retrouve toutes les inventions utiles ou étranges de notre temps.

Enfin, la collection d'affiches illustrées de M. Dessolliers donne d'innombrables renseignements rétrospectifs sur les mœurs, les costumes, les engouements, les succès d'un jour, les spectacles, les plaisirs, les originalités, les caprices quotidiens, les folies ou les idées sérieuses de Paris et de l'Europe, pendant un demi-siècle.

A ce titre elle méritait d'être signalée. « A ce titre encore, dit M. J. Cardane, elle mériterait de figurer à la Bibliothèque nationale, où certainement elle ne manquerait pas d'être fréquemment consultée. »>

C'est un vœu auquel nous nous associons bien volontiers.

Le journal londonien the Bookseller du 9 janvier contient un advertisement informant les amateurs et vendeurs de livres anglais que M. Émile Rondeau a récemment acheté la librairie Auguste Fontaine, et qu'en conséquence il les prie de lui envoyer leurs catalogues, ainsi que les beaux livres français du xvire et du XIXe siècle qu'ils peuvent avoir. Nous ne doutons pas que le nouveau bibliopole ne maintienne à la grande maison du passage des Panoramas l'importance et la réputation que feu Auguste Fontaine, en se laissant discrètement guider par quelques vrais bibliophiles dont il eut le flair de s'assurer les services, avait su lui don

ner.

ÉTRANGER

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Allemagne. La correspondance de Goethe et de Schiller vient d'ètre remise aux Archives de Goethe (Goethe-Archiv), fondées à Weimar par la grande-duchesse de Saxe. Cette correspondance avait été achetée par l'éditeur de Goethe, le fameux baron Friedrich von Cotta, dont nous avons annoncé la mort récente. Celui-ci, après en avoir refusé 60,000 marks, l'avait cédée aux Archives pour le prix qu'elle lui avait coûtée, 12,000 marks, à condition qu'il en resterait détenteur sa vie durant.

Les Allemands sont de grands bibliographes, quoiqu'on puisse regretter que, dans leurs minu.

sus

tieuses recherches, ils s'élèvent rarement au-desde l'exactitude du nomenclateur. Ainsi, M. Philippe Strauch a fait tirer à part, après l'avoir insérée dans le premier fascicule de la Zeitschrift für deutsches Alterthum de cette année, une bibliographie des publications scientifiques. parues en 1887 dans le domaine de la littérature allemande moderne: Verzeichnisz der auf Gebiete der neueren deutschen Litteratur in jahre 1887 erschienenen wissenschaftlichen Publicationen. L'utilité de pareils travaux est simplement inappréciable.

D'un autre côté, le D' Reinhold Röhricht, dont on connaît le livre sur les pèlerinages allemands en Terre-Sainte, publié par lui et le docteur H. Meissner en 1880, a sous presse une bibliographie complète de la littérature relative à la Palestine, jusqu'en 1888.

Enfin on a dernièrement annoncé l'apparition d'une feuille bi-mensuelle, consacrée aux intérêts du commerce des livres et des industries qui s'y❘ rattachent, intitulée Das Buchgewerbe (l'Industrie du livre) et dirigée par Paul Hennig, de Berlin. Ce n'est pas là une publication bibliographique à proprement parler; mais elle ne peut manquer, si elle répond complètement à son titre, de renfermer un grand nombre de renseignements utiles à la bibliograhie.

A une vente d'autographes, qui a eu lieu dernièrement à Berlin, un manuscrit musical de Mozart, daté de 1782, a été vendu 555 marks, et une lettre de Lessing 500 marks. On sait que le mark vaut environ 1 fr. 25. La salle des enchères a dû être un beau champ de bataille, ce jourlà. Pendez-vous, monsieur Charavay! Mais peutêtre y étiez vous.

Angleterre.

- Comme nous l'avions annoncé, le British Museum a organisé une exposition de manuscrits, de sceaux et de livres datant de l'époque des Stuarts. Ces sortes d'exhibitions rétrospectives présentent d'autant plus d'intérêt que le cadre en est bien délimité, et c'est le cas pour celle-ci.

A propos du British Museum, nous avons rencontré l'autre jour une lettre de Thomas Gray, le poète de l'Elégie écrite dans un cimetière de campagne, qui donne quelques détails intimes et malicieux sur la grande bibliothèque anglaise au milieu du siècle dernier. La lettre, adressée à Palgrave, est datée du 24 juillet 1759. Gray est venu à Londres, malgré les chaleurs accablantes de l'été, parce qu'il espère que «le Museum, avec les manuscrits et les raretés qui y sont entassés par charretées », compensera amplement pour lui

surin

toutes les incommodités qu'il aura à souffrir d'ailleurs. « Aujourd'hui, continue-t-il, j'ai passé entre les mâchoires d'un grand Léviathan, dans l'antre du docteur Templeman, tendant de la salle de lecture, lequel s'est félicité de voi si bonne et si nombreuse compagnie. Nous étions, premièrement : un homme qui écrit pour lord Royston; deuxièmement, un homme qui écrit pour le docteur Burton, d'York; troisièmement, un homme qui écrit pour l'empereur d'Allemagne ou pour le docteur Pocock, car il parle le plus mauvais anglais que j'aie jamais entendu; quatrièmement, le docteur Stukely qui écrit pour lui-même, ce qui est bien le pire personnage pour qui il puisse écrire; et en dernier lieu, moi, qui me contente de lire pour savoir s'il y a quelque chose qui vaille la peine d'être écrit, et encore ne le fais-je pas sans quelque difficulté. Je trouve qu'on a imprimé mille exemplaires du Harleian Catalogue et qu'on n'en a vendu que quatre-vingts; qu'on a neuf cents livres sterling de revenu, et qu'on en dépense treize cents, et qu'on bâtit des appartements pour les sous-conservateurs; aussi je m'attends cet hiver à voir la collection affichée et mise aux enchères. »

L'intéressante revue bibliographique que l'édi teur Elliot Stock publie à Londres sous le titre de The Bookworm a donné, dans le courant de l'année dernière, une série d'articles sur le British Museum, dus à M. A.-C. Bickley. On y peut puiser des informations peu accessibles et peu répandues, et y trouver un intérêt réel, même après les pages que le Courrier de l'Art a récemment consacrées au même sujet. Nous ne donnerons aujourd'hui que ce qui se rapporte aux origines historiques de l'institution.

Ces origines ne sont pas difficiles à démêler. Le noyau autour duquel la présente bibliothèque s'est agrégée est : 1o la collection royale; 2o la cottonienne; 3o la harléienne; et 4o la sloannienne. A ces collections se sont ajoutées bien entendu, de temps en temps, soit par don, soit par achat, un grand nombre de petites bibliothèques ou de collections de livres ; de même il a été donné ou acheté des myriades d'ouvrages divers, et le reste s'est accumulé en vertu du Copyright Act (dépôt légal).

Bien que citée la dernière, comme étant la moins importante, la collection Sloane est la première dans l'ordre des temps. Elle fut léguée à la nation, à condition qu'on verserait vingt mille livres sterling à la famille du donateur. Elle se composait de cinquante mille ouvrages environ et de plus de quatre mille manuscrits, outre une immense collection de spécimens d'histoire naturelle et de curiosités. C'est cette magnifique donation qui

amena, comme nous aurons l'occasion de le redire, la fondation du British Museum, lequel fut ouvert en 1759, sept ans après la mort de sir Hans Sloane. Les manuscrits étaient en grande partie des traités d'histoire ou de médecine; mais, parmi les livres, beaucoup étaient extrêmement rares et précieux, et la plupart portaient sur des sujets curieux et bizarres.

Antérieurement au règne d'Henri VII, les rois, depuis la conquête, semblent s'être souciés des livres moins que d'une pinte de vin sec; mais ce monarque « froid, rusé et calculateur» avait quelque chose du bibliophile dans son âme égoïste, et le British Museum possède une belle série de classiques, imprimés sur vélin, à Paris, par Antoine Vérard, qui lui ont jadis appartenu. Son successeur, bluff King Hal, continua la bibliothèque commencée par son père. La seconde série de The Retrospective Review, t. Ier, p. 334, a imprimé The Second parte of the Inventory of our Late Sovran Lord, etc., Henry VIII. Sa bibliothèque paraît avoir été composée de trois cents à quatre cents volumes, sans compter un grand nombre de traités théologiques, qui étaient conservés avec les archives d'Etat à la trésorerie. Parmi les dépenses de la bourse privée de ce monarque, se trouvent des mentions d'achats de livres, et des notes se rapportant à d'autres ouvrages venant de collections monastiques ou d'ailleurs; les sommes dépensées sont minimes, - environ cent vingt-cinq livres en trois ans ; comme le prix comprend en même temps la reliure et qu'Henri aimait les reliures somptueuses, une bien petite quantité de l'argent royal tombait dans la poche de l'imprimeur. Parmi ceux de ces livres qui sont au Muséum, se trouve un exemplaire de la première édition de son Assertio septem Sacramentorum, publiée en 1521, livre qui lui valut le titre de « défenseur de la foi». L'exemplaire unique des Méditations sur les sept pseaulmes pénitentiaulx, de Caxton, lui a aussi appartenu.

Édouard VI, s'il eût vécu, eût été un protecteur des lettres. Il fit partie, avec Cranmer et la duchesse de Somerset, du triumvirat formé dans le but d'acheter les livres et manuscrits de Martin Bucer, et il prit Roger Ascham pour son bibliothécaire.

La reine Mary paraît s'être tenue soigneusement à l'écart des livres, et sa sœur ne fit guère mieux. Cependant Élisabeth en acheta quelquesuns, et comme beaucoup d'autres lui furent offerts, le Muséum contient un bon nombre de ses livres. Comme son père, elle aimait les belles reliures. Jacques Ier, qui, malgré les assertions de ses détracteurs, n'était pas un médiocre érudit, acheta

la collection de John, lord Lumley (mort en 1609), lequel avait acquis la bibliothèque du comte d'Arundel, cabinet enrichi des trésors obtenus à l'époque de la fermeture des monastères et de la dispersion de la bibliothèque de l'évêque Cran

mer.

Charles Ier rassembla des livres; mais la plupart furent dispersés par les fanatiques puritains. Le volume des pièces de Shakespeare (seconde édition), qui l'amusait lorsqu'il était enfermé dans le château de Carisbrook, est à la Bibliothèque royale. On se rappelle que John Milton lui fait un reproche de n'avoir pas su, dans sa prison, mieux employer son temps. Ce livre précieux porte la devise Dum spiro spero, écrite de la main du roi. Les monarques qui vinrent ensuite ne se souciaient guère de livres, mais la bibliothèque ne continua pas moins à s'accroître lentement, car il était passé en coutume que les auteurs offrissent un exemplaire de leurs œuvres au roi; de là la présence d'un grand nombre de livres rares, en exemplaires de choix et dans des reliures luxueuses. En 1759, George II donna la Bibliothèque royale à la nation, avec les collections de sir John Morris, de sir Thomas Roë et d'Isaac Casaubon; il y ajouta son cabinet de manuscrits, où se trouvaient des pièces de la plus grande valeur.

-

La Bibliothèque royale s'enrichit encore des livres recueillis par George III pendant soixante années de règne. En 1762, le roi-fermier, comme on l'appelait familièrement, avait acheté pour 10,000 livres sterling la bibliothèque de Joseph Smith, ancien consul à Venise, bibliothèque riche en livres italiens et en premières éditions des classiques. En 1773, il se rendit acquéreur d'une grande partie de la collection de James West, qui avait été président de la Société royale et qui possédait un grand nombre de caxtons et d'impressions gothiques. C'est en cette occasion, il faut le rappeler à sa gloire,- que le roi ordonna à ses agents de ne pas pousser les enchères sur les livres que des particuliers voudraient acheter dans un but d'étude. En 1775, il acheta, à la vente du docteur Antony Asken, un assez grand nombre d'ouvrages, notamment Il Tescide et Il Forze de Hercolo, de Boccace (Ferrare, 1475), ainsi que l'édition princeps du même auteur imprimée à Florence. A partir de 1768, le roi eut sur le continent un acheteur spécial, stylé par le Dr Johnson, et auquel il donnait annuellement 2,000 livres sterling pour ses acquisitions. A sa mort, George III avait une collection de plus de 65,000 ouvrages en 120,000 volumes, dont le catalogue remplissait cinq gros volumes in-folio. Ce fut trois ans après que Georges IV donna ce

fonds splendide à la nation, en stipulant qu'il serait conservé à part du reste de la bibliothèque, et la galerie qu'on bâtit pour l'y installer fut le noyau des constructions du British Museum actuel.

La bibliothèque cottonienne a été en partie brûlée en 1731; mais, en proportion du nombre de volumes dont elle se compose, elle est peutêtre plus riche que toute autre en livres précieux. Les manuscrits surtout sont remarquables. On y trouve des chartes de Canut et d'Édouard le Confesseur, ainsi que la grande charte ellemême. Sir Robert Cotton avait recueilli ces trésors peu après la dispersion des congrégations, lorsque ces documents, exhumés des chartriers des monastères, pullulaient partout.

La bibliothèque harléienne, formée par Robert Harley, comte d'Oxford, et accrue par son fils, est aussi fort riche en manuscrits; mais ceux-ci ont trait surtout aux sciences héraldique, topographique et historique. Parmi les principaux, nous citerons un bel exemplaire du De gestis regum anglorum, de Guillaume de Malmsbury; un De gestis pontificum, du xII° siècle; et un volume très curieux par sa reliure et ses tranches guillochées et par les belles enluminures de ses feuillets. C'est un recueil de quatre contrats passés entre Henri VII et l'abbaye de Westminster pour la célébration de messes dans une chapelle que le roi avait l'intention de construire en l'honneur de la Vierge. Les manuscrits de la harléienne comprennent les collections de Fox, l'auteur du Livre des martyrs; de Charles, héraut de Lancastre, et de l'archéologue sir Simond d'Ewes. Ils sont au nombre de 8,000 environ. La bibliothèque comprenait en outre plus de 50,000 volumes imprimés, environ 40,000 estampes et une collection de brochures et de dissertations estimée à 400,000. Les manuscrits seuls, achetés 10,000 livres sterling sur un crédit spécialement voté par le parlement, n'ont pas été dispersés.

Parmi les legs de livres que le Muséum a constamment reçus depuis ses origines, on peut à peine citer les plus considérables celui de Thomas Grenville, en 1846 (16,000 ouvrages en 20,240 volumes, dont la plupart en grand papier et dans de splendides reliures); celui du juif d'Amsterdam, Salomon da Costa, en 1759 (200 ouvrages précieux sur la théologie et la jurisprudence hébraïque); celui du révérend Clayton Mordaunt Cracherode, dont la bibliothèque était riche en légendes classiques et bibliques (4,500 ouvrages rares, curieux et d'une conservation parfaite); celui de sir Joseph Banks, en 1827 (sciences, voyages, philosophie); celui de sir Richard Colt Hoare (topographie italienne).

Dès le legs de sir Hans Sloane, il était nécessaire de trouver pour cet énorme dépôt de livres un local approprié. La nécessité ne fut que plus urgente, lorsque, à ce premier fonds, vinrent s'ajouter les manuscrits harléiens et cottoniens, et la Bibliothèque royale. Avec l'aide du ministère, qui organisa une loterie, on trouva 100,000 livres sterling et on acheta MontaguHouse (1754), dans Great-Russell street. Elle avait été construite, en 1678, sur les plans de Puget et convenait parfaitement à une résidence seigneuriale, mais point du tout à une biblio. thèque. Ce qu'il y avait de mieux, c'étaient son entrée, son escalier et les jardins qui l'entouraient. Ce fut là qu'on installa le Muséum. C'est là qu'il est encore, énormément agrandi et toujours à l'étroit. Il fut ouvert au public le 15 janvier 1759 et se composait de trois départements, les livres, les manuscrits et l'histoire naturelle.

Quand on se reporte à la date de la lettre de Gray, citée plus haut, on comprend mieux ses ironiques et douloureux pressentiments.

Si nos lecteurs s'y intéressent, nous continuerons cette monographie succincte du Bristish Mu

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<< Au bas de la page de titre « M. Vade » a tracé son vrai nom d'une écriture nette et trahissant un Français, « D. Levade ». Dans la France littéraire, de Quérard, t. V, p. 267, il y a une notice sur « Levade, Jean-Dan.-P.-Et., ministre... à Lausanne », traducteur français des Evidences de Paley, et je crois qu'il n'est pas douteux que ce ne soit le « D. Levade » de mon Gibbon. En revenant à la feuille de garde, je trouve, écrite de l'écriture nette, mais ratatinée de Levade, plus bas que l'inscription rapportée plus haut, la note, assez sardonique, qui suit:

« Les deux volumes de cet ouvrage me sont parvenues (sic) un an après l'envoy avec 29 livres de Suisse de frais. Le second volume se trouvé dans la bibliothèque de mon respectable ami

G. Chad, qui, par erreur, l'a emballé avec ses livres. »

« Il se peut que ces lignes tombent sous les yeux de quelqu'un en France ou en Suisse (peut-être le Livre les reproduira-t-il), qui sera capable de découvrir ce que sont devenus les livres de « G. Chad» et de donner au possesseur actuel du second volume de Gibbon l'occasion de réparer l'erreur » de ce « respectable ami » de feu M. Levade. En un peu moins d'un siècle, et dans ce tranquille coin du monde, le livre ne doit pas avoir voyagé bien loin. S'il se retrouve, j'entrerai volontiers en négociations pour en effectuer l'achat. >>

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de l'Echiquier» (The smaller Black Book of the Exchequer) avait été relié deux fois par Caxton, ce volume étant orné de fers de deux modèles différents, que M. James Weale a reconnus d'une manière certaine pour avoir appartenu au plus ancien imprimeur anglais.

Enfin, le catalogue récemment publié de l'Arts and Crafts Exibition Society contient une note sur la reliure considérée comme art et comme métier, par M. Cobden Sanderson, un des premiers relieurs de ce temps. Une conférence, qu'il a faite sur son art est aussi résumée dans le Bookbinder du 28 novembre.

L'éditeur J.-W. Bouton, de New-York, annonce un ouvrage sur les Reliures remarquables du British Museum, par M. H.-B. Wheatley, avec 60 planches en photogravure. Le livre doit être publié en même temps en français par MM. Gruel et Engelmann, éditeurs par occasion et pour la gloire de leur art. Le tirage sera limité à 200 pour chaque édition. Ce sujet a déjà été traité dans The Bookworm de l'année dernière. Mais les deux articles que le journal de M. Elliot Stock y a consacrés peuvent facilement être expanded en un volume.

Ce sujet de la reliure est à l'ordre du jour parmi les amis des livres. En Angleterre, M. James Weale prépare un livre sur la reliure et les relieurs, qui ne peut manquer d'avoir un grand intérêt, à en juger d'après les recherches auxquelles il se livre et d'après les trouvailles qu'il fait. Il vient de découvrir au Public Record Office les Archives nationales de l'Angleterre — que le volume connu sous le nom de « petit livre noir

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