Imágenes de páginas
PDF
EPUB

principe suprême, le principe du progrès social, c'est-à-dire de la réalisation de la justice dans les relations économiques, de l'affranchissement des classes laborieuses et de l'amélioration de leur condition physique et morale.

Mais nous n'avons pas voulu nous borner au rôle de simple rapporteur, moins encore faire de l'éclectisme et coudre ensemble des lambeaux d'idées contradictoires pour en former un système. Nous nous sommes donc attaché à une solution particulière, que nous avons approfondie, et qui nous a permis, nous l'espérons, de jeter quelques lumières nouvelles sur plusieurs points essentiels de l'économie sociale. Nous en soumettons l'appréciation à la bienveillance du lecteur.

Nous avons préféré, dans le titre, l'expression d'Économie sociale, proposée déjà par divers économistes, à celle d'Économie politique employée ordinairement, d'abord parce que la première a une valeur réformatrice qui manque à la seconde et que par conséquent elle indique mieux notre tendance et notre but, ensuite parce qu'elle est étymologiquement plus exacte depuis que la société a dépassé les limites des cités antiques.

Cherchant avant tout la vérité, nous avons accepté les idées de nos devanciers chaque fois qu'elles nous ont paru bonnes, de quelque part qu'elles vinssent et sans acception de parti. Dans nos analyses, nous nous sommes astreint à une exactitude rigoureuse, et nos adversaires nous rendront cette justice que nous avons fidèlement reproduit leurs doctrines. Enfin, quoiqu'il nous ait été impossible de rappeler tous les écrits publiés dans ces dernières années, vu leur

trop grand nombre, nous ne croyons pas, néanmoins, avoir omis aucune idée ayant une valeur réelle.

Nous avons pensé être utile à beaucoup de lecteurs en donnant sur les principaux sujets les renseignements bibliographiques et statistiques les plus importants. Par la même raison, nous faisons précéder ce volume d'une courte notice sur l'ensemble de la science économique.

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

Sur l'histoire et la littérature de la science économique, consulter : De Villeneuve Bargemont, Histoire de l'Economie politique, 1842, 2 vol. in-8°.

A. Blanqui, Histoire de l'Economie politique, 3o édit., 2 vol. grand in-48, 1845. Cet ouvrage est suivi d'une bibliographie raisonnée. Collection des principaux économistes, publiée par la librairie Guillaumin, 15 vol. grand in-8°, 1840 et suiv.

Dans l'antiquité, l'économie politique formait une branche de la politique avec laquelle elle se confondait. Sur l'histoire économique des anciens peuples, il existe deux monographies importantes :

A. Boeck, Économie politique des Athéniens, traduit en français, 4828, 2 vol. in-8°.

Dureau de la Malle, Économie politique des Romains, 1840, 2 vol. in-8°.

L'économie politique se dégagea de la politique proprement dite, à la fin du xvire siècle et au commencement du xviшe, et forma une science spéciale comme théorie générale des finances, de l'administration et du commerce. Ce fut l'époque du système mercantile ou de la balance du commerce (voir § 434). Les principaux écrivains français de cette période: Vauban, Boisguillebert, Law, Melon, Dutot ont été réimprimés dans le 1er volume de la collection Guillaumin. Les écrivains italiens ont été recueillis par M. Custodi. Milan, 1804, 48 vol. Voir sur ces derniers: Pecchio, Histoire de l'Economie politique

en Italie, traduit en français, 4830, in-8°. Pour ceux des autres nations, voir la bibliographie de M. Blanqui, et l'ouvrage de Rau, cité plus bas.

L'Économie politique se constitua enfin comme science générale dans les écrits des économistes du XVIe siècle.

L'école des économistes, fondée par Quesnay, médecin de Louis XV, enseigna l'économie politique comme une science nouvelle, et en y comprenant la science sociale tout entière. Elle avait pour but de déterminer l'ordre naturel de la société, tant politique qu'économique, d'où son titre de physiocrate, et sous le rapport économique, elle basait l'ordre social sur le principe de la propriété. Se fondant sur l'idée qu'ils se faisaient de la production et ne regardant comme production réelle que la formation de matières nouvelles et l'excédant de produit qui reste après la consommation du travailleur, les économistes déclaraient la terre seule productive, les propriétaires de la terre seuls producteurs, et la propriété, sans laquelle il n'était pas de production, l'institution sociale par excellence, Dressant le tableau économique de la société, ils montraient la répartition du produit social, dont une partie devait être prélevée d'abord pour l'entretien du cultivateur et le remboursement de diverses avances, et dont le reste, sous le titre de produit net, devait revenir aux propriétaires, qui avaient à le distribuer à la classe stérile des commerçants et des industriels (voir §§ 4, 3, 41). En pratique ils soutinrent les premiers le système de la concurrence illimitée; ils firent voir les avantages de la grande culture, demandèrent l'amélioration du sort des cultivateurs et voulurent que tout l'impôt fût pris sur le produit net. Les écrits de Quesnay et de ses principaux disciples, Dupont de Nemours, Mercier de la Rivière, Baudeau, Letrosne ont été recueillis dans le tome II de la collection Guillaumin.

La doctrine de Quesnay créa un grand mouvement scientifique et provoqua des travaux de diverse nature (voir les principaux t. XIV et XV de la collection Guillaumin). Il en sortit deux écoles. L'une, qui se borna à l'étude des faits, fut fondée par Adam Smith et devint l'école anglaise; l'autre se maintint dans les hauteurs philosophiques et la recherche de l'idéal social; et quelque peu radicale qu'elle fût d'abord, elle aboutit par Turgot (OEuvres complètes, t. III et IV de la collection Guillaumin) et par Condorcet (Esquisse d'un Tableau historique des Progrès de l'esprit humain), à Saint-Simon et aux doctrines sociales.

Ce qui caractérise l'école fondée par Adam Smith, c'est sa méthode purement descriptive des faits et la justification qu'elle prétend

donner de l'état actuel de la société. Considérant l'organisation économique actue le comme la meilleure possible dans ses bases générales, elle se contente d'en analyser les détails et en accepte toutes les conséquences. En pratique, elle ne connaît qu'un seul but : le développement indéfini de la production; et qu'un seul moyen : la liberté illimitée donnée au producteur.

Les principales découvertes de l'école anglaise se trouvent dans les ouvrages d'Adam Smith lui-même. Cet homme éminent démontra notamment la productivité du travail et analysa les éléments de la valeur. Parmi les écrivains nombreux qui, en Angleterre, adoptèrent presque aussitôt sa doctrine, deux se rendirent célèbres par des considérations nouvelles Malthus par la théorie de la population (voir § 438), Ricardo par celle de la rente (voir § 84).

:

La doctrine d'Adam Smith fut popularisée en France par J. B. Say, qui y mit l'ordre et la clarté, la développa sur plusieurs points et y ajouta notamment la théorie des débouchés (voir § 142).

L'école anglaise devint alors l'école officielle à laquelle se rallièrent les économistes de tous les pays. Cependant dans son sein même s'éleva bientôt une dissidence. Sismondi aperçut les conséquences funestes du système en vogue et signala les maux qui devaient en résulter pour les masses (voir § 35, 44 et 112). Il attaqua par suite les idées anglaises sur plusieurs points essentiels (Simonde de Sismondi : Nouveaux principes d'Économie politique, 1re édit. 1849, 2o 4827, 2 vol. in-8°; Études sur l'Économie politique, 2 vol. in-8°, 1838).

A la suite de Sismondi, mais surtout sous l'influence des doctrines socialistes qui commençaient à acquérir quelque puissance, la plupart des auteurs qui ont écrit en France depuis 1830, ont répudié les doctrines les plus impitoyables des écrivains anglais, et il s'est formé ainsi ce qu'on a quelquefois appelé l'école française, dont les principaux représentants sont MM. Rossi, Droz, A. Blanqui, Michel Chevalier, Bastiat, de Villeneuve-Bargemont, Wolowski, et qui, quoique n'enseignant que la doctrine anglaise, se distingue néanmoins par des caractères plus philanthropiques. Un mouvement analogue s'est opéré en Angleterre dans ces derniers temps.

Voici les ouvrages les plus importants des économistes de l'école officielle sur l'ensemble de la science. On trouvera l'indication des ouvrages spéciaux dans le courant du volume :

Adam Smith: Recherches sur la Nature et les Causes de la richesse des nations, traduit par le comte Germain Garnier, édition Guillaumin, 1842.

J. B. Say, ouvrages principaux Traité d'Economie politique;

« AnteriorContinuar »