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aucun détail analytique, mais qu'il a seulement dissoute par l'alcool, je l'avais vainement cherchée dans les topinambours à l'aide de l'ammoniaque et de l'éther. J'ai observé l'apparence de la cire seulement à la matière jaunâtre composée d'une substance grasse, d'acide phosphorique, d'une matière azotée et d'un principe colorant. Ce mélange était soluble dans l'alcool.

Il me semble résulter de ces observations que l'analyse de M. Braconnot peut recevoir les additions et les modifications suivantes:

1o. La densité du jus des topinambours est de 10995, bien qu'elle puisse varier suivant quelques circonstances. Cette densité est remarquable, puisqu'elle est plus forte que celle des sucs de presque tous nos vé

gétaux ;

2o. Une matière azotée coagulable par la chaleur, analogue à l'albumine, est contenue dans le suc des topinambours ; sa propriété clarifiante est très-énergique;

3o. L'analyse démontre la présence de l'osmazóme dans ces tubercules;

4°. L'huile essentielle est également démontrée;

5o. La pulpe de topinambour subit avec la plus grande facilité la fermentation alcoolique, produit un vin trèsfort d'où l'on tire 0,09 environ d'alcool pur;

6o. La présence de la cire ne semble pas démontrée ; 7°. La substance huileuse, extraite par l'alcool, contient deux matières grasses et une matière azotée;

8°. La dahline reste en solution dans seize fois son poids d'eau à 16 degrés : elle n'est donc pas insoluble ou presqu'insoluble.

SUR la Statue de Lillebonne.

PAR M. HOUTOU LA BILLARDIÈRE,

Professeur de Chimie à Rouen (1).

On ne peut pas supposer, avec vraisemblance, que les anciens aient fabriqué la statue trouvée à Lillebonne avec une matière aussi fragile que celle qui la constitue maintenant, puisqu'un léger effort suffit pour en détacher des morceaux assez épais; il est d'ailleurs impossible de l'admettre, plusieurs parties de la statue ayant été fixées par des rivures; on ne peut aussi supposer que l'oxidation des métaux, complète dans certaines parties et partielle dans d'autres, provienne d'une calcination que la statue aurait éprouvée accidentellement. La théorie et l'expérience prouvent que si l'oxidation était due à l'action combinée de la chaleur et de l'air, les parties complètement oxidées dans lesquelles le cuivre se trouve à l'état de protoxide devraient s'y rencontrer à l'état de deutoxide.

Il est un fait qui mérite d'être rapproché de celui-ci ; c'est que la plupart des médaillons de bronze trouvés dans les mêmes circonstances que la statue avaient subi

(1) Nous avons publié, dans le Cahier d'avril, l'analyse que M. Vauquelin a faite de l'alliage dont la statue de Lillebonne est formée; M. Houtou La Billardière, qui s'était livré sur les lieux à la même recherche, nous a adressé une Note intéressante dont nous avons tiré textuellement ce qu'on va lire sur les causes auxquelles il attribue l'oxidation du métal,

une altération analogue; on peut croire que cela tenait à ce qu'ils avaient aussi été dorés (comme nous savons que cela arrivait en effet souvent), puisque les médailles communes qui ne l'étaient pas, trouvées pareillement dans les mêmes circonstances, ou conservent leurs propriétés métalliques, ou passent à l'état de vert-de-gris, comme les ustensiles de cuivre exposés à l'air et à l'humidité.

L'oxidation des métaux qui composaient primitivement la statue provient d'une cause particulière qui peut être attribuée aux effets galvaniques produits par le contact de la feuille d'or qui recouvre une des surfaces de la statue, avec le cuivre ou le bronze qui en forme la base.

On sait que deux métaux de nature différente, mis en contact, développent de l'électricité; qu'ils se constituent dans des états électriques opposés, et que, dans le cas où l'or est en contact avec le cuivre, l'or devient négatif et le cuivre positif. En construisant avec ces deux métaux une pile voltaïque, et terminant l'extrémité cuivre ou le pole positif par un fil de cuivre, et l'extrémité or ou le pole négatif par un fil d'or; en faisant rendre ces deux fils dans un vase contenant de l'eau et mettant ensuite la pile en action, on observe que l'eau se trouve décomposée, que l'oxigène se porte au pole positif, et qu'il se combine avec le fil de cuivre; l'hydrogène, au contraire, se rend au pole négatif, et, ne pouvant se combiner avec l'or, se dégage sous forme de gaz dans l'atmosphère.

La statue de Lillebonne, formée dans le principe de cuivre allié avec une petite quantité d'étain et recou

verte d'une feuille d'or, peut être considérée comme une pile voltaïque capable de produire les mêmes effets qu'une pile dont les élémens seraient formés d'or et de cuivre. La statue ayant été enfouie pendant douze à quinze siècles dans la terre humide, a pu déterminer la décomposition de l'eau par les effets galvaniques, comme la pile dans le cas précédent. L'oxigène de l'eau décomposée se sera porté sur le cuivre avec lequel il peut se combiner. L'hydrogène se sera rendu à la surface de l'or, et par suite dans l'atmosphère, ce gaz ne pouvant se combiner avec l'or. Le nombre d'années pendant lesquelles le monument est resté enfoui permet de supposer que cette action, quoique lente, ait pu produire des effets d'oxidation aussi marqués.

Le même raisonnement s'applique à beaucoup d'autres phénomènes qu'on voit se passer journellement sous nos yeux. C'est ainsi, par exemple, qu'on est obligé de fixer le doublage en cuivre des navires avec des clous de cuivre et non avec des clous de fer, pour éviter que le contact de deux métaux de nature différente ne donne lieu à un développement d'électricité qui, par la décomposition de l'eau, déterminerait très-promptement l'oxidation du fer (le cuivre devenant négatif dans cette circonstance).

CONSERVATION des Grains:

M. le comte Dejean, pensant avec raison qu'une condition essentielle à remplir pour la conservation des

grains dans des silos était d'empêcher que l'air et l'humidité n'y eussent accès, a fait sur eet objet des expériences qui ont eu le plus' heureux résultat.

Il a fait construire, en 1819, des cuves en bois, dou→ blées de plomb, qu'on a fermées hermétiquement après les avoir remplies de grain convenablement desséché. Au bout de trois ans, les cuves ont été ouvertes et le grain a été reconnu dans un état parfait de conservation. M. Sainte-Fare Bontemps, qui a été chargé de la direction des expériences, en a fait connaître les résultats dans les Annales de l'Industrie nationale et étrangère, du mois de mars 1824. D'après ses calculs, qui sont plutôt au-dessus qu'au-dessous de la réalité, la dépense pour le doublage en plomb d'une cuve pouvant contenir 1250 hectolitres s'élèverait à 4500 fr., et celui d'une cuve de 10000 hectolitres à 18000 fr. Comme les grains n'éprouvent aucun déchet pendant leur séjour dans les cuves, et qu'ils n'exigent aucune manutention, les intérêts des capitaux seraient amplement couverts par les avantages du procédé. Nous ne doutons pas que, dans beaucoup de circonstances, les cuves doublées de plomb ne soient préférables aux silos construits dans le sol la conservation des grains y sera certainement plus assurée que dans ces derniers. Les silos de M. Dejean nous paraissent donc une acquisition très-importante pour l'agriculture.

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