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nombre de vibrations, de couvrir les feuilles de papier qui les forment d'une couche légère de vernis à la gomme laque. L'experience fait voir qu'elles reproduisent alors les mêmes figures pendant fort long-temps, surtout lorsqu'elles sont montées sur des vases, et qu'elles ne communiquent avec l'air extérieur que par l'une de leurs faces. Une membrane ainsi tendue est également susceptible d'être facilement influencée par de très-petits changemens de température; il suffit d'en approcher la main à 3 ou 4 décimètres de distance pour que les figures tracées par le sable se modifient, dans le cas néanmoins où la substance qui la forme est excessivement mince.

Au lieu d'employer un corps solide en vibration pour communiquer le mouvement à l'air, l'on peut encore employer l'air lui-même oscillant dans des tubes, et les résultats seront les mêmes. Par exemple, si l'on prend un tuyau d'orgue, et qu'on l'approche à quelque distance d'une membrane mince et tendue, on observe qu'elle entre aussitôt en vibration, et cela quand la couche d'air interposée a même plusieurs décimètres d'épaisseur. En agissant sur des membranes très-minces et d'un diamètre peu considérable, on peut rendre le phénomène sensible à plusieurs mètres de distance. Si l'on fait varier le ton du tuyau ; par exemple, si l'on joue avec un mouvement très-lent un air de flûte, ou deux décimètres de distance de la membrane, on voit le sable dont on la recouvre s'agiter et tracer des lignes dont l'ensemble varie sans cesse avec le son produit. Mais, ce qui paraît plus étonnant, la voix produit un effet analogue extrêmement prononcé, même sous l'influence d'un son qui n'est ni fort ni soutenu. En un mot, par quel

à un

reçu,

et

que procédé que l'air soit ébranlé, il peut communiquer à des membranes minces le mouvement qu'il a cela sans aucune altération; c'est ainsi qu'on peut produire le phénomène avec la plus grande facilité, au moyen d'une cloche d'harmonica, au moyen d'une trompette, d'un sifflet, etc. Les cordes paraissent être de tous les corps ceux qui excitent dans l'air les mouvemens les moins intenses; car en jouant d'un instrument à cordes très-près d'une membrane, on observe qu'il n'y a que certains sons qui puissent donner naissance à des figures régulières, quoique cependant ils excitent tous des agitations parmi les grains de sable: aussi est-il bien connu que les lames de verre, que les vases de même substance, que l'air vibrant dans des tubes, etc., ébranlent bien plus fortement l'organe de l'ouïe que ne peuvent le faire les cordes, même celles qui sont montées sur les meilleurs instrumens.

Ces diverses expériences réussissent également bien, et présentent exactement les mêmes résultats quand les membranes, au lieu d'être sèches, sont mouillées ou même imbibées d'une substance huileuse. C'est ce qu'on peut vérifier en fixant une feuille mince de papier sur l'orifice d'un vase fermé de toute part, et dans lequel on aura préalablement introduit une quantité d'eau plus grande que celle qui est nécessaire pour saturer de vapeurs, à la température où l'on opère, l'espace qui est déterminé par l'étendue du vase; l'on a ainsi une membrane qui est légèrement imbibée d'eau: on peut même en vernir la face externe, ce qui apportera une grande différence dans l'état des deux surfaces: rien de tout cela n'influera sur le phénomène principal, qui est qu'un son

T. XXVI.

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quelconque produit dans l'air pourra ébranler une pas reille membrane comme si elle était sèche. Seulement on observe que les modes de division qui s'accom❤ pagnent de lignes circulaires se produisent alors avec une facilité et une netteté surprenantes; ce qui tient sans doute à ce que les espèces de petites fibres dont est formé le papier, étant rendues indépendantes l'une de l'autre par la vapeur qui les pénètre et qui dissout la colle qui les lie, elles forment un tout dont les particules n'ont plus de rapport entre elles que par une attraction qui est alors très-faible pour toutes, et qu'on peut regarder comme uniforme relativement à la force qu'on emploie pour mettre la membrane en mouvement. Une feuille de papier ainsi tendue, mouillée sur une de ses faces et vernie sur l'autre, m'a paru être de tous les corps que j'ai examinés jusqu'à présent celui qui approchait le plus des conditions de l'homogénéité : par exemple, sur une membrane de cette espèce qui avait environ trois décimètres de diamètre, j'ai obtenu jusqu'à dixhuit ou vingt lignes circulaires qui paraissaient exactement concentriques : ce qu'on ne pourrait jamais obtenir avec des lames minces formées de substances qui semblent le plus homogènes, telles que le verre et les

métaux.

Pour examiner des membranes enduites d'une substance grasse, on peut prendre de la baudruche qu'on tend d'abord et qu'on imbibe ensuite avec de l'huile; mais comme il n'est plus possible d'en étudier les mouvemens avec du sable, il faut recourir à un autre procédé. Rien n'est plus simple que d'employer l'huile ellemême comme indicateur: pour cela on en verse une cou

che sur la membrane: alors on observe que sous l'influence de sons différens, ce liquide, poussé par la mem brane, forme des rides dont l'aspect varie continuellement, leur nombre étant d'autant plus grand que le son est plus aigu.

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Je crois qu'il ne sera pas déplacé d'indiquer ici un procédé très-simple à l'aide duquel on peut, avec un peu d'adresse, apprécier de très-petites différences dans l'intensité du son : ce procédé consiste à prendre une feuille très-mince de papier végétal ou de baudruche, bien égal d'épaisseur, et à la tendre sur le bord d'un vase, tel qu'un grand verre à pied, de huit à dix centimètres de diamètre: on á ainsi un corps susceptible d'entrer en vibration par l'action à distance d'un corps sonore; mais l'espace dans lequel cette action peut se faire sentir de manière à faire mouvoir des grains de sable placés sur la membrane, est plus ou moins étendu selon l'intensité du son produit: il y a donc pour chaque son une limite au-delà de laquelle le sable demeure en repos. Il est toujours facile de trouver à trèspeu près cet endroit passé lequel on n'observe plus de mouvement. Je suppose qu'on l'ait trouvé, et que de plus, éviter toutes les causes d'erreur, on recule la mempour brane, même un peu au-delà, si l'on produit un son un peu plus intense que celui qu'on avait d'abord excité, aussitôt les grains de sable seront agités, et cela pour une augmentation de force que l'oreille ne serait pas dans le cas d'apprécier. Ainsi ce moyen pourra être employé avec beaucoup de succès pour tenir compte des divers degrés d'intensité du son; car l'expérience fait voir qu'il est très-sensible: il faudra seulement avoir soin de choisir un endroit calme pour faire les expé

riences; et de crainte que la tension de la membrane ne change par l'action variable de l'humidité de l'air, il faudra la recouvrir d'une couche légère de vernis. Pour citer un exemple de l'application que l'on peut faire de ce procédé, je suppose qu'on ait deux disques à l'unisson, et que l'oreille soit inhabile à juger de la différence d'intensité qui peut exister entre les deux sons produits ; pour reconnaître cette différence, il suffira de disposer les deux corps à une égale distance du vase qui porte la membrane, de les faire résonner séparément, et ensuite de voir, en les reculant, les distances où chacun d'eux cesse d'ébranler la membrane.

Une membrane ainsi tendue peut également servir pour constater le renforcement du son lors des coïncidences des vibrations de deux sons donnés par des nombres de vibrations peu distans l'un de l'autre pour cela il faut la placer assez loin de l'endroit où sont produits ces sons pour qu'ils ne soient plus susceptibles d'agir chacun en particulier sur la membrane; on remarque alors que quand on entend les battemens, le sable est vivement agité.

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SII. Les corps qui ne sont pas rigides par euxmêmes, et qu'on ne rend pas rigides par tension, par exemple, la peau, un tissu de soie, du papier, etc., sont, de même que s'ils étaient tendus, susceptibles d'entrer en vibration sous l'influence, à distance, d'un corps vibrant; et il semble même, dans quelques circonstances, qu'ils soient plus sensibles encore à ce genre d'action que la plupart des membranes élastiques.

Pour constater ce fait, il suffit de prendre quelquesunes des substances que nous venons de citer, et de les

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