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En ajoutant au sel solide de l'acide sulfurique très-peu étendu, on obtient une matière blanche, d'un aspect gras, et qui ne se dissout pas dans l'eau, mais qui se décompose par l'influence de ce liquide.

Si l'on verse de l'acide sulfurique ou hydrochlorique étendu de 6 à 8 parties d'eau dans une dissolution du sel, faite avec 10 à 12 parties d'eau, il ne se manifeste d'abord aucun changement; mais au bout de quelques minutes le mélange commence à se troubler de bas en haut; en y ajoutant alors un peu d'eau, l'état trouble de la liqueur disparaît pour revenir ensuite de la même manière. Par une nouvelle quantité d'eau, la liqueur reprend sa limpidité pour se troubler de nouveau par le repos, et ainsi de suite nombre de fois, avec cette différence seulement que plus la liqueur est étendue, plus elle exige de temps pour se troubler. Une liqueur contenant une partie du sel dissoute dans environ 45 d'eau, et un grand excès d'acide sulfurique ou hydrochlorique très-étendu, conserve assez long-temps sa limpidité; mais par un repos de 20 à 24 heures, elle laisse déposer un liquide huileux qui a l'odeur et les autres propriétés du sulfure de carbone. La liqueur surnageante, essayée par des réactifs convenables, se comporte alors comme un mélange de l'acide ajouté et du sel ammoniacal formé par ce méme acide. Cependant il est très-probable qu'il s'est produit en outre de l'acide hydrocyanique, et qu'il s'est séparé une portion de soufre, se trouvant à l'état de dissolution dans le sulfure de carbone déposé. En admettant cette hypothèse, l'action s'explique ainsi : l'acide ajouté en grand excès ne pouvant être neutralisé par

T. XXVI.

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l'ammoniaque préexistante, en produit une nouvelle quantité (par son attraction pour les alcalis) en décomposant l'acide hydrosulfocyanique hydrosulfuré, de telle sorte que les élémens de deux atomes de celui-ci, savoir: 6 atomes de soufre, 4 atomes de carbone, 2 atomes (4 volumes) d'azote et 8 atomes d'hydrogène, sont disposés de manière à former: a) du sulfure de carbone 4S+2 C, renfermant en outre 2 S à l'état de dissotion; b) de l'acide hydrocyanique =2C+1A +2 H; et c) de l'ammoniaque 1 A+6H.

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Si l'on ajoute au mélange acide, avant qu'il n'ait commencé à se troubler, un sel de peroxide de fer à l'état de dissolution, bientôt il s'y forme une multitude d'écailles cristallines et blanches. J'en traiterai plus

bas.

18. Les effets de la chaleur sur l'hydro-sulfocyanate hydrosulfuré d'ammoniaque à l'état solide, ont été opérés à l'aide d'un petit appareil distillatoire, muni d'un tube s'engageant sous le mercure. La chaleur étant d'environ 60°, le sel commence à se fondre avec effervescence en émettant une fumée blanche mêlée avec des gaz, et en même temps la couleur jaune du sel passe au blanc. Les vapeurs se condensent en grande partie dans le récipient. En poussant la température jusqu'à environ 150%, le dégagement de vapeurs et de gaz devient trèsfort. Cette température étant maintenue pendant quelque temps, et puis élevée à environ 200o, la masse fondue commence à brunir. Bientôt après, le dégagement des matières volatiles se ralentit de plus en plus, et en même temps la masse restante commence à se solidifier, bien que la température soit augmentée; de

sorte qu'il reste, à la fin de l'opération, même à la température à laquelle le verre commence à rougir un corps solide d'un jaune gris.

Ce qui s'est condensé dans le récipient, lorsqu'on l'a maintenu bien froid pendant l'opération, consiste dans une masse confusément cristallisée, mêlée avec un liquide huileux en très-petite quantité. La plus grande partie de la masse solide est jaune, quelques parties seulement sont blanches. La partie jaune se comporte toutà fait comme du sel rougissant précédemment décrit; ce qui est sans couleur est probablement de l'hydrocyanate d'ammoniaque. Je n'y ai pu trouver ni du carbonate ni du sulfate: d'où il paraît permis de conclure que le sel ne contient pas d'eau.

Le gaz produit par cette destruction est de l'hydrogène sulfuré, mêlé sans doute avec du cyanogène et de l'azote. Il n'a pas la plus légèré odeur d'ognon, produite par la destruction des hydroxanthates.

19. On voit facilement que la masse jaunâtre, résistant à une chaleur très-forte, doit être un composé particulier, et non pas du soufre c'est ce que prouvent encore quelques-unes des propriétés suivantes de ce résidu. Il n'est que faiblement attaqué en le faisant bouillir avec une dissolution de potasse; mais, en maintenant l'ébullition jusqu'à siccité et versant ensuite de l'eau sur la masse fortement calcinée, on obtient une dissolution qui réagit fortement comme de l'hydrosulfocyanate de po tasse ordinaire. Par conséquent, ce résidu doit contenir, outre le soufre, du carbone et de l'hydrogène. Il ne s'enflamme que très-difficilement, soit qu'on l'échauffe simplement dans l'air, soit qu'on l'introduise directement

dans la flamme d'une bougie. Par la combustion, il se produit de l'acide sulfureux. Chauffé très-fortement et pendant long-temps à l'abri de l'air, une partie paraît se détruire, tandis qu'une autre se sublime sans subir de changement même à l'état de poudre, il n'est attaqué ni par l'eau ni par l'alcool: aussi le sulfure de carbone ne paraît pas avoir d'action sur lui: il en est de même de l'acide hydrochlorique. L'acide nitrique ne le détruit par l'ébullition que très-difficilement; mis en contact avec l'acide sulfurique concentré, il se ramollit et il paraît même s'y dissoudre.

(La suite au Cahier prochain.)

SUR la Corrosion du cuivre qui forme le doublage

des vaisseaux.

Par Sir H. DAVY.

('Lu à la Société royale le 22 janvier 1824.)

LA rapide altération du doublage en cuivre des vaisseaux de guerre de Sa Majesté, et l'incertitude du temps de leur durée, ont long-temps attiré l'attention des personnes qui s'intéressent le plus à la marine du royaume. Mes recherches ayant été dirigées sur cet important objet par les commissaires de l'Amirauté, et une commission de la Société royale ayant été nommée pour s'en occuper, j'ai entrepris des recherches sur les causes de l'action de l'eau de mer sur le cuivre. En poursuivant ces re

cherches, j'ai obtenu quelques faits que je pense n'être pas indignes de la connaissance de la Société royale, puisqu'ils promettent d'éclaircir quelques parties obscures de la science électro-chimique, et qu'ils paraissent aussi offrir des applications pratiques importantes.

On a généralement supposé que l'eau de mer avait peu ou point d'action sur le cuivre pur, et que l'altération rapide de ce métal était due à son impureté. Cependant, en essayant l'action de l'eau de mer sur deux échantillons de cuivre envoyés par le chevalier John Vivian à M. Faraday pour en faire l'analyse, j'ai trouvé que l'échantillon qui paraissait entièrement pur s'était altéré beaucoup plus rapidement que l'échantillon qui contenait de l'alliage; et en poursuivant mes recherches sur des échantillons de différentes espèces de cuivre qui avaient été recueillis par l'Amirauté et envoyés à la Société royale, et dont quelques-uns avaient été considérés comme remarquables par leur durée, et d'autres par leur prompte altération, j'ai trouvé qu'ils n'offraient que des différences très-peu considérables dans leur action sur l'eau de mer, et conséquemment que les changemens qu'ils avaient éprouvés avaient dû dépendre d'autres causes que de la qualité absolue du métal.

Pour qu'on puisse suivre entièrement la série de ces recherches, il est nécessaire que je décrive la nature des changemens chimiques qui arrivent dans les parties constituantes de l'eau de mer par l'action du cuivre.

Lorsqu'on laisse un morceau de cuivre poli dans l'eau de mer, les premiers effets observés sont, une ternissure jaune sur le cuivre et un nuage dans l'eau qui ont lieu en deux ou trois heures : la couleur du nuage est d'abord

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